Critique internationale - Sommaire
Aucun résumé
Aucun résumé
Aucun résumé
Aucun résumé
Aucun résumé
Manuel Castells, L’ère de l’information, trois volumes, Paris, Fayard
I. La société en réseaux (traduction Philippe Delamare), 1998, 613 pages ;
II. Le pouvoir de l’identité (traduction Paul Chemla), 1999, 538 pages ;
III. Fin de millénaire (traduction Jean- Pierre Bardos), 1999, 492 pages.
(traduit de The Information Age, Oxford, Blackwell : The Rise of the Network Society, 1996 ; The Power of Identity, 1997 ; End of Millenium, 1998)
Murphy (Emma C.), Economic and Political Change in Tunisia. From Bourguiba to Ben Ali,Londres, Macmillan et New York, St Martin Press, 1999, 285 pages.
Hartmann (Florence), Milosevic. La Diagonale du fou, Paris, Denoël, 1999, 441 pages.
Roux (Michel), Le Kosovo. Dix clés pour comprendre, Paris, La Découverte, 1999, 126 pages.
Tardy (Thierry), La France et la gestion des conflits yougoslaves (1991-1995). Enjeux et leçons d’une opération de maintien de la paix de l’ONU; Bruxelles, Bruylant, 1999, 505 pages.
Palumbo-Liu(David), Asian/American. Historical Crossings of a Racial Frontier, Stanford, Stanford University Press, 1999, 504 pages.
Ellis (Stephen), The Mask of Anarchy. The Destruction of Liberia and the Religious Dimension of an African Civil War, Londres, Hurst & Co., 1999, 350 pages.
Detienne (Marcel), Comparer l’incomparable, Paris, Le Seuil, 2000, 135 pages.
Habermas (Jürgen), Après l’État-nation. Une nouvelle constellation politique, Paris, Fayard, 2000, 150 pages.
Anderson (Lisa), ed., Transitions to Democracy, New York, Columbia University Press, 1999, 316 pages.
Les vifs débats qu'ont soulevés en Allemagne, dans les dernières années, une affaire de croix dans les salles de classe et une affaire d'enseignante musulmane portant le foulard ont révélé des difficultés identitaires qui les dépassent largement, et que leur examen éclaire. Les "solutions identitaires" trouvées au lendemain de la défaite sont aujourd'hui mises à mal tant par des évolutions longues (changement de génération, migrations internes, installation durable des immigrés de confession musulmane, affaiblissement de la référence chrétienne, diversification de la société) que par la réunification et la construction européenne (notamment son volet monétaire). Cet effritement amène à concevoir la société comme un assemblage ouvert d'une multitude de logiques d'action. Le terme allemand désignant l'espace public, Öffentlichkeit, paraît particulièrement propre à rendre compte d'un tel ensemble d'interactions sociales dépourvu de centre.
L'OTAN aura attendu cinquante ans, et la disparition des conditions internationales qui étaient sa raison d'être originelle, pour faire concrètement ses preuves. D'abord, les pays d'Europe centrale et orientale ont aspiré à y être admis, au même titre qu'ils demandaient leur adhésion à l'Union européenne. Ensuite, la guerre en Yougoslavie, à un moment donné de son déroulement, lui a fourni l'occasion de répondre à la fois aux intérêts des Américains et à ceux des Européens, qui n'étaient pas identiques. Par une gestion toute pragmatique, les Etats-Unis ont ainsi réussi une métamorphose de fond de l'Alliance qui n'allait pas de soi. Toutefois, les germes de crises futures ne manquent pas : la politique de l'ambiguïté rencontre ses limites, tant dans l'hostilité russe que dans les problèmes de la relation euro-américaine et dans les conflits plus ou moins latents liés aux industries de défense.
Aucun résumé
La musique "populaire" (définie approximativement comme ce qui n'est ni musique savante ni musique traditionnelle ou folklorique) joue en Haïti, du fait de diverses circonstances, un rôle politique important et qui est loin d'être univoque. Certains de ses styles et modalités ont servi la dictature des Duvalier ; d'autres - ou parfois les mêmes - le réveil d'un mouvement démocratique. Jean-Bertrand Aristide lui-même est un auteur de chansons et a souvent répandu sa parole par ce moyen. L'étude des multiples interventions de cette musique dans le déroulement des événements politiques entre 1985 et 1995 permet de mettre en lumière ces modes très divers, où le style musical peut jouer un rôle aussi important que le texte des chansons.
Né dans les ruines de la défaite, le manga (bande dessinée) tire, de son enracinement dans le traumatisme qui a refondé le Japon contemporain, sa légitimité et ses thèmes récurrents les plus spécifiques. Il a peu à peu conquis son rang d'élément de la culture nationale et représente près de 40% du tirage de l'édition japonaise. L'épopée Akira de Otomo Katsuhiro, publiée à partir de 1982 et qui a rencontré un succès mondial, reprend le thème de la grande destruction originelle. Malgré une indifférence apparente à tous les systèmes de valeurs existants, Akira n'est pas dépourvu d'une forme de political correctness. Et la table sur laquelle son lecteur est invité à bâtir l'avenir n'est pas si rase qu'il y paraît.
L'Inde s'est approprié le cinéma très précocement et avec passion. Les premiers films "mythologiques", adaptant les modes narratifs des formes populaires traditionnelles, ont joué un rôle important dans la formation de la nation. Nullement, toutefois, par une mobilisation explicite contre la puissance coloniale, mais par la représentation mythique d'une Inde "éternelle" dont les dieux-héros sont nécessairement victorieux de leurs ennemis. Certains acteurs adulés ont réutilisé ce capital en faisant des carrières politiques à la fois fulgurantes et durables. Par la suite, les thèmes du cinéma populaire se sont adaptés aux évolutions sociales, mais en restant toujours aussi éloignés de la réalité. La constante du cinéma populaire indien, qui lui assure un public toujours fidèle, est celle du rêve éveillé : opium du peuple ?
Est-il utile, est-il possible de travailler sur les rapports de la "culture populaire" avec la politique ? A certaines conditions. Le retour épistémologique à une culture saisie à partir de pratiques et d'œuvres, la constatation a posteriori de son caractère populaire ou non, fondée sur une définition concrète de ce que "populaire" signifie dans ce cas précis, possèdent un double avantage : éviter la dilution du politique dans le culturel, et la dilution de la culture dans les "arts de faire" quotidiens. On peut dès lors explorer ses relations avec le pouvoir. Les pratiques et produits culturels ne portent nulle orientation politique par essence : ni soumis, ni résistants. Pour autant, ils ne sont jamais neutres car, véhicules de représentations sociales du pouvoir, ils expriment un point de vue éthique sur la société et constituent des terrains d'affrontement politique.