14 septembre au Musée National de l'Histoire de l'Immigration, Palais de la Porte Dorée, 293 Avenue Daumesnil, 75012 Paris.
15 septembre à Sciences Po, 1 place Saint-Thomas d'Aquin Paris 7
Présentation
Ce colloque a pour ambition de mettre en perspective les actions et situations des acteurs de l'exil et de l'accueil des exilés depuis la Seconde Guerre mondiale. Les différents conflits qui ont émaillé l'histoire du 20e siècle ont jeté sur les routes des millions d'exilés. Légal ou illégal, le passage de frontière est un enjeu majeur à l'échelle individuelle comme macro-politique, qui implique les États et organisations gouvernementales ou non-gouvernementales et des réseaux transnationaux qui peuvent être criminalisés ou non en fonction des contextes. Logement, nourriture, ticket de transport ou travail… Ces réfugiés ont pu trouver une assistance souvent spontanée, parfois structurée mais décisive de personnes croisées sur leur chemin, soit pour quitter leur pays d'origine soit pour entrer dans un pays de passage ou d'accueil. En l'absence de politiques claires ou effectives des Etats, les acteurs privés ou publics (municipalités) jouent un rôle central dans l'exil, le passage et l'accueil. Mais leur rôle reste controversé et sujet à politisation.
A partir de 1933, alors que la répression contre les opposants politiques, les persécutions contre les Juifs puis les Tsiganes s'intensifient en Allemagne et progressivement dans les territoires conquis par le Reich, ceux-ci peuvent sortir de leur pays de nationalité mais ne sont pas accueillis formellement dans les démocraties occidentales. Ce sont des réseaux sociaux transnationaux et des acteurs civils locaux qui vont permettre l'exfiltration et l'accueil au compte-goutte des persécutés, souvent dans l'illégalité. Au printemps 1945, l'Europe compte plus de 20 millions de civils dispersés loin de chez eux : près de onze millions de victimes du Reich, et autant d'Allemands « ethniques » expulsés des pays d'Europe centrale et orientale. Très vite, les puissances alliées et les organisations en charge des « personnes déplacées » victimes du nazisme organisent les rapatriements et, plus tard, les réinstallations hors d'Allemagne, d'Autriche et d'Italie. La fin des combats n'arrête ni la violence, ni les exils, souvent clandestins : fuites depuis les territoires sous contrôle soviétique ; passages entre les zones d'occupation et vers les pays limitrophes ; départs en masse de rescapés juifs pour échapper aux violences antisémites ; organisation de filières pour rejoindre la Palestine. Les passages et l'accueil sont pris en main par différents réseaux, non sans l'accord tacite de certaines autorités. Pour eux, la priorité demeure le départ hors d'Europe des réfugiés, considérés, en ces temps de guerre froide, comme un facteur d'instabilité.
Dans les années 1970-1980, le Cambodge, le Laos et le Vietnam connaissent un exode massif de leurs populations. Quoique liés par l'histoire partagée de la colonisation française, des guerres coloniales et américaines et de l'effondrement final dans la violence des trois pays en 1975, les exilés d'Asie du Sud-est ont suivi des routes de l'exil diverses et peu connues. Le terme de boat people utilisé de manière indistincte n'a en réalité concerné que les Vietnamiens. L'accueil en France de ces exilés fuyant des régimes communistes violents dans le contexte de la Guerre Froide a été présenté comme un accueil exceptionnel assurant l'application quasi automatique de la Convention relative au statut des réfugiés des Nations Unies, voire comme un accueil exemplaire qui a rarement laissé la place aux critiques.
Depuis 2015, en Europe, un tissu associatif et d'institutions locales se forme autour de l'accueil des différentes vagues de réfugiés en provenance du Moyen Orient, d'Afrique ou d'Ukraine. Mais depuis lors les manifestations privées de solidarité spontanée se heurtent à la loi et plusieurs "aidants" d'exilés ont été accusés de soutenir l'immigration illégale, d'être des "passeurs".
Ce colloque croise les analyses d'historiens et de chercheurs en sciences sociales pour porter un regard sur ces "aidants" qui peuvent ou ne pas être eux-mêmes des exilés. Qui sont-ils ? Comment se détermine leur engagement ? Comment ces aidants négocient-ils leur propre implication, dans le respect de la loi ou aux marges de celle-ci ? Comment varie la position des pouvoirs publics à leur égard dans le temps et l'espace ?
Les interventions feront la lumière sur trois périodes de l'histoire : l'exil juif entre 1933 et 1950 ; l'afflux des réfugiés d'Asie du Sud-est après 1975 et enfin les arrivées d'exilés en Europe depuis 2015. Autour de trois thèmes : (1) le passage ; (2) les dangers, risques et violences ; (3) le refuge et l'accueil.
JOUR 1 14 septembre 2023
Lieu : Musée National de l'Histoire de l'Immigration, Palais de la Porte Dorée, 293 Avenue Daumesnil, 75012 Paris. Grand auditorium.
