Enquête « Le vivant et le politique »

Enquête « Le vivant et le politique »

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L’enquête « le vivant et le politique »


Publiée mercredi 3 juillet 2024, l’enquête « le vivant et le politique » est l’aboutissement du programme collaboratif de recherche ComingGen, financé par l’agence nationale de la recherche (ANR), sous la direction scientifique de Virginie Tournay, chercheuse au CEVIPOF.


Il vise à analyser les liens complexes entre les opinions publiques et la décision politique sur des sujets relatifs au monde vivant et aux biotechnologies.

Porté par le CEVIPOF, le projet est conduit en partenariat avec des chercheurs du laboratoires PACTE (Séverine Louvel), le LESSEM de l’INRAE (Céline Granjou) et le laboratoire d’épidémiologie et de santé publique de l’INSERM (Emmanuelle Rial-Sebbag).

 

En partenariat avec les laboratoires PACTE et LESSEM, l’enquête réalisée en ligne a pour objectif de mieux comprendre les relations entre les représentations du monde vivant, la nature et la manière de penser l’ordre social et politique.

Elle a été conduite dans trois pays dont la particularité est d’avoir un rapport contrasté vis-à-vis de l’Europe : La France, le Royaume-Uni et la Pologne. Le terrain a été réalisé en mai 2024 par l’institut BVA Xsight.

 

TéLéCHARGER l'étude (PDF, 2,2 Mo) 

 


 


 

Trois résultats majeurs

 

  • Tout d’abord, et par rapport aux autres pays, la France apparait conservatrice sur un plan biologique, c’est-à-dire qu’elle est moins tolérante au changement vis-à-vis de ce qui est perçu comme « naturel » ou « organique ». Il y a plus de défiance vis-à-vis de l’intervention humaine sur l’alimentation, des organismes génétiquement modifiés, des produits qui n’apparaissent pas « naturels » ou encore, du recours à la science dans l’alimentation et la production agricole. La nature est davantage sacralisée. De même, on accepte moins facilement les transformations du corps humains : implants, tatouages ou piercings.

 

  • Ensuite, l’enquête fait ressortir deux représentations de l’humanité. La première est définie par un partage net entre les êtres humains et le reste du monde vivant, tandis que la seconde insiste davantage sur les interdépendances humaines vis-à-vis de la diversité des organismes vivants et des éléments naturels. En France, cette dernière représentation écosystémique de l’humanité est liée à un conservatisme biologique en ce qui concerne la « nature », mais elle est associée à un libéralisme biologique dans le rapport au corps humain. On constate ainsi qu’il y a plus de permissivité dans le changement de sexe, la grossesse pour autrui, la pose d’implants pour améliorer les performances corporelles ou les modifications de son apparence (tatouages ou piercings)

 

  • Enfin, les résultats de l’enquête confirment les liens entre les représentations du monde vivant et la manière d’envisager l’ordre public en France. Ainsi, le sentiment d’appartenir à l’ensemble des êtres vivants, c’est-à-dire l’adhésion à une vision plus décloisonnée de l’humanité, s’accompagne d’un affaiblissement des frontières interpersonnelles et nationales. 

 

Triple apport

  1. Le premier est de fournir des clés d’analyse aux tensions observées dans les controverses liées à la santé, à l’agriculture ou à l’alimentation, en analysant leur inscription dans des comportements politiques plus larges.
  2. Le second est de mieux appréhender les interfaces entre la connaissance scientifique et la décision publique.
  3. Enfin, la prédominance d’une vision écosystémique de l’humanité sur le regard culturel hérité des Lumières interroge plus fondamentalement son articulation avec le système de représentation démocratique. Comment penser la souveraineté du peuple quand la conception de celui-ci devient rhizomique, et son ontologie, partagée avec celle de l’ensemble des êtres vivants ?

 

Note de Recherche : "Le conservatisme biologique : anatomie d’une passion française »

Pour accompagner l'enquête, Virginie Tournay, Luc Rouban et Flora Chanvril du CEVIPOF livrent une note de recherche à consulter ici (PDF, 587 Ko)


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