Critique internationale - Sommaire

Editorial
5-6

 

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Thema
Thema - Contester par l’action collective dans la Russie des années 2000
Sous la responsabilité de Aude Merlin et Lou Brenez

Qu’est devenue la société civile russe après les frémissements de la perestroïka ? La « verticale du pouvoir » et la « dictature de la loi » initiées par V. Poutine au début des années 2000 ont largement entamé l’espace dévolu à l’opposition. Pourtant, avant les grandes manifestations de l'hiver 2011-2012, des mobilisations moins visibles car moins massives et surtout plus éparses ont existé tout au long de la décennie. Malgré les stratégies des dirigeants fédéraux visant à les contrôler, voire à les contrer, ces nouvelles formes d'action collective contestataire ont accompagné le renouvellement générationnel des acteurs et des pratiques.

Thema
Face au pouvoir russe, des mobilisations ténues mais vivaces
Aude Merlin, Lou Brenez
9-16

 

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Thema
Associations et partis en Russie : les (en)jeux de la différenciation
Françoise Daucé
17-34

Dans le discours de Vladimir Poutine, le thème de la séparation des partis et des associations a été largement mobilisé pour alimenter un jeu discursif convoquant des références aux débats politiques du début des années 1990. Il s’agissait alors de mettre fin à la fusion du Parti communiste de l’Union Soviétique (PCUS) et des organisations sociales. Depuis les années 2000, ce thème est remis à l’honneur mais dans un espace politique étroitement contrôlé par le pouvoir, où l’administration œuvre à la séparation des partis libéraux et des associations de défense des droits de l’homme. Cet exemple met en lumière les processus de réinterprétation des théories politiques libérales dans la Russie contemporaine. En forçant la différenciation entre partis libéraux et associations de défense des droits de l’homme, l’État favorise la réintégration des uns et des autres dans la sphère administrative qui fait désormais office de champ « politique ». Les demandes des associations ne sont plus relayées par les partis auprès des institutions élues comme le Parlement, mais par des comités et des conseils nommés par le pouvoir. En d’autres termes, la différenciation entre les partis et les associations facilite la dé-différenciation entre ces acteurs et l’État

Thema
S’opposer par le droit : vulgarisation et usages politiques du droit de la copropriété en Russie postcommuniste
Hélène Richard
35-50

Au début des années 1990, dans le cadre d'une nouvelle étape, dite démocratique, de privatisation de l'économie russe, une loi a autorisé les occupants légaux des appartements d'État à convertir leurs droits locatifs en titres de propriété. À cette occasion, le droit de la copropriété est devenu l’objet d’investissements tant politiques que militants dont la diversité apparaît notamment dans l'analyse des brochures de vulgarisation juridique collectées dans les locaux du mouvement moscovite Solidarité Logement regroupant des sensibilités hétéroclites engagées dans la contestation du nouveau Code du logement de 2005. Si certains des membres de ce mouvement entendent retourner le stigmate libéral du Code en revivifiant une tradition politique d’« autogestion » à l'échelle de l'immeuble, d’autres, plus proches de l'opposition parlementaire, estiment que la constitution d'une expertise juridique permet d'offrir aux usagers des conseils personnalisés tout en déléguant à l'institution judiciaire la charge de convertir en avancées jurisprudentielles les revendications de reconnaissance de droits qui lui sont soumises. L'étude de ces divergences quant au bon usage du droit ouvre une réflexion sur les formes d'opposition politique plus ou moins légitimes en Russie contemporaine.

Thema
Les mouvements de jeunes contestataires en Russie : s’opposer dans la rue et par la rue (2005-2010)
Tatyana Shukan
51-71

Quelles sont les logiques et les formes d’action des jeunes militants de l’opposition libérale démocrate à la veille du cycle électoral de 2011-2012 en Russie ? Les matériaux empiriques recueillis sur le terrain montrent la façon dont ces acteurs conçoivent et animent leur mobilisation entre 2005 et 2010, malgré la faiblesse de leurs effectifs militants, le peu de ressources organisationnelles ou matérielles dont ils disposent, et en dépit des contraintes posées à leur action par les appareils de l’État. Afin de pouvoir investir la rue, qui constitue leur unique voie d’action politique et d’expression, ils « jonglent » avec plusieurs modes d’action, qui, pour certains, s’inscrivent dans la continuité des pratiques militantes routinières, pour d’autres, relèvent de l’impératif de l’innovation. Ainsi, à travers des interactions dynamiques avec l’État, ils cherchent non seulement à adapter leurs formes de mobilisation aux conditions structurelles d’action, mais aussi à repousser les limites de ce qui est possible et acceptable dans la rue. Si elles contribuent à inscrire leur contestation dans la durée, ces stratégies ne permettent pas aux jeunes acteurs de rompre avec leur marginalité politique et leur statut d’« opposition de rue » pendant la période étudiée

Thema
Faire la part entre l’art et l’activisme : les protestations spectaculaires dans la Russie contemporaine (2000-2010)
Anna Zaytseva
73-90

Inspirées des tactiques « orangistes » altermondialistes, et ressuscitant certains héritages artistiques russes et soviétiques, les protestations spectaculaires qui se multiplient en Russie depuis les années 2000 sont emblématiques du renfermement de l’espace politique. Au-delà des amalgames souvent établis entre l’art et l’activisme, il convient de distinguer les logiques contradictoires qui animent les groupes artistiques (cohérence et vraisemblance maximale de la performance pour une contestation de plus en plus frontale) et les collectifs militants (actions surmédiatisées conjuguant le jeu parodique et l’énoncé au premier degré). Si les groupes artistiques se querellent au sujet de la question des droits d’auteurs des actions contestataires, les collectifs activistes sont divisés face aux tentatives de récupération « politicienne » d’une action commune au détriment de l’anonymat de la « lutte citoyenne ». Dans les initiatives artistico-activistes, l’épreuve de la mixité fait ressortir une conflictualité d’objectifs entre la spontanéité radicale (artistes) et l’adresse aux « gens ordinaires » (militants). Derrière l’unanimité apparente du combat anti-autoritaire, l’ouverture mutuelle de l’art et de l’activisme dans une Russie sensibilisée à la protestation pourrait bien accentuer ces différences de façons d’agir et de prises de position.

