Prisonnière à Téhéran - Fariba Adelkhah
Paris, Seuil, 2024, 256 p.
Par définition un anthropologue est un intrus. Sa présence et son regard dérangent. Fariba Adelkhah en a fait l’expérience. Arrêtée en 2019, elle a été condamnée en 2020 à cinq ans de prison en Iran pour atteinte à la sécurité nationale. Elle a finalement été libérée en 2023, après avoir été graciée et non acquittée comme elle l’aurait souhaité. Privée de son terrain d’étude, elle s’en est inventé un autre, inattendu. Dans une suite de courts récits, Fariba Adelkhah raconte sans complaisance, à rebours des clichés, sa vie de prisonnière « politico-sécuritaire » en République islamique. Par là même, elle renouvelle notre compréhension de l’Iran post-révolutionnaire, et livre une réflexion plus générale sur la condition carcérale. Elle incarne également avec modestie, ironie et non sans auto-dérision un combat courageux et lucide pour la liberté scientifique, de plus en plus menacée aussi bien dans les régimes autoritaires que dans les démocraties libérales.