Intervention de Alain Dieckhoff (CERI) lors du colloque annuel de l’Association française de sciences sociales des religions (AFSR), "Partis Politiques et Religions (XXe-XXIe siècles)", organisé par Myriam Aït-Aoudia (Centre Émile Durkheim – Sciences Po Bordeaux), Philippe Portier (GSRL – EPHE), Yann Raison du Cleuziou (Centre Émile Durkheim – Université de Bordeaux) - 6 février 2017
Ce chapitre s’attache, à partir du cas français, à revenir, à la diversité et à la pluralité des judaïsmes à travers le monde. Aujourd’hui, le judaïsme ne se décline plus seulement comme une « religion », mais aussi comme une culture, l’ensemble des valeurs d’un groupe, une aspiration nationale, un mode de vie. Soixante-dix ans après la Shoah, la multiplicité des groupes qui s’en réclament témoigne de la vitalité du judaïsme.
Allouche-Benayoun Joëlle, « Introduction aux judaïsmes » et « Le judaïsme libéral », dans Anne-Laure Zwilling, Joëlle Allouche-Benayoun, Rita Hermont-Belot et Lionel Obadia (dir.), Panorama des minorités religieuses en France, Presses universitaires de Strasbourg, à paraître en décembre 2017.
Allouche-Benayoun Joëlle, « Women’s Rights and Reformed Judaism in France: Bat Mitswa as a Gaupe to Woman Status in Judaïsm », dans Michaela Moravcikova (ed.), Women and Religion, Bratislava, UVSC, 2007, p. 9-48.
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Greilsammer Ilan, Israël : les hommes en noir. Essai sur les partis ultra-orthodoxes, Paris, Presses de Sciences Po, 1991.
Haïat Pierre et Farhi Daniel, Anthologie du judaïsme libéral : 70 textes fondamentaux, Paroles et Silences, 2007.
Krygier Rivon, À la limite de Dieu : l’énigme de l’omniscience divine et du libre arbitre humain dans la pensée juive, Paris, Publisud, 1998.
Krygier Rivon (dir.), La Loi juive à l’aube du XXIe siècle, Paris, Biblieurope, 1999.
Lenglet-Ajchenbaum Jocelyne et Ajchenbaum Yves, Les Judaïsmes, Paris, Gallimard, coll. « Folio actuel », 2000.
Lupo Yaacov, Métamorphose ultra-orthodoxe chez les juifs du Maroc. Comment les séfarades sont devenus ashkénazes, Paris, L’Harmattan, 2006.
Obadia Lionel, Shalom Bouddha ! Judaïsme et bouddhisme, une rencontre inattendue, Paris, Berg international, 2015.
Podselver Laurence, Fragmentation et recomposition du judaïsme. Le cas français, Genève, Labor et Fides, 2004.
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Traverso Enzo, La Fin de la modernité juive. Histoire d’un tournant conservateur, Paris, La Découverte, 2016.
Vana Liliane, « Habad-Loubavitch », dans Anne-Laure Zwilling, Joëlle Allouche-Benayoun, Rita Hermont-Belot et Lionel Obadia (dir.),Panorama des minorités religieuses en France, Presses universitaires de Strasbourg, à paraître en décembre 2017.
Durant la phase de jeunesse d'Israël (1948-1967), l'Etat, alors dominé par la gauche sioniste, mit en œuvre une politique d'intégration vigoureuse des nouveaux immigrants qui venaient pour l'essentiel d'Europe orientale et des pays d'islam. L'Etat fut l'agent central de construction de la nation juive reterritorialisée, mais sous les auspices d'un patriotisme séculier. La guerre des Six jours (juin 1967) constitua un tournant : en permettant un contact renouvelé avec certains hauts lieux du judaïsme (Jérusalem, Cisjordanie), elle fait émerger un nationalisme religieux qui voit dans le développement de la présence juive un impératif religieux indiscutable. Ce nationalisme religieux n'a pas épargné certains cercles ultra-orthodoxes et, surtout, les milieux traditionnalistes sépharades. Cette valorisation forte de la judéité de l’Etat ouvre la voie à une relativisation de la démocratie, la loi religieuse étant censée être supérieure à la loi civile.
Dieckhoff Alain, « Nationalisme d’État et intégrisme nationaliste : le cas d’Israël », dans Pierre Birnbaum (dir.), Sociologie des nationalismes, Paris, PUF, 1997, p. 145-162.
Dieckhoff Alain, Le Conflit israélo-arabe, Paris, Armand Colin, 2017.
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Friedman Robert, Zealots for Zion. Inside Israel’s West Bank Settlement Movement, New York (N. Y.), Random House, 1992.
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Commentaire de Alain Dieckhoff
Il existe une forte corrélation entre le degré de religiosité et l'importance attachée à la dimension démocratique et juive de l'Etat d'Israël. Les Israéliens défendant une version intégraliste du judaïsme sont les moins attachés à la démocratie, les Israéliens les plus laïcisés sont les moins portés à préserver la judéité de l'Etat. Sur le temps long, le clivage relatif à la vision du devenir d'Israël a tendance à se renforcer. Le nombre de ceux qui promeuvent l'identité duale d'Israël comme Etat juif et démocratique diminue au profit d’une part de ceux, laïcs, qui entendent affirmer son caractère démocratique et d’autre part, de ceux, religieux, qui veulent au contraire renforcer la judéité de l'Etat.