Mondes et Nations – Editions Autrement
Cette collection accueille des essais consacrés aux grands enjeux internationaux d'aujourd'hui. Elle explore les dynamiques internes des sociétés et les politiques extérieures des grandes puissances et des pays émergents.
Directeur de collection :
Christian Lequesne
Responsable de la publication :
Judith Burko, judith.burko@sciencespo.fr, tél. +33158717004
Autrement :
http://www.autrement.com
2009
par Gilles Dorronsoro
La position de la Turquie est paradoxale. Bien qu'elle adhère aux principales institutions occidentales, à commencer par l'Otan, son appartenance à l'Occident est souvent contestée en raison de ses identités concurrentes, turcique et musulmane. En effet, élément d'un ensemble culturel qui regroupe une dizaine de pays et de minorités, de la Chine aux Balkans, la Turquie est aussi membre de l'Organisation de la conférence islamique. Différents programmes de politique extérieure se sont longtemps affrontés selon la préférence donnée à l'ancrage européen, islamique ou turc du pays. Aujourd'hui encore, les grands dossiers de politique extérieure - adhésion à l'Union européenne, reconnaissance du génocide arménien - interrogent la définition même du modèle politique turc : place de l'héritage ottoman dans la Turquie républicaine, définition ethnique ou citoyenne de la nation, modèle occidental ou islamiste de modernité. Cet ouvrage propose une étude de la transformation de la place de la Turquie sur la scène internationale. Longtemps alliée inconditionnelle des Occidentaux, elle s'est progressivement émancipée, s'opposant parfois frontalement aux États-Unis ou à l'Union européenne. Loin de se limiter à la question de l'adhésion à l'Union européenne, l'émergence de la Turquie comme acteur global s'exprime dans son rôle régional au Moyen-Orient, son investissement en Asie centrale ou sa politique énergétique.
Gilles Dorronsoro, spécialiste de l'Afghanistan et de la Turquie, est professeur de science politique à Paris 1 Panthéon-Sorbonne, actuellement visiting scholar à la Carnegie Endowment for International Peace de Washington.
Il est auteur de La Révolution afghane (Karthala, 2000), éditeur de La Turquie conteste. Mobilisations sociales et régime sécuritaire (Éditions du CNRS, 2005) et coéditeur du European Journal of Turkish Studies (www.ejts.org).
ISBN: 978-2-7467-1230-0
par Jean-Marc Puel
Le sauvetage de la banque UBS, la prise de participation en avril 2008 dans le capital de Total, le rachat de 90% des parts du mythique Chrysler Building à New York, l'acquisition de 15% de la London Stock Exchange... toutes ces opérations ont été réalisées par des fonds souverains. Mal connus du grand public, les fonds souverains attirent l'attention des médias depuis quelques années. Il ne s'agit pourtant pas de créations récentes. Les acteurs qui régissent ces fonds dotés de moyens exceptionnels (3 000 milliards de dollars aujourd'hui, peut-être 10 000 milliards en 2013) participent depuis plusieurs années aux principales opérations financières de la planète. Qui sont-ils? Faut-il s'inquiéter de leur rôle croissant ou redouter, au contraire, qu'ils ne retirent leurs investissements des pays occidentaux à la suite de la crise financière mondiale? Leur activité procède-t-elle de pures opérations financières ou bien d'opérations stratégiques menées pour le compte de certains pays? Autant de questions auxquelles répond cet ouvrage clair et documenté, en dressant une typologie et une analyse des fonds souverains.
Jean-Marc Puel est associé d'un fonds d'investissement.
ISBN: 978-2-7467-1231-7
par Hamit Bozarslan
Une décennie après la vague de violence amorcée par l'arrestation d'Abdullah Öcalan, chef du PKK (Parti du Kurdistan de Turquie), la question kurde fait de nouveau parler d'elle, dans un contexte régional particulièrement troublé. Le conflit ouvert entre les Kurdes irakiens et Bagdad autour du statut de la province de Kirkouk, riche en pétrole, les nouvelles contestations armées en Turquie et en Iran ainsi que les émeutes urbaines en Syrie attestent l'existence d'un "autre front" au Moyen-Orient. Toujours brûlant et inévitablement complexe, il maintient les 30 millions de Kurdes dans une lutte sans issue. Cet ouvrage présente des clés de lecture pour comprendre les dynamiques actuelles du problème kurde à la lumière de l'histoire, aussi bien en Irak, en Iran, en Turquie et en Syrie que dans l'espace transfrontalier très militarisé qu'ils partagent. L'auteur établit un lien entre l'instauration d'un ordre étatique postimpérial au lendemain de la Première Guerre mondiale et une dissidence minoritaire. La démarche de sociologie politique permet de saisir les cycles historiques successifs qu'a connus la contestation kurde, dont les derniers sont marqués par l'émergence de la ville comme lieu d'action et par l'affirmation de la jeunesse comme moteur de radicalisation.
