L’Afrique subsaharienne se caractérise par un pluralisme religieux qui, bien que variable selon les Etats, tend partout à se renforcer. La fragmentation de l’offre, la mobilité des acteurs et la dérégulation des champs religieux favorisent une proximité et une cohabitation souvent inédites des cultes, notamment chrétiens et musulmans, démultipliant les possibilités d’interactions et avivant les rivalités. Quels visages emprunte cette compétition religieuse au quotidien ? Comment façonne-t-elle les relations qui se nouent d’une part entre les acteurs religieux et d’autre part entre ceux-ci et le politique ?
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Fath Sébastien et Mayrargue Cédric, « Les nouveaux christianismes en Afrique », Afrique contemporaine, 252, 2014, p. 13-25.
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Lasseur Maud et Mayrargue, Cédric, « Le religieux dans la pluralisation contemporaine. Éclatement et concurrence », Politique africaine, 123, 2011, p. 5-25.
Lasseur Maud, « Le pluralisme religieux dans la production des villes ouest-africaines », Géoconfluences, 2016.
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Strandsbjerg Camilla, Religion et transformations politiques au Bénin. Les spectres du pouvoir, Paris, Karthala, 2015.
Sciences Po Bordeaux, Les Afriques dans le monde (LAM), CNRS.
Cédric Mayrargue est chercheur associé au LAM (Les Afriques dans le monde, CNRS-Sciences Po Bordeaux). Docteur en science politique, il a enseigné notamment à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et à Sciences Po Bordeaux. Ses recherches ont porté sur la sociologie des recompositions religieuses et la sociologie politique du religieux en Afrique subsaharienne. Il a notamment développé des analyses de l’expansion de l’évangélisme et du pentecôtisme avant de s’intéresser à la nature et aux effets de la pluralisation religieuse contemporaine. Il a récemment codirigé deux dossiers consacrés à la pluralisation religieuse de l’Afrique (Politique africaine, n°123) et aux formes actuelles de christianisme en Afrique (Afrique contemporaine, n°252).
- (dir. avec Sébastien Fath), Les nouveaux christianismes en Afrique, Afrique contemporaine, n° 252, 2014.
- « Les christianismes contemporains au Bénin au défi de la pluralisation. Dynamiques d'expansion et porosité religieuse », Afrique contemporaine, n° 252, 4/2014, pp. 91-108.
- Avec Maud Lasseur, « Le religieux dans la pluralisation contemporaine. Eclatement et concurrence », Politique africaine, n° 123, 2011, pp. 5-25.
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Commentaire de Cédric Mayrargue
L’Afrique subsaharienne connaît un processus particulièrement rapide d’accroissement urbain. Le taux d’urbanisation y est estimé à près de 40% et il devrait y avoir autant de citadins que de ruraux d’ici 2035, avec des villes plus densément peuplées (la majorité des citadins résident désormais dans des cités de plus de 300 000 habitants). Des métropoles émergent ou se renforcent sous l’effet de migrations provenant désormais de vastes aires régionales. Ces espaces urbains, à l’image de Lagos, d’Abidjan, de Kinshasa ou de Nairobi, jouent un rôle central dans la reconfiguration du religieux. En agrégeant de fait des populations parfois diverses sur le plan confessionnel, ces métropoles permettent un voisinage religieux renouvelé. Surtout, par leur ouverture et leur porosité aux échanges, elles constituent des portes d’entrée pour de nouvelles offres religieuses transnationales tout en étant des lieux centraux de production et d’innovation religieuses, ensuite diffusées sur de plus vastes territoires.
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Commentaire de Cédric Mayrargue
La cartographie de la diversité religieuse en Afrique offre une vision totalement renouvelée des dynamiques religieuses contemporaines par rapport aux représentations usuelles, qui tendent mécaniquement à distinguer des zones largement islamisées et des espaces fortement christianisés. La distinction entre des espaces marqués chacun par une plus ou moins profonde diversité religieuse est portant tout aussi signifiante. Emerge ainsi la vision d’une Afrique travaillée par la pluralité religieuse, à des degrés très divers en fonction des Etats, mais parfois très prononcée (c’est le cas d’une partie importante de l’Afrique de l’Ouest ainsi que de l’Afrique de l’Est notamment). Une lecture transversale est ainsi possible, en complément d’une approche par confession religieuse. L'indice de diversité religieuse élaboré par le Pew Research Center ne prend cependant pas en compte la diversité interne aux grandes familles religieuses (particulièrement forte, par exemple, dans le monde chrétien), qui accentue encore sur le terrain cette tendance à la pluralisation.