Le mot même de « minorité » s'est imposé dans le vocabulaire politique dans l'entre-deux guerres. Son surgissement est lié à la mise en place des Etats-nations. La fin du XIXe siècle a vu la montée de la conscience nationale et de l'ethnicisation des groupes religieux dans l'Empire ottoman, avec le début de violences intercommunautaires qui ont atteint leur paroxysme pendant le premier conflit mondial. A la fin de celui-ci, les chrétiens sont devenus minoritaires dans les nouveaux Etats dessinés au Proche-Orient. Ils ont cependant pu y trouver leur place tant que la nation y faisait l’objet d’une définition culturelle et géographique. Toutefois, les chrétiens ont très tôt été marginalisés et menacés par la référence à l’islam.
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Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), Ecole pratique des hautes études (EPHE).
Bernard Heyberger, historien et arabisant, est directeur d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales et à l’Ecole pratique des hautes études. Ses recherches portent sur les chrétiens et sur les relations islam/christianisme au Proche-Orient.
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Commentaire de Bernard Heyberger
Sur ces terres où le christianisme a connu sa première expansion, on assiste à une régression sévère de la population chrétienne autochtone depuis le début du XXe siècle. En chiffres absolus comme en pourcentage, la présence chrétienne dans la population est presque insignifiante, sauf en Egypte et au Liban. Alors que les chrétiens étaient très nombreux avant 1914 sur des territoires comme la Turquie ou Israël/Palestine, ceux-ci ont aujourd'hui presque complètement disparu. L'évolution démographique jointe aux violences et aux migrations explique cette évolution. La carte montre que le christianisme n'est néanmoins pas en voie d'extinction dans la région : on observe une forte migration de chrétiens, notamment en direction des Etats du Golfe et de l'Arabie, amène à des nombres absolus et des proportions significatifs de chrétiens dans ces Etats qui modifie l'équilibre confessionnel traditionnel de ces sociétés peu enclines au pluralisme.