BRESIL
Chez le géant indépendant, cas particulier du continent, les femmes se battent toujours pour s’imposer
Interview : Clotilde Richalet Szuch
Introduction et Transcription : Sabina Taborga
Il existe depuis toujours une forte relation entre le cinéma (et la culture en général) et le gouvernement brésilien, mis à mal par le gouvernement en place de Bolsonaro ces dernières années.
Le budget des différents projets dépend du gouvernement en place et peut donc varier en fonction du parti au pouvoir et de son programme politique. C'est pourquoi de nombreuses femmes interrogées s'inquiètent de l'arrivée au pouvoir de Bolsonaro en 2019. Son gouvernement a été critiqué à plusieurs reprises pour des comportements et des politiques qui ne favorisent pas l'égalité entre les hommes et les femmes. Un autre problème concernant ce financement est le fait que les critères de sélection des projets sont souvent liés au succès du directeur du projet ou au nombre de festivals auxquels il a participé. Les femmes au Brésil n'ont pas beaucoup de représentation et il leur est donc difficile d'avancer et d'obtenir des financements.
Par rapport à d'autres pays, il existe une présence féminine importante dans le monde du cinéma et la situation s'est améliorée au fil des ans. Cependant, elle est loin d'être idéale. Bien qu'il y ait un grand nombre de femmes travaillant dans les équipes, il y en a très peu qui occupent des postes de pouvoir. Le nombre de femmes réalisatrices est beaucoup plus faible que celui des hommes réalisateurs et il est donc très difficile pour elles de faire entendre leur voix. La présence des femmes est comparée à quelque chose de proche du rôle d'une mère ou d'une secrétaire, c'est une présence qui est là mais qui ne mène pas les projets. Une chose qui se produit également au Brésil est la formation d'une paire de co-réalisateurs, l'un étant un homme et l'autre une femme. Certaines femmes expriment qu'il est plus difficile d'être prise au sérieux lorsqu'il y a deux codirecteurs féminins et que, par conséquent, la codirection entre un homme et une femme représente une possibilité pour les femmes. Cependant, cela implique également une série de complications et de tensions entre les deux, notamment en termes de crédit, car l'homme peut facilement faire de l'ombre à la femme et dévaloriser son travail. Certaines personnes interrogées ont mentionné que cette situation est en train de changer car il existe des réseaux de soutien parmi les femmes qui cherchent à créer leurs propres espaces et à s'organiser. Un sexisme autrefois naturalisé est de plus en plus remis en question au Brésil.
Un autre problème important concernant le Brésil est le racisme et la lutte des classes qui imprègnent la société. La majorité des femmes travaillant dans l'industrie cinématographique sont des femmes blanches, c'est-à-dire des femmes issues de classes sociales privilégiées. En effet, la couleur de la peau est étroitement liée au statut social. Dans ce sens, certaines femmes blanches ont déclaré n'avoir aucun problème comparable à ceux que peuvent avoir les personnes racisées. Une lutte de plus à mener pour les femmes et artistes brésiliennes.
TEMOIGNAGES
Ana Leticia Fialho
Ancienne Directrice de CINEMA DO BRAZIL
A propos de la place de la femme dans l’industrie cinématographique de son pays
Dans le milieu culturel en général, dans le cinéma spécifiquement, il y a des femmes qui ont des rôles très importants. Je suis aussi chercheur en sociologie de l’art, donc si on pense aux arts visuels, à partir du modernisme, on a eu des figures de femmes clés dans notre histoire de l’art.
Si on pense aux chiffres justement dans les collections, dans les expositions, dans les positions clé de l’industrie : ce sont toujours les hommes. Il y a plus d’hommes dans les musées, comme il y a plus d’hommes qui dirigent des films, comme il y a plus d’hommes qui sont les chefs d’entreprises culturelles. Donc voilà, je pense qu’il faut bien connaître les chiffres, il faut mettre en place des politiques claires pour le changement des choses. Et mettre en place la contribution des femmes au développement des industries culturelles et de l’audiovisuel plus spécifiquement, c’est très important. Mais il faut vraiment mettre en place des politiques, des actions, des stratégies pour qu’on y arrive. Pour plus facilement trouver un équilibre, et aussi arriver à la parité des salaires etc, Des choses que l’on est très, très loin d’atteindre par rapport aux chiffres au Brésil. Mais au moins il y a la prise de conscience et c’est important.
L’Agence Nationale du Cinéma depuis 2016 fait des études pour voir justement quelle est lle pourcentage des réalisatrices femmes pour les films brésiliens mais aussi pour la production exécutive, pour la direction de photographie, pour la direction artistique. Evidemment les chiffres sont très inégaux. On a environ 20% des films qui sont réalisés par les femmes. Par contre il y a plusieurs maisons de production dirigées par les femmes.
Donc voilà, au moment où on commence à voir les chiffres et à avoir conscience de ces faits, les choses commencent à changer aussi. Il faut comprendre que ce n’est pas seulement une question de politique publique. Déjà avoir les données ça veut dire que c’est un thème important. Les études et les recherches sont généralement subventionnés par les pouvoirs publics.
Le marché change aussi. Il y a une prise de conscience de ces gens qui font le marché et le développe. Il y a des productrices, et de plus en plus de projets de femmes ; on doit vraiment s’engager dans ce genre de développement. C’est un ensemble de mesures, qui je pense, font que les choses peuvent changer, à la fois le marché, la prise de conscience, la diffusion des études, et aussi des projets comme le vôtre.
Ana Paula Sousa
Journaliste culturel et Curateur
A propos de la place de la femme dans l’industrie cinématographique de son pays
Le Brésil est un pays bien plus difficile qu'en Europe à bien des égards, je pense que c'est encore pire ici. Une femme au Brésil a une situation particulière. Nous sommes un pays pauvre, et nous ne sommes pas un pays instruit. Je pense que cela se reflète bien sûr dans notre société dans son ensemble, et bien sûr que cela se reflète également dans l'industrie cinématographique.
Quand j'ai commencé à écrire sur l'industrie cinématographique en 2000-2001, nous avions des cinéastes, mais la plupart étaient des hommes. C'était drôle que nous ayons beaucoup de productrices et qu'elles soient mariées aux réalisateurs. Nous avions une situation où elles n'avaient pas d'entreprises pour la production, alors c'était quelque chose que le réalisateur faisait lui-même. Donc, pour faire un film, un réalisateur devait ouvrir une société de production et sa femme l'aidait à récolter des fonds pour faire son film.
Dans les années 1900, c’était encore pire, c'était complètement une activité masculine… alors ils avaient un discours sur l'égalité, mais c'était sur l'égalité sociale et non sur le genre. C'était une autre époque. Les choses changent. Mais ce que j'ai vu, depuis que j'ai commencé à travailler, c'est que nous avons eu une nouvelle génération qui a maintenant 50 ans et où les rôles s’inversent. C'est drôle.
Dans le domaine de la critique de journaliste de cinéma, on a aussi eu ce genre de problème, les hommes étaient aussi plus nombreux. Bien qu’il y ait quelques femmes, en général elles étaient plus importantes. Les hommes occupaient des postes plus élevés que les femmes. Il était courant quand je couvrais mes premiers festivals ici au Brésil, pour le même journal, d’avoir une femme comme journaliste et un homme comme critique. Mais je suis sûr que vous parlez à des gens qui sont beaucoup plus impliqués dans cette discussion ici au Brésil que moi, parce que je ne me sens pas membre de ce mouvement. Pourquoi ? Une des raisons je pense est que j'ai eu un bébé il y a trois ans. Et c'est quelque chose auquel j'y ai beaucoup réfléchi : Pourquoi est-il plus difficile d'être une femme et d'avoir une famille dans cette industrie cinématographique que dans le secteur bancaire? Parce qu'en général nous sommes des pigistes. Je suis indépendant, donc je n'ai pas de structure pour m'aider avec mon fils. Ma mère a 85 ans; ma belle-mère et son mari vivent à 8 heures de Sao Paulo, donc je n'ai personne pour m'aider. Alors, je dois payer quelqu'un – une nounou - pour m'aider avec mon fils ? C’est compliqué.
Je sens qu'en ce moment, être une femme et continuer à travailler dans ce domaine, pour moi c'est possible car j'ai eu mon fils presque à 42 ans, donc j'avais déjà une carrière. Maintenant, je peux dire non, je peux choisir ce que je veux faire. Quand vous avez 20 ans, vous ne pouvez pas dire non, c'est plus difficile. Je pense que cela est très particulier dans les industries culturelles, car nos industries sont basées sur le réseautage de pigistes et d’indépendants.
Le réseautage est important signifie aller au contact des gens et sortir : c'est plus difficile pour les femmes qui ont un enfant. Pour moi au Brésil une femme qui travaille - peut-être que j'exagère – n’a pas d’enfants. En ce moment je travaille à Tuto Fernage, un festival de documentaires. Ils ont ouvert le festival hier, j'ai donc fait un papier pour le festival. Le Directeur du Festival m'a demandé d'être modérateur dans un débat. J’aime faire ça. OK, mais pour être modérateur à 19 heures, je dois demander à quelqu'un de rester avec mon fils…. Bref tu comprends ce que je veux dire.
Donc, c'est un domaine très particulier et au Brésil nous vivons une crise comme vous le savez, une crise très forte, et je ne sais pas si c’est le moment que les femmes se battent pour la parité, je ne sais pas si c’est la bonne façon de se battre ici.
Nous avons élu quelqu'un…. (rire) qui n’est pas intéressé par ce genre de discussion.
