Alexandre Gandil (Université Bordeaux Montaigne-D2iA et Sciences Po-CERI) et Françoise Mengin (Sciences Po-CERI)
Anne de Tinguy (Dir.)
Regards sur l’Eurasie. L’année politique est une publication annuelle du Centre de recherches internationales de Sciences Po (CERI) dirigée par Anne de Tinguy. Elle propose des clefs de compréhension des événements et des phénomènes qui marquent de leur empreinte les évolutions d’une région, l’espace postsoviétique, en profonde mutation depuis l’effondrement de l’Union soviétique en 1991. Forte d’une approche transversale qui ne prétend nullement à l’exhaustivité, elle vise à identifier les grands facteurs explicatifs, les dynamiques régionales et les enjeux sous-jacents.
Marc Nexon, avec la contribution de Stéphanie Balme
Jean-Philippe Béja
Un des phénomènes les plus frappants de l’histoire récente de la Chine est la trajectoire singulière d’une génération, celle qui est née dans les grandes métropoles entre la fin des années 1940 et le milieu des années 1950. Ses membres ont subi de plein fouet, pour le meilleur et pour le pire, l’ensemble des convulsions et des ruptures qu’a connues le pays depuis 1949, et occupent aujourd’hui les positions dominantes dans la plupart des domaines de la vie sociale. Malgré son importance, l’histoire de cette génération qui a en partie construit la Chine actuelle a fait l’objet de peu de travaux. Les récits de vie de sept de ses représentants constituent une source d’information qui permet de recueillir le point de vue de ces acteurs et de comprendre comment ils élaborent aujourd’hui un discours autour de leur expérience personnelle. L’analyse de ce discours permet de cerner l’interaction des trajectoires individuelles avec les événements et les déterminations sociales.
Alice Ekman
Depuis le retour au pouvoir du Kuomintang en 2008, Pékin a ajusté sa stratégie de communication à l’égard de Taiwan tout en gardant le même objectif de long terme : la réunification. Il s’agit d’une stratégie de rapprochement par la séduction plus que par la menace, qui promeut l’augmentation rapide des échanges entre populations chinoises et taiwanaises à tous les niveaux : étudiants, touristes, paysans, hommes d’affaires, universitaires, diplomates et militaires à la retraite, hommes politiques, etc. La multiplication des rencontres entre universitaires des deux rives constitue notamment de nouveaux canaux de communication dans le détroit, permettant à la fois de compenser l’absence de diplomatie formelle entre Pékin et Taipei et de rivaliser avec les liens de diplomatie informelle noués entre Taiwan et plusieurs de ses partenaires (Etats-Unis, Japon, principalement). Ces canaux de communication pourraient, à terme, conforter la stratégie de Pékin, qui continue à investir massivement dans leur développement, mais aussi se convertir en outil de prévention et de gestion de crise au cas où des tensions réapparaîtraient dans le détroit.
Ellennor Francisco
Jean-Pierre Cabestan
Jean-Philippe Béja
Brent Choi
Thomas Crampton
Li Cheng
Bill Fletcher
Xu Yufang
Hou Meng
Pasquale Pasquino, Stéphanie Balme
Stéphanie Balme
Erigée en « championne des Objectifs du millénaire pour le développement » de par sa contribution majeure au recul de l'effectif de population en situation de grande pauvreté dans le monde, la Chine est plus que jamais confrontée à d'importants défis sociaux : chômage, condition des migrants ruraux, application de standards minimaux de travail décent, mise en place d'un système de protection sociale couvrant l'ensemble de la population... Il y a trente ans, « permettre à quelques-uns de s'enrichir en premier » avait été encouragé dans l'espoir de créer un effet d'entraînement susceptible de produire les conditions d'une prospérité générale. Face à l'aggravation des inégalités, l'accent a été mis sur le rééquilibrage du modèle de développement chinois et la « construction d'une société harmonieuse », passant notamment par la mise en œuvre de nouvelles politiques sociales, voire par la collaboration entre les autorités locales et le « tiers secteur ».
