L’hindouisme, qui n’a pas de tradition de prosélytisme, s’est diffusé par le biais de diasporas pacifiques avant de s’affirmer, dans un contexte colonial, comme porteur lui aussi de valeurs universelles. Créé sur le concept de l’hindouïté, qui fonde l’identité nationale sur le sang et la culture hindoue plus que sur l’adhésion à des rites, l’hindouisme a pris un tour nouveau avec l’arrivée des nationalistes hindous au pouvoir. La promotion du yoga et les références au bouddhisme indien servent ainsi désormais une stratégie d’émergence, qui rêve de voir l’Inde redevenir « le gourou du monde ».
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L’arrivée au pouvoir en 2014 du Parti du peuple indien (BJP), une formation nationaliste hindoue, ne s’est pas traduite à ce jour par des modifications constitutionnelles. Les seules remises en cause du sécularisme d’ordre juridique sont intervenues au niveau des Etats de l’Union indienne récemment conquis par le BJP. En revanche, le nouveau pouvoir a laissé se développer des milices nationalistes hindoues à l’origine d’une police culturelle dont les minorités musulmanes et chrétiennes sont les premières victimes. L’Inde acquiert ainsi certaines caractéristiques d’une « démocratie ethnique ».
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Commentaire de Jean-Luc Racine
Parmi les grandes religions mondiales comptant plus d'un milliard de fidèles, l'hindouisme est sans doute la plus concentrée géographiquement : 97% des hindous vivant en Asie du Sud, dont 95% en Inde. Deux dynamiques ont contribué à la diffusion mondiale de l'hindouisme : les diverses diasporas depuis les temps médiévaux jusqu'aux migrations contemporaines, et la diffusion, au XXe siècle, d’un néo-hindouisme marqué par l'expansion transcontinentale de mouvements spirituels structurés, tel la Ramakrishna Mission, mais aussi par les nouveaux gourous médiatiques globalises, qui visent particulièrement l'Occident. Par sa promotion universelle du yoga, le gouvernement nationaliste de Narendra Modi cherche a aujourd'hui à élargir ce cercle d'influence, outil du soft power indien.