Critique internationale - Sommaire

Editorial
5-6

 

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Thema
Thema - L’ethnicité ordinaire dans les démocraties d’Amérique latine
Sous la responsabilité de Geneviève Verdo et Dominique Vidal

La greffe du multiculturalisme en Amérique latine s’est opérée dans un double contexte de sortie de l’autoritarisme et d’instauration de mesures d’inspiration néolibérale. L’approche proposée ici s’éloigne de l’« assignation à la terre » qui surdétermine les mouvements structurés autour de l’affirmation d’une identité ethnique, et retrace l’expérience d’acteurs « entre deux mondes » qui se trouvent amenés à des recompositions identitaires. Aborder ainsi la question des rapports entre démocratie et multiculturalisme permet de révéler comment ces expressions de l’ethnicité et/ou de la discrimination raciale trouvent à s’inscrire dans l’ordinaire des sociabilités démocratiques en Amérique latine.

Thema
L’ethnicité en Amérique latine : un approfondissement du répertoire démocratique ?
Geneviève Verdo, Dominique Vidal
9-22

 

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Thema
Le katarisme bolivien : émergence d’une contestation indienne de l’ordre social
Cécile Casen
23-36

Le mouvement katariste qui émerge dans les années 1970 dans l’espace des Andes boliviennes doit son nom à Túpac Katari, chef aymara de la Grande Rébellion de 1780-1783. Pour comprendre les politique actuelle de la Bolivie et les questions soulevées par l’arrivée au pouvoir d’Evo Morales. raisons qui amènent les militants kataristes à avoir recours au marqueur ethnique, il faut revenir sur les conditions historiques et sociologiques qui ont présidé à la production d'un discours indianiste : tout d’ébord, la dégradation des relations entre l'État et les paysans, ensuite l'expérience urbaine des migrants andins. Il semble que les contradictions qui se font jour dans le discours katariste concernent la situation

Thema
Ethnographie d’une organisation d’étudiants indigènes en Amazonie péruvienne : les ambivalences de la contestation
Doris Buu-Sao
37-52

L’ethnographie d’une organisation d’étudiants indigènes basée à Iquitos, principale ville de l’Amazonie péruvienne, permet de s’interroger sur l’expérience des nouveaux dirigeants, qui, forts des compétences acquises au contact de l’institution scolaire et d’organisations militantes, s’affirment dans des mobilisations de plus en plus visibles. Le processus de politisation par lequel les étudiants apprennent à revendiquer des droits au nom d’une identité indigène est analysé au regard de leur inscription dans l’espace militant urbain. Là s’élaborent des définitions du leadership indigène qui sont en concurrence avec d’autres organisations plus traditionnelles et qui alimentent des tensions internes au « mouvement indigène ». Les ambivalences de cette contestation sont soulignées à la lumière des réseaux de médiation dans lesquels s’inscrivent les jeunes indigènes, réseaux qui assurent la traduction des messages que les autorités locales, les militants écologistes, mais aussi les entreprises pétrolières veulent délivrer à leurs communautés d’origine.

Thema
De l’ethnicité en Bolivie ? Paradoxe d’une catégorie indigène, le folklorista
Kévin Maenhout
53-69

La présence de la plus haute autorité politique de Bolivie à la fête du Señor Jésus del Gran Poder démontre l’importance des fraternidades dans ce pays. Ces congrégations, qui peuvent compter plusieurs milliers de membres, se retrouvent, avant toute autre chose, autour de la promotion de leur foi qu’elles manifestent par de grands spectacles de rue appelés Entradas Folkloricas. Elles jouent cependant un rôle qui va bien au-delà de la sphère des pratiques religieuses et culturelles. En effet, le folklore se présente à la fois comme un répertoire identitaire par lequel des individus se catégorisent à partir de traits socioculturels communs et comme un enjeu croissant sur la scène politique. L’étude des pratiques festives qui lui sont associées permet de saisir une catégorisation essentielle de la vie sociale en Bolivie, celle du folklorista, dans laquelle s’inscrivent la plupart des membres des fraternidades et qui diffère de catégorisations habituellement mobilisées par les acteurs politiques.

Thema
Les immigrants boliviens à São Paulo : métaphore de l’esclavage et figuration de l’altérité
Dominique Vidal
71-85

La métaphore de l’esclavage utilisée par les Brésiliens pour décrire les conditions de travail des ouvriers boliviens dans les ateliers de confection de São Paulo donne accès à la dimension politique de la structuration ethno-raciale du Brésil et aux dilemmes qu’elle rencontre dans un cadre démocratique. Le retour sur la figure de l’esclave permet de montrer comment cette catégorisation qui sert à classer les rapports sociaux tire sa signification du monde social né des migrations européennes et de l’instauration d’une forme limitée de citoyenneté sociale. À cet égard, le comparatisme ordinaire permet aux ouvriers boliviens d’évaluer les rapports sociaux au Brésil, en les faisant contraster avec ceux qu’ils connaissent en Bolivie et en Argentine. Il s’avère que la saillance de l’ethnicité que fait ressortir l’immigration bolivienne à São Paulo met en évidence les tensions qui traversent la référence au métissage dans ce pays.

