Un Congrès du PC décisif en Chine
Editorial publié le 2 novembre 2012, en partenariat avec Ouest France
Le XVIIIeCongrès du Parti communiste chinois, qui va se réunir dans les jours prochains, sera un épisode décisif. Cela, d'abord parce qu'il doit engager le renouvellement des directions du Parti, de l'État et même de l'armée, en remplaçant d'abord les deux « sortants » : le secrétaire général du Parti, Hu Jintao, et le Premier ministre, Wen Jiabao. Or la difficulté est grande car leurs remplaçants seront les premiers que Deng Xiaoping, le héros tutélaire n'aura pas nommés à l'avance.
De longues et difficiles négociations ont conduit à la sélection de deux personnages, le premier représentant la faction shanghaienne et le second les provinces de l'intérieur : Xi Jinping pour le Parti, Li Keqiang pour le gouvernement. Mais le compromis est si fragile que les élites chinoises vivent dans une atmosphère de roman policier depuis le début de l'année. L'élimination récente de Bo Xilai, sans doute le plus brillant des autres prétendants, a laissé de profondes traces, dans l'élite comme dans l'opinion publique, et les révélations du New York Times sur la fortune du Premier ministre ont enflammé la toile.
Les deux prétendants officiels sont des dirigeants solides et, apparemment, des personnalités plus affirmées que les précédents. Mais ils devront affronter d'emblée trois gros problèmes. Tout d'abord, le taux de croissance est descendu aux alentours de 7 % car les exportations se réduisent : la Chine devient trop chère et pâtit de la crise européenne. Or il faut absolument maintenir ce rythme et augmenter la consommation intérieure pour empêcher une crise sociale et politique de grande ampleur.
Deuxième problème, l'autoritarisme et la corruption des élites engendrent une grave faiblesse du système : la population ne pardonne rien aux autorités publiques. Celles-ci devraient réduire leurs faiblesses morales ainsi que leurs avantages financiers et réformer leur régime, mais elles ne le veulent ou ne le peuvent pas. Pour compenser ces faiblesses, on joue sur le patriotisme, la xénophobie anti-japonaise et une politique arrogante en Asie, dont le résultat entraîne une troisième difficulté : le retour en force de la diplomatie américaine dans la région. Actuellement, la flotte américaine mouille dans la base vietnamienne de Cam Ranh !
Après trente ans d'une croissance économique extraordinaire, les dirigeants chinois ne manquent pas de conseillers ni de moyens financiers et politiques pour s'attaquer à ces difficultés. Mais, il faudra d'abord que, lors du prochain Congrès, ils se montrent capables de dépasser les difficultés classiques des régimes communistes : le factionnalisme (division du Parti en petites unités) et les fausses solutions idéologiques. Il faudra aussi qu'ils entreprennent de moraliser une croissance économique efficace, certes, mais dont les effets sociaux sont parfois monstrueux et souvent contestés en Chine même.