Hamit Bozarslan, docteur en histoire et en science politique, est directeur d'études à l'EHESS. Il est l'auteur notamment d'Une histoire de la violence au Moyen-Orient (Paris, La Découverte, 2008). Ses travaux actuels portent sur la sociologie historique du Moyen-Orient.
ISBN: 978-2-7467-1273-7
2008
dirigé par Christophe Jaffrelot
Un demi-siècle après le règne flamboyant de Nehru, l'Inde est de retour sur la scène internationale. Les successeurs immédiats de Nehru avaient été contraints de se concentrer sur leur région, l'Asie du Sud, théâtre de tant de guerres au cours des années 1960-1980. Si la vision du monde de Nehru était plutôt globale et idéaliste, celle de sa fille et de son petit-fils se révéla donc plutôt régionale et réaliste. Depuis les années 1990, l'Inde est travaillée par une nouvelle volonté de puissance. Elle est devenue une puissance nucléaire de fait et a accru sa force de frappe militaire dans l'océan Indien. Avec Manmohan Singh, elle poursuit une stratégie pragmatique, entre soft power et realpolitik, visant à faire de ce pays-continent un acteur majeur du monde global. Rassemblant certains des meilleurs spécialistes de l'Inde, cet ouvrage synthétique nous livre une analyse magistrale de la politique étrangère indienne et des relations que l'Union indienne entretient avec le reste du monde depuis soixante ans.
ISBN: 978-2-7467-1196-9
par Jean-Noël Ferrié
L'Égypte est-elle à la croisée des chemins? La crise économique et sociale minerait un régime déjà privé de légitimité pour cause d'autoritarisme caractérisé. Critiqué par les démocrates, il subirait la pression des islamistes, notamment celle des Frères musulmans qui ont remporté 88 sièges lors des dernières élections parlementaires. Enfin, se profile le terme de la longue présidence d'Hosni Moubarak, arrivé au pouvoir en 1981. Gamal, le fils du président, apparaît de plus en plus comme le successeur possible. Pour la première fois, ce ne serait pas un militaire.
Pour autant, l'Égypte n'explose pas et cet ouvrage explique pourquoi en démontant les mécanismes du "système Moubarak". La succession qui approche impliquera toutefois des changements : le fils du président et les réformateurs qui l'entourent souhaitent infléchir le cours des choses. C'est donc une période risquée qui s'ouvre, où se pose avec acuité la question du rôle que vont y jouer les Frères musulmans.
Jean-Noël Ferrié, directeur de recherche au CNRS (Pacte, institut d'études politiques de Grenoble) est politiste. Il a été deux fois en poste en Égypte, au Centre d'études et de documentation économiques, juridiques et sociales (Cedej) du ministère des Affaires étrangères. Il est l'auteur de Le Régime de la civilité en Égypte. Public et réislamisation (CNRS-Éditions, 2004).
ISBN: 978-2-7467-1190-7
par Stéphanie Balme et Daniel Sabbagh
La République populaire de Chine et les États-Unis semblent aujourd'hui promis à une rivalité durable pour le leadership mondial. Avec l'effondrement de l'URSS, ils ont vu disparaître l'ennemi commun qui les avait conduits à se rapprocher à partir des années 1970. La Chine, portée depuis les réformes de Deng Xiaoping par une vive croissance économique, est devenue un concurrent commercial direct de l'Amérique. Elle s'affirme aussi comme une puissance militaire dont l'expansionnisme inquiète des alliés de Washington, à commencer par le Japon et Taiwan. Rivaux, la Chine et les États-Unis sont aussi complémentaires. Ils apprennent peu à peu à gérer leur interdépendance économique, la Chine ayant besoin des débouchés américains et les États-Unis des liquidités qui leur permettent de financer leurs nombreux déficits. Les relations sino-américaines ont aussi une dimension sociétale, en raison notamment du trait d'union formé par la diaspora chinoise aux États-Unis. Quant aux échanges culturels, ils sont plus intenses qu'on ne l'imagine souvent. La collaboration entre les deux pays s'étend même au domaine juridique, avec pour horizon l'éventuelle transformation de la Chine en un certain État de droit. S'ils paraissent voués à entrer en conflit, les deux pays entretiennent donc des relations d'une rare complexité que ce livre aide à décrypter.
