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Commentaire de Aude-Emmanuelle Fleurant et Yannick Quéau
La figure illustre principalement l’importance des dépenses militaires américaines par rapport à celles du reste du monde. Elle montre que pour la période 1988-2010, l’évolution des dépenses militaires des États-Unis est fortement corrélée à celle des dépenses militaires mondiales. Cela tend à indiquer que pour les 28 années concernées, les États-Unis ont influencé la trajectoire des dépenses militaires mondiales. Ensuite, la situation s’inverse en 2011, le pays faisant face aux impacts de la crise économique et financière de 2008. L’adoption du Budget Control Act, loi visant à plafonner les budgets discrétionnaires sous la responsabilité de l’État fédéral, demandait notamment des compressions importantes de dépenses. La défense représentant approximativement 50% de l’ensemble des portefeuilles discrétionnaires de Washington, l’envergure des compressions opérées à partir de 2011 est significative. Ces réductions budgétaires appliquées à la défense expliquent en grande partie la chute observée entre 2011 et 2015. Cela dit, ces années ont été caractérisées par des négociations visant à contourner les plafonds budgétaires, ou à des ententes temporaires entre l’exécutif et le législatif permettait de les ignorer. Les résultats de ces discussions mènent au ralentissement de la décroissance du budget américain en 2016 et 2017, signe que la durée de vie du Budget Control Act a été de courte durée.
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Commentaire de Aude-Emmanuelle Fleurant et Yannick Quéau
Le graphique compare l’évolution des dépenses militaires (en dollars constants de 2016) de l’Allemagne, de l’Espagne, de la France, de l’Italie, de la Russie et du Royaume-Uni entre 1992 et 2017. Les États sélectionnés sont ceux ayant le plus haut niveau des dépenses militaires sur le continent européen. La période de référence permet de constater les trajectoires propres à chacun des États. On note les variations spectaculaires de la courbe illustrant l’évolution des dépenses militaire russes, qui se déploient sur trois périodes distinctes. La première, entre 1992 et 1998, est marquée par une baisse significative des dépenses militaires jusqu’à un seuil inférieur à celui de l’Espagne. La deuxième, entre 1998 et 2016 voit une remontée significative traduisant un effort militaire et financier durable. La troisième est le déclin relativement important (- 20%) entre 2016 et 2017, mais il faut ici préciser que celui-ci est partiellement attribuable au fait que l’année 2016 avait vu la Russie dépenser des sommes exceptionnelles pour son industrie militaire. Le déclin, s’il est réel, semble cependant davantage annonciateur d’une stabilisation du niveau des dépenses militaires russes que d’une tendance à la décroissance. En ce qui concerne les États européens membres de l’Alliance atlantique, on peut noter que les courbes respectives de leurs dépenses militaires traduisent, autant par leurs amplitudes que par le moment où se manifestent des changements, des choix politiques sensiblement différents (maintien d'un niveau élevé de dépenses malgré la fin de la guerre de froide ou au contraire coupes dans les dépenses...).
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Commentaire de Aude-Emmanuelle Fleurant et Yannick Quéau
La figure 12 ramène l’évolution des dépenses militaires sur une base commune et affiche donc les trajectoires année après année, mettant en évidence les augmentations et les diminutions observées pour chaque région du monde telles que définies par le SIPRI. Les valeurs de la figure 12 sont donc relatives à la base (100, année 1998) et ne sont pas des valeurs financières mais des pourcentages de croissance ou de décroissance.
Le procédé permet de contourner une des limites des valeurs financières. Les différences d’échelles au niveau régional informent sur le niveau et les évolutions des dépenses militaires mais elles ne permettent pas de saisir l’effort fourni sur une période de 10 ans par exemple. Les différences importantes entre les niveaux des dépenses militaires des régions (Afrique, Amériques, Asie-Océanie, Europe, Moyen-Orient et Union européenne) exprimées en valeur financière rendent difficiles les comparaisons sur un même graphique et ne permettent pas de mesurer les efforts relatifs des régions sur ce plan. Par exemple, en valeur financière, la courbe de l’Afrique apparaîtrait stable, on y verrait peu de variation, ce qui risquerait de générer une fausse impression de stagnation.