Deux catégories de population pauvre existent en Chine : celle des zones rurales, la plus démunie et la plus vaste, et celle des villes, constituée principalement de migrants. Ceux-ci, paysans venus chercher du travail et une opportunité d'améliorer leurs conditions de vie en zone urbaine, représentent aujourd'hui entre un quart et un tiers de la population des grandes villes chinoises et près de 20% de la population totale du pays. Les différences de revenu et de mode de vie existent dans toutes les sociétés urbaines, développées ou en développement. Mais le cas chinois est particulièrement marquant pour deux raisons : l'ampleur du décalage et le nombre de personnes concernées. Les migrants constituent une part significative de la population active et vivent différemment des autres citadins. Avec eux émerge une nouvelle catégorie sociale qui n'existe nulle part ailleurs, résultat d'un exode rural massif dans le pays le plus peuplé du monde.
Benoît Martin, Atelier de cartographie de Sciences Po
Judith Audin
Malik Dzhanaliev
Zaki Laïdi
Jean-Luc Domenach, Xiaohong Xiao-Planes
Depuis trois décennies, les sources documentaires sur la « première Chine populaire », qui va de la fondation du nouveau régime en 1949 à la mort de Mao Zedong en 1976, se sont multipliées sans susciter d'attention particulière. Tout se passe comme si, aux yeux d'une majorité, l'histoire chinoise récente n'existait pas ou demeurait totalement compromise par les contrôles dont elle fait l'objet. Cette étude vise à mesurer, de façon aussi lucide et pondérée que possible, l'importance et l'intérêt de ces nouvelles sources. Pour cela, il faut d'abord rappeler très brièvement sur quelles sources se sont appuyées les études sur l'histoire politique chinoise − majoritairement issues des universités américaines − qui se sont imposées depuis les années cinquante.
Rémi Bourguignon, Solène Hazouard, Martine Le Boulaire
Ce rapport constitue le troisième volet1 d’une série d’études consacrées à l’implantation des entreprises occidentales en Chine, un pays qui représente un environnement des affaires atypique, entre exploit et danger. Son rythme de croissance effréné et ses équilibres sociaux, son contexte politique et social apparaissent comme autant de défis. Pour les entreprises occidentales, notamment, il n’est pas possible de s’en remettre à un transfert pur et simple des pratiques managériales. Le présent rapport s’efforce d’enrichir et de compléter les observations antérieures par la prise en compte d’une dimension comparative. Cinq nouvelles entreprises seront spécifiquement étudiées, deux d’origine française et trois d’origine allemande, portant ainsi notre panel global à près de trente cas d’entreprises.
Giulia Romano
Alice Ekman
Avec l'avènement de la république populaire de Chine le 1er octobre 1949 et le repli concomitant des institutions de la république de Chine à Taiwan, la frontière sino-taiwanaise est, depuis lors, l'objet d'un contentieux multiforme, tant en ce qui concerne son tracé que son statut. Bien que Pékin ne soit pas parvenu à exercer son contrôle sur l'île de Taiwan, la frontière sino-taiwanaise n'est pas reconnue comme une frontière interétatique, ni par le régime chinois, ni par la communauté internationale. Pour autant, si le maintien du statu quo reste l'objectif prioritaire des dirigeants taiwanais, quel que soit le parti au pouvoir, les clivages partisans s'ordonnent autour de l'alternative réunification/indépendance. En outre, le vaste mouvement de délocalisation de l'industrie taiwanaise sur le continent a engendré un processus complexe d'ouverture de la frontière mais qui va de pair avec sa militarisation croissante.
Thibaud Voïta
Brahma Chellaney
Christian Milelli, Françoise Hay
L’arrivée en Europe de firmes originaires de Chine et d’Inde est un phénomène certes récent, mais qui doit être vu comme une dynamique durable traduisant l’essor économique des deux géants asiatiques. Dans cette perspective, il est opportun de détailler les principaux traits d’investisseurs qui restent encore largement méconnus en Europe en dehors d’un cercle restreint d’initiés, et qui présentent des caractéristiques spécifiques dont certaines se recoupent parfois ; l’explication de cette diversité est à rechercher dans des expériences historiques nationales singulières. L’exploration de la question des modalités d’inscription territoriale des filiales de ces entreprises éclaire les choix, la nature et l’intensité des différentes interactions. Enfin, l’examen de la thématique des conséquences de la venue de ces nouveaux investisseurs sur les économies et les sociétés européennes permet tant de désarmer d’éventuelles paranoïas infondées que de mieux cerner et faire face aux différents enjeux. L’enseignement principal de cette réflexion réside dans la nécessité d’un suivi périodique et méthodique d’un phénomène qui n’en est encore qu’à son adolescence.