ISBN: 978-2-7467-1122-8
par Laurence Louër
Depuis le changement de régime en Irak en 2003, les chiites font un retour en force sur la scène régionale au Moyen-Orient : ils sont au pouvoir à Bagdad; au coeur des recompositions politiques au Liban, ils pèsent de tout leur poids dans le conflit israélo-palestinien; dans les monarchies du Golfe où gisent les plus grandes réserves mondiales de pétrole, ils réaffirment leur refus des discriminations qui, parfois, font d'eux des citoyens de seconde catégorie; l'Iran enfin, seul pays où le chiisme est religion d'État, se positionne de plus en plus comme une grande puissance régionale, peut-être un jour dotée de l'arme nucléaire. Pour éclairer les enjeux liés à ce que certains appellent le renouveau chiite, cet ouvrage retrace l'évolution des mouvements islamistes chiites. Contrairement à l'approche traditionnelle de cette question, il ne restitue pas une analyse par pays mais privilégie une démarche transversale qui permet de saisir les dynamiques communes. Quel est le rôle du clergé dans l'islamisme chiite? Quels sont les réseaux transnationaux qui lient entre eux les différents mouvements à l'échelle régionale? Quel est le rôle de l'Iran dans la définition de leur modèle et de leur agenda politique? En quoi l'arrivée au pouvoir des chiites en Irak change-t-elle la donne?
ISBN: 978-2-7467-1087-0
sous la direction de Anne de Tinguy
Évoquer le "retour" de la Russie sur la scène internationale est aujourd'hui un lieu commun. En Russie, ce phénomène est largement mis à l'actif de Vladimir Poutine, une majorité de ses concitoyens estimant que sa politique a permis le redressement du pays après les "désordres" des années eltsiniennes. En Europe et aux États-Unis, ce "retour" suscite en revanche interrogations et parfois inquiétudes. La Russie renoue avec ses ambitions de puissance au moment où la hausse du prix des hydrocarbures modifie sa relation au monde. Elle se positionne, aux côtés des grands pays industrialisés et des puissances émergentes, comme l'un des centres de pouvoir d'un monde multipolaire dont elle s'emploie à manifester la réalité. Elle entend redevenir maître de son destin, peser sur la décision et être reconnue comme un élément moteur d'un ordre international plus "juste". Un rêve de puissance, mais aussi de grandeur. Or la grandeur n'est pas une affaire de discours, mais d'objectifs et de résultats.
La politique étrangère menée par Vladimir Poutine est-elle à la mesure de cette ambition ? Cet ouvrage se propose d'en faire un bilan, en s'interrogeant sur sa capacité à régler les problèmes de la Russie, à insérer celle-ci dans les dynamiques globales et à contribuer à la gestion des affaires du monde.
ISBN: 978-2-7467-1074-0
2007
par Sylvia Desazars de Montgailhard
Trente ans après la mort de Franco et un retour réussi à la démocratie, l'Espagne est de retour sur la scène internationale. Son dynamisme culturel et économique, sa langue et ses multinationales, Madrid et la Catalogne... tout contribue à une "reconquête tranquille" du monde par un pays ivre de son propre dynamisme. Au risque de l'arrogance? Les ambitions de grande puissance affichées par José Maria Aznar au lendemain du 11-Septembre, son engagement auprès des États-Unis en Irak, les tiraillements provoqués en Europe par la nouvelle stratégie espagnole attestent cette tentation. Les attentats terroristes du 11 mars 2004 à Madrid et le retour des socialistes au pouvoir y ont mis un terme. Mais aucune stratégie alternative n'a pour autant été formulée.
L'Espagne n'aurait-elle donc pas réussi à se doter d'une politique étrangère à la mesure de sa renaissance économique et démocratique? Comment définir ainsi ses choix depuis trente ans? De quelles réalités incontournables l'Espagne est-elle tributaire? Quel statut prétendelle s'attribuer dans le concert des nations : celui d'une grande puissance moyenne ou celui d'une moyenne grande puissance? Sylvia Desazars de Montgailhard tente de répondre à toutes ces questions. Elle nous livre un récit vivant, ponctué de dizaines d'entretiens exceptionnels avec les grands acteurs de l'Espagne contemporaine, dans lequel se donnent à voir les ressorts, les désirs et les dilemmes du retour de la puissance espagnole.
