Colloque 2013
- Conférence international sur la silicose, Johannesburg, du 27 au 30 août 1930
- Retour sur la conférence de Johannesburg à Paris, septembre 2013
De la silicose aux risques de la silice : une expérience en médecine, histoire et sciences sociales - Colloque SILICOSIS des 24 et 25 septembre 2013
Là où tout a commencé : Johannesburg, 1930
La définition médicale officielle de la silicose a été établie en 1930 lors d’une conférence internationale qui s’est tenue à Johannesburg à l’initiative du Bureau International du Travail (BIT) et des grandes compagnies minières sud-africaines du Rand. Les participants à cette conférence étaient à la fois des représentants de gouvernements, de l’industrie minière et des experts médicaux (eux-mêmes souvent liés aux intérêts industriels ou choisis par les industriels comme experts dans les domaines traités).
Les facteurs économiques jouèrent un rôle majeur dans les débats et les conclusions de cette conférence. Loin d’une "pure scientificité", la conférence a ainsi produit un savoir tronqué et une définition délibérément minimaliste de la silicose, modelée de façon à limiter les demandes d’indemnisation et la responsabilité de l’employeur.
Cette rencontre de 1930 a également délibérément exclu de l’analyse certains modes d’exposition au risque, ainsi que certaines activités professionnelles et certains types d’environnements, poussant ainsi à ignorer un large éventail de maladies autres que la silicose et potentiellement suspectes, pourtant, d’être provoquées par l’exposition à des poussières inorganiques. De nos jours, l’origine de nombre de ces maladies demeure controversée, mais des résultats de recherches cliniques et épidémiologiques désignent la silice cristalline comme possible agent causal.
Les conséquences de ce moment fondateur qu’a constitué la conférence de 1930 à Johannesburg se sont répercutées sur les décennies suivantes, en concourant notamment à la sous-estimation de la prévalence des cas de silicose et aux confusions diagnostiques entre silicose et tuberculose, maladie non-professionnelle pour cette dernière (et dégageant à ce titre tout à fait la potentielle responsabilité de l’employeur). Quatre-vingt-trois ans après la conférence de 1930, son héritage continue d’entraver certaines voies de découverte pour la recherche médicale.
Lire les actes de la conférence de Johannesburg :
- Introduction, pp. 1 to 102 (en anglais, PDF, 2Mo)
- Articles présentés lors de la conférence, pp. 103 à 383 (en anglais, PDF, 5,4Mo)
- Articles présentés lors de la conférence, Résolutions adoptées par la conférence internationale, pp. 384 à 690, (en anglais, PDF, 5,4Mo)
De Johannesburg, 1930 à Paris, 2013
De nouveaux développements dans les techniques d’investigation médicale et une conscience de plus en plus aiguë des limites qu’impose la définition de la silicose héritée de la conférence de 1930 et de ses suites invitent à revisiter ce berceau du savoir sur la silicose, en se questionnant en particulier à propos de son impact politique, social, médical et historique.
En septembre 2013, Sciences Po a accueilli un grand colloque international co-organisé par Paul-André Rosental, qui dirige le projet SILICOSIS, et David Rosner de l’École Mailman de Santé publique de l’Université Columbia de New York. Cette rencontre a été co-financée par SILICOSIS et le programme Alliance.
La conférence des 24 et 25 septembre 2013, intitulée « De la silicose aux risques de la silice : une expérience en médecine, histoire et sciences sociales », a constitué une expérience interdisciplinaire inédite réunissant des experts médicaux, des épidémiologistes, des spécialistes de santé publique, des historiens, sociologues, biologistes et physiciens, tous s’accordant à relire et repenser les débats de la conférence de 1930, en réinterrogeant les catégories diagnostiques et nosologiques qui en sont sorties et, par là même, les fondations mêmes du savoir médical actuel sur les risques liés à la silice cristalline.
Les participants sont, pour beaucoup d’entre eux, venus de loin : États-Unis, Afrique du Sud, Italie, Royaume-Uni, Belgique, Canada et France. Leur rencontre, ouvrant des pistes suggestives d’une discipline pour l’autre ou dans la perspective de travaux disciplinaires conjoints, a enclenché la mise en route de collaborations plus formelles et sur un plus long terme. Les présentations réalisées lors de la conférence donneront prochainement lieu à une publication collective.
Voir les vidéos (titres et interventions en anglais)
- Session 1, Silica hazards: historical and medical relevance - 24 septembre, 9h30-12h30. Intervenants: David Rosner (Columbia University), Paul-André Rosental (Sciences Po & INED), Keith Breckenridge (University of Witwatersrand)
- Session 2, Observations and measures: deconstructing and reconstructing knowledge - 24 septembre, 14h à 17h. Intervenants: Catherine Cavalin (Sciences Po & Centre d’études de l’emploi), Jean-François Sauvé (Université de Montréal), Jean-François Bernaudin (Université Pierre et Marie Curie-Paris 6 – Hôpital Tenon Paris)
- Session 3, Dusts and tissue : 1930-2013 and back - 25 septembre, 9h à 13h. Intervenants: Michel Vincent (Centre hospitalier St Joseph-St Luc, Lyon & Sciences Po), Paul Blanc (University of California San Francisco), Cécile Chemarin & Mickaël Catinon (Laboratoire de minéralopathologie du Centre hospitalier St Joseph-St Luc, Lyon), Marianne Kambouchner (Centre hospitalier universitaire Avicenne, Bobigny)
- Session 4, The ghosts of silicosis past: reverberations of the 1930 conference - 25 September, 14h à 17h30. Intervenants: Francesco Carnevale (Azienda Sanitaria di Firenze & Università di Firenze), Arthur McIvor (University of Strathclyde), Eric Geerkens (University of Liège)
- Session 5: Keynote speech, Silicosis elimination: opportunities and illusions, by Gregory Wagner, Senior Advisor to the Director of the National Institute for Occupational Safety and Health (NIOSH/CDC, Wahington D.C.) & Adjunct Professor of Environmental Health at Harvard School of Public Health.