Chen Yingfang
Aurore Merle
Judith Audin
Séverine Arsène
Emilie Frenkiel
Boaz Dolev, Assaf Keren
Sébastien Peyrouse
Depuis le début de la décennie 2000, la République populaire de Chine s’est invitée dans le « Grand Jeu » centre-asiatique qui opposait jusque-là principalement la Russie et les États-Unis. Aujourd’hui, l’avenir de l’Asie centrale se joue en partie dans sa capacité à éviter les déstabilisations du Moyen- Orient voisin et à intégrer, via l’influence chinoise, la zone Asie-Pacifique. En moins de deux décennies, la Chine a réussi une entrée massive et multiforme dans l’espace centre-asiatique : elle s’est imposée comme un partenaire fidèle sur le plan de la diplomatie bilatérale et a réussi à faire de l’Organisation de coopération de Shanghai une structure régionale appréciée par ses membres. Elle est devenue un acteur économique de premier plan en Asie centrale, dans le secteur commercial, dans le domaine des hydrocarbures et dans celui des infrastructures. Toutefois, les phobies sociales liées à cette présence grandissante de Beijing se sont développées en parallèle et nombre d’experts centre-asiatiques spécialisés sur la Chine ne cachent pas leurs appréhensions politiques, économiques et culturelles face à un voisin avec lequel il sera difficile de gérer sur le long terme un tel différentiel de puissance.
Chloé Froissart
Le hukou est un système d’enregistrement et de contrôle de la population instauré à l’époque maoïste pour servir le projet de développement socialiste. Il a créé une division durable entre les villes et les campagnes et donné naissance à un système de statuts en contravention avec la Constitution chinoise qui stipule l’égalité des citoyens devant la loi. Son maintien en dépit de la réintroduction du marché explique la formation d’une nouvelle catégorie sociale : les travailleurs migrants qui représentent une réserve de main-d’oeuvre qui tire la croissance chinoise. L’habileté avec laquelle cette institution communiste a été adaptée pour répondre aux mutations socio-économiques du pays contribue largement à expliquer le maintien du PCC au pouvoir. Le hukou permet de gérer le développement en maîtrisant l’urbanisation et en favorisant une industrialisation rapide au moindre coût pour l’Etat. Dans la mesure où l’accélération des réformes dont il a fait l’objet ces dernières années maintient l’inégalité des citoyens, le hukou continue de servir la stratégie du Parti qui consiste à diviser pour mieux régner. Ces réformes remettent cependant en cause le système de statuts codifié à l’époque maoïste et, tout en instaurant une plus grande mobilité sociale, contribuent à rallier les élites au pouvoir. Ce système constitue donc toujours la clé de voûte d’un régime autoritaire dont il sert les deux priorités : maintenir la stabilité sociale et un fort taux de croissance.
José Allouche, Jean-Luc Domenach, Chloé Froissart, Patrick Gilbert, Martine Le Boulaire
Renaud Egreteau
L’émergence de la Chine et de l’Inde suscite depuis peu de nombreux débats scientifiques. Caractérisé par le développement de la croissance, des échanges commerciaux et des dépenses militaires, par la possession d’un arsenal nucléaire et par la revendication d’ambitions diplomatiques mondiales, l’essor des deux géants asiatiques suscite la fascination et l’inquiétude. Entre les lieux communs, l’imaginaire collectif et les travaux scientifiques, l’air du temps est aux interrogations quant à l’avenir de l’Asie et à l’évolution des puissances indienne et chinoise. Après avoir brièvement décrit leur émergence concrète sur la scène internationale, nous essaierons d’analyser la montée en puissance des deux géants et leur éventuelle trajectoire de collision au regard d’un concept peu développé dans les relations internationales, celui de « rivalité ». L’étude de ce phénomène, qui s’est constitué en objet de recherche théorique dans les années 1990, nous permettra de voir si l’Inde et la Chine peuvent se concevoir comme des « puissances rivales ».