Sylvia Desazars de Montgailhard est maître de conférences et directrice de la campagne de développement de l'Essec, où elle enseigne, ainsi qu'à Sciences Po. Elle est l'auteur de La Transition démocratique eu Espagne (Ophrys, 1995)
ISBN: 978-2-7467-1047-4
par Ronald Hatto et Odette Tomescu
La "nouvelle Europe", vantée par Donald Rumsfeld au moment du déclenchement de la guerre en Irak, est en passe d'acquérir une place essentielle sur la scène géostratégique. Depuis la chute du mur de Berlin, l'Europe centrale et orientale est l'espace d'un nouveau "grand jeu" du fait des élargissements de l'Union européenne et de l'Otan, de l'affirmation agressive de la Russie et des tensions au Moyen-Orient.
Les États-Unis déploient dans cette région une stratégie systématique. Forts de la fascination qu'ils exercent sur les sociétés locales depuis les heures sombres de la guerre froide, ils utilisent tous les instruments de leur puissance, qu'ils soient culturels, économiques ou militaires. Cette démarche est aujourd'hui rendue plus facile par les atermoiements des Européens de l'Ouest.
Ronald Hatto, docteur de l'IEP (Institut d'études politiques de Paris), spécialiste d'études stratégiques et de sécurité, travaille sur les relations transatlantiques.
Odette Tomescu, diplômée de l'université de Bucarest et de l'université de Montréal, travaille sur les questions de démocratisation et de sécurité en Europe centrale et orientale
ISBN: 978-2-7467-0939-3
par Anne-Marie Le Gloannec
L'Allemagne tient une place à part en Europe et dans le monde. L'héritage de la Seconde Guerre mondiale n'y est pas pour rien, tant ce legs a inhibé les ambitions d'un pays divisé pendant quarante ans. Réunifiée en 1989, l'Allemagne est devenue le plus grand pays de l'Union européenne et a retrouvé sa capitale, Berlin. Elle a pu, surtout, recommencer à penser le monde et à s'envisager elle-même comme nation. Aujourd'hui, elle se découvre une liberté d'action, une responsabilité, une ambition, que ses errements passés empêchent cependant d'assumer pleinement.
Car la volonté de rompre avec la responsabilité des "pères", caractéristique de la génération soixante-huit, perdure et n'est pas exempte de culpabilité. L'Allemagne combine vraie appréciation de sa valeur et doutes redoublés sur sa légitimité à l'exposer, à la faire valoir au reste du monde. Du coup, entre allégeance européenne, méfiance inédite envers l'allié américain, incertitudes sur les missions à confier à l'armée - la Bundeswehr - et conflit entre valeurs et pragmatisme à l'égard du géant russe, l'Allemagne réapprend la complexité d'un monde dont la guerre froide l'avait paradoxalement protégée.
ISBN: 978-2-7467-0888-4
2006
par Thérèse Delpech
L'Iran a engagé avec la communauté internationale une dangereuse partie de poker nucléaire. Téhéran n'entend pas céder aux injonctions lui intimant de cesser les activités dissimulées aux inspecteurs internationaux pendant dix-huit ans. Mais au printemps 2006, les connaissances acquises sur les activités iraniennes ne laissent plus planer de doute sur les ambitions militaires de Téhéran.
Chacun se trouve donc désormais au pied du mur. L'Iran tout d'abord, qui pense peut-être à tort pouvoir l'emporter dans une épreuve de force. Les Européens ensuite, qui doivent montrer que le multilatéralisme n'est pas une façon de remettre à toujours plus tard les décisions. La Russie, qui doit faire un choix clair en faveur de la non-prolifération. Quant aux États-Unis, il leur faudra adopter une politique qui réponde à la violation par l'Iran de ses engagements internationaux. Téhéran dispose certes d'une importante capacité de nuisance en Irak, au Liban, et sur le marché du pétrole. Mais qu'en serait-il si Téhéran avait en outre l'arme nucléaire? Telle est la question. Une analyse édifiante qui pose la question de la stabilité mondiale.
ISBN : 978-2-7467-0757-8
par Marlène Laruelle et Sébastien Peyrouse
1991 : cinq républiques - le Kazakhstan, le Kirghizstan, l'Ouzbékistan, le Tadjikistan et le Turkménistan - accèdent à l'indépendance lors de l'effondrement de l'Union soviétique. Le moment est historique et rompt avec des décennies de tutelle tsariste puis soviétique. Les cinq pays ne sont pourtant pas préparés à l'ampleur de ces bouleversements : les amarres rompues avec Moscou et la manne financière désormais tarie engendrent de multiples complications que seul un pouvoir renforcé semble parvenir à juguler, au mépris de tout processus démocratique.
