Gabrielle Angey, doctorante au CETOBAC, ATER à l’Université Paris-Dauphine
Le mouvement musulman de Fethullah Gülen est un groupement religieux né en Turquie à la fin des années 1960, prônant l’engagement social de ses membres au « service » de l’humanité. Il est composé d’hommes d’affaires, d’intellectuels et d’enseignants turcs qui centrent leur action sur l’ouverture d’écoles dans le monde. Il s’est inséré dans le champ éducatif turc à l’aune de sa libéralisation à partir des années 1980.
Sébastien Fath, chercheur au GSRL
Une des caractéristiques singulières du protestantisme évangélique subsaharien est sa judéophilie, qui se repère en particulier au travers du terrain de la musique Gospel/chrétienne. La proximité analogique entre la théodicée du peuple hébreu, esclave puis libéré de Pharaon, et celle des anciens esclaves noirs d'Afrique, nourrit une sensibilité commune et une sympathie.
Bayram Balci, Ingénieur de recherche, CNRS
Rien ne va plus entre l’équipe AKP au pouvoir en Turquie depuis 2002 et le mouvement socio-religieux de Fethullah Gülen, entré en disgrâce aux yeux du président Erdoğan à partir de 2012. Les raisons de cette rupture entre les deux hommes les plus influents du pays tournent autour de désaccords sur plusieurs questions de politique intérieure et extérieure mais aussi de leur rivalité pour un pouvoir d’influence sur les esprits, sinon pour gouverner.
L’Afrique subsaharienne se caractérise par un pluralisme religieux qui, bien que variable selon les Etats, tend partout à se renforcer. La fragmentation de l’offre, la mobilité des acteurs et la dérégulation des champs religieux favorisent une proximité et une cohabitation souvent inédites des cultes, notamment chrétiens et musulmans, démultipliant les possibilités d’interactions et avivant les rivalités. Quels visages emprunte cette compétition religieuse au quotidien ? Comment façonne-t-elle les relations qui se nouent d’une part entre les acteurs religieux et d’autre part entre ceux-ci et le politique ?
Bayart Jean-François, « Religion et politique en Afrique : le paradigme de la cité cultuelle », Études africaines comparées, 1, avril 2015.
Chanson Philippe, Droz Yvan, Gez Yonatan N. et Soares Edio (dir.), Mobilité religieuse. Retours croisés des Afriques aux Amériques, Paris, Karthala, 2014.
Fath Sébastien et Mayrargue Cédric, « Les nouveaux christianismes en Afrique », Afrique contemporaine, 252, 2014, p. 13-25.
Holder Gilles (dir.), L’Islam, nouvel espace public en Afrique, Paris, Karthala, 2009.
Holder Gilles et Sow Moussa (dir.), L’Afrique des laïcités. État, religion et pouvoirs au sud du Sahara, Paris, Éditions Tombouctou-IRD, 2013.
Kastfelt Niels (ed.), Religion and African Civil Wars, Londres, Hurst, 2005.
Lasseur Maud et Mayrargue, Cédric, « Le religieux dans la pluralisation contemporaine. Éclatement et concurrence », Politique africaine, 123, 2011, p. 5-25.
Lasseur Maud, « Le pluralisme religieux dans la production des villes ouest-africaines », Géoconfluences, 2016.
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Miran Marie, Islam, histoire et modernité en Côte-d’Ivoire, Paris, Karthala, 2006.
Miran-Guyon Marie, Guerres mystiques en Côte-d’Ivoire. Religion, patriotisme, violence (2002-2013), Paris, Karthala, 2015.
N’Diaye Marième, La Réforme du droit de la famille. Une comparaison Sénégal-Maroc, Montréal, Presses de l’Université de Montréal, 2016.
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Strandsbjerg Camilla, Religion et transformations politiques au Bénin. Les spectres du pouvoir, Paris, Karthala, 2015.
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Commentaire de Cédric Mayrargue
L’Afrique subsaharienne connaît un processus particulièrement rapide d’accroissement urbain. Le taux d’urbanisation y est estimé à près de 40% et il devrait y avoir autant de citadins que de ruraux d’ici 2035, avec des villes plus densément peuplées (la majorité des citadins résident désormais dans des cités de plus de 300 000 habitants). Des métropoles émergent ou se renforcent sous l’effet de migrations provenant désormais de vastes aires régionales. Ces espaces urbains, à l’image de Lagos, d’Abidjan, de Kinshasa ou de Nairobi, jouent un rôle central dans la reconfiguration du religieux. En agrégeant de fait des populations parfois diverses sur le plan confessionnel, ces métropoles permettent un voisinage religieux renouvelé. Surtout, par leur ouverture et leur porosité aux échanges, elles constituent des portes d’entrée pour de nouvelles offres religieuses transnationales tout en étant des lieux centraux de production et d’innovation religieuses, ensuite diffusées sur de plus vastes territoires.
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Commentaire de Cédric Mayrargue
La cartographie de la diversité religieuse en Afrique offre une vision totalement renouvelée des dynamiques religieuses contemporaines par rapport aux représentations usuelles, qui tendent mécaniquement à distinguer des zones largement islamisées et des espaces fortement christianisés. La distinction entre des espaces marqués chacun par une plus ou moins profonde diversité religieuse est portant tout aussi signifiante. Emerge ainsi la vision d’une Afrique travaillée par la pluralité religieuse, à des degrés très divers en fonction des Etats, mais parfois très prononcée (c’est le cas d’une partie importante de l’Afrique de l’Ouest ainsi que de l’Afrique de l’Est notamment). Une lecture transversale est ainsi possible, en complément d’une approche par confession religieuse. L'indice de diversité religieuse élaboré par le Pew Research Center ne prend cependant pas en compte la diversité interne aux grandes familles religieuses (particulièrement forte, par exemple, dans le monde chrétien), qui accentue encore sur le terrain cette tendance à la pluralisation.