Laval, Pierre
C’est un homme politique expérimenté de la IIIe République, parlementaire, plusieurs fois ministre et président du Conseil, qui réussit en juillet 1940 à la saborder. Socialiste dissident, le personnage avait « bien des revanches à prendre » (J.P. Azéma, 1979:81). Devenu chef du nouveau gouvernement de Vichy, il mise d’emblée sur une entente franco-allemande et sur une politique de collaboration avant même la paix signée. Mais l’entourage du maréchal Pétain lui est hostile et provoque sa chute dès le 13 décembre 1940, à sa grande surprise.
Conservant sa relation privilégiée avec l’Ambassadeur d’Allemagne à Paris, Otto Abetz, et nouant des liens étroits avec les partis collaborationnistes, il prépare son retour. Le durcissement de la guerre et les pressions allemandes l’accélère en avril 1942. Concentrant alors de nombreux pouvoirs – outre la tête du gouvernement, trois ministères clés –, il s’entoure de fidèles, dont René Bousquet à la Police. Réaffirmant son souhait de voir triompher l’Allemagne, « parce que, sans elle, le bolchevisme demain s’installera partout », il engage encore plus avant la France dans la Collaboration : policière, contre les Juifs, dans le domaine de la main-d’oeuvre, etc. Mais il n’évite, notamment, ni l’invasion de la zone Sud en novembre 1942, ni la radicalisation du régime en 1944.
Son rôle dans la mise en route en France de la « solution finale » est énorme. Isolé à Sigmaringen, il est jugé par la Haute Cour de justice et exécuté le 15 octobre à la prison de Fresnes (F. Kupferman, 1987 ; J.P. Cointet, 1993).