À la charnière de l’État et du monde académique. Financements sur projets, organisations et élites dans le gouvernement de la recherche en biomédecine en France (1955-2015)

À la charnière de l’État et du monde académique. Financements sur projets, organisations et élites dans le gouvernement de la recherche en biomédecine en France (1955-2015)

Habilitation à diriger des recherches de Jérôme Aust
Jeudi 20 octobre 2022
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Jérôme Aust a soutenu son habilitation à diriger des recherches ce jeudi 20 octobre à Sciences Po. 

Titre du mémoire original 

À la charnière de l’État et du monde académique. Financements sur projets, organisations et élites dans le gouvernement de la recherche en biomédecine en France (1955-2015)

Jury

Madame Delphine Dulong, Professeure des universités en science politique, Université Paris I Panthéon Sorbonne, CESSP (rapportrice)

Monsieur William Genieys, Directeur de recherche CNRS, Sciences Po, CEE, CNRS (garant et rapporteur)

Monsieur Patrick Hassenteufel, Professeur des universités en science politique, Université Paris Saclay (UVSQ), Printemps (rapporteur)

Monsieur Jean-Philippe Leresche, Professeur ordinaire en science politique, Institut d’Etudes Politiques, Faculté des sciences sociales et politiques, Université de Lausanne (examinateur)

Madame Christine Musselin, Directrice de recherche CNRS, Sciences Po, CSO, CNRS (examinatrice)

Résumé du mémoire original 

Le financement sur projets est aujourd’hui au cœur du gouvernement des sciences. En France, l’omniprésence de cet instrument est souvent ramenée à la création de l’Agence nationale de la recherche (ANR). Il a cependant une histoire bien plus longue, largement antérieure aux réformes des années 2000. Elle débute dans la France gaullienne : en 1961, le premier fonds dédié au financement sur projets est créé pour outiller l’intervention croissante de l’État dans les politiques scientifiques. 

En adoptant une perspective longitudinale qui fait l’histoire des réformes et des usages de cet instrument de 1955 à 2015 en biomédecine, le mémoire montre que les réformes récentes ne constituent pas, en tous points, des ruptures, mais qu’elles poursuivent aussi des transformations au long cours. Pour les analyser, le mémoire original considère que le financement sur projets, les organisations et les groupes sociaux qui l’utilisent ne permettent pas seulement de gouverner les sciences. Ils constituent aussi les supports d’une différenciation progressive de l’État et de la communauté académique. En définissant les règles de la mise en compétition et de la sélection des projets de recherche, en déterminant qui est habilité par l’État à les choisir, en réglant la division du travail à l’intérieur du monde gouvernemental, le financement sur projets fixe les frontières de l’État et les relations qu’il entretient avec la profession académique. Ce sont alors des définitions différentes de ce que doivent être les politiques scientifiques, du rôle de l’État et de la place que doivent y tenir les scientifiques qui se succèdent au fil du temps. Derrière cette apparente mobilité, des processus au long cours travaillent cependant les frontières de l’État. Elles sont de plus en plus organisées par des dynamiques de bureaucratisation, de mise en compétition et de spécialisation qui fixent le périmètre de l’État en même temps qu’elles organisent ses relations avec la communauté professionnelle.

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