Rapport de recherche : la lutte contre l'obésité en France : lumières, ombres et perspectives

Rapport de recherche : la lutte contre l'obésité en France : lumières, ombres et perspectives

LA LUTTE CONTRE L'OBESITE EN FRANCE : LUMIERES, OMBRES et PERSPECTIVES.

Joan Cortinas, chercheur associé à la Chaire Santé, Daniel Benamouzig, titulaire de la Chaire Santé et directeur de recherche au Centre de Sociologie des Organisations (CSO) (UMR CNRS/Sciences Po), et Katia Lurbe, chercheuse.

Cette étude a pour objectif de dresser un bilan de la politique française de lutte contre l'obésité, un sujet qui reste à approfondir. Elle propose une évaluation qualitative de cette stratégie, tout en offrant une perspective globale et des comparaisons internationales. L'idée est de mieux comprendre ce qui a été accompli jusqu'à présent et d'identifier des pistes d'action pour l'avenir. Ce travail vise à éclairer les acteurs impliqués dans la conception et la mise en œuvre de ces politiques, tout en constituant un outil utile pour les chercheurs dans ce domaine

La fabrique des politiques de l'obésité en France

Lancée sous l'égide du Premier ministre Lionel Jospin, la politique de lutte contre l'obésité en France a été élaborée de manière séquentielle et avec une certaine discrétion, au sein d'un cercle restreint de débats réunissant des experts en nutrition et en santé publique, ainsi que des hauts responsables du ministère de la Santé, mandatés par le pouvoir exécutif. L’analyse socio-historique du processus d’émergence, de consolidation et de généralisation des mesures envisagées pour répondre aux défis posés par l’obésité révèle une dynamique endogène de transformation de l’action publique.

Cette dynamique est portée par une coalition d’acteurs s’organisant autour d’un programme d’action visant à instituer une « médecine de l’obésité » et à convaincre les décideurs publics de mettre en place une politique de santé spécifiquement dédiée à une affection traditionnellement perçue comme relevant davantage de la morale que de la médecine, ou encore souvent traitée comme une problématique individuelle plutôt que comme un enjeu de santé publique concernant l’ensemble de la population française.

Comparaison avec les politiques européennes... ou se situe la France ?

Le rapport, dans un second volet, s'est intéressé aux initiatives concrètes de la stratégie de lutte contre l'obésité, notamment en confrontant la politique française aux actions menées à l’échelle européenne.
Une lutte efficace contre l'obésité doit prendre en compte les facteurs favorisant la surconsommation calorique, notamment l’accès à une alimentation de mauvaise qualité. Ces politiques doivent être conçues en intégrant les dimensions sociologiques et psychologiques, telles que la classe sociale, l’âge, le sexe et la santé mentale, ainsi que les niveaux d’activité physique et de sédentarité.

En Europe, les politiques visant à réduire la surconsommation calorique sont jugées « passables », avec un score moyen de 38,6/100, privilégiant le changement de comportement plutôt que la régulation de l’offre alimentaire. De même, les politiques luttant contre la sous-dépense calorique obtiennent un score moyen de 41,7/100, traduisant une attention légèrement plus marquée à la promotion de l’activité physique. Cette tendance est plus notable en Europe de l’Ouest, où un plus grand nombre de pays obtiennent des résultats modérés sur cet aspect. La France se positionne parmi les pays les plus dynamiques dans la lutte contre l’obésité. Toutefois, des progrès restent nécessaires, notamment pour agir sur l’offre alimentaire et mieux cibler les populations les plus vulnérables.

Les expérimentations de l'article 51 de la LFSS de 2018 dans la lutte contre l'obésité

Les expérimentations de l’article 51 sur la question de l’obésité ont été mises en place afin de fournir aux décideurs politiques un instrument favorisant la collaboration entre l’administration centrale et la CNAM.
Cette coopération vise à réformer le système de santé en s’alignant au plus près des réalités locales et régionales.
D’autre part, la LFSS, dans son article 51, encourage l’implémentation de parcours de soins coordonnés, centrés sur les besoins spécifiques des patients. Issus d’initiatives locales, ces parcours sont testés par les acteurs qui les ont mis en place, avec pour objectif d’optimiser l’efficacité et l’efficience de l’organisation des soins.
Les cadres réglementaires, institutionnels et méthodologiques qui encadrent le dispositif de l’article 51 imposent aux acteurs de terrain souhaitant s’engager dans la réforme du système de soins d’expérimenter en dehors du cadre du droit commun, tout en restant dans un périmètre d’actions potentiellement généralisables.
Enfin, l’attribution du pilotage de l’évaluation des expérimentations à la CNAM et de l’avis de généralisation au CSIS oriente le dispositif de l’article 51 de la LFSS vers un mode de fonctionnement centralisé.

Pour découvrir le rapport sur l'obésité, cliquez ici (PDF 431,1 Mo).

Tags :
Retour en haut de page