Varia
Les défis de la comparaison à l’âge de la globalisation : pour une approche centrée sur les cas les plus différents inspirée de Clifford Geertz
Olivier Giraud
89-110

Cet article analyse les transformations des conditions d’exercice de la comparaison en sciences sociales dans le contexte de la globalisation et explore les perspectives de la méthode comparative des cas les plus différents, telles qu’elles ont été ouvertes par Clifford Geertz. Sur la base d’une analyse de la globalisation autour d’une série de mécanismes sociaux précis, la première partie montre comment la globalisation remet en cause la nation comme cadre pertinent de la comparaison, invite à tenir mieux compte de la pluralité des échelles d’inscription des phénomènes sociaux et transforme également les conditions de l’indépendance des cas. La deuxième partie est consacrée à la situation de la méthode centrée sur les cas les plus différents dans le contexte des approches comparatives et rend compte des principales logiques démonstratives applicables dans le contexte de ces approches. La troisième partie est consacrée à l’examen des réponses que fournissent les approches des cas les plus différents aux défis que pose la globalisation à la comparaison.

Varia
Mobilisations et politisations ouvrières contemporaines : les usines « récupérées » en Argentine
Maxime Quijoux
111-132

En dépit d’une conflictualité renaissante dans le monde du travail, y compris dans l’industrie, une partie importante des sciences sociales, françaises et internationales, semblent avoir durablement délaissé l’étude des mobilisations ouvrières, tantôt « ringardisées » par les nouveaux mouvements sociaux, tantôt « vaincues » par les crises économiques. Depuis le début des années 2000, l’Argentine offre toutefois l’occasion d’examiner des formes nouvelles de protestation : la crise sociale et politique qui touche le pays en 2001 provoque une série inédite d’occupations et de « récupérations » d’usines par leurs ouvriers. Cette étude de la lutte emblématique d’une usine textile vise moins à réhabiliter la centralité politique d’une « classe » sociale qu’à comprendre les mécanismes sociaux à l’œuvre dans la mobilisation d’une population a priori peu mobilisable. Car si les grandes mobilisations de 2001 favorisent de toute évidence cette occupation et à certains degrés l’enrôlement d’ouvrières possédant peu de compétences politiques, la « récupération » relève avant tout d’un mode spécifique de socialisation professionnelle, qualifié ici « d’ethos du zèle ».

Varia
Les Télanganais de l’extérieur et le régionalisme à distance
Ingrid Therwath
133-160

Le nationalisme à distance est un phénomène fréquent mais cependant sous-étudié. L’analyse proposée ici du mouvement pro-Telangana, au Sud de l'Inde, permet d'examiner l'échelle régionale de la mobilisation à distance pour mieux dépasser les explications psychologiques qui en sont trop souvent données. En effet, depuis une dizaine d'années, ce mouvement, qui date en réalité des années 1950 et réclame l'autonomie du Telangana au sein de la Fédération indienne, connaît un nouveau souffle et s'appuie en grande partie sur les expatriés originaires de la région. À travers des organisations très actives aux États-Unis, en Angleterre et dans les pays du Golfe, ces derniers financent les activistes en Inde, fournissent du matériel électoral, se déplacent pour faire campagne et, dans certains cas, se présentent eux-mêmes à la mandature. L’examen des différentes logiques de cet engagement politique transnational permet de mettre en avant l'économie politique qui lie les activistes de la diaspora à leur pays d'origine.

Lectures
Lecture
Bastien Irondelle
163-169

Lecture croisée. La non-utilisation de l’arme nucléaire depuis 1945 : tabou ou tradition ?

Lectures
Lecture
Capucine Boidin, Adrien Nuguet
171-175

Luc Capdevila, Isabelle Combès, Nicolas Richard, Pablo Barbosa, Les hommes transparents. Indiens et militaires dans la guerre du Chaco (1932-1935), Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010,249 pages.

Lectures
Lecture
Geneviève Verdo
177-181

Christian Gros, David Dumoulin Kervran (dir.), Le multiculturalisme « au concret » : un modèle latino-américain ?, Paris, Presses de la Sorbonne Nouvelle, 2011,462 pages.

Lectures
Lecture
Dominique Vidal
183-187

Stanley R. Bailey, Legacies of Race : Identities, Attitudes, and Politics in Brazil, Stanford, Stanford University Press, 2009,294 pages.

Lectures
Lecture
Soraya Hamdaoui)
189-193

Kurt Weyland, Raúl L. Madrid, Wendy Hunter (eds), Leftist Governments in Latin America : Successes and Shortcomings, Cambridge, Cambridge University Press, 2010,216 pages

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