Anna Muylaert
Réalisatrice et Productrice : Mae So Ha Uma (2015), Que Horas Ela Volta? (2015), E Poibido Fumar (2009), Durval Discos (2002)
A propos de la place de la femme dans l’industrie cinématographique de son pays
Il y a des chiffres comme 17% des films sont dirigés par des femmes, mais je dis toujours que si vous mettez le budget ensemble et combinez ces deux chiffres, ce sera beaucoup moins parce que tous les films coûteux sont réalisés par des hommes. Cela signifie que l'industrie ne croit toujours qu'aux hommes, mais je pense que les femmes ont leur part même si elle est petite, il y a beaucoup de films importants réalisés par des femmes.
Chaque année, je pense que nous avons un peu plus d'espace, spécialement après avoir parlé, crié et s’être plains parce que la règle normale est «oh, tu es une femme, vas-y, fais un documentaire, fais-le court, et laisses-nous ici faire la vraie chose ». Donc, nous avons commencé à nous mettre vraiment en colère contre cela et nous avons dit non, nous voulons faire la vraie chose aussi.
Si vous allez dans les festivals, en général et pas seulement au Brésil, les femmes réalisatrices sont bien moins nombreuses que les hommes réalisateurs, mais vous pouvez observer que ces dernières années les prix vont beaucoup aux femmes. Au Brésil, les films féminins prennent de plus en plus d'importance.
Barbara Sturm
Distributrice – Fondatrice de Elo Company
A propos de la dynamique cinématographique sur le continent Sud-Américain
Je pense qu'il n'y a pas de relation. Juste une, ou deux ou trois productions qui font des coproductions. Je pense que les transactions bancaires sont compliquées, car nous avons tous des problèmes individuels de fiscalité, donc il peut être plus coûteux de faire de la coproduction. Mais je pense que ces coproductions sont très intéressantes. Le Brésil pour moi est en dehors de l'Amérique latine, nous avons plus de relations avec les États-Unis. D'après mon expérience, je pense qu'il n'y a aucun intérêt à faire des coproductions en Amérique Latine. Nous avons plus de coproductions avec l’Europe par exemple.
En 2016 j’ai commencé ELO COMPANY, qui est un laboratoire de recherche business et artistique. Je fais des grosses publicités mais aussi des films indépendants brésiliens. Nous construisons des salles de cinéma à travers tout le pays et organisons des projections de films indépendants, des fictions et des documentaires. On en a promu 14 l’année dernière et 20 cette année. C’est très important pour des nouveaux films. Et nous avons construits un label pour les Femmes réalisatrices : ELLAS COMPANY. Et j’ai créé un groupe de consultantes pour les aider aussi. Pour la négociation et la vente des projets. Nous travaillons beaucoup entre femmes mais il y a aussi des hommes ! Je ne cherche pas la parité, je cherche les gens les plus doués.
Beatriz Seigner
Réalisatrice : Los silencios (2018), Neighbors (2019), Entre Nos, Um Segredo (2020)
A propos de la montée des marches des 82 pour la parité au Festival de Cannes 2018
Je pense qu'il était très important de marquer ce jour d’une pierre rouge pour marquer l'endroit où nous nous trouvions aujourd’hui et se rendre compte à quel point nous sommes loin de la réalisation de l'égalité.
Ici au Brésil nous avons la parité dans le jury pour attribuer les fonds cinématographiques. Et si le film est dirigé par une femme, le film a des points en plus. Ça représente un pourcentage de budget en plus. Ces aides sont très importantes.
Mais encore aujourd’hui 90% des films au cinéma ou à la télévision sont réalisés par des hommes blancs. C'est donc toujours le début d'un changement, ce n'est pas encore ça.
L'événement à Cannes était très puissant, extrêmement fort, on tremblait là-bas, on pouvait sentir ces centaines de caméras nous pointer. Je pouvais sentir le sol trembler, le tapis rouge bouger, et je pouvais sentir que les hommes avaient très peur, d'une manière ou d'une autre ils étaient impressionnés.
J’ai aimé la façon dont cela a été fait, nous avons pu nous exprimer, mais ce n'était pas pour diminuer les hommes. C'était magnifique. J'étais au premier rang donc j'étais très proche de Kate Blanchett.
A voir s’il y aura du changement dans les prochaines sélections.
Ça a aussi reflété ma propre carrière. J'ai un film qui a été montré à Cannes l'année dernière. Je pense aussi qu’à cause de cela, comme j'ai eu un agent, j'ai vu beaucoup de gens se battre pour plus de femmes réalisatrices dans le milieu. Je suis heureux que cela ait eu un impact et que cela donne des opportunités. Parce que si avant ils embauchaient seulement des hommes, et maintenant ça va peut-être changer.
Caroline Leone
Réalisatrice : A window to Rosalia (2017) et Éditrice.
