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Étude des caractéristiques des candidats aux élections générales au Royaume-Uni depuis 1918
Équipe de recherche
- Florence Binard (Université Paris Diderot)
- Anne Boring (Erasmus School of Economics et Sciences Po LIEPP)
- Julia Cagé (Sciences Po, Département d'Economie et LIEPP)
- Edgard Dewitte (Sciences Po, Département d'Economie et LIEPP)
Descriptif du projet
Il est de plus en plus admis que, indépendamment du contexte politique et idéologique, le profil de nos représentants – c’est-à-dire leurs origines, leurs réseaux, leur éducation, leur genre – a une influence importante sur leurs comportements d’élus. On sait cependant peu de choses sur les raisons pour lesquelles certaines identités, dans nos démocraties contemporaines, sont très inégalement représentées. La raison tient en partie au fait que, si l’information sur les parlementaires foisonne, il est difficile d’en obtenir sur ceux qui n’entrent pas dans les livres d’histoire: les candidats malheureux et plus encore tous les citoyens qui ne se sont jamais présentés aux élections. Ce projet a pour objectif de collecter et d’étudier quantitativement les profils de l’ensemble des candidats aux élections législatives britanniques depuis 1918 (soit 30 590 candidats uniques), à l’aide de nombreuses sources historiques (et en particulier le Times Guide to the House of Commons qui, depuis 1885, publie des données sur l’ensemble des candidats aux élections législatives en Grande-Bretagne).
Déjà bien engagée, cette construction d’une base de données unique en son genre permet de dégager des tendances historiques de long terme, auparavant invisibles avec les seules données sur les élus. Alors que l’âge moyen des élus est par exemple resté très stable depuis le début du XXe siècle, autour de 50 ans, celui des nouveaux candidats a augmenté de 36 à 46 ans au cours des trente dernières années, sans raison évidente. Autre fait intéressant : les candidats du UKIP, partis d’extrême droite sans représentation au Parlement sont, à chacune des élections depuis la création du parti en 1993, systématiquement plus âgés et ont une probabilité plus faible d’être des femmes et d’avoir un diplôme universitaire que ceux des autres partis.
Cette dernière caractéristique – avoir un diplôme universitaire – reste, tous partis confondus, trois fois plus fréquente parmi les candidats que parmi les citoyens des circonscriptions où ils se présentent. Dans un second temps, ce projet étudie dans quelle mesure cette surreprésentation peut avoir un impact sur le bon fonctionnement démocratique : des premières analyses établissent en effet que, depuis 2010, un écart plus grand entre le niveau d’éducation des candidats et celui de leur circonscription se traduit par des niveaux plus faibles de participation politique. S’il est confirmé, ce phénomène récent peut nous aider à mieux comprendre les nouvelles dynamiques politiques dont nos sociétés sont témoins.