La figure 12 permet ainsi de constater que les dépenses militaires de l’Afrique et du Moyen-Orient (pour les pays pour lesquels les données sont disponibles) ont crû de manière significative jusqu’à la crise des prix des matières premières alors que la région Asie-Océanie a augmenté ses dépenses militaires de manière ininterrompue au cours de la même période. Les Amériques, pour leur part, affichent un profil cyclique caractéristique des dépenses militaires de la région largement dominées par les États-Unis, avec une période de hausse majeure suivie d’un déclin. Enfin, la croissance européenne/Union européenne semble plus modeste et affiche également un cycle hausse-baisse, de moindre amplitude que celui des Amériques.
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Commentaire de Aude-Emmanuelle Fleurant et Yannick Quéau
Le graphique illustre l’évolution des dépenses militaires mondiales entre 1988 et 2017. Il utilise les données du Stockholm International Peace Research Institute (SIPRI). Celles-ci sont ici exprimées en valeur constante afin de neutraliser les effets de l'inflation. L'année 1991 est laissée vide en l’absence de données fiables pour l’Union soviétique à la suite de l’effondrement du régime et en raison de la difficulté d’estimer dans ce contexte le niveau des dépenses militaires de ce pays qui était alors le deuxième État le plus important en cette matière. On constate que la fin de la guerre froide se traduit par une baisse drastique des dépenses militaires mondiales jusqu'en 1995 où elles atteignent un seuil historiquement bas. Dès 1996, les dépenses militaires amorcent cependant une reprise qui connaît un coup d'accélérateur dans les 2000 sous les effets conjugués de la guerre globale contre le terrorisme et des déploiements majeurs (en Irak, notamment), de la modernisation des armements dans la plupart des pays les plus avancés militairement et des nouvelles ambitions de la part de pays émergents (Inde et Brésil, par exemple). On remarque également que la crise financière de 2008 a eu des conséquences légèrement différées dans le temps (il faut attendre 2012 pour observer une baisse) et peu marquées. Si les dépenses militaires déclinent entre 2011 et 2014, elles se maintiennent par la suite à un seuil élevé en connaissant même une légère croissance entre 2014 et 2017.
Open Source Intelligence on Politics (OSINTPOL) ; Groupe de recherche et d’information sur la paix (GRIP).
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Stockholm International Peace Research Institute (SIPRI), Arms Transfers and Military Expenditure Programme.
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Si, au niveau mondial, des conflits durables participent au maintien de la demande en armes, l’analyse par région révèle plusieurs singularités. L’Europe voit sa part diminuer dans le total mondial des dépenses militaires, quand la France tente de maintenir les siennes à un niveau compatible avec son interventionnisme militaire, les impératifs de l’autonomie stratégique et les pressions budgétaires.
Assemblée nationale, Projet de loi de finances pour 2008, renvoyé à la Commission des finances, de l’économie générale et du Plan, Paris, Assemblée nationale, n° 189, 26 septembre 2007.
Assemblée nationale, Projet de loi de finances pour 2018, présenté par M. Bruno Le Maire, ministre de l’Économie et des Finances, et par M. Gérald Darmanin, ministre de l’Action et des Comptes publics, Paris, Assemblée nationale, quinzième législature, n° 235, 27 septembre 2017.
Bitzinger Richard, Fleurant Aude-Emmanuelle, Hartley Keith, Hartung Wiliam, Markowski Stefan, Quéau Yannick et Wylie Robert, « Global Perspectives on the European Arms Industries », The Economics of Peace and Security Journal, 12 (1), 2017, p. 46-53.
Cours des comptes, Rapport sur les crédits du budget de l’État ouverts par décret d’avance, Paris, Cour des comptes, décembre 2017.
Cours des comptes, Référé de la mise en œuvre de la Loi de programmation militaire 2014-2017, Paris, Cour des comptes, n° S2017-2172, 19 juillet 2017.
Dunne J. Paul et Sköns Elisabeth, « The Changing Military Industrial Complex », working paper, Bristol, University of West England, Department of Economics, 2011.
Fleurant, Aude-Emmanuelle et Quéau Yannick, « Defence Spending, Arms Production and Transfers: Enabling Militarization », dans David A. Backer, Paul K. Huth et Jonathan Wilkenfeld (eds), Peace and Conflict 2016, Londres, Routledge, 2016.
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Quéau Yannick, « Entre guerre et terreur : principes et acteurs du militarisme en France », Note d’analyse d’Osintpol, 18 décembre 2015.
Quéau Yannick, « Les impasses d’une construction européenne par la peur », Décryptage d’Osintpol, 27 novembre 2017.
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SIPRI, Yearbook : Armament, Disarmament and International Security, Oxford, Oxford University Press, années multiples.