Liban, Irak, Algérie : du conflit latent à l’impasse politique ?
Une demi-journée d’étude organisée en partenariat avec le Centre Emile Durkheim de Sciences Po Bordeaux.
La comparaison est de mise depuis l’éruption des soulèvements au Chili, en Équateur, au Soudan, en Égypte, en Algérie, en Irak et au Liban. En effet, de la même manière qu’en 2011, les voix médiatiques insistent sur les similitudes entre ces révoltes, notamment du point de vue de leurs facteurs, des revendications et des symboles mobilisés par les manifestants. Nous avons décidé, à travers cette demi-journée d’études, de mettre à l’épreuve la comparaison dans certains pays de la région Maghreb-Moyen-Orient. Elle semble être une évidence, puisque le schéma serait le même d’un pays à l’autre : les jeunes, les plus touchés par le chômage endémique de ces sociétés, se révoltent contre un pouvoir inefficace et corrompu, contre un État incapable désormais d’assurer le bien-être économique et social de ses populations.
Nous avons choisi de nous focaliser sur les cas de l’Algérie, de l’Irak et du Liban, trois pays laissés de côté par les études sur les révoltes de 2011. Tout en reconnaissant les points communs entre ces mouvements populaires, cette manifestation scientifique propose une prise de distance. Nous pensons en effet qu’il est aussi nécessaire de souligner certaines divergences, en réinscrivant les mouvements au sein des trajectoires historiques spécifiques de chaque Etat.
La discussion s’articulera autour d’une question de recherche principale : malgré l’absence de rupture systémique au Liban, en Irak et en Algérie, en quoi les régimes politiques ne sortent-ils pas indemnes de ces révoltes ? Deux questions subsidiaires découlent de cette première interrogation : Quelles sont les transformations plus ou moins visibles ? Avec quels changements sociétaux les régimes vont-ils devoir composer ?
Cet événement devait à l’origine avoir lieu dans les locaux du Centre de Recherches Internationales de Sciences Po, à Paris. Mais l’épidémie du COVID 19, et les mesures de confinement prises par le gouvernement français, nous ont conduit à imaginer de nouvelles modalités afin de maintenir cette manifestation scientifique. Elle eut finalement lieu à la date initialement prévue, le 16 avril, par le biais de l’application zoom. Ce podcast que vous écoutez aujourd’hui découle de l’enregistrement de la discussion que nous avons eue ensemble, chacun derrière notre ordinateur.
Intervenant-e-s :
Keynote speech : Elizabeth Picard, Directrice de recherche émérite au CNRS. “Production et reproduction de la frontière entre État et société” (3 min 39)
Premier panel : De l’insoutenabilité de la frustration
- Julian Vierlinger, Étudiant en master de théorie politique à l’Ecole doctorale de Sciences Po Paris. “Champ discursif de la Corruption: Crise, Décadence et Moralité Politique dans la “Révolution” Libanaise” (33 min 17)
- Sihem Beddoubia, Doctorante en Science politique et maître assistante à l’Université d’Oran 2. “Le Hirak Algérien : un nouveau mouvement social ?” (52 min 28)
Notre intervenant prévu sur l’Irak n’ayant finalement pas pu se joindre à nous, Loulouwa al Rachid, dans le second panel, revient sur l’émergence des manifestations et le “continuum révolutionnaire” dans lequel elles s’inscrivent.
Reprise et discussion par Eric Verdeil, Professeur de géographie et études urbaines à Sciences Po Paris, chercheur au Centre d'études des relations internationales (CERI) (1h 08)
Second panel : L’impossible réponse des gouvernants :
d’ajustements à la marge à l’impasse politique
- Raphaël Gourrada, Docteur en Science Politique, chercheur associé au CETOBaC, UMR 8032 (CNRS - EHESS - Collège de France). “Gouverner par les discours: stratégies d’évitement et de conservation d’une élite libanaise en crise de légitimité” (5min 03)
- Luis Martinez, Directeur de recherche CERI Sciences Po. “Algérie : Le hirak où les appels à la reconfiguration de l'Etat” (26 min 25)
- Loulouwa Rachid, Docteure en Science Politique, codirectrice du programme sur les relations entre civils et militaires dans les Etats arabes au Carnegie Middle East Center. “Changement impossible, statu quo improbable. De quoi l’Irak est-il le laboratoire politique?” (55 min)
Reprise et discussion par Manon-Nour Tannous, Docteure en Relations internationales, Maître de conférences à l'Université Reims Champagne-Ardenne, Chercheuse associée au Centre Thucydide (Université Paris II, Panthéon-Assas) et à la Chaire d'histoire contemporaine du monde arabe (Collège de France) (1h 36 min)
Eberhard Kienle, Directeur de recherche, Sciences Po. Conclusion de la journée (2h 35 min)
Responsables scientifiques : Eberhard Kienle, Directeur de recherche, Sciences Po, Emma Empociello, Doctorante, Centre Emile Durkheim, Sciences Po Bordeaux, Camille Abescat, Doctorante, CERI, Sciences Po.
Musique : Amplify the Light by Snowflake (c) copyright 2018 Licensed under a Creative Commons Attribution Noncommercial (3.0) license. http://dig.ccmixter.org/files/snowflake/58378 Ft: Uwe Hermann