Depuis le 11 septembre 2001, les pouvoirs locaux ont beau jeu de renforcer leur autoritarisme laïque, présenté comme l'unique remède susceptible de faire barrage à l'islam radical. Cet alibi est d'autant plus efficace que l'héritage soviétique inspire encore largement les relations entre État et société.
Au printemps 2005, la "révolution des tulipes" au Kirghizstan a semblé ouvrir de nouveau le jeu politique. Les rendez-vous électoraux que les pays de la région ont pris avec leurs citoyens en 2006 et 2007, malgré les multiples esquives et diversions des pouvoirs en place, pourraient peut-être, eux aussi, annoncer une nouvelle phase de sortie du système post-soviétique, plus ou moins turbulente suivant les situations politiques, économiques et sociales de chacun de ces jeunes États.
Marlène Laruelle, docteur de l'lnalco (Institut national des langues et civilisations orientales), travaille sur les identités nationales et les idéologies nationalistes dans l'espace post-soviétique.
Sébastien Peyrouse, docteur de l'lnalco, travaille sur les rapports entre politique et religion et sur la question des minorités nationales en Asie centrale.
ISBN : 978-2-7467-0802-7
2005
sous la direction de Jacques Leruez
Durement frappée par les attentats de Londres en juillet 2005, la Grande-Bretagne continue de jouer sur tous les tableaux : héritière d'un vaste Empire, elle garde des relations privilégiées avec nombre de pays émergents grâce au "club" prestigieux que constitue le Commonwealth ; "anglo-saxonne" au sens (péjoratif) où on l'entend en France, elle entretient une "relation spéciale" avec les États-Unis depuis Churchill au moins ; européenne décalée, elle n'en joue pas moins la carte de l'UE depuis trente ans ; plaque tournante de la finance internationale grâce à la City, Londres sera aussi ville olympique pour la troisième fois de son histoire en 2012 - un record!
Au cœur du système international, la Grande-Bretagne a un message pour le monde : Tony Blair milite pour sauver un continent africain en perdition, il s'allie à George Bush pour vaincre Ben Laden et "libérer" l'Irak, il part enfin à la conquête de l'Europe avec un programme libéral aux antipodes du projet français. Premier chef de gouvernement travailliste à entamer un troisième mandat, Blair a les moyens de rallier à ses vues une Europe frappée d'anomie. L'axe franco-allemand devra alors se résigner à une nouvelle équation transatlantique.
ISBN : 978-2-7467-0667-9
par Javier Santiso
Depuis une vingtaine d'années, l'Amérique latine, jusque-là livrée aux convulsions idéologiques les plus opposées, change en profondeur en inventant un chemin qui lui est propre: un chemin pragmatique. L'analyse brillante de Javier Santiso, argumentée, vive et serrée, fait le point sur le sous-continent appelé, après la Chine, à un rôle majeur sur la scène internationale.
ISBN: 978-2-7467-0701-2
par Anne Le Huérou, Aude Merlin, Amandine Regamey et Silvia Serrano
En décembre 1994 éclatait la première guerre de Tchétchénie. Dix ans après, la guerre, qui a repris en 1999 après une trêve de trois ans, se poursuit dans une quasi-indifférence internationale. Seules des actions terroristes réveillent un temps l'attention médiatique. Surtout, c'est désormais l'angle de l'islamisme qui se voit privilégié, au détriment d'une lecture plus précise de ce conflit. Car pour comprendre les racines profondes des deux guerres successives, il faut saisir l'importance historique de la conquête coloniale russe, puis de la domination soviétique dans les relations entre la Tchétchénie et la Russie. C'est de ce passé qu'est issue la revendication d'une indépendance tchétchène et dans ce passé qu'on doit chercher à comprendre la nature et les évolutions de l'islam tchétchène dont les liens avec Al Qaida sont très largement surestimés, si toutefois ils existent. Au fond, le drame de cette guerre réside bien dans le huis clos étouffant où se trouvent réunis Tchétchènes et Russes, avec leur histoire et leurs relations singulières. Un vase clos qui rend d'autant plus douteuse la rhétorique de Vladimir Poutine consistant à faire de la Tchétchénie un front de lutte contre le terrorisme islamiste mondialisé, pour rester maître chez lui.
