Critique internationale - Sommaire
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Le 13 août 2001, l’Union européenne et les autres représentants de la communauté internationale parvenaient à négocier un compromis entre représentants de la majorité slave et de la minorité albanaise de Macédoine, mettant un terme à six mois de conflit armé. Le rééquilibrage des rapports intercommunautaires – accepté à contrecœur par la majorité slave – intervient toutefois dans un contexte économique et social extrêmement préoccupant. Les réformes requises par la restructuration de l’économie et la préparation de l’intégration européenne ont un coût social élevé et alimentent des frustrations qui pourraient se manifester dans un registre identitaire. Combien de temps faudra-t-il avant que le mécontentement sensible dans la société ne trouve une traduction politique et quelle forme cette dernière prendra-t-elle ? La vivacité des réactions suscitées par l’annonce du nouveau maillage communal, dernier pilier des accords d’Ohrid, en juillet 2004, fournit un premier indicateur des enjeux autour desquels les déceptions par rapport à la majorité élue en septembre 2002 pourraient trouver à s’articuler dans un contexte de méfiance aiguë entre les deux principales communautés.
La notion de « service universel », introduite en France en application des directives communautaires, fait l’objet de vives critiques, fondées en partie sur ses origines américaines. Destinée à rendre accessibles à l’ensemble de la population certains services essentiels, elle serait bien moins favorable au public que la notion traditionnelle de service public « à la française ». Cependant, un examen approfondi des conditions de la naissance du service universel au début du XXe siècle remet en cause cette prétendue opposition.
Un mois après que leurs pays eurent fait leur entrée officielle dans l’Union européenne, les populations d’Europe centrale ont été appelées à élire leurs représentants au Parlement européen. En République tchèque, la campagne électorale a surtout été dominée par la critique des réformes engagées par le gouvernement en place pour répondre aux demandes de l’Union. Comment interpréter la faible mobilisation de la population ? Quelles significations donner aux scores des partis d’opposition dont le discours est plus ou moins ouvertement eurosceptique ? Enfin, doit-on voir dans l’exemple tchèque des traits spécifiques aux nouveaux adhérents ou simplement la manifestation de tendances plus générales, caractéristiques de l’ensemble des États membres ?
En août 2003, le nouveau Premier ministre birman, le général Khin Nyunt, annonçait une feuille de route en sept points, censés mener la Birmanie sur le chemin de la transition démocratique. La première étape consistait en la réunion d’une nouvelle Convention nationale en mai 2004 afin de rédiger une Constitution. Cependant, les visions politiques du régime militaire, de l’opposition démocratique menée par Aung San Suu Kyi assignée à résidence depuis mai 2003 et des minorités ethniques divergent au point que le processus de transition proposé par la junte semble particulièrement compromis.
La réélection à l’arrachée de Chen Shui-bian et de la vice-présidente Lu Hsiu-lien, candidats du Parti démocrate progressiste (PDP), de tendance indépendantiste, a été favorisée par une instrumentalisation par ces deux candidats du nationalisme taiwanais et par une volonté de créer une certaine tension politique avec la Chine populaire. Les réactions de Pékin comme de Washington à cette stratégie électorale ont paradoxalement contribué à une victoire que les deux capitales n’avaient pas souhaitée. Mais l’amélioration globale des rapports sino-américains depuis le 11 septembre risque de restreindre la marge de manœuvre de Chen et d’alimenter une connivence plus nette entre la Chine et les États-Unis quant à l’avenir de Taiwan, en particulier si le Président Chen n’assouplit pas sa politique continentale et ne se montre pas plus coopératif sur le plan militaire.
Le projet initial des Subaltern Studies dans les années 1980 était de réhabiliter le «domaine autonome» de la culture et de la politique du peuple, jusqu'alors oblitéré par le point de vue élitiste de l'historiographie de l'Inde moderne. Le courant subalterniste s'est par la suite identifié à la théorie critique dite «postcoloniale», influencée par le postmodernisme et les Cultural Studies, qui se focalise avant tout sur la textualité du colonialisme, la défense de la «différence» culturelle indigène et la critique de l'historicisme et de l'épistémologie des sciences sociales occidentales. En dépit des nombreux problèmes théoriques qu'il soulève, ce courant bénéficie d'une audience intellectuelle considérable dans le contexte de l'explosion contemporaine des identités culturelles.
Totalement manipulée à la haute époque totalitaire, l’histoire du communisme chinois au pouvoir demeure globalement sous contrôle malgré les changements politiques. Pourtant, la multiplication des témoignages et des biographies améliore considérablement la connaissance du passé. Les faits mis en évidence ne changent pas les grands scénarios, mais les complètent et modifient progressivement leur perception. Celle-ci se privatise et se familialise : une évolution qui répond aux mutations sociales, mais aussi aux intérêts du régime.