A propos de la place de la femme dans l’industrie cinématographique de son pays
C’est très similaire à partout dans le monde je pense, et comme dans n'importe quelle autre profession. C'est très difficile pour une femme d'être dans le même standard, au même niveau qu'un homme. Peut-être ici (au Brésil) parce que nous avions beaucoup de financement public - nous en avions, maintenant nous n'en avons plus - nous avions beaucoup de financement, et la plupart d'entre eux étaient anonymes, donc nous avions beaucoup de chance.
Donc, il y a beaucoup de films réalisés par des femmes ici au Brésil si vous regardez. Il y a beaucoup de co-réalisation aussi. Nous pourrions faire nos films avec le financement public qui nous a été accordé ces 10 dernières années, vous voyez beaucoup plus de femmes diriger que dans d'autres pays grâce à cela. Mais c'était une décision publique, non une décision gouvernementale.
Dans d'autres domaines comme la cinématographie, la technique, il y a encore très peu de femmes. La plupart des femmes sont des assistants, pas des chefs de poste. Il y a beaucoup d'éditrices. Et de productrices : ici au Brésil c’est 50/50 je pense. En Argentine je crois que 80% des producteurs sont des femmes ! Une anecdote très étrange sur le tournage de mon film, le premier jour sur le plateau, l'un des machinistes en chef a dit : "Oh, tant de femmes sur ce plateau" ; j’ai répondu « où ça ? Je ne vois pas TANT de femmes ? » On était à la parité : c'était 50/50. L'année dernière, j'ai également réalisé une série télévisée pour HBO, et la même chose : « oh qu'est-ce que vous pensez de toutes ces de réalisatrices ici ? » Il y avait juste 4 réalisateurs : 2 femmes et 2 hommes.
Dainara Toffoli
Réalisatrice : Mar de Dentro (2020), Amigo de Aluguel (2018)
A propos de la montée des marches des 82 pour la parité au Festival de Cannes 2018
Je pense que c'est vraiment important, parce que quand j'ai commencé à travailler avec le cinéma, ma famille avait un petit cinéma de quartier et toute la famille y travaillait. C’était dans une toute petite ville. C'était le rêve de mon grand-père, et c'était devenu une entreprise familiale.
Donc j’ai toujours eut cette chose en tête : faire des films ! Quand je vois aujourd'hui ce cinéma que je juge puissant : il vient de réalisatrices femmes. Elles sont vraiment inspirantes. En se basant sur la quantité de films réalisés au Brésil, la quantité de films réalisés par des femmes est beaucoup plus puissant et connecte davantage avec les gens. En pensant à l'international, je pense qu'en tant que réalisatrices, nous gardons le silence sur l'écart entre les sexes et nous l'acceptons comme quelque chose de naturel. Cette mentalité doit changer. Quand j'ai rencontré Lais Bodansky par hasard lors d'une soirée après la sortie de son film à Berlin, et j'ai dit « Je suis tellement fier de toi ». Nous devons cesser de dire «Oh, je ne mérite pas ça», nous devons nous féliciter et être fières.
Daniela Thomas
Réalisatrice : Terra Estrangeira (1995), Linha de Passe (2008), Paris, je t’aime (2006), Vazante (2017)
A propos de la montée des marches des 82 pour la parité au Festival de Cannes 2018
Je suis réalisatrice mais je suis aussi passionnée d’histoire ; et je suis bien informée sur le pouvoir de l’activisme. Je pense que nous avons tous un rôle à jouer dans le l’évolution du monde. Cannes a toujours été un Festival supérieur aux autres, que tout le monde regarde. Tout le monde connaît le Festival de Cannes, tout le monde à Hollywood veut être à Cannes ! Si vous suivez les différentes sélections de Cannes à travers l'histoire, vous en apprendrez beaucoup ; c’est la meilleure école de cinéma !
Ici au Brésil nous faisons la résistance, et nous militons pour les droits LGBT, le féminisme, la résistance contre le fascisme, et contre la discrimination raciste noir.
Le 50/50 est très important, si ce n’est que pour le symbole. Cannes doit continuer l’effort, dire aux industries de rechercher des femmes et d'autonomiser des femmes scénaristes, et de raconter des histoires de femmes. Ce doit être un festival encore plus stimulant, pas un festival condescendant, qui doit chercher de femmes talentueuses qui je le sais existent. L'action féminine ne sera pas gaspillée dans une simple propagande. Prenons le relais de manière créative et montrons leur nos histoires.