Anne Le Huérou est sociologue, doctorante associée au CADIS (EHESS/CNRS). Spécialiste de la Russie, elle travaille notamment sur les répercussions du conflit tchétchène sur la société russe.
Aude Merlin, doctorante à l'IEP de Paris, spécialiste du Nord-Caucase, a effectué depuis 1995 de nombreuses missions en Tchétchénie.
Amandine Regamey, docteure en sciences politiques de l'IEP de Paris, est spécialiste de la Russie et a travaillé pour des missions humanitaires dans le Nord-Caucase.
Silvia Serrano est titulaire d'un doctorat sur la Géorgie et spécialiste du Caucase. Elle est associée au Centre d'études du monde russe et soviétique (EHESS/CNRS).
ISBN : 978-2-7467-0560-5
par Bruno Tertrais
L'Amérique a choisi de reconduire l'administration Bush et a confirmé qu'elle était désormais, majoritairement, dans le camp républicain. Le monde - et l'Europe - doivent s'habituer à vivre avec une autre Amérique. Car nous savons maintenant qu'il n'y aura pas de "parenthèse Bush", mais bien une "ère Bush". Or le président réélu n'a pas l'intention de faire une pause ou de réorienter sa politique. D'où l'urgence de comprendre ce que les Américains ont dit lors des élections de novembre 2004, pourquoi ils l'ont dit et surtout pour quoi faire. Bruno Tertrais nous convie ici à comprendre l'Amérique telle qu'elle est, et non telle que nous souhaiterions la voir. L'administration et le Congrès issus des dernières élections ont un vrai projet révolutionnaire : à l'intérieur, mettre à bas les acquis culturels et sociaux des années 1960 et faire de l'Amérique une "société de propriétaires"; à l'extérieur, gagner la "guerre contre la terreur" et transformer durablement le monde, à commencer par le Moyen-Orient. En analysant en finesse l'évolution de la société américaine, en révélant les nouvelles combinaisons électorales, en nous présentant les hommes et les femmes clefs de la prochaine mandature, Bruno Tertrais dissèque les grands chantiers du second mandat de M. Bush. Il encourage l'Europe à accepter l'Amérique en tant que telle, et démontre pourquoi il est dans son intérêt de coopérer avec les États-Unis - sans pour autant renoncer à ce qu'elle est.
ISBN : 978-2-7467-0601-6
2004
par Maria Hsia Chang (Préface de Jean-Luc Domenach)
L'empire du Milieu a ses raisons que la raison occidentale ne sait pas toujours. En avril 1999, plus de 16 000 citoyens chinois manifestent sous les fenêtres du quartier général du Parti communiste chinois. Ce qu'ils souhaitent? La reconnaissance de leur existence et de leur option religieuse, qui est aussi une pratique : le Falungong. Emmenés par Li Hongzhi, les adeptes du Falungong, secte spirituelle issue du Qijong (une pratique ancestrale de la gestion des énergies) n'ont à l'origine aucune ambition politique. Mais le PCC, obsédé de pérennité et de stabilité autoritaires, croit revivre le Printemps de Pékin de 1989. La répression commence puis se développe crescendo. Maria Hsia Chang a enquêté avec acharnement sur cette secte au fouillis mystique patent mais qui renvoie aussi à l'intrication classique du politique et du religieux en Chine, pour montrer en quoi cette traînée de poudre spirituelle en dit long sur l'évolution du pouvoir chinois. Jean-Luc Domenach, éminent spécialiste de la Chine, déploie pour nous les conséquences politiques d'une telle éclosion religieuse car au fond, ne sont-ce pas des idéaux propres à cimenter des solidarités modernes qui s'expriment dans le Falungong, remettant puissamment en question le PCC?
Maria Hsia Chang est professeur de sciences politiques. Elle a quitté Hong Kong, où elle est née, pour obtenir le titre de docteur en sciences politiques de l'Université de Berkeley, en Californie.
ISBN : 978-2-7467-0437-4
sous la direction de Patrick Michel
La Pologne, la République tchèque, la Slovaquie, la Hongrie adhèrent à l'Union européenne en cette année 2004. La Roumanie et la Bulgarie y sont candidates. Pour ces pays, issus de l'ancien bloc soviétique, se pose avec une acuité toute particulière, en plus des questions liées à l'économie, aux critères de convergence, à la nécessité de réformes institutionnelles, celle de la reconstruction d'imaginaires. Hier modelés par le communisme, aujourd'hui confrontés au passage rapide d'un monde fermé à un monde ouvert, comment les pays de l'Europe centrale recomposent-ils leurs repères, leurs normes et leurs valeurs ? Comment se ré-inventent-ils ? Rebaptiser une rue, abattre ou ériger des monuments, ré-enterrer les morts... autant d'indices permettant de mettre à jour la refonte d'une identité, le work in progress d'une psychologie collective, la cartographie d'un paysage mental et affectif. Des spécialistes des pays concernés nous racontent ici, dans un ouvrage clair, synthétique et vivant, le bouillonnement des symboles, l'effervescence des appartenances et la mélancolie du réel lorsque des évolutions aussi diverses que contradictoires bâtissent en déconstruisant.
