"Comprendre les enjeux de l'élection présidentielle américaine"

"Comprendre les enjeux de l'élection présidentielle américaine"

Les lundis du CEVIPOF
14 octobre à 18h / Sciences po - Goguel
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Les Lundis du CEVIPOF proposent une rencontre du monde politique, universitaire et médiatique

autour d'un thème d'actualité.

 

Le Prochain rendez-vous se tiendra lundi 14 octobre 2024 de 18h à 19h30 (Sciences Po, 27, rue St Guillaume, 75007 Paris, Amphi Goguel) sur le thème : "Comprendre les enjeux de l'élection américaine et leur impact sur la France"

 

 

A trois semaines des présidentielles aux Etats-Unis, la table ronde, réunira :

 

  • André GATTOLIN

 Ancien sénateur (Hauts de Seine)

 

 

  • Kévin ARCENEAUX

 Directeur du CEVIPOF - Sciences Po

 

 

  • Alain FRACHON

Journaliste et éditorialiste au journal Le Monde, spécialiste des questions internationales

                                                                                              

 

Modératrice : Anne MUXEL

Directrice de recherche émérite au CNRS et directrice déléguée du CEVIPOF

 

L'événement est accessible sur inscriptions ici

 

 

 

Texte de présentation

Kevin Arceneaux, Directeur du CEVIPOF, professeur de science politique à Sciences Po

 

L’approche de la prochaine élection présidentielle nord-américain doit être éclairée par une évaluation des rapports de force entre les deux principaux candidats au travers d’une étude de l'évolution des sondages dans la course présidentielle de 2024 qui oppose Kamala Harris et Donald Trump. En dépit de nombreux événements importants, la distance entre les deux candidats dans les sondages nationaux est restée relativement stable depuis la fin de la convention démocrate (19-22 août). En revanche, les sondages réalisés dans les « swing states », qui pourraient décider du vainqueur au sein du collège électoral, semblent avoir davantage bougé. Un certain nombre de raisons peuvent expliquer l'écart entre les sondages nationaux et les sondages réalisés dans les États, notamment la possibilité que l'électorat de ces États soit plus volatile ou même que les sondages y soient moins précis. Il convient d'examiner les raisons historiques pour lesquelles les États-Unis utilisent un système aussi particulier pour choisir un Président. Si d'une part, le vote populaire national est considéré comme une source importante de légitimité, le collège électoral, d’autre part, caractéristique du suffrage universel indirect retenu pour l’élection présidentielle, fausse la valeur des votes individuels en augmentant le poids des électeurs des États moins peuplés par rapport à ceux des États plus peuplés. D'un point de vue historique, l’élection présidentielle n'a jamais été conçue aux Etats-Unis comme un référendum national, mais plutôt comme un processus d’arbitrage entre des États fédérés souverains, volontairement réunis au sein d'une union fédérale - ce qui n'est pas très différent de l'Union européenne d'aujourd'hui.

 

En se développant vers l'ouest et en restant unis après une guerre civile sanglante, les États-Unis ont forgé une identité et une culture nationales. Néanmoins, le collège électoral désuet reste un élément incontournable de l’élection présidentielle et une source méconnue du bipartisme nationalisé du pays, dans lequel les deux principaux partis s'affrontent dans 51 « élections présidentielles » tous les quatre ans. Il en résulte des coalitions de partis qui évoluent au fil du temps, alors que les institutions des grands partis sont restées fixes au cours des 170 dernières années. La base sociologique actuelle du soutien aux deux grands partis trouve sa source dans le mouvement des droits civiques, qui a rendu les partis plus cohérents sur le plan idéologique et les a centrés sur un clivage entre des visions du monde d’un côté traditionnelles et de l’autre davantage cosmopolites, ce qui est devenu courant dans tous les pays occidentaux. Paradoxalement, les désaccords politiques étant de plus en plus centrés sur les questions culturelles, le soutien autrefois ferme du parti démocrate dans les groupes « minoritaires » sociétalement conservateurs (par exemple, les Noirs et les Latinos) s'est affaibli lors des dernières élections.

 

À bien des égards, les clivages sociaux qui définissent la politique électorale aux États-Unis reflètent ceux de la France. En m'appuyant sur les données recueillies par le CEVIPOF lors des dernières élections européennes ainsi que sur une étude en cours menée par Rory Truex et moi-même aux États-Unis, l’analyse abordera le rôle que jouent les sentiments de marginalisation des groupes sociaux dans le soutien au populisme de droite en France et aux États-Unis ainsi que dans l'affaiblissement de l'engagement de certains électeurs en faveur de la démocratie dans les deux pays. Comprendre qui sont ces électeurs est une clé pour comprendre ce qui motive les profondes redistributions sous-jacentes à l'élection présidentielle en France et aux États-Unis.

 

Date : 
14 Octobre, 2024 - 18:00 - 19:30
Lieu : 
Sciences Po Paris, CEVIPOF, 27 rue St guillaume Amphi Goguel
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