Critique internationale - Sommaire

Editorial
5-6

 

Aucun résumé

 

Champs libres
Le Gujarat de Narendra Modi : les leçons d’une victoire électorale
9-25

La victoire du BJP (Parti du peuple indien) de Narendra Modi lors des élections régionales de 2007 a renforcé l’implantation du nationalisme hindou dans cet État. La campagne électorale a été dominée par des questions de développement économique et de gouvernance tant que la scène était occupée par Modi et les leaders locaux du Congrès, qui hésitaient à attaquer ce dernier à propos des pogromes antimusulmans de 2002. Les tournées de leaders nationaux du Congrès, comme Sonia Gandhi, ont toutefois ramené cet enjeu au cœur du débat, pour le plus grand bonheur de Modi qui a pu se poser en défenseur de l’ordre public contre la menace musulmane. L’agressivité nationaliste hindoue de Modi n’est toutefois que le trait le plus saillant de sa personnalité ; elle se combine avec une forme de populisme high tech, une forte personnalisation du pouvoir, un autoritarisme certain et un éloge permanent de la gouvernance managériale. Cette combinaison a rallié autour de Modi les milieux d’affaires et la nouvelle classe moyenne dont l’antiparlementarisme tend à se répandre ailleurs en Inde. Le phénomène Modi – atypique au sein du BJP où les hommes s’effacent d’habitude derrière les organisations – pourrait bien annoncer une transformation du mouvement nationaliste hindou, voire de la politique indienne

Champs libres
ONG et enjeux minoritaires en Bulgarie : au-delà de l’« importation/exportation » des modèles internationaux
27-50

Depuis la chute du communisme, une abondante littérature a été consacrée aux transferts, à l’Est, de normes, règles et standards internationaux en matière de politiques publiques. Plutôt que d’envisager ces processus à travers l’étude de logiques d’exportation (tour à tour vues comme vertueuses ou asymétriques) ou d’importation (supposées passives ou zélées), le présent article interroge les mécanismes concrets à travers lesquels des « problèmes sociaux », des politiques sont formulés et remodelés à mesure qu'une variété d'acteurs locaux, régionaux et transnationaux s'en saisissent. À partir d’une recherche sur le rôle des ONG dans la construction des enjeux minoritaires en Bulgarie, il met en exergue les façonnages pluraux des catégories et priorités internationales par des responsables bulgares ayant appris à jouer des répertoires de l'international pour se positionner sur un marché interne compétitif. L’analyse souligne également le caractère fragile, poreux, des lignes de démarcation entre ce qui est présenté comme relevant de l'exportation ou de l'importation en raison de la multipositionnalité d'agents à la fois « locaux » et insérés dans des réseaux transnationaux, voire impliqués dans la formulation des recommandations d’institutions dites « exportatrices ». Au couple « exportation/importation », il pourrait dès lors être heuristique de substituer la notion de circulations des thématiques et des dispositifs, tout en interrogeant leur inscription dans des histoires locales.

Champs libres
Les organisations de « promotion de la démocratie » et la construction des bureaucraties électorales indonésiennes
51-72

Les effets politiques de la venue à Djakarta en 1999 de centaines de représentants d’organisations d’aide à la « construction de la démocratie » (democracy-building) ne peuvent s’apprécier vraiment qu’à l’aune d’une histoire indonésienne du rapport au droit et au vote dotée de sa propre historicité de « longue durée ». Cette histoire est en particulier marquée par l’émergence dans les années 1930, au sein du mouvement nationaliste anticolonial, de théories hostiles au multipartisme concurrentiel. Fortement influencées par les doctrines des maîtres de mystique comme Ki Hadjar Dewantara, et insérées dans la Constitution de 1945 par Raden Soepomo, ces théories ont été le fer de lance de la disqualification autoritaire de l’ordre parlementaire des années 1950 par le régime du Général Suharto (1966-1998). En 1999, en amont du premier scrutin de « sortie d’autoritarisme », elles sont entrées en relation d’affinité élective avec les préférences pour un système à effets majoritaires portées par les représentants des organisations nord-américaines de « promotion de la démocratie ». La présence à Djakarta de ces représentants a en outre eu pour conséquence de modifier profondément les hiérarchies internes de certains espaces socioprofessionnels et de certains segments du monde bureaucratique. La Reformasi a en effet consacré le retour en force des professionnels du droit dans le champ politique, tandis que la relation avec les « experts es démocratie » du NDI (National Democratic Institute) ou de l’IFES (International Foundation for Election Systems) a permis à des personnels subalternes du ministère des Affaires étrangères de prendre l’ascendant sur leurs collègues de rang supérieur

Champs libres
La démobilisation collective au Cameroun : entre régime postautoritaire et militantisme extraverti
Marie-Emmanuelle Pommerolle
73-94