ISBN : 978-2-7467-0502-8
par Christian Lequesne et Jacques Rupnik
L'Union européenne se prépare à assumer une grande vague d'élargissement dès l'année 2004. De quinze, elle passera à vingt-cinq membres, changeant par là de forme et de nature. Jusqu'où cette nouvelle Europe est-elle susceptible de s'étendre ? Les Français ne paraissent pas s'intéresser vraiment à la question. Le défi, pourtant, est de taille, en particuler face aux Etats-Unis et à la Russie !
Mais l'Europe, en s'élargissant, ne change pas seulement vis-à-vis du reste du monde : elle doit se modifier en profondeur, tout à la fois pour accueillir les nouveaux venus, rendre viable l'ensemble qu'elle constitue et créer une Constitution commune, une manière de vivre ensemble. Toutes choses indispensables, si elle ambitionne d'être davantage qu'une simple zone de libre-échange.
C'est ce que montrent avec talent Christian Lequesne et Jacques Rupnik. En recensant les problèmes, en récapitulant les similitudes et les divergences, en rappelant les querelles, en soulignant les intérêts et en pointant les ambitions, ils ouvrent grand la discussion européenne.
ISBN : 978-2-7467-0703-9
par Gilles Favarel-Garrigues et Kathy Rousselet
Après une décennie de changements qui ont bouleversé les hiérarchies sociales et renforcé les inégalités, nombreux sont ceux qui aspirent en Russie à l'ordre et à la stabilité, les uns pour améliorer leurs conditions de vie, les autres pour sécuriser leurs gains.
Dans cet ouvrage remarquablement informé, deux chercheurs du Centre d'études et de recherches internationales (CERI) montrent que la volonté affirmée par Vladimir Poutine de restaurer l'autorité de l'Etat fait écho à certaines de ces attentes. Soucieux depuis sa première élection en 2000 de monopoliser le pouvoir, le président russe a cherché à promouvoir d'ambitieuses réformes tout en recourant à la "dictature de la loi" pour neutraliser ses adversaires.
Son deuxième mandat montrera si ce projet est destiné à servir l'intérêt général, ou si les convergences observées reposaient sur un malentendu.
ISBN : 978-2-7467-0486-2
2003
sous la direction de Marie Mendras
Quand les réformes n'avancent pas et que le niveau de vie reste bas, quand la corruption se développe, il est facile d'accuser les bureaucraties de tous les maux. Le président Poutine lui-même les juge trop nombreuses, inefficaces, réactionnaires, corrompues et prône une politique de "débureaucratisation".
L'enquête menée dans ce livre renverse ce lieu commun du blocage bureaucratique et montre comment les administrations russes ont accompagné les transformations des quinze dernières années.
En s'adaptant étonnamment bien aux nouvelles conditions capitalistes, en nouant des ententes avec les oligarques et les entreprises, elles ont assuré la continuité d'un Etat fédéral très affaibli, maintenu une sécurité sociale minimale et permis aux populations d'éviter une plus grande déstabilisation.
Bien sûr, la corruption accompagne l'adaptation, car la Russie n'est pas un Etat de droit. Les fonctionnaires profitent de leur pouvoir pour imposer leurs propres règles et sont plus prompts à servir leurs intérêts qu'à servir l'Etat. On ne craint guère les sanctions politiques, économiques ou judiciaires. Les principes démocratiques n'ont pas transformé en profondeur les comportements et le simple citoyen reste plus spectateur qu'acteur dans la vie publique.