Fabiana Gugli
Actrice : Blindness (2008), O banquete (2018), Toda forma de Amor (2019), Familia Imperial (2012)
A propos de la montée des marches des 82 pour la parité au Festival de Cannes 2018
Je pense que c'est incroyable. Quand nous voyons les chiffres, nous comprenons la grande différence, sinon nous avons tendance à ne pas la voir. Cela commence à être une révolution, et les femmes sont aux commandes ! C'est une manière de mettre en lumière le problème. Il ne s’agit pas de division, mais d’égalité. Ce n’est pas « je veux la place de certains hommes », c’est « je veux ma place ». Je suis actuellement dans une pièce de théâtre qui a été écrite à la fin du 19e siècle. La protagoniste laisse son mari et ses enfants. Une suite a été écrite où elle revient 15 ans plus tard. Je joue la fille qui doit rester à la maison, je n'ai pas le droit de travailler et je n'ai pas d'argent. Il est intéressant d'expliquer à la nouvelle régénération comment est le monde était parce que c'est impensable aujourd’hui. Mais même si cela a évolué, nous devons encore conquérir une place plus importante. J'espère que lorsque ma fille sera plus âgée, que pour toutes les femmes, noires ou blanches, que toutes ces choses n'auront pas d'importance.
Flavia Vilela
Assistante Réal : O Gala (2019), Las herederas (2018), Nightwatcher (2018)
A propos de la place de la femme dans l’industrie cinématographique de son pays
Je pense que depuis quelques années, le marché du cinéma commence à se pencher sur la question du rôle des femmes dans l'industrie cinématographique brésilienne, mais nous avons encore beaucoup à combattre. La plupart des positions dominantes sur le marché sont majoritairement masculines. Peu de femmes, par exemple, sont réalisatrices ou chef opérateur. Nous nous battons pour cet espace encore trop petit. De nos jours, il existe des projets et des groupes qui choisissent d'avoir la présence de femmes comme chefs d'équipe ou de former une équipe à prédominance féminine mais c’est rare.
Flora Dias
Réalisatrice et Chef Op : The sun against my eyes (2013), O Duplo (2012)
A propos de la montée des marches des 82 pour la parité au Festival de Cannes 2018
Je ne sais pas si vous savez comment nous faisons du cinéma au Brésil, mais c’est grâce à l’argent du gouvernement. Pour les convaincre, nous devons montrer ce que nous pouvons faire. Pour ce type de financement, ce qui compte le plus est notre réussite, le nombre de festivals que nous atteignons. Au Brésil, nous n'avons pas beaucoup de représentation, donc je pense que c'est important pour cela. Nous sommes là, nous faisons des films. Le gouvernement doit les examiner…
Je fais partie d'un collectif de femmes directrices de la photographie, et c'est précisément à cause de cela que nous avons commencé. Une société de production a fait une liste de réal à présenter au gouvernement il y a 3 ans et ils étaient tous des hommes !
Nous avons donc décidé de créer un site web avec tous nos noms et nos expériences afin que les gens n'aient aucune excuse pour dire que nous n’existons pas.
Au début, nous étions 20 femmes dans l’association, et maintenant nous sommes 94. Nous nous organisons, nous nous entraidons. Dans une interview un jour on m’a demandé « ne pensez-vous pas que c’est directement de la concurrence ? Je pense que non, il vaut mieux être organisé ensemble. Et nous allons nous battre pour avoir plus de femmes ! Je crois au 50/50 et à la parité.
Nous voulons montrer au public que nous faisons de bons films et qu'ils sont dans les festivals. Parce que sinon, nous ne serons comme d’habitude que 5 ou 6 femmes à ne faire que des longs métrages commerciaux.
Je débatais avec des amis européens du fait qu'ici au Brésil, notre discussion sur les questions de genre et de race est quelque chose dont nous parlons tout le temps.
Gabriela Amaral Almeida
Réalisatrice : A sombra do pai (2018), O Animal Cordial (2017), Uma Primavera (2011)
A propos de la place de la femme dans l’industrie cinématographique de son pays
Je parlerai seulement pour moi. Je suis une femme qui fait des films bizarres, je suis étiquetée comme réalisatrice de films d'horreur. Je raconte simplement mes histoires et elles vont dans le même sens que les films d'horreur. Je ne sais pas si le fait d’être une femme qui fait que je suis attirée par les personnages effrayants, mais en tant qu’artiste oui je suis attirée par les personnages effrayés. Donc être ce genre de cinéaste me rend un peu excentrique, je ne sais pas pourquoi car en tant que femmes, nous avons été les premières à raconter des films d’horreur. C'est un peu bizarre d'être réalisatrice de films d'horreur ici. Il faut être un peu solitaire et un peu étrange pour faire ce job !
Nous faisons peu de films car cela coûte cher. Il n’y a pas de raison mystérieuse pour laquelle nous ne faisons pas plus de films. Je pense qu'il y a des places pour les femmes qui viennent des programmes du gouvernement. Nous avons été mises de côté pendant de nombreuses années, mais le gouvernement essaye de nous aider. Je ne sais pas ce qui va se passer avec le nouveau gouvernement sexiste cela dit. Nous sommes une minorité, nous sommes toujours appelés « femmes réalisatrices », dans mon cas « femme réalisatrice d'horreur ». Pourquoi pas simplement réalisatrices. Nous sommes toujours étiquetées.