Varia
Le Parti national bolchevique russe : une entreprise politique hétérodoxe
Véra Nikolski
93-115

L’apparition du Parti national bolchevique (NBP) russe, petite formation de jeunes aujourd’hui interdite pour « extrémisme », est étroitement liée à la conjoncture de crise qui a accompagné l’effondrement de l’URSS et rendu brièvement possible l’émergence d’entreprises politiques hétérodoxes. Les changements profonds qui affectent sa plateforme idéologique, laquelle est passée en quelques années du nationalisme à la défense des libertés civiles, sont à mettre en relation avec la recomposition du paysage politique au moment de la présidence de Vladimir Poutine. Alors que ce dernier reprenait à son compte la rhétorique patriotique, l’organisation a dû changer d’argumentaire afin de pouvoir rester dans une posture d’opposition radicale. Certes, cette radicalité est un « label », mais c’est aussi une ressource de mobilisation. L’enquête menée au sein du NBP montre en effet qu’elle alimente un plaisir de militer bien spécifique : celui de jouer à l’aventure révolutionnaire. Au-delà du cas étudié, le plaisir du jeu autour de scénarios extraordinaires, car s’opposant à la routine, peut être considéré comme une rétribution applicable à d’autres entreprises politiques atypiques, et contribuer ainsi à une meilleure compréhension de celles-ci.

Varia
Le secrétaire à la Défense et la relation civilo-militaire américaine : une analyse du mandat de Robert Gates
Jean-Loup Samaan
117-135

Malgré les nombreuses publications consacrées aux relations civilo-militaires aux États-Unis, le rôle dans ce domaine du secrétaire à la Défense a souvent été négligé. Les données institutionnelles et l'expérience historique démontrent pourtant que cet acteur, qui se trouve au cœur de ce dispositif, en est le véritable pivot. En d'autres termes, sa méthode et son importance dans l'équipe présidentielle font de lui le point d'équilibre entre les requêtes militaires et les orientations politiques. Le mandat de Robert Gates, qui a occupé ce poste de novembre 2006 à juin 2011, témoigne de cette position centrale. La période qui suit sa prise de fonctions se caractérise en effet par une double dynamique : le renforcement du commandement militaire et la volonté apparente de dépolitisation du rôle de secrétaire à la Défense. Ensemble, ces deux processus définissent l'équilibre selon Gates des relations civilo-militaires, un équilibre non pas institutionnalisé mais tacite. Ce caractère informel de la méthode Gates nous conduit donc à nuancer la théorie classique de Samuel Huntington du contrôle civil des armées pour lui préférer une approche sociologique plus dynamique.

Varia
Féminisation des parlements, quotas et transformation de la représentation en Inde et au Pakistan
Virginie Dutoya
137-158

En Inde et au Pakistan, la représentation politique des femmes est aujourd’hui posée comme un impératif démocratique. Au Pakistan, cela s’est traduit en 2002 par la (re)mise en place de quotas pour les femmes au Parlement. En Inde, les quotas n’existent qu’au niveau local, malgré un projet d’extension au niveau parlementaire. Ce changement a entraîné un renouvellement des parlementaires, tandis que le principe des quotas faisait évoluer les modèles de représentation vers une logique de « miroir ». Le discours omniprésent sur la place des femmes en politique ainsi que les principes sexistes de division du travail politique poussent les élues à promouvoir fortement la « représentation des femmes ». Toutefois, ce n’est qu’au Pakistan, où il existe des mécanismes de quotas, que les femmes ont investi de nouveaux rôles parlementaires, centrés sur le travail législatif et les questions nationales. Dans les deux pays, face à la « menace » de féminisation et d’érosion du « masculinisme » en politique, les hommes reconnaissent la légitimité de la représentation des femmes, tout en réaffirmant les modèles traditionnels de représentation et en cherchant à décrédibiliser indirectement les élues.

Lectures
Lecture
Vincent Bonnecase
161-166

Bryan L. McDonald, Food Security, Cambridge, Polity Press, 2010, 205 pages.

Lectures
Lecture
Yasmine Bouagga
167-171

David P. Forsythe, The Politics of Prisoner Abuse: The United States and Enemy Prisoners after 9/11, Cambridge, Cambridge University Press, 2011, XVI-315 pages.

Lectures
Lecture
Auriane Guilbaud
173-176

Morten Ougaard, Anna Leander (eds), Business and Global Governance, Londres, Routledge, 2009, XVIII-267 pages.

Lectures
Lecture
Jean Foyer
177-180

Amandine Orsini, La biodiversité sous influence ? Les lobbies industriels face aux politiques internationales d’environnement, Bruxelles, Éditions de l’Université de Bruxelles, 2010, 248 pages.

Lectures
Lecture
Jean-Marie Chenou
181-184

Philip G. Cerny, Rethinking World Politics: A Theory of Transnational Neopluralism

Lectures
Lecture
Laurent Warlouzet
185-189

Wolfram Kaiser, Antonio Varsori(ed), European Union History: Themes and Debates, Basingstoke/New York, Palgrave Macmillan, 2010, X-268 page

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