Martin Richer : « Une convergence s’opère entre la politique RH et la RSE »

Martin Richer - La RSE a longtemps été perçue en France comme un « produit d’importation », un courant venu principalement des Etats-Unis. Elle est restée un élément extérieur, non intégrée directement à la stratégie de l’entreprise. Une sorte de « cerise sur le gâteau ». L’activité de l’organisation se poursuivait comme à l’accoutumée. La politique RSE passait soit par les actions d’une fondation, soit par la direction RSE elle-même, mais elle n’impliquait pas directement les salariés et les dirigeants. Depuis une dizaine d’années, les choses ont changé et une convergence s’opère entre la politique RH et la RSE. Celle-ci est désormais intégrée à l’entreprise, aux métiers. Le département achat va réaliser des achats responsables, le département marketing réfléchir à la communication responsable. Dans la finance, on s’intéresse par exemple aux obligations vertes. Autrefois hors sol, la RSE pénètre ainsi la culture de l’entreprise et les salariés se l’approprient progressivement. 

Martin Richer - Elle est le fruit d’un constat simple : développer une stratégie RSE pour l’ensemble des missions d’une direction des ressources humaines est particulièrement pertinent. Le service RH fait régulièrement le lien avec l’extérieur de l’entreprise, pour communiquer, pour recruter. Est-ce qu’on respecte la parité, est-ce qu’on est suffisamment vigilant face aux risques de discriminations ? La RSE a des choses à dire sur ces questions, comme sur, par exemple, la politique interne de promotion. La parité a-t-elle toute sa place au sein des viviers de talents de l’entreprise ? Il en va de même de nombreux sujets, la formation par exemple. La RSE permet de s’assurer que tout le monde y a accès avec équité.  RH et RSE sont donc deux fonctions de plus en plus amenées à travailler ensemble. La tendance est d’ailleurs visible dans les organigrammes des sociétés. La RSE est aujourd’hui fréquemment rattachée aux RH alors qu’historiquement, elle dépendait souvent de la direction de la communication. Une tendance qui ne pourra que se développer à l’avenir. Les salariés (et tout particulièrement ceux des générations Y et Z, nés entre les années 80 et 2000) souhaitent que leur entreprise s’engage en faveur de causes environnementales et sociétales. Depuis quelques années, ils demandent même à leur société de les aider à s’impliquer eux-mêmes, par exemple en encourageant le mécénat de compétences. Enfin, la crise sanitaire n’a fait que renforcer ce mouvement, révélant une forte quête de sens au sein du corps salarial. Une politique RSE adaptée sera particulièrement utile pour permettre aux services RH de répondre à leurs attentes. 

Martin Richer - La RSE peut être en effet créatrice de valeur au sein de l’entreprise. Cela tout particulièrement par le biais de la marque employeur. Alors que l’organisation doit attirer et fidéliser les talents, elle dispose, en mettant en avant ses actions RSE, d’un levier particulièrement efficace. Les entreprises peuvent ainsi acquérir un avantage compétitif et faire la différence par rapport à d’autres sociétés. Autre clé pour créer de la valeur : la RSE permet d’assurer un traitement égal, non discriminatoire, à l’ensemble du corps social. Ce qui peut garantir notamment un même accès à la formation. L’ensemble des salariés évoluent et progressent ainsi simultanément, développant notamment des capacités d’agilité et d’adaptabilité. 

Martin Richer - Nous cherchons tout d’abord à créer les conditions de ce rendez-vous entre RH et RSE. Pour ce faire, nous souhaitons rassembler lors de cette formation des profils issus de ces deux secteurs. Il faut que les points de vue se croisent, que chacun comprenne les repères et les outils utilisés par les autres participants. Concernant le contenu de la formation, il devra leur montrer très concrètement sur quelles thématiques RSE et RH travaillent ensemble et dans quel but. Nous leur donnons des clés pour favoriser la convergence la plus efficace possible entre RH et RSE. De quoi leur permettre de mettre en place par la suite un plan d’action au sein de leur entreprise.