Parrainages régionaux et polarisations belligènes : la rivalité entre l’Iran et l’Arabie saoudite au Liban
Parrainages régionaux et polarisations belligènes : la rivalité entre l’Iran et l’Arabie saoudite au Liban
Au Moyen-Orient, les années 2010 sont marquées par une montée des tensions entre sunnisme et chiisme. La rivalité qui oppose en particulier l’Arabie saoudite et l’Iran se transpose dans plusieurs pays de la région, au risque d’en déstabiliser dangereusement les équilibres politiques et sécuritaires. Cette étude analyse le double patronage régional, saoudien, d’une part, iranien, de l’autre, au Liban, et ses répercussions au sein de la classe politique comme de la société de ce pays. Elle pose tout d’abord que, loin d’être le résultat d’un clientélisme imposé, les protections saoudienne et iranienne sont mises en place à la demande à la fois des intéressés libanais et des puissances occidentales. Durant les années 1980, 1990 et 2000, les relations entretenues par l’Arabie et l’Iran avec leurs protégés libanais restent contrariées par le veto syrien. Le jeu interlibanais, les relations entre les acteurs libanais et leurs parrains régionaux, mais aussi le positionnement des mentors les uns par rapport aux autres produisent des systèmes d’action aux effets polarisateurs, sur l’échiquier libanais, mais aussi régional. Si les relations de clientélisme transnationales ainsi à l’œuvre importent depuis le régional vers le national des rationalités belliqueuses à forte capacité déstabilisatrice, elles exportent aussi des logiques et des limites plus locales vers les parrains étrangers, modifiant en sens inverse la structuration du jeu au niveau des scènes régionale et internationale.