Force est de constater qu’eu égard aux problèmes politiques et économiques que connaît le pays, présidé depuis 1982 par le même chef d’État, Paul Biya, les mobilisations collectives au Cameroun sont très faibles. Un régime « postautoritaire » et une forte extraversion de l’action politique expliquent en grande partie l’atonie des mouvements sociaux. Les victoires successives du parti unique et son intimité avec l’appareil d’État entraînent la domination d’un pouvoir appréhendé le plus souvent par la peur. Cette évaluation négative des rapports de force entre le pouvoir et les éventuels acteurs mobilisés s’accompagne d’une faible autonomie dans la sélection et la formulation des causes défendues. L’extraversion de l’action collective conduit en effet à une importation de causes qui ne sont pas spécifiques au Cameroun. Mais l’appropriation de ces causes, en termes symboliques ou politiques, n’est pas autorisée dans cet espace postautoritaire : la restriction du temps politique au temps immédiat et la monopolisation de l’énonciation politique constituent des obstacles difficilement surmontables pour une formulation efficace de causes entendues. Enfin, la fermeture de l’État aux acteurs collectifs extérieurs empêche l’implication dans l’action publique de ceux qui ont pu se mobiliser et qui se voient également concurrencés par des acteurs internationaux intervenant dans les réformes politiques sans toutefois remettre en cause les rapports de pouvoir

Champs libres
Le salafisme en France : de la révolution islamique à la révolution conservatrice
Samir Amghar
95-113

Depuis une vingtaine d’années, le salafisme est devenu un acteur incontournable de la réislamisation dans les banlieues françaises. Malgré la référence à un modèle historiquement figé, celui des Pieux ancêtres (compagnons du Prophète Muhammad), le courant salafiste est dynamique. Cet article entend analyser les mutations idéologiques de ce mouvement. Si l’on assiste à un affadissement de la ligne politique du salafisme, la dimension contestataire demeure l’un des piliers de l’identité doctrinale de ce courant. Ses transformations idéologiques sont moins liées à une révolution interne qu’à des contraintes et impératifs politiques externes (pression étatique, contexte international). Dès lors, les réorientations idéologiques des salafistes français répondent avant tout aux sollicitations d’une époque, à l’état des forces du jeu politique et aux contraintes qu’elles imposent.

Champs libres
Le Maghreb dans la construction identitaire de la Tunisie postcoloniale
Driss Abbassi
115-137

L’image que les Maghrébins construisent eux-mêmes de l’Afrique du Nord est un sujet peu exploré. Cette étude examine la question de l’imaginaire maghrébin dans une perspective sud-sud, en s’appuyant sur l’analyse systématique d’un corpus de douze manuels scolaires d’histoire édités en Tunisie entre 1956 et 2005. Cette démarche fait écho implicitement aux débats français actuels sur la présentation de l’histoire coloniale aux jeunes générations. Elle tente également de saisir les sens des différentes catégories que sont le Maghreb, l’Afrique du Nord, l’Occident musulman, le Sud de la Méditerranée, etc., d’un point de vue endogène. Le Maghreb se présente comme un concept politique, non pas culturel. D’où la difficulté de saisir cet espace nord-africain, dont les représentations sont multiples, parfois même contradictoires. L’une des évolutions mises en évidence est que depuis « la mort de l’idéologie nationaliste arabe », le paradigme « Maghreb méditerranéen » n’est plus, de loin, le mythe mobilisateur commun à toutes les populations maghrébines.

Lectures
Panorama des principaux axes de la recherche sur le changement climatique
François Gemenne
141-152

 

Panorama des principaux axes de la recherche sur le changement climatique

 

Lectures
Lecture
153-158

Rogers Brubaker, Ethnicity without Groups, Harvard, Harvard University Press, 2004, X-284 pages.
Rogers Brubaker, Margit Feischmidt, Jon Fox, Liana Grancea, Nationalist Politics and Everyday Ethnicity in a Transylvanian Town, Princeton, Princeton University Press, 2006, XX-440 pages.

Lectures
Lecture
Alexandre Hummel
159-164

Sumit Ganguly, Devin T. Hagerty, Fearful Symmetry : India-Pakistan, Crises in the Shadow of Nuclear Weapons, Seattle, University of Washington Press, 2005, 224 pages.
S. Paul Kapur, Dangerous Deterrent : Nuclear Weapons Proliferation and Conflict in South Asia, Stanford, Stanford University Press, 2007, 262 pages.

Lectures
Lecture
Sabrina Mervin
165-168

Robert W. Hefner, Muhammad Qasim Zaman (eds), Schooling Islam : The Culture and Politics of Modern Muslim Education, Princeton, Princeton University Press, 2006, 278 pages.

Retour en haut de page