Helena Maura
Editrice : Manual Para Atropelar Cachorro (2005), Uma historia de amore furia (2013), Vozes do Brasil doc(o)mercado (2004)
A propos de la montée des marches des 82 pour la parité au Festival de Cannes 2018
Je pense que c'est très important. L'initiative 50/50 est importante, non seulement au sein du cinéma, mais aussi en politique, dans tous les domaines de la vie. L'initiative 50/50 est historique. Et quand les gens apprendront l’histoire ils nous verront comme des pionnières. Quand j’étais en fac de ciné je me souviens que nous étions très peu de filles. C’était une époque de transition et il y avait beaucoup moins de femmes qu’aujourd’hui. Cette initiative de 5050 est aussi une initiative dans laquelle les hommes peuvent nous aider. C’est la collaboration qui prime dans le cinéma, c’est un travail d’équipe mais dans cette équipe je sens que la femme manque. Nous ne sommes pas assez représentées. Tous les films sont réalisés par des hommes. C’est terrible. Il nous manque des femmes scénaristes, chef op, foquiste….
Heloisa Passos
Chef Op : Deslembro (2018), Me chama de Bruna (2016), Viva Volta (2005)
Réalisatrice: Construindo Pontes (2017)
A propos de la montée des marches des 82 pour la parité au Festival de Cannes 2018
Cette photo de toutes ces femmes réunies !! C'était vraiment fort. Pour moi, c'était très impressionnant. Je suis allé à Cannes avec 3 courts métrages, en tant que directeur de la photographie, pas en tant que réalisateur.
Cette image était non seulement importante mais aussi terriblement forte. Je cherchais des cinéastes brésiliens, je n'ai vu que Beatriz Seigner.
Au cours des dernières années, j'ai commencé à regarder combien de femmes sont dans les équipes de films, combien sont en compétition ou dans d'autres sections du Festival. J'ai commencé à faire plus attention au nombre de femmes dans mes équipes aussi. Au cours des dernières années, il y en a de plus en plus. J'essaye toujours d'avoir une femme dans mon équipe.
Cette photo pour moi n’arrive pas trop tard, mais cela a pris du temps. Nous les femmes nous sommes une minorité dans le cinéma depuis longtemps. Pourtant nous avons toujours été là. Ces dernières années, un producteur m'a appelé et m'a dit qu'il avait besoin d'une femme réalisatrice. Mais la question est pourquoi ? Pour moi, ma carrière et ma vie n’ont pas changé. Je me bats toujours pour les mêmes idéaux. Ce n'est pas un combat mais quelque chose auquel vous devez penser tous les jours. Au cours des 3 dernières années, au Brésil, nous avons formé un groupe de femmes réalisatrices et chef op. Je peux donner des recommandations à un ami si besoin. Ensemble, nous sommes plus fortes. Bien sûr individuellement tout va bien, mais ensemble nous pouvons faire plus, c'est ce que cette image signifie pour moi.
Julia Jordao
Réalisatrice : O Negocio (2013)
A propos de la place de la femme dans l’industrie cinématographique de son pays
Je pense que c'est mieux maintenant, mais nous avons encore un long chemin à parcourir. C'est vraiment sexiste. Personnellement je suis vraiment privilégiée. Je pense que parfois même si je suis privilégiée, il a été très difficile d'accéder à ce poste. Je ne peux pas imaginer comment c'est pour les autres femmes. On est loin du but, mais on progresse. Quand les producteurs vous appellent, c'est comme "hé, écoutez, nous faisons une comédie romantique et le personnage principal est une femme donc nous aimerions une réalisatrice". Mais je ne suis pas une personne romantique, je ne fais pas de comédies romantiques et je sais diriger les hommes. Ils ne réalisent même pas, ils pensent bien faire. Mais ils ne connaissent pas les femmes réalisatrices (et il n’y en a pas beaucoup de toute façon). Mon premier patron ne m'a pas embauché parce que j'étais une femme, mais parce que j'avais fait du bon travail. Maintenant, ce qui se passe, c'est que les réseaux exigent le changement, donc ce n'est pas un changement de la part des producteurs. J'étais vraiment énervé, parce que j'ai une amie qui est réalisatrice et elle a écrit un scénario pour une série télévisée. Les réseaux ont dit "ouais cool, produisons ça", mais le producteur de la société a dit "vous n'avez pas beaucoup d'expérience, nous devons donc vous mettre avec un réalisateur qui a de l'expérience". Alors ils l'ont mise avec un réalisateur masculin. Alors que lui non plus n’avait pas d’expérience. Mais c’est un homme. Aujourd’hui pour la première fois, je fais une série télévisée où les deux réalisatrices sont des femmes. Un ami a demandé « où est le réalisateur masculin? » parce que c'est une habitude.