Stéphanie Balme, Jean-Luc Domenach, Jean-Louis Rocca, Yuxin Jiang, Martine Le Boulaire, Denis Segrestin
Yves Tiberghien
Depuis le milieu des années 1990, les grand pays du monde sont engagés dans une bataille pour le futur des OGM. Alors que l’industrie des biotechnologies agricoles s’est largement développée en Amérique du Nord, elle a aussi fait l’objet d’un fort contre-mouvement de résistance comprenant des organisation non gouvernementales, des Etats défenseurs du principe de précaution (Europe, Japon, Corée), et des organisations internationales. Le consensus émergent entre les pays de l’OCDE et ayant permis un accord au sein du traité de l’OMC de 1994 s’est évanoui. Le débat autour des OGM touche simultanément à plusieurs dimensions : relation entre technologie et progrès humain, commerce mondial, protection de l’environnement, santé publique, sécurité alimentaire, développement, déficit démocratique, et identité culturelle. De ce fait, la controverse des OGM se trouve au coeur des débats sur la mondialisation. La bataille se joue tant au niveau global (traité de Carthagène, Codex, OMC) qu’au niveau national (compétition entre régulations nationales). Cette Etude fait le point sur les enjeux de la bataille globale, les acteurs clef, et les principaux champs de bataille. Dans un deuxième temps, elle analyse les causes politiques du nouveau rôle joué par deux unités importantes : l’Union européenne et le Japon. Les cas de la Corée, de la Chine et de l’Inde sont aussi évoqués. Au travers de cette analyse politique, l’auteur démontre que les positions prises par différents pays résultent moins d’un calcul économique que d’une réaction à une mobilisation inattendue de la société civile. Cette dernière a joué le rôle de catalyseur conditionnel dans un processus de changement de politique.
Anne Rulliat
Durement touchée par les restructurations des entreprises d’Etat dès le début des années 1990, la municipalité de Shanghai est à l’avant-garde des politiques de lutte contre le chômage à tel point que l’on désigne souvent ses réussites par l’expression « le modèle de Shanghai » (Shanghai moshi). La ville connaît un chômage multiforme depuis le début des années 2000 : il ne concerne plus seulement les ouvriers des entreprises d’Etat, mais toutes les catégories de la population et notamment les jeunes. Partant de l’expression de « modèle de Shanghai », cette étude décrit la genèse du chômage à Shanghai et l’origine des mesures adoptées depuis plus de dix ans. Du chômage structurel massif des années 1996-1997 au chômage plus conjoncturel de ces dernières années, la municipalité a développé tout un arsenal de programmes en évolution constante. Parmi eux, on distingue des mesures propres au cas chinois, et adaptées à l’organisation de la société, mais aussi un grand nombre de mesures similaires à celles adoptées dans les pays de l’OCDE. Contredisant le discours libéral de marchandisation du travail, ces mesures témoignent d’un volontarisme étatique fort dans les politiques de l’emploi. Le maintien de la stabilité sociale joue ici le rôle de « mètre étalon » pour évaluer l’efficacité des politiques publiques.
Rémi Castets
Peuplé majoritairement d’Ouïghours, le Xinjiang (Turkestan oriental) constitue après l’Ouzbékistan le second foyer de peuplement turcophone musulman en Asie centrale. Tardivement intégré à l’Empire chinois, il a connu un passé tumultueux émaillé d’ingérences extérieures et d’insurrections séparatistes. via un contrôle étroit du système politique régional et un processus de colonisation démographique massif, le régime communiste a progressivement intégré ce territoire stratégique – riche en hydrocarbures – au reste du pays. Pourtant, depuis vingt ans, les troubles se sont multipliés de façon préoccupante. Moins connu en Occident que le problème tibétain, le problème ouïghour n’en constitue pas moins aux yeux de Pékin une question bien plus aiguë. Après un long black out médiatique sur la question jusqu’en septembre 2001, le gouvernement chinois a finalement publié une série de documents dépeignant l’opposition ouïghoure comme une force terroriste exogène liée aux réseaux jihadistes transnationaux. Une telle rhétorique, qui présente les troubles actuels comme le fait de déstabilisations extérieures, cache cependant un profond mal-être sociopolitique et une opposition qui, dans la réalité, s’exprime selon des formes bien différentes des clichés imposés.
Diana Hochraich
Les pays de l’Asean, essentiellement producteurs de biens intensifs en main-d’oeuvre, se caractérisent, depuis le début de leur démarrage économique, par une forte intégration régionale produite par la segmentation du processus de production menée par les entreprises japonaises. Les délocalisations successives ont provoqué dans ces pays une intégration économique de facto, qui s’est superposée à divers groupements d’ordre politique dont le but était de faire barrage au communisme. Depuis son accession à l’OMC, la Chine, atelier du monde, est devenue la plaque tournante des échanges avec les pays développés. Face à cette concurrence de poids, les pays de l’Asean doivent démontrer leur capacité à maintenir leur place dans la chaîne de valeur représentée par la production de l’ensemble des pays asiatiques. Si différents travaux économétriques tendent à prouver qu’ils pourraient y parvenir, grâce à la spécificité de leur appareil productif, il ne faut pas négliger, d’une part, la capacité d’apprentissage rapide de la Chine et sa volonté de remonter les filières productives, d’autre part, l’absence totale d’une quelconque politique industrielle des gouvernements de ces pays qui suivent les conseils des organisations internationales. Il semble que les pays de l’Asean, livrés aux seules « forces du marché », ne puissent que perpétuer leur faible capacité à remonter les filières.
