ElipsSilice

ElipsSilice fournira des informations sur les conséquences sanitaires des expositions à des particules inorganiques, en insistant particulièrement sur les effets des expositions aux particules de silice cristalline, connues pour engendrer la silicose, maladie pulmonaire qui affecte les mineurs et des travailleurs dans de nombreux autres secteurs d'activité. À l'issue d'une longue et complexe histoire de négociations et d'améliorations dans les moyens techniques médicaux de détection des pathologies, la silicose a été reconnue comme maladie professionnelle dans divers pays, à des dates et sous des régimes de protection sociale (et donc d'indemnisation) très divers.

Des études médicales récentes suggèrent que les expositions à la silice sont bien plus étendues et diverses que la définition de la silicose héritée de l'entre-deux-guerres ne l'avait énoncé. Des expositions extra-professionnelles et réalisées par des voies non-aériennes seraient également en cause. À leur propos, des questions portant sur la causalité entre des expositions aux poussières inorganiques et une vaste série de maladies telles que la sarcoïdose, le lupus érythémateux disséminé ou encore la polyarthrite rhumatoïde sont aujourd'hui soulevées.

La recherche historique portant sur la reconnaissance et la définition médicale des maladies professionnelles vient soutenir ces pistes de recherche médicales et épidémiologiques en montrant comment, pour des raisons économiques, les observations médicales qui ont fondé la connaissance contemporaine des risques sanitaires occasionnés par des expositions à des particules inorganiques fines se sont focalisées quasi-exclusivement sur le secteur des mines et des industries extractives. Là se trouve le cœur des questions qui justifient la conduite de la recherche SILICOSIS, projet mené au Centre d'études européennes par une équipe pluridisciplinaire (médecine, histoire, sociologie, épidémiologie, statistique), dirigé par Paul-André Rosental et financé par le Conseil européen de la recherche (ERC) pour la période 2012-2017.

Les bases de données statistiques existantes ainsi que les instruments de veille sanitaire ne permettent pas une observation satisfaisante des phénomènes en cause (santé d'une part, expositions au travail ou environnementales d'autre part), à qui souhaite mesurer les effets sanitaires des expositions à des particules inorganiques. C'est pourquoi SILICOSIS propose une recherche innovante menée notamment sur la base d'un questionnaire dans lequel sont réunies à la fois des informations sur des pathologies suspectées d'être causées par des expositions à des "poussières", sur l'état de santé plus globalement considéré des personnes interrogées, ainsi que sur des expositions auxquelles celles-ci auraient pu être soumises (dans leur travail et en dehors de celui-ci) sur le cours entier de leur vie.

Grâce à l'Équipement d'excellence ELIPSS (Enquête longitudinale par Internet pour les sciences sociales) qu'anime le Centre de données sociopolitiques (CDSP) de Sciences Po, l'enquête ELIPSSilice offre à SILICOSIS l'opportunité d'élargir son terrain d'investigation. Elle permet en effet d'interroger un échantillon constitué d'un millier de personnes, représentatives de la population résidant en France et âgées de 18 à 75 ans (tirage de l'échantillon par l'INSEE dans le recensement en continu). ELIPSSilice apportera des éléments décisifs de calage statistique de phénomènes d'expositions statistiquement méconnus en population générale, tout en fournissant aussi des informations sur les corrélations entre ces expositions et l'état de santé des individus (avec de la prudence dans l'interprétation, bien évidemment, étant donné les limites de la taille de l'échantillon). ELIPSSilice renforce le caractère multidimensionnel et multicentrique des terrains de SILICOSIS, son questionnaire étant par exemple mobilisé aussi dans des études cas-témoins telles que MINASARC.

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