Katia Lund
Réalisatrice : Cidade de Deus (2002), Palace II (2000), Minha Alma (2000), Noticias de uma Guerra particular (1999)
A propos de la montée des marches des 82 pour la parité au Festival de Cannes 2018
À propos de l'image des 82 femmes, je pense que c'est super important. Mais je pense que c'est une conséquence des choses qui se sont passées avant, comme l'année avant où nous étions là avec « We Do It Together » et toutes les femmes en parlaient déjà.
J'allais à Cannes avant ça, et les femmes étaient invisibles, nous étions invisibles. Les hommes veulent se sentir bien en nous permettant de participer. C'est presque comme de la charité, nous ne sommes pas prises au sérieux. Nous sommes là, mais nous ne comptons pas vraiment. Nous parlons, mais personne n'écoute.
Alors oui, je pense qu'il est extrêmement important de créer une image, et cette image des 82 femmes de Cannes est importante. Il faut gommer l’invisibilité. Nous devons nous habituer à voir des femmes là-haut.
J'ai travaillé partout et je pense qu'au Brésil il y a des problèmes, mais je pense qu'il y a plus de femmes réalisatrices et plus de respect ici qu'aux USA. C'est hypocrite, nous étions complètement invisibles à Hollywood. Mais au Brésil, je pense qu'il y a aussi un autre problème, un problème de classe sociale. Si vous êtes une femme de la classe supérieure, les hommes sont plus habitués à vous voir dans une position de commandement. Souvent, la classe est plus importante que le sexe, ce qui est un autre problème. Je pense qu'il y a beaucoup plus de femmes qui dirigent au Brésil qu’aux USA. Si vous pensez que le mot féminisme était péjoratif, attendez un peu cela va redevenir un gros mot bientôt.
Ma génération de cinéastes nous avons été modelés par la production et les films européens, les assistants réalisateurs étaient des femmes. Mais dans ce système, l’assistant a une opinion. Vous faites le casting, vous participez aux discussions créatives.
Dans le système américain, l'assistant travaille pour le réalisateur, fait le planning mais n'a pas d'opinion. Le Brésil était influencé par la manière européenne, et la plupart des réalisateurs étaient également des producteurs, ils avaient donc besoin d'une femme pour faire le travail et faire bouger les choses. Ensuite les femmes ont commencé à passer derrière la caméra. Ma génération était la première génération d'assistants réalisateurs à avoir réalisé. C'étaient d'autres aussi, comme Ana Carolina et elle a dit « ma génération a abandonné la maternité, nous avons tout abandonné pour être cinéastes ». Ma génération a également abandonné la famille.
Lais Bodanzky
Réalisatrice : As melhores coisas do Mundo (2010), Chega de Saudade (2007), Como Nossos Pais (2017)
Directrice du Fonds Cinématographique de Sao Paolo
A propos de la montée des marches des 82 pour la parité au Festival de Cannes 2018
Une provocation. Un défi. Une mission impossible. Mais je suis favorable à cette provocation ! Parce que si nous ne le faisons pas, l’écart ne sera jamais corrigé. Donc c’est nécessaire, pour qu'une controverse soit provoquée. C'est radical. Les femmes dans l'histoire du cinéma ont toujours été opprimés, c'est une réponse à cette oppression depuis si longtemps. À mon avis, ce n'est pas exactement 50/50 dont nous avons besoin, mais au moins d’un fort coup de projecteur sur la femme. Je traduis ce 50/50 comme une métaphore. Et qui sait, les gens peuvent nous surprendre. Essayons!
Pour moi, peu importe que cela arrive ou non (la parité dans les Festivals de cinéma en 2020) le plus intéressant dans cette provocation est la mise en lumière. J'aime cette provocation, car vous êtes ici en train de me poser des questions. Si nous ne le faisons pas, nous n'allons jamais en parler. Alors parlons en.
Renata Almeida
Directrice du Festival São Paulo International Film Festival (MOSTRA)
A propos de la place de la femme dans l’industrie cinématographique de son pays
Je pense qu'il y a beaucoup de femmes dans la production. Cela a commencé il y a 20 ans. Avant les femmes faisaient surtout de la production. Mais cela a changé, beaucoup de femmes fortes produisent toujours, mais de talentueuses réalisatrices ont émergées aussi. Au Brésil, nous ne voyons pas les producteurs comme des êtres créatifs. Il y a un préjugé contre les producteurs, qui sont seulement là pour financer.
Un autre sujet est le thème de la maternité. C'est vraiment difficile quand on a des enfants, à cause de l'idée que les femmes doivent rester à la maison et s'occuper des enfants. Je pense que résoudre ce problème ne consiste pas à forcer quelqu'un, mais à lui donner des options. J'ai deux enfants et je suis toujours divisé, mais c’est parce que je le veux bien.
