Représentations et pratiques des classes sociales
Programme transversal du CERI sous le pilotage scientifique d’Alain Dieckhoff et de Jean-Louis Rocca.
La notion de classe sociale a été emportée par la “troisième vague de démocratisation”. Assimilée à la doxa marxiste, elle n'a pas résisté à la faillite des grands récits. Il semble toutefois que depuis peu, l'intérêt grandissant pour les pays émergents ait redonné une certaine actualité à la notion, notamment à travers celle de classes moyennes qui sont souvent présentées comme l'alpha et l'oméga de la modernité sociale et économique. En Europe même, les expressions classes populaires - qui remplacent classe ouvrière - et classes dirigeantes ou élites font florès. De même, si les dimensions “genre”, “ethnie” ou “religion” sont aussi utilisées pour classer les individus, il s'agit bien de toujours mieux appréhender la stratification sociale.
Il s'agit d'aborder ce phénomène de manière modeste. D'une part parce que cet axe de recherche est destiné à rassembler des chercheurs aux problématiques et aux terrains très divers ; d'autre part parce qu'il ne s'agit pas de se prononcer sur la stratification sociale elle-même. L'idée est de réfléchir à la façon dont cette stratification est définie – contradictoirement - par les sociétés elles-mêmes. Cela ne signifie pas que l'on ne puisse pas déduire de ce travail de réflexion des enseignements sur l'état des classes dans une société. Mais la méthode devrait être plus constructiviste que normative. Il ne s'agit pas de se perdre dans les débats sur les définitions des classes ou l'existence ou non de celles-ci dans la réalité et de donner notre définition des classes sociales et de la stratification qui, fort logiquement, serait la meilleure de toute.
Mais il ne s'agit pas non plus de se limiter à une réflexion sur les “discours” qu'ils soient savants ou vulgaires. Les pratiques -culturelles ou politiques- font partie de la “construction” du phénomène “classe moyenne ” ou “classes populaires”. La construction d'un problème n'est pas un phénomène “idéologique”. Si l'objectif n'est pas de définir une stratification sociale, il est bien de mieux comprendre les enjeux auxquels sont confrontées les sociétés. L'intérêt de cette problématique réside dans sa capacité à permettre cette expression à de multiples niveaux. Ceux, classiques, de l'académique, du politique et du médiatique et celui plus rarement abordé des pratiques culturelles et politiques. Les hiérarchisations des pratiques culturelles et les pratiques de contestation permettent par exemple de dépasser la simple analyse de discours pour aborder le domaine de l'action. Il serait aussi très utile d'aborder la question des économies morales d'en bas, comme d'en haut.
Le programme a débuté ses travaux au printemps 2015.