Pour retrouver le programme complet de la deuxième journée, cliquer ici (lien 2ème page)
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9h-9h30 Accueil
9h15 - 9h30 Mot d'accueil par Marianne Amar, responsable de la recherche au Musée national de l’histoire de l’immigration
9h30-10h00 Introduction par Hélène Thiollet, chargée de recherche CNRS CERI Sciences Po (politiste), coordinatrice du projet PACE
10h00- 12h30 Le passage : danger et criminalisation des passeurs, coût financier et politique
Modération : Mélodie Beaujeu, chercheuse associée au CEE (politiste), ICM et Hélène Thiollet, chargée de recherche CNRS CERI Sciences Po (politiste), coordinatrice du projet PACE
Thèmes : Exil circulations et traversée de frontières, Danger et criminalisation du passage et de l'accueil. Coût financiers et politiques à différentes échelles (individuelles, municipalités, fondations, Etats, Organisations Internationales)
Participants :
- Giulia Scalettaris, maîtresse de conférence (sociologue), Université de Lille
- Laurent Neury, historien, Institut des hautes études internationales et du développement
- Cristina Del Biaggio, maîtresse de conférence (géographe), Université Grenoble Alpes
- Marta Esperti, doctorante en Sociologie , Université Sorbonne Paris Nord
Focus 1 recherche collective PACE
Pauline Brücker, maîtresse de conférence, université de Rouen (politiste) : présentation de l'ouvrage collectif PACE : Exil et politique. L'espace-temps de la politisation PACE
Pause déjeuner : 12h30-14h
14h-16h30 Dangers, risques, violences systémiques durant les différents temps de l'exil et de l'accueil
Modération :
Antoine Pécoud, professeur (sociologue), université Paris 13
Hélène Le Bail, chargée de recherche CNRS CERI Sciences Po (politiste)
Thèmes : Qui est en danger, qui risque quoi? Contextes de guerre ou pas de violences systémiques, symboliques, physiques et politiques durant les différents temps de l'exil et de l'accueil.
Participants :
- Camille Schmoll, directrice d'études (géographe), EHESS, Géographie-Cités -
- Olivier Clochard, chargé de recherche CNRS (géographe), Migrinter
- Jeanne Truong, romancière
- Laura Madokoro, professeure associée (historienne), Carleton University (Canada)
Clôture de la première journée
JOUR 2, 15 septembre 2023
Lieu : Sciences Po, 1 place Saint-Thomas d'Aquin Paris 7. Les Salons scientifiques (B108)
Pour retrouver le programme complet de la deuxième journée, cliquer ici (lien 2ème page)
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9h30-12h30 Refuge et accueil : jeux d'échelle et d'acteurs, rapports à l'Etat
Modération :
Catherine Perron, chargée de recherche CERI Sciences Po
Marianne Amar, Responsable de la recherche au MNHI
Thèmes : institutions, jeux d'échelle et d'acteurs individus, institutions et organisations, rapport à l'État (criminalisation)
Participants :
- Jacques Semelin, Directeur de recherche émérite au CNRS, CERI (historien et politiste)
- Karine Meslin, chargée d'étude (sociologue), GERS
- Nina Valbousquet, docteure en histoire, post-doctorante, Ecole Française de Rome
Focus 2 Recherche collective PACE
- Chloé Gaboriaux, maîtresse de conférence, Sciences Po Lyon et Catherine Perron : présentation du numéro de Mots. Les langages du politique consacré à Migration et crise : Calabrese Laura, Gaboriaux Chloé, Veniard Marie éd., 2022, Migration et crise : une co-occurrence encombrante, Mots. Les langages du politique, n° 129.
- Michelle Reddy, professeur assistante, université de Californie, Berkeley
Focus 3 Recherche collective PACE
Hélène Thiollet, Mélodie Beaujeu, Antoine Pécoud, Hélène Le Bail, Thomas Lacroix : présentation Research Handbook on Institutions of Global Migration Governance (à paraitre)
Clôture PACE : Hélène Thiollet
12h30-14h : pause déjeuner
14h-17h LOCALACC : L'accueil au local
14h-15h15 : Focus 1 : les porosités de l'accueil, du formel à l'informel
Modération : Christine Lelévrier
Participants :
- Pauline Doyen, doctorante, Université de Paris ;
- Annaëlle Piva, doctorante, Université Panthéon-Sorbonne ; Oriane Sebillotte, doctorante, EHESS
- Evangéline Masson Diez, attachée d’enseignement et de recherche en sociologie, UPEC
- Soazig Dollet, doctorante Centre d'Etudes Européennes, Sciences Po
15h15-17h : Focus 2 : les territoires d'accueil en réseau
Modération : Bénédicte Michalon
Participants :
- Rafik Arfaoui, postdoctorant, Université Pompeu Fabra, Barcelone
- Louise Hombert, postdoctorante, Université de Neuchâtel
- Anouk Flamant, maîtresse de conférences, Université Paris Lumière, INSHEA
- Aude Claire Fourot, politiste, université de Lyon, Simon Fraser University (Canada).
Clôture de la deuxième journée
Comité d'organisation : Marianne Amar, Mélodie Beaujeu, Chloé Gaboriaux, Thomas Lacroix, Hélène Le Bail, Bénédicte Michalon, Antoine Pécoud, Catherine Perron, Jacques Sémelin, Hélène Thiollet
Responsables scientifiques : Mélodie Beaujeu et Hélène Thiollet
Les projets :
PACE-ANR
La crise des migrants et des réfugiés a focalisé l'attention de la recherche sur les politiques migratoires de l'Union européenne, révélant leurs impasses et l'échec de la collaboration entre Etats pour « gérer la crise ». Le rôle des acteurs non étatiques dans la crise est en revanche bien moins connu. PACE comble ce manque en regardant le cadrage et les réactions à la crise au-dessus et en deçà de l'Etat et de l'Union européenne. Le projet vise à décrire la manière dont des acteurs non étatiques contribuent à la construction politique de la crise.
LocalAcc-ICM
Ce projet interroge l'émergence, les formes et la diffusion de l'implication des municipalités dans l'accueil des migrants. Sur la base d'un recensement des initiatives existantes en Europe et ailleurs dans le monde, il ambitionne de saisir la pluralité des engagements locaux, depuis l'implication informelles de municipalités isolées jusqu'à la constitution de réseaux de villes aux dimensions mondiales, à travers l'observation comparée de situations dans plusieurs pays européens.