ISBN : 978-2-7467-0380-7
par Pierre Hassner et Justin Vaisse
Où va l'Amérique ? Au moment où son emprise sur le monde semble s'étendre chaque jour davantage, le bouillonnement d'idées qui préside à sa politique étrangère est plus dense que jamais. Rien ne serait plus faux que d'imaginer un Washington monolithique ou même trop sommairement écartelé entre "colombes" et "faucons". En réalité, le débat d'idées fait rage, entre les néo impérialistes, les multilatéralistes, les isolationnistes, les wilsoniens, les néo conservateurs... Et l'avenir du système international dépend largement de l'issue de ce débat. Pierre Hassner et Justin Vaïsse offrent ici un formidable outil de déchiffrage de ces débats sur la politique étrangère des États Unis, en présentant de nombreux extraits des textes américains les plus influents, replacés dans leur contexte et commentés. Ce livre dévoile les lieux virtuels ou réels où le débat progresse, Washington bien sûr, mais aussi les institutions où les spécialistes forgent leur vision, les écoles et courants de pensée qui permettent de les classer. Une véritable cartographie du paysage intellectuel... À quoi ressemble le monde vu de Washington ? La question de l'empire américain est-elle une réalité ou un mirage ? Une chance ou un péril ? Que deviennent les relations avec les grandes puissances? Qu'en est-il de la question de l'éthique dans la politique étrangère ? En quoi le concept de "guerre contre le terrorisme" change-t-il la donne ? Sont retracées aussi, et enfin, bien entendu, les relations changeantes avec l'Europe et avec la France , meilleure alliée de l'Amérique, et qui semble pourtant de plus en plus lointaine en ces temps conflictuels.
ISBN : 978-2-7467-0376-9
2002
par Mariam Abou Zahab et Olivier Roy
L'organisation al-Qaida n'a pu atteindre toute sa capacité de nuisance que parce qu'elle a trouvé un sanctuaire en Afghanistan, où Ben Laden s'est définitivement installé en 1996. Pourquoi ce sanctuaire n'a-t-il pas été attaqué avant 2001, et en particulier après les attentats d'août 1998 contre les ambassades américaines en Afrique de l'Est ? D'abord parce que les taliban faisaient partie de tout un réseau islamique radical régional, dont le véritable centre était le Pakistan. Al-Qaida, taliban, déobandis pakistanais, Mouvement islamique d'Ouzbékistan c'est toute une région qui servait en fait de base aux terroristes. Quelle est l'histoire de cette mouvance ? Comment, alors qu'ils ont chacun leur trajectoire propre et leurs divergences doctrinales, ces mouvements se sont-ils coordonnés peu à peu contre un seul ennemi, les États-Unis d'Amérique ? C'est l'objet de ce livre qui étudie aussi la dialectique entre l'internationalisation des réseaux islamiques et leur implantation locale dans des groupes ethniques parfois étroits. L'après 11 septembre marquera-t-il la revanche du local sur le global et le retour de l'État, notamment au Pakistan, l'un des pays où se joue l'avenir de l'islamisme ?
ISBN : 978-2-7467-0239-8
par Jean-Luc Racine
Moins médiatisée que le conflit israélo-palestinien mais, comme lui, vieille de plus de cinquante ans, l'inextricable question du Cachemire sort de l'ombre. Le royaume à la population en majorité musulmane - qu'un maharadjah hindou rattacha à l'Inde en 1947 pour échapper à l'emprise pakistanaise - est devenu le coeur du triangle nucléaire de l'Asie. La ligne de contrôle qui le tranche demeure, après quatre guerres, ligne de front. Le régime militaire pakistanais a fait volte-face après le 11 septembre, en interdisant le passage au Cachemire indien des islamistes aux méthodes terroristes que les services secrets d'Islamabad soutenaient jusque-là. Ces hérauts du jihad n'en poursuivent pas moins leur stratégie de déstabilisation qui dresse les armées face à face, au risque d'un nouvel embrasement. Reste le coeur du problème le sort des Cachemiris. Ni l'insurrection indépendantiste, ni la répression indienne, ni la surenchère islamiste n'ont, après des dizaines de milliers de morts, permis d'espérer une solution. Les conceptions antagonistes de la nation et du bon droit que véhiculent l'Inde et le Pakistan, le choc des ambitions stratégiques, les manoeuvres des pouvoirs rendent le dialogue indo-pakistanais très aléatoire, tandis que les Cachemiris sont trop divisés pour se faire entendre. Derrière la tragédie du Cachemire se profilent moins le choc des civilisations que le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes face aux États post-coloniaux, le déficit démocratique dans la gestion des identités, les réseaux terroristes, le concept de guerre limitée sous parapluie nucléaire, l'attentisme des puissances, la faiblesse de l'ONU. Grandes questions qui illustrent les incertitudes de l'ordre mondial contemporain.
ISBN : 978-2-7467-0285-1