Présentation en 180 secondes par Vincent Goossaert de l'ouvrage : David Ownby, Vincent Goossaert, et Ji Zhe (dir.), Making Saints in Modern China, Oxford, Oxford University Press, 2017.
La Chine contemporaine est le lieu d’un important mouvement de renouveau religieux dont l’Etat est, à tous les niveaux, un acteur essentiel. Pour comprendre son rôle, ce chapitre suit les évolutions de la politique religieuse de l’ère post-maoïste. Il distingue trois moments essentiels : le Document 19 de 1982, qui vient encadrer et contraindre le mouvement de renaissance qui a immédiatement suivi la révolution culturelle ; la politique d’instrumentalisation formulée en 1993 et enfin, après 1999, le resserrement du contrôle du religieux, qui a été encore renforcé, en 2016.
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Institut national des langues et civilisations orientales (INALCO), Centre d’études interdisciplinaires sur le bouddhisme (CEIB), associé au Groupe sociétés, religions, laïcités (GSRL), CNRS.
Professeur de sociologie et à l’INALCO, Ji Zhe dirige le Centre d’études interdisciplinaires sur le bouddhisme (CEIB) depuis 2016 et codirige l’Equipe ASIEs depuis 2017. Ses recherches en cours abordent certains aspects fondamentaux de la reconfiguration du religieux dans un monde chinois sous l’effet des bouleversements planétaires contemporains, tels que le renouveau du bouddhisme à l’époque post-maoïste, la laïcisation et la sécularisation en Chine ainsi que la transnationalisation des religions chinoises. En 2014, il a été nommé membre junior de l'Institut universitaire de France.
- Religion, modernité et temporalité: une sociologie du bouddhisme chan contemporain, CNRS Editions, 2016.
- Avec David Ownby et Vincent Goossaert (co-dir), Making Saints in Modern China, Oxford, Oxford University Press, 2017.
Ecole pratique des hautes études (EPHE), Groupe sociétés, religions, laïcités (GSRL), CNRS.
Vincent Goossaert est historien, directeur d’études à l’EPHE (Histoire du taoïsme et des religions chinoises) et directeur de l’Ecole doctorale de l’EPHE. Il a été professeur invité à l’Université de Genève, à la Chinese University de Hong Kong et à la Renmin University de Pékin. Il travaille sur l’histoire sociale de la religion chinoise prémoderne et moderne et s’intéresse notamment au taoïsme, aux métiers de la religion, aux politiques et répressions religieuses et à la production de normes morales.
- Livres de morale révélés par les dieux (Paris, Belles-Lettres, 2012) ; Bureaucratie et salut. Devenir un dieu en Chine, Genève, Labor & Fides, collection Histoire des religions, 2017.
- Avec David Palmer,The Religious Question in Modern China, Chicago, University of Chicago Press, 2011, version française : La question religieuse en Chine, Paris, CNRS éditions, 2012.
- The Peking Taoists, 1800-1949. A Social History of Urban Clerics, Cambridge, Harvard University Asia Center, 2007.
- L’interdit du bœuf en Chine. Agriculture, éthique et sacrifice, Paris, Collège de France, Institut des hautes études chinoises, 2005.
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Commentaire de Ji Zhe et Vincent Goossaert
L’Etat chinois est un acteur omniprésent du mouvement de renouveau religieux de l’ère post-maoïste. Depuis 1976, sa politique religieuse a connu trois moments essentiels. Tout d’abord en 1982, le PCC a publié le Document n° 19, qui jette les bases de la relation entre religion et politique dans la Chine contemporaine. Ce document abolit la politique maoïste vis-à-vis de la religion et souligne l’importance de la protection des croyances religieuses et de l’alliance nécessaire entre l’Etat-Parti et les religieux. Il restreint également considérablement la liberté religieuse et soumet les activités religieuses au jugement et au contrôle du Parti communiste. Après l'échec du mouvement démocratique de 1989, la politique du PCC en matière de religion a perdu son ancrage idéologique pour devenir de plus en plus pragmatique. Depuis la nouvelle politique de 1993, l’Etat se sert de la religion pour promouvoir ses intérêts économiques et politiques. Enfin, en 1999, peu après le lancement de la campagne anti-sectes lancée contre le Falungong, la politique religieuse du PCC s’est tournée vers un modèle plus sélectif. Le PCC a compris le besoin de religieux exprimé par la population et a commencé à soutenir les organisations religieuses officielles, notamment bouddhiste et taoïste, placées sous la stricte surveillance de l’Etat qui les utilise pour occuper le « marché religieux ». Cette politique différentielle s'est accélérée en 2016. Une « réunion de travail sur les affaires religieuses » s’est tenue à Pékin au cours de laquelle on a pu entendre des discours hostiles aux religions d’origine étrangère : le christianisme, l’islam ou encore le bouddhisme tibétain. Il reste à voir si cette réunion annonce un nouveau virage de la politique religieuse de l’Etat chinois.