« C’est en allant à la rencontre d’organisations qui ne pensent pas comme nous que l’on parviendra à changer les choses. »
David Lorrain
fondateur de Recyclivre
Formaliser ses pratiques pour gagner en efficacité
L’importance croissante prise par la RSE dans les organisations au cours de la dernière décennie n’est, bien sûr, pas étrangère aux vents porteurs dont bénéficie aujourd’hui le mouvement B Corp. Mais il en faut davantage pour expliquer l’intérêt actuel des entreprises pour le label. Car les organisations l’ayant obtenu le reconnaissent : le questionnaire auquel il faut se soumettre est d’une grande exigence et peut imposer, en interne, d’importants chantiers de transformation, parfois sur plusieurs années.
Pour expliquer un tel engagement, il faut tout d’abord en revenir à la raison d’être du label. Pour beaucoup d’entreprises, il permet de faire prospérer des valeurs qu’elles portent en leur sein, parfois depuis leur création. Se lancer dans la démarche permet donc de donner une nouvelle ampleur à leurs engagements sociétaux et environnementaux. Au sein de l’organisation tout d’abord. « Le questionnaire est un bon moyen pour nous de se poser des questions et de chercher des leviers pour progresser », explique David Lorrain, fondateur de RecycLivre, une entreprise B Corp spécialisée dans la collecte et la revente de livres d’occasion. C’est aussi l’occasion de formaliser des pratiques et, ce faisant, de gagner en efficacité. « Les spécificités de notre mode de gouvernance n’avaient pas été détaillées par écrit jusqu’alors, explique Ségolène Guitton, designer de transformation chez Imfusio. Nous avons donc réalisé ce travail ». Un travail qui est positif pour la certification, mais qui l’est aussi pour l’organisation elle-même. « Nous avons gagné en efficacité, certains points ont été clarifiés, ce qui a fluidifié les relations et les échanges », poursuit-elle.
L’engagement dans la communauté B Corp permet aussi, aux yeux de certaines entreprises, de diffuser hors de leurs murs les valeurs auxquelles elles adhèrent. Ce peut être le cas en impliquant et sensibilisant de nombreuses parties prenantes de leur écosystème (clients, fournisseurs…). Certaines sociétés profitent également de la « communauté B Corp » pour porter leurs convictions au-delà de leurs cercles habituels. « C’est en allant à la rencontre d’organisations qui ne pensent pas comme nous que l’on parviendra à changer les choses, estime David Lorrain. Il est donc plus utile d’échanger avec des entreprises du CAC 40 que de rester entre soi, entre acteurs de l'Économie sociale et solidaire ».
« C’est une certification qui démontre que l’on porte vraiment ce que l’on annonce. »
Yaël Guillon
Cofondateur d’Imfusio
Impliquer les collaborateurs en interne
Efficace pour promouvoir l’engagement sociétal et environnemental des organisations, le mouvement B Corp est aussi considéré par des entreprises comme un levier favorisant l’implication des collaborateurs en interne. « C’est l’une des vraies plus-values du processus de certification, considère Alice Dux. Remplir le questionnaire a nécessité l’implication de nombreux métiers de l’entreprise. Nous avons obtenu la certification en janvier 2020 et, désormais, nous continuons de faire appel aux collaborateurs, chargés de thématiques spécifiques, pour travailler à l’amélioration de nos process. Cette mobilisation interne est un facteur de succès ».
La certification B Corp est, dans le même temps, un atout pour développer sa marque employeur. « Elle est un moyen pour nous d’attirer les talents », confirme Alice Dux. Le label illustre l’importance d’une politique de RSE ambitieuse, dans certaines organisations, pour favoriser les recrutements, tout particulièrement des jeunes générations. « Il est crucial pour certaines entreprises de démontrer leur attachement aux sujets sociaux, sociétaux et environnementaux », explique Augustin Boulot, délégué général de B Lab France. David Lorrain, fondateur de Recyclivre confirme : « Il sera de plus en plus difficile d’attirer des talents si l’on a une activité très carbonée et que l’on ne fait pas attention à la planète et à l’Homme. Cela peut déboucher sur de réels problèmes de recrutement ». En la matière, la certification apporte une preuve des implications de l’entreprise, et démontre l’alignement des paroles et des actes.
Un atout pour remporter des appels d’offre
Cela peut d’ailleurs être également un avantage pour les relations d’affaires : le label B Corp permet, aux yeux de certaines organisations, de crédibiliser leur discours (voir le témoignage de Valrhona [lien vers sous-papier témoignages]). « C’est une certification qui démontre que l’on porte vraiment ce que l’on annonce », résume Yaël Guillon, d’Imfusio. Elle peut ainsi être un atout décisif dans les relations avec des clients. « Le label permet à des entreprises d’être choisies pour un projet ou de remporter un appel d’offre, indique Augustin Boulot. Et la logique est la même lorsqu’elles recherchent des financements. Certains investisseurs souhaitent s’engager prioritairement avec des sociétés développant des actions sociétales et environnementales ».
Autre intérêt de la certification sur un plan économique : elle ouvre les portes d’un réseau de plusieurs milliers d’entreprises à travers le monde. Un atout dont compte bien se saisir David Lorrain : « Nous avons des ambitions européennes et souhaitons notamment nous implanter en Italie. En pareil cas, la question du réseau est bien sûr importante. Et le fait qu’il soit orchestré par B Corp est un avantage supplémentaire : le label a une vraie résonance à l’international ». Un réseau porteur pour développer affaires et carnet d’adresses, et d’autant plus efficace qu’il réunit des sociétés liées par cette « communauté de valeurs » qui fait la fierté des sociétés B Corp.
Pourquoi devenir B Corp ? Découvrez les témoignages de deux sociétés qui tirent profit aujourd’hui de leur certification.