Critique internationale - Sommaire
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Myriam Revault D’Allones, Le dépérissement de la politique. Généalogie d’un lieu commun, Paris, Alto Aubier, 1999, 318 pages.
Talbot (Ian), Pakistan : A Modern History, Londres, Hurst & Co., 1999, 432 pages.
Cohen (Pierre), Le Déaut (Jean-Yves) ,Quelle recherche pour demain ?, http://www.mission-cohen-ledeaut.org
Kymlicka (Will), Les théories de la justice. Une introduction, Paris, La Découverte, 1999, 363 pages.
Meyer (Birgit), Geschiere(Peter), eds., Globalization and Identity : Dialectics of Flow and Closure, Oxford, Blackwell, 1999, 338 pages.
En 1989-1990, les prescriptions émises par la majorité des experts et par les institutions financières internationales à destination des pays d'Europe de l'Est en transition s'articulaient autour de trois axes : "thérapie de choc", privatisation aussi rapide que possible, ancrage nominal de la monnaie sur une devise forte. Or l'expérience des dix ans écoulés a montré que l'économie suit des chemins plus indirects que ne le voudraient modèles et doctrines. La thérapie de choc a eu de bons résultats, mais seulement dans les pays dont le point de départ n'était pas trop éloigné du but visé, et qui en outre ont su la modérer quand c'était nécessaire ; la privatisation a eu de meilleurs effets lorsqu'elle n'a pas été trop hâtive ; et l'ancrage monétaire strictement appliqué a eu des conséquences néfastes qui ont conduit à adopter un autre système, plus souple et plus satisfaisant.
La chute du régime communiste et la perte de repères qui s'est ensuivie ont eu notamment pour effet, en Roumanie, de réactiver une tradition de la nation dont les jalons avaient été fixés au XIXe siècle et qui associait une formule identitaire fondée sur l'ethnicité à une conception de l'État unitaire et centralisée. L'ouverture brusque vers l'extérieur, les pressions de l'économie mondialisée et des institutions occidentales, en particulier l'OTAN et l'Union européenne que la Roumanie aspire à rejoindre, ont suscité, chez les uns, des efforts d'ajustement de cette tradition mais aussi, chez d'autres, la tentation d'en faire un absolu pour mieux résister à des changements perçus comme inquiétants. Ces deux tendances sont identifiables dans la façon dont les Roumains représentent leur passé pré-communiste et communiste, et dans la manière dont ils perçoivent la tension entre unité et pluralité (ethnique, régionale) au sein de l'État-nation.
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Il est généralement admis que les violences interethniques sont fréquemment provoquées par des leaders en mal de légitimité et de pouvoir. Encore faut-il s'interroger sur les raisons pour lesquelles de telles violences se produisent dans certains cas, et pas dans d'autres apparemment aussi propices. En Inde, le nombre et la violence (nombre de victimes) des émeutes antimusulmanes, mesurés sur l'ensemble de la période depuis l'indépendance dans différents États, sont statistiquement liés à l'approche d'élections aux résultats incertains (moins de 10 % de marge pour le vainqueur à l'élection précédente). Elles sont aussi moins nombreuses et moins meurtrières dans certaines configurations partisanes locales, notamment lorsque les musulmans sont en situation d'arbitres électoraux, car en ce cas la police locale est déployée par les détenteurs du pouvoir pour empêcher les violences, et ses responsables sanctionnés si elle n'y parvient pas.
Dans la guerre, il faut tuer pour ne pas être tué : le risque de mourir représente une menace réelle. Dans le crime de masse, en revanche, la menace de mort est imaginaire puisque l' "ennemi" à détruire est sans armes. En ex-Yougoslavie tout particulièrement, la peur avivée par la propagande a joué ainsi un rôle fondamental : pour des raisons qui tiennent à l'histoire des Balkans, la manipulation a été relativement aisée. Une fois l'angoisse portée à son comble, le passage à l'acte criminel peut s'opérer et le crime de masse se dérouler selon un dispositif rationnel et efficace. Reste à s'interroger sur les atrocités "gratuites" qui sont allées de pair avec la purification ethnique. Il paraît difficile, en l'état actuel des connaissances, de trancher entre deux interprétations contradictoires, selon lesquelles ces atrocités ont un sens (Arendt) ou n'en ont point (Sofsky).
La longue guerre de libération de l'Érythrée et celle, aujourd'hui, du Kivu fournissent deux illustrations de ce qui est peut-être une explication de la violence extrême observée dans maints conflits contemporains, notamment (mais pas seulement) africains : d'une part, la déconnexion entre des rationalités locales et les buts affichés par les leaders "nationaux" ; d'autre part, une expérience de l'État faible ou déstabilisante chez les acteurs des mouvements armés qui, souvent, ont basculé dans la guerre pour des motivations parfaitement "rationnelles" pour ensuite, au fil du conflit, peiner à construire un objectif politique aisément déchiffrable. Reste que les sociétés ou les groupes qui sont au cœur des conflits les plus meurtriers font rarement le choix de l'anomie et essaient, avec des succès divers et le plus souvent extrêmement fragiles, de reconstituer un lien social que la guerre a dissous.