Sabrina Nudeliman
Productrice et Distributrice ELO COMPANY
A propos de la dynamique cinématographique sur le continent Sud-Américain
Nous avons tendance à nous regarder le nombril. Et lorsque nous regardons à l'extérieur, nous avons tendance à donner la priorité aux pays plus riches. Nous faisons plus de choses avec les pays européens qu'avec les pays d'Amérique du Sud. Je pense que cela va aller en s’améliorant.
Mais quoi qu’il se passe, le Brésil a moins de 200 salles dans le pays. (je ne suis pas sûre du nombre exact) mais nous n’avons pas beaucoup de salles. Nous avons un tiers de ce que le Mexique a. Et beaucoup de villes brésiliennes n’ont même pas 1 seule salle de cinéma. La plupart des salles diffusent des films américains, puis un quota de la production brésilienne. Il est très difficile de voir autre chose.
Ce qui est important pour moi dans tout cela : c'est l'éducation et la façon dont nous travaillons avec nos enfants. Et l’éducation que nous leur donnons. Nous devons leur apprendre qu'ils peuvent devenir ce qu’ils veulent.
Samanta Do Amaral
Coloriste : Their Happiness (2019), Museu Entre Tempos (2019), Gyuri (2019)
A propos de la montée des marches des 82 pour la parité au Festival de Cannes 2018
Je pense que c'est très important, non seulement à Cannes, mais je vois aussi ces initiatives dans d'autres festivals dans le monde. Je pense que nous sommes dans un moment mondial, où les gens pensent enfin aux femmes et à l'égalité des sexes. Mais aussi je suis un peu pessimiste, car je ne vois pas comment cette égalité arrivera dans peu de temps. Mais l’initiative est très importante et j'en suis heureuse. Elle laissera une empreinte. Mais en ce moment même si je vous vois comme des pièces importantes dans une partie d'échecs, je pense que nous sommes juste des pions dans une partie qui ne fait que commencer. Je crois que ce n'est que dans 4 générations qu'une sorte d'égalité sera possible sur le marché audiovisuel.
Sandra Corveloni
Actrice : Linha de Passe (2008), A Glorai e a Graca (2017), Vazante (2017), 10 segundos para Vencer (2018)
A propos de la place de la femme dans l’industrie cinématographique de son pays
C’est pareil partout je pense, comme actrice et réalisatrice je pense que les femmes sont partout dans l’art pour faire de grandes choses. Les réalisatrices femmes sont importantes, car elles portent notre histoire : l’histoire des femmes. Je parle pour moi, de ma vision en tant que femme des sentiments, de la politique, des relations humaines… La vision féminine est très différente de celle des hommes. Alors les femmes qui travaillent dans ce sens doivent continuer le tour de force, continuer et ne pas s’arrêter.
Les femmes brésiliennes sont très fortes, leurs mouvements et leurs résistances populaires sont très fortes. Elles sont partout, ce sont les leaders. Le Brésil est un pays jeune, qui en a marre de s’entendre dire Non. Maintenant on chuchote dans les rues : Pourquoi Non ?
Talita Arruda
Distributrice à Vitrine Films : Bacurau (2018), Les hirondelles de Kabul (2018), Back Home (2013)
A propos de la dynamique cinématographique sur le continent Sud-Américain
Nous avons des coproductions, nous avons des fonds les coproductions. Nous avons Ibermedia, nous avons des festivals. Mais mon opinion personnelle est que mon désir que les choses changent davantage. Le Brésil est le seul pays qui parle portugais. Donc, les films au Brésil parlent aux brésiliens et sont pour le Brésil. Avec les coproductions que nous tentons, nous réalisons que nous vivons des situations similaires, nous discutons des mêmes choses. Alors j'ai essayé d'en faire plus et d'aller aux festivals, et d’essayer de nous rassembler entre pays. Nous avons beaucoup de points communs, nous avons une histoire de résistance, nous sommes des personnes avec du sang dans les yeux, nous avons les mêmes racines et une histoire commune.
Nous avons quelques échanges, mais nous pouvons faire plus.
Tata Amaral
Réalisatrice : Viver a Vida (1991), Um Ceu de Estrelas (1996), Hoje (2011), Antonia (2006)
A propos de la montée des marches des 82 pour la parité au Festival de Cannes 2018
Tout d'abord, c'est une très belle proposition qui, à mon avis, a beaucoup de sens. Je pense que 50/50 est absolument nécessaire.
La société brésilienne est principalement composée de noirs et de femmes, nous sommes à l'avant-garde de la culture et de la société et nous devons le montrer dans le domaine audiovisuel. Au Brésil et dans le monde, les femmes sont la majorité de la population et nous devons être représentés dans l'audiovisuel. Je crois qu'il faut avoir 50/50 dans toutes les instances de la société, c'est une question de représentativité.