Critique internationale - Sommaire
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Bjorn Lomborg, The Skeptical Environmentalist, Cambridge University Press, 2001.
Thierry de Montbrial, L’action et le système du monde, Paris, PUF, 2002, 472 pages.
Jean-Pierre Dupuy, Pour un catastrophisme éclairé. Quand l’impossible est certain, Paris, Le Seuil, 2002, 216 pages.
Benton (Lauren), Law and Colonial Cultures : Legal Regimes in World History 1400-1900, Cambridge, Cambridge University Press, 2002,285 pages.
Il existe trois grands courants de théorisation pour analyser les guerres de l'après-guerre froide et de l'ère de la mondialisation. Le plus influent est sans doute celui qui établit une différence qualitative entre les guerres d'aujourd'hui et celles de la période antérieure, et sa représentante la plus sérieuse est Mary Kaldor : les guerres d'aujourd'hui seraient identitaires, exerceraient leur violence surtout contre les populations et auraient une économie fondée sur le pillage, alors que celles d'hier auraient été idéologiques, auraient cherché à gagner les populations à leur cause et auraient fonctionné sur la base d'une mobilisation des ressources. Examinées de près, ces théorisations ne tiennent pas. Pourtant l'enjeu est considérable si l'on songe que ce courant constitue avec les deux autres (notamment avec celui de Paul Collier sur l'économie des guerres), et en dépit de larges différences, un paradigme dominant (sans être pour autant une pensée unique) qui exerce une influence déterminante sur la politique de la "communauté internationale".
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Le Partenariat euro-méditerranéen, dont le texte fondateur est la Déclaration de Barcelone (novembre 1995), censé organiser le dialogue et la coopération entre l'Union européenne et les pays de la rive Sud de la Méditerranée, est en réalité un discours magique plus que politique, qui ne vit que par la bureaucratie. Du fait de l'absence de vision partagée, du désintérêt fondamental des États membres de l'UE pour la question et du caractère hybride du dispositif, ce sont paradoxalement les machines bureaucratiques qui assurent la pérennité d'un processus languissant, déconnecté des réalités et, au demeurant, largement critiqué. Il est vrai qu'en retour la prééminence des logiques bureaucratiques et gestionnaires est certainement à l'origine des blocages, de la vacuité et surtout de la perversion du Partenariat.
Dès sa création, fin 1995, le Partenariat euro-méditerranéen a placé au cœur de sa problématique " la paix et la stabilité ", celles-ci étant considérées comme tout particulièrement menacées par deux fléaux souvent associés dans les documents et déclarations : " le terrorisme " (entendre " l'islamisme ", problème essentiel pour bon nombre de gouvernements de la rive Sud, ainsi que pour celui de la Turquie à l'époque) et l'immigration clandestine (source d'inquiétude, tout aussi essentielle, pour les partenaires du Nord). Mais si, dans les premières années, les textes paraissent privilégier un traitement économique de ces problèmes, peu à peu le traitement purement sécuritaire l'a emporté sur tout le reste. Les événements du 11 septembre n'ont fait qu'accélérer cette tendance.
Dans les pays européens du Sud, surtout en Italie et en Espagne, l'immigration, notamment à partir des pays de la rive Sud de la Méditerranée, a commencé tardivement et n'a fait irruption que beaucoup plus tard encore au cœur du débat public. Elle a alors fait l'objet d'une instrumentalisation politique, au demeurant selon deux dynamiques très différentes (néopopuliste en Italie, autoritaire en Espagne), mais qui a abouti, dans l'un et l'autre pays, à un blocage absurde compte tenu de la nécessité socio-économique de l'immigration et de l'impossibilité pratique de son interdiction. Sans parler des conséquences diplomatiques pour des pays qui jouaient peu ou prou un rôle de pont entre les deux rives de la mer. Peinant à gérer eux-mêmes les conséquences de leurs choix, ils ont tenté d'imposer à l'Union européenne une politique encore plus restrictive. La sortie du cercle où ils se sont enfermés est devenue plus difficile que jamais.
Une enquête conduite dans cinq grands pays de l'Union européenne en janvier-février 2002 fait apparaître, par rapport à des sondages antérieurs, une évolution convergente des attitudes envers les immigrés. Les inquiétudes qu'ils suscitent dans la population augmentent presque partout. Or ces craintes (qui portent notamment sur l'emploi et la sécurité des personnes, mais comportant aussi une composante culturelle qui n'est plus tout à fait négligeable) sont associées, de manière assez sensible, aux inquiétudes croissantes concernant l'élargissement de l'Union, notamment sous l'effet du discours des formations néopopulistes présentes dans certains pays, qui ont bâti leur popularité, entre autres, sur la fusion de ces deux types d'inquiétude. En outre, la méfiance à l'égard des immigrés en provenance des pays arabes a beaucoup augmenté sous l'effet, semble-t-il, des attentats du 11 septembre, faisant de la Méditerranée un nouveau mur qui se substitue à l'ancien mur Est-Ouest.
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