Critique internationale - Sommaire
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Depuis près de quinze ans, la Bundeswehr traverse une crise d’adaptation. Toutes les réformes entreprises ont eu le même objectif : repenser l’outil militaire afin de l’adapter aux nouvelles ambitions stratégiques de l’Allemagne tournées vers la projection de forces. Toutes se sont heurtées aux mêmes difficultés : le flou qui entoure la définition des objectifs de politique extérieure et de sécurité, le manque de moyens budgétaires affectés à la réforme, le problème particulier de la conscription, et, au niveau de la mise en œuvre des réformes, un certain nombre de maladresses gouvernementales. Le dernier programme en date, « Bundeswehr 2010 » ne fait pas exception.
En 2004, l’Office indépendant d’évaluation du FMI a produit un rapport sur la politique de cette institution en Argentine, entre 1991 et 2001. Il s’agit en fait de l’analyse sociologique d’un échec institutionnel, qui met en valeur trois formes de dérèglements : l’affaiblissement de la relation externe entre le FMI et les autorités argentines (la conditionnalité) ; la relation hiérarchique entre sa Direction et les experts, dont les plus critiques ont été marginalisés ; enfin, la relation de principal à agent avec les représentants du G7, qui normalement auraient dû être les garants du bon fonctionnement de l’institution.
L’après-guerre froide et l’après 11-septembre ont été l’occasion pour le Japon de clarifier sa posture internationale sur les questions de sécurité : la législation nationale en matière de politique de défense a été progressivement précisée, et la coopération militaire et technologique avec son seul allié, les États-Unis, renforcée. Cependant, ces mouvements ne semblent pas remettre en question la philosophie constitutionnelle japonaise, marquée par le refus de faire la guerre (art. 9 de la Loi fondamentale) et une posture exclusivement défensive. La participation accrue à des opérations onusiennes plus exposées et à des missions de coalition sans aval onusien signifierait surtout une assurance retrouvée sur la scène internationale, après des décennies d’effacement ou de politique discrète sur les grands dossiers géopolitiques, mais aussi une confiance nouvelle dans le pouvoir politique et les instances démocratiques.
Cet article analyse les raisons de la difficile réforme du Pacte de stabilité et de croissance lors du sommet européen de mars 2005. Le débat sur le Pacte a fait renaître une tension latente entre deux ensembles de motivations opposées qui ont conduit à la création de l’euro au cours des années 1980 et 1990. De ce point de vue, la réforme de 2005 est une solution dilatoire, qui laisse le jeu politique assez largement ouvert.
« M Project » fut le nom secret donné durant la seconde guerre mondiale au plan ambitieux du Président Franklin Roosevelt, projet consistant à former une équipe d’anthropologues qui pourraient fournir au Président des informations « scientifiques » à propos des moyens de gérer la migration planifiée de millions de réfugiés des pays surpeuplés de l’Europe vers les pays d’Amérique latine. L’histoire du « M Project » révèle l’influence des idées raciales sur la pensée de FDR et les complexités des ses idées humanitaires.
En matière de réformes des politiques économiques et des systèmes sociaux, les stratégies des États des pays industrialisés avancés demeurent différentes, bien que tous aient progressé selon un continuum allant du faire vers le laisser faire. Indépendamment de leur position sur ce continuum, ces États, qu’ils soient libéraux, facilitateurs ou promoteurs, se différencient les uns des autres notamment par le fait qu’ils pratiquent plus ou moins le faire faire, c’est-à-dire qu’ils formulent des directives à destination des acteurs du marché, ou le faire avec, c’est-à-dire qu’ils travaillent en coopération avec acteurs les marché. De telles différences ne s’expliquent que partiellement par les héritages institutionnels de l’après-guerre. D’autres facteurs, qualifiés ici d’incidents, tels que la vulnérabilité économique et les préférences de politiques publiques interviennent également, mais les plus significatifs sont la capacité politico-institutionnnelle d’imposer ou de négocier le changement et le discours qui renforce cette capacité.