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La fin de la guerre froide et, plus encore, les attentats du 11 septembre 2001 ont obligé les scientifiques à réexaminer les déterminants et les conséquences des processus de démocratisation. Le bouleversement radical du contexte international a créé une tendance nouvelle de démocratisation imposée, qui nécessite une réévaluation des hypothèses analytiques précédentes. Si, avant 1989, les facteurs internes semblaient prévaloir dans les processus de démocratisation, aujourd’hui, au contraire, la promotion démocratique externe semble être la voie normale. La plupart des organisations internationales pratique la conditionnalité démocratique incitant les pays à se qualifier. Tout cela pose question sur le processus lui-même : comment évaluer les conséquences de la démocratisation ? Qui est qualifié pour le faire ? Quel est le rôle des acteurs locaux ? De plus, la tendance à considérer les régimes non démocratiques comme une menace pour la communauté internationale depuis septembre 2001, tendance qui a conduit à de nombreuses interventions et efforts guidés par des motifs sécuritaires pour imposer un changement de régime, soulève des interrogations sur les effets de la démocratisation engagée de l’extérieur. Quelles sont les implications à long terme de ces interventions ? Comment, par exemple, les échecs affecteront-ils le crédit des Nations Unies, un des principaux acteurs impliqués ? A quelle résistance se heurtera-t-elle ?
En Amérique centrale, contrairement au reste de l’Amérique latine, les acteurs externes ont un rôle déterminant pour diffuser la norme de ce que doit être la démocratie. Dans la décennie 1980, les États-Unis entendent contenir le danger révolutionnaire en diffusant un modèle de démocratie fondé sur la répétition programmée d’élections. Au moment de la résolution négociée de ces conflits, les Nations unies cherchent à montrer combien la démocratie suppose la participation effective de tous les acteurs politiques, dans un contexte pacifié. Depuis, l’absence d’une lecture dominante conduit à un débat plus ouvert des différents cadres d’interprétation, en particulier entre la conception institutionnaliste de certains organismes multilatéraux et une vision prônée par les États-Unis où la démocratie est désormais liée au libre marché et à la sécurité régionale. Le succès de ces entreprises se trouve néanmoins limité par la dégradation de la situation socio-économique de la région.
Les fondations politiques allemandes sont des acteurs spécifiques de la politique étrangère allemande. Fortement autonomes, elles se situent à l’intersection de l’action publique extérieure et des dynamiques partisanes transnationales. Liées à l’évolution institutionnelle de la République fédérale et à l’autonomisation de sa politique de développement, elles disposent d’une longue expérience de l’engagement international sur plusieurs continents. Leur implication dans le contexte de démocratisation en Europe centrale invite à s’interroger sur le caractère politique de leurs modes d’action et à dépasser les écueils des approches traditionnelles de « l’assistance à la démocratie » par une démarche interactive.
Le témoignage de Nguyen Huu Dong, ancien haut fonctionnaire des Nation unies, reflète la complexité de l’assistance internationale dans le domaine électoral. Il défend ici une posture pragmatique, qui met l’accent sur l’impossibilité – et l’inanité – d’appliquer des solutions « clefs en main » sans prendre en compte les spécificités de chacun des pays concernés. Mais le regard du fonctionnaire sur sa propre pratique n’est pourtant pas dénué d’ambiguïtés. David Recondo en souligne quelques-unes dans son commentaire : le caractère inévitablement politique de l’intervention onusienne dans le domaine électoral ; les contradictions et les rivalités entre organismes au sein même de l’Organisation ; le biais procédural implicite dans l’assistance électorale ; les limites de l’usage des élections comme mode de résolution des conflits et, enfin, un optimisme excessif quant aux « bénéfices collatéraux » attribués à l’assistance électorale.
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L’absence de parole et sa traduction Commentaire allemand sur la traduction française du livre de Winfried Georg Sebald, Luftkrieg und Literatur, traduit de l’allemand par Patrick Charbonneau sous le titre : De la destruction comme élément de l’histoire naturelle, Arles, Éditions Actes Sud, 2004,153 pages
Dru C. Gladney, Dislocating China : Reflections on Muslims, Minorities, and Other Subaltern Subjects, Chicago, University of Chicago Press, 2004, 414 pages.
Donal B. Cruise O’Brien, Symbolic Confrontations : Muslims Imagining the State in Africa, Londres, Hurst and Company, 2003, 243 pages