Anne Le Huérou, université Paris Nanterre, ISP
Silvia Serrano, université Paris Sorbonne, Eur’Orbem
L’évocation de l’islam en Tchétchénie est généralement associée à deux tendances. D’une part, il constitue un élément de mobilisation pour la rébellion qui s’est affirmée dès les années 1990 et a culminé avec la création d’un Emirat du Caucase, suivie d’un ralliement à l’Etat islamique de la plupart des groupes insurgés de Tchétchénie et des républiques voisines du Caucase du Nord. D’autre part, Ramzan Kadyrov, qui dirige la République de Tchétchénie depuis 2006, utilise l’islam comme un élément de légitimation de son pouvoir personnel.
Observatoire International du Religieux
L’élection présidentielle du 15 octobre 2017 au Kirghizstan est perçue comme un test important pour évaluer la solidité d’une transition démocratique unique à l’échelle des républiques d’Asie centrale, caractérisées par l’autoritarisme. Le président sortant, Almazbek Atambaev, arrivé au pouvoir suite à la révolution de 2010, ne peut pas se représenter, car la constitution impose un mandat unique de six ans. La gestion du fait religieux a représenté l’un des axes majeurs de sa présidence.
Marie Miran, maître de conférence à l’EHESS
Prélude : données géo-démographiques
La Côte d’Ivoire est un pays pluriconfessionnel : 42% de musulmans, 34% de chrétiens et une proportion non négligeable d’animistes. 72% des non-nationaux, représentant 24,2% de la population résidente, sont musulmans. A la fin du 19e siècle, la présence de l’islam était limitée au nord soudano-sahélien, alors majoritairement animiste.
Amandine Barb, Chercheuse post-doctorale
Si Donald Trump applique à la lettre ses promesses de campagne relatives aux rapports entre l'État et la religion, il est probable qu'il ne restera plus, dans quatre ans, que quelques pans du fameux « mur de séparation » cher à Thomas Jefferson et qu'est censé garantir le Premier Amendement à la Constitution. Adopté en 1791, celui-ci prévoit que « le Congrès ne pourra faire aucune loi concernant l'établissement d'une religion (clause d'Établissement) ou interdisant son libre exercice (clause de libre exercice) ».
Pierre-Jean Luizard, Directeur de recherche CNRS
Mossoul connaîtra-t-elle le sort tragique d’Alep ? Dans les deux cas, nous assistons à la tentative de reconquête de la seconde ville de chacun des deux pays par des gouvernements qui proclament lutter contre le « terrorisme » et agir pour restaurer la souveraineté de l’Etat. Car en Irak comme en Syrie, l’Etat a cédé la place à une conception communautaire du territoire.
Durant la phase de jeunesse d'Israël (1948-1967), l'Etat, alors dominé par la gauche sioniste, mit en œuvre une politique d'intégration vigoureuse des nouveaux immigrants qui venaient pour l'essentiel d'Europe orientale et des pays d'islam. L'Etat fut l'agent central de construction de la nation juive reterritorialisée, mais sous les auspices d'un patriotisme séculier. La guerre des Six jours (juin 1967) constitua un tournant : en permettant un contact renouvelé avec certains hauts lieux du judaïsme (Jérusalem, Cisjordanie), elle fait émerger un nationalisme religieux qui voit dans le développement de la présence juive un impératif religieux indiscutable. Ce nationalisme religieux n'a pas épargné certains cercles ultra-orthodoxes et, surtout, les milieux traditionnalistes sépharades. Cette valorisation forte de la judéité de l’Etat ouvre la voie à une relativisation de la démocratie, la loi religieuse étant censée être supérieure à la loi civile.
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