Plus de dix ans après l'indépendance, la mobilisation de masse, qui, en décembre 2004, a porté à la présidence du pays le candidat de l'opposition, Viktor Iouchtchenko, prouve que le désengagement politique n'est pas une fatalité dans les sociétés postsoviétiques. La Révolution orange est au contraire le produit des années de la transition mais également celui de l'ajustement des stratégies des acteurs politiques face à la montée de l'autoritarisme.
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Les forums sociaux se sont imposés comme des moments forts de l’altermondialisme à l’échelle mondiale et européenne. S’ils ne recouvrent pas l’ensemble des répertoires d’action du mouvement, ces événements offrent un prisme tout à fait pertinent pour l’étude empirique de cette nouvelle « cause ». Les résultats de l’enquête collective, menée à l’occasion du Forum social européen qui s’est tenu en région parisienne en novembre 2003, permettent de dresser le portrait sociographique des militants. Contrairement aux affirmations courantes de la fin des années 1990, ces derniers ne sont pas des « perdants de la mondialisation ». Ils ne sont pas non plus les élites cosmopolites d’une société civile transnationale, décrites dans les travaux nord-américains. En fait, s’ils se distinguent par l’intensité de leurs investissements sociaux dans l’international, c’est encore et avant tout dans le cadre national que les altermondialistes puisent les ressources et les raisons de leur engagement « pour une autre mondialisation »
Ni totalement nouveau ni simple reconversion d’organisations préexistantes, le mouvement altermondialiste français est envisagé ici sous l’angle de quatre processus. Le premier est celui des recompositions qu’a connues l’espace des mouvements sociaux depuis les années 1990 sous l’effet de mobilisations contre la précarisation croissante de la société française. Le deuxième est celui de la création de lieux d’élaboration d’une critique intellectuelle du néolibéralisme. Le troisième est celui de la délimitation des frontières séparant le mouvement du champ politique partisan comme du champ syndical. Le dernier, enfin, est celui de l’image et de la portée internationales d’un mouvement toujours étroitement lié à son contexte national d’émergence et d’activité.
L’enquête de terrain menée dans le cadre du projet européen EUROPUB (2001-2004) révèle combien l'émergence d'un espace public européen peut générer de questions contradictoires au sein mouvement altermondialiste : comment intégrer l'échelon européen aux problématiques du mouvement ? Faut-il s'appuyer sur cet espace d'opportunité politique afin de construire petit à petit un mouvement transnational encore plus large ? Convient-il au contraire de le négliger ou de le dénoncer comme un instrument du néolibéralisme ? Les récentes polémiques au sein d'Attac au sujet de la constitution de listes « 100 % altermondialistes » pour les prochaines élections européennes illustrent parfaitement le défi que représente la construction européenne pour le mouvement altermondialiste.
Au Maroc, l’espace altermondialiste se construit autant à partir des investissements que des luttes entre acteurs pour l’appropriation d’un label au prisme du contexte local. Il se caractérise par un faible degré d’autonomie par rapport au champ de la coopération internationale et s’articule également au champ politique et partisan et en particulier à la restructuration de la gauche non gouvernementale. Modelée et contenue par le pouvoir, sa constitution reflète l’évolution d’un régime autoritaire sans présager pour autant l’issue des changements observés.
Antoine Vauchez, L’institution judiciaire remotivée. Le processus d’institutionnalisation d’une « nouvelle justice » en Italie (1964-2000), Paris, LGDJ, 2004, 262 pages.
Isaac Ben-Israël, Philosophie du renseignement : logique et morale de l’espionnage, Nîmes, Éditions de l’Éclat, 2004 [ 1999], 231 pages.
Rogers M. Smith, Stories of Peoplehood. The Politics and Morals of Political Membership, Cambridge, Cambridge University Press, 2003, 236 pages.
André Kaspi, La peine de mort aux États-Unis, Paris, Plon, 2003, 250 pages.