Florence Padovani
L'étude des mouvements de populations suscités en Chine par les grands travaux hydrauliques donne l'occasion d'observer, au-delà des apparences, la réalité des transformations des relations entretenues par l'Etat chinois et la société. La construction du barrage des Trois-Gorges par exemple, source de polémiques importantes tant à l'étranger qu'en Chine même, est exemplaire. Ce projet d'aménagement du territoire touche aux domaines politique, économique, juridique et bien sûr social, en particulier parce qu'il a provoqué des migrations forcées. La façon dont cette question a été gérée tant par le gouvernement central, qui l'a planifiée, que par les gouvernements provinciaux qui sont en prise directe avec des impératifs de temps, de moyens financiers et humains, témoigne de l'évolution du pays par rapport au modèle autoritaire de l'époque maoïste. Son étude permet d'observer la manière dont les autorités locales ont traduit dans la réalité les directives venues du Centre, et la difficulté que les dirigeants de Pékin ont à faire respecter leur vision centralisée de la nouvelle Chine. La gestion de la délicate question des migrations forcées, enfin, met en lumière les enjeux des disputes entre différents acteurs : les cadres des multiples administrations, les pouvoirs locaux, les populations déplacées et celles d'accueil. Les modes de justification spécifiques à chaque catégorie donnent des pistes pour comprendre la complexité de la nouvelle « société civile » chinoise.
Sébastien Colin
Depuis la reprise de leurs pourparlers au milieu des années quatre-vingt, les relations entre la Chine et la Russie – qui était encore l'Union soviétique lors de cette relance – sont particulièrement dynamiques. Sur le plan international, les deux pays possèdent en effet plusieurs points de vue qui convergent. Ces préoccupations communes ont abouti à la signature d'un partenariat stratégique en 1997, puis à celle d'un nouveau traité d'amitié en 2001. La complémentarité qui règne entre les deux pays dans les secteurs de l'énergie et de l'armement rend également la coopération dynamique. Cependant, cette alliance n'est pas sans limites. Principalement visés par elle, les Etats-Unis ont largement les moyens de la court-circuiter, comme ils l’ont fait juste après les attentats du 11 septembre 2001. Dans le domaine de la coopération, l'intensité et la structure du commerce entre les deux pays sont également insuffisantes. L'évolution du commerce durant la décennie quatre-vingt-dix a été très irrégulière et marquée par une chute entre 1994 et 1996, dont les causes principales se situent à l'échelle locale, le long de la frontière sino-russe. Après avoir été dynamique entre 1988 et 1993, l'ouverture de la frontière a provoqué l'apparition de nouveaux problèmes comme l'immigration illégale chinoise dans les régions frontalières peu peuplées de la Russie. Si cette dernière a été très mal vécue par les populations locales russes, c'est surtout la question de la rétrocession de certains territoires à la Chine, lors de la démarcation frontalière entre 1993 et 1997, qui a radicalisé les esprits, paralysant la coopération frontalière. Les gouvernements russe et chinois sont intervenus activement pour essayer d'apporter des solutions à la plupart de ces problèmes, comme le montre l'épisode du programme Tumen. Depuis, les différentes autorités des deux pays tentent de relancer la coopération frontalière, mais il subsiste encore un certain nombre de problèmes, principalement d'ordre économique, qui varient selon les régions frontalières.
Jean Coussy
Antoine Kernen
Françoise Aubin
L'auteur a cherché, en réunissant et en commentant cent quarante références de livres publiés sur le Tibet dans les années 1980 à 1992, à fournir un outil critique pour l'utilisation d'une littérature riche et variée, mais souvent entachée de partialité.
Les références sont données selon un ordre thématique et classées en quatre grandes parties : Les traditions de la haute culture ; Le Tibet éternel au quotidien ; Le Tibet hors de la Chine (l'avant-communisme et l'exil) ; Le face à face entre le Tibet et la Chine populaire.
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