Xavier Guignard, doctorant au CESSP —Paris 1
Camille Lévy, étudiante à PSIA—Sciences Po Paris
La cérémonie de l’illumination du sapin de Noël à Bethléem, ville de la Nativité, est un véritable événement politique palestinien. Les élus locaux et nationaux viennent marquer leur attachement à la minorité chrétienne de plus en plus restreinte, et sujette à une émigration continue depuis les années 1940. Cette année, cette cérémonie fut également l’occasion de dénoncer la décision étatsunienne de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël.
Bayram Balci, directeur de l’Institut français d’études anatoliennes – Istanbul
LES ETATS DU CAUCASE DU SUD
Source: Atelier de cartographie de Sciences Po
Bénédicte Brac de la Perrière, chercheuse au Centre Asie du Sud-Est, CNRS
La Birmanie (Myanmar) expérimente aujourd’hui une phase de transition vers un régime démocratique. Cette phase a été inaugurée en mars 2011, lorsque le pouvoir a été remis à un gouvernement formellement civil, présidé par Thein Sein, dont le mandat était d’assurer la réforme politique.
« L’islam est la religion de l’Etat »… Telle une litanie, on retrouve cette expression dans toutes les Constitutions des pays arabes (Maroc, Algérie, Tunisie, Libye, Egypte, Irak, Jordanie, Yémen, Oman, Emirats arabes unis, Qatar, Bahreïn, Koweït) et en Iran. En Arabie Saoudite où il n’existe pas de Constitution, la religion musulmane est la seule autorisée. Ensuite s’ajoute la référence à la sharî’a et la façon dont les lois doivent s’en inspirer. Le principe d’égalité est affiché dans toutes les Constitutions des Etats arabes, sous des formes variant d’un texte à l’autre. Dans les faits, la reconnaissance des minorités religieuses se fait dans le cadre de l’héritage de la dