Former l’État par sa privatisation. Le recours au secteur privé dans les prisons françaises
Former l’État par sa privatisation. Le recours au secteur privé dans les prisons françaises
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Nathan Rivet soutient une thèse de sociologie le vendredi 15 novembre à 14h à Sciences Po.
Sous la direction de Jérôme Pélisse, cette thèse s’intitule :
Former l’État par sa privatisation. Le recours au secteur privé dans les prisons françaises
Le jury est composé de :
- Gilles CHANTRAINE, Directeur de recherche CNRS, Clersé (Rapporteur)
- Anne-Cécile DOUILLET, Professeure des universités, Université de Lille, CERAPS
- Andrea MENNICKEN, Associate Professor, London School of Economics and Political Science
- Jérôme PELISSE, Professeur des universités, Institut d’études politiques de Paris, CSO (Directeur de thèse)
- Fanny VINCENT, Maîtresse de conférences, Université Jean Monnet Saint-Étienne, Triangle
- Jean-Marc WELLER, Directeur de recherche CNRS, LISIS (Rapporteur)
Résumé :
Depuis 1987, diverses entreprises privées interviennent dans les prisons françaises et assurent des missions telles que la maintenance, la restauration, la buanderie, le travail pénal, la cantine, le transport des détenu·es, les soins de santé et l'accueil des familles. En étudiant la gestion déléguée et les partenariats public-privé pénitentiaires, cette thèse met en lumière un paradoxe : alors que le secteur privé se développe, l'État ne se retire pas, bien au contraire. Cette énigme constitue le point de départ d’une enquête multi-située s’appuyant sur trois mois d’observation en prison, plus d'une centaine d'entretiens ainsi que l’analyse d'archives. Des coursives de Fleury aux couloirs de Bercy, la thèse démontre que la privatisation à l’œuvre forme l'État sous différentes coutures. En plus de servir l’extension de l’infrastructure carcérale, la sous-traitance y redéfinit la division du travail et modifie en profondeur les hiérarchies professionnelles et morales qui structurent cet univers. Les incertitudes et les tensions qui jalonnent les relations entre le public et le privé impliquent alors une bureaucratisation de l’administration pour contrôler les entreprises. Cette dynamique, qui participe à la rationalisation et la formalisation du quotidien carcéral, illustre l’ambivalence dans la régulation du marché dont le secteur public est à la fois captif et architecte. En réformant, déformant, informant et transformant l’action publique, l’administration et les frontières étatiques, le recours au secteur privé redéfinit la perception et la compréhension de l'État par celles et ceux qui le côtoient et le font exister.
Mots-clefs :
Administration pénitentiaire ; Contractualisation ; Ethnographie ; Gestion déléguée ; Institution carcérale ; Partenariats public-privé ; Sous-traitance