Les tensions entre sunnites et chiites relèvent-elles d’une dynamique unique ou bien au contraire de l’agrégation de processus locaux créant a posteriori un effet d’ensemble ? Elles sont en réalité au confluent de dynamiques régionales et locales. On observe en effet que les identités confessionnelles sunnite et chiite sont incarnées dans des Etats, notamment l’Arabie Saoudite et l’Iran, qui s’en servent comme outil d’influence à l’extérieur de leurs frontières. Leur action s’articule cependant aux dynamiques locales de la structuration des relations inter-confessionnelles, liée à des facteurs historiques, sociaux et politiques spécifiques.
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L’Arabie Saoudite a la particularité d’être un Etat prosélyte, au sein duquel des milliards de dollars ont servi – et servent toujours – à alimenter une entreprise missionnaire à destination des pays musulmans comme non-musulmans. Quels en sont les acteurs et comment ce prosélytisme s’inscrit-il dans les rapports de pouvoir en Arabie même ? Quel islam les Saoudiens exportent-ils précisément ? Le processus de « salafisation » de l’islam sunnite auquel on assiste depuis plusieurs décennies est-il seulement le résultat de l’action saoudienne ? Enfin, quel contrôle les Saoudiens continuent-ils aujourd’hui d’exercer sur le prosélytisme salafiste ?
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Le mot même de « minorité » s'est imposé dans le vocabulaire politique dans l'entre-deux guerres. Son surgissement est lié à la mise en place des Etats-nations. La fin du XIXe siècle a vu la montée de la conscience nationale et de l'ethnicisation des groupes religieux dans l'Empire ottoman, avec le début de violences intercommunautaires qui ont atteint leur paroxysme pendant le premier conflit mondial. A la fin de celui-ci, les chrétiens sont devenus minoritaires dans les nouveaux Etats dessinés au Proche-Orient. Ils ont cependant pu y trouver leur place tant que la nation y faisait l’objet d’une définition culturelle et géographique. Toutefois, les chrétiens ont très tôt été marginalisés et menacés par la référence à l’islam.
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Issu de l’islam politique, Recep Tayyip Erdoğan s’est considérablement éloigné de l’idéologie des Frères musulmans dès son arrivée au pouvoir et a entrepris des réformes qui ont fait de la Turquie un « pays modèle » où islam et démocratie semblaient parfaitement coexister. Ainsi, jusqu’en 2011, l’action du gouvernement était guidée par les principes de dialogue et de démocratie. Pourtant, enivré par ses successives victoires électorales et piégé par la crise syrienne dans laquelle le pays s’est enlisé, le pouvoir a vite oublié la démocratie pour promouvoir une « nouvelle Turquie » où islamisme et nationalisme font bon ménage.
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Commentaire de Laurence Louër
Sunnites et chiites partagent plusieurs lieux saints : La Mecque, Médine et Jérusalem. Le pèlerinage à La Mecque, en particulier, fait partie des obligations communes aux deux courants de l'islam. Les chiites ont par ailleurs des lieux saints spécifiques. Ce sont les lieux d'inhumation des imams ou de leurs parents sur lesquels ils effectuent des pèlerinages. Les principaux sont situés en Irak (notamment dans les villes de Najaf et Karbala) et en Iran.
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Commentaire de Laurent Bonnefoy
L'histoire du mouvement dit djihadiste s'est structurée dans le sillage du combat contre l'occupant soviétique en Afghanistan au cours des années 1980. Sa transnationalisation s'est ensuite opérée par le truchement d'Al-Qaïda qui a contribué à transformer le mouvement en une nouvelle menace à l’origine d’une recomposition des relations internationales. La territorialisation du mouvement par le biais de l'Etat islamique en Irak et en Syrie au début de la décennie 2010 a souligné les impasses de la « guerre mondiale contre le terrorisme » et induit un accroissement significatif de la violence tant dans les sociétés à majorité musulmane qu'en Europe et en Amérique du Nord.
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Commentaire de Valentine Zuber
Les déclarations islamiques des droits de l’homme émanent essentiellement de groupements régionaux d’Etats qui ont obtenu le statut d’observateur (pour la Ligue des Etats arabes) et/ou entretiennent une délégation permanente auprès de l’ONU (pour l’Organisation de la Conférence islamique). Ils recouvrent des territoires géographiquement et politiquement très différents. La Ligue des Etats arabes, d’abord constituée dans la péninsule arabique à partir de 1945, a progressivement intégré les pays de langue arabe d’Afrique septentrionale. Quelques Etats non arabes y ont obtenu récemment le statut d’observateur. L’Organisation de la Conférence islamique (initialement de la Coopération islamique) a, dès sa création en 1969, eu une vocation délibérément moins régionale. Elle vise à rassembler bien, au-delà des seuls Etats arabes, tous les Etats dans lesquels l’islam est la religion dominante. Elle a de ce fait intégré un certain nombre de pays observateurs possédant d’importantes populations musulmanes, sans que celles-ci soient forcément majoritaires sur le territoire.
Ces deux organisations constituent une figure originale dans l’architecture des relations internationales, entre regroupements politiques régionaux et associations d’Etats, sur une base culturelle et religieuse. Les différentes déclarations des droits de l’homme en islam adoptées par ces groupements de pays ne sont pas reconnues par l’ONU comme répondant aux critères internationaux des droits de l’homme, en particulier en matière de liberté de religion et de conviction, qu’elles minorent toutes drastiquement.
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Commentaire de Christophe Jaffrelot
La part des élus musulmans parmi les députés de la chambre basse est passée de 9% à 4% entre 1980 et 2014 alors que la part des musulmans dans la population indienne est passée de 11% à 14,5% entre 1981 et 2011. La surreprésentation des musulmans dans les prisons indiennes est particulièrement importante au Bengale occidental, au Maharashtra et en Uttar Pradesh.
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