Genève, Les Éditions ies, 2024, 288 pages.
L’enquête a donc duré trois ans et non ‘une après-midi’ : mais je voulais, avec ce titre, garder quelque chose de la temporalité de ces longs moments à traîner avec les enfants. Et, on l’aura compris, ce n’est pas le Shanghai que l’on voit d’habitude, ce n’est pas une après-midi à faire du shopping sur le Bund dont il s’agit ici. C’est plutôt le Shanghai des ‘mauvaises herbes’ de Lu Xun, celui des habitats dégradés entre deux zones en rénovation, là où vivaient les enfants sur lesquels j’enquêtais, venus des campagnes chinoises pour accompagner leurs parents en quête de travail. C’est là que l’on suivra la trame ordinaire de ces vies petites, au gré des rencontres et des lieux de l’ethnographie qui organisent le parcours de l’enquête et du livre. (…) Le souci de (r)ouvrir la discussion de l’enfance en sciences sociales est soigneusement entremêlé dans ces déambulations, comme un livre dans un autre livre, dont on peut suivre le fil à travers le système des sous-titres. Chaque chapitre est ainsi l’occasion d’un arrêt sur un moment clé de ce qui pourrait être une réflexion sur l’enfance ou, plutôt, sur la question anthropologique de l’âge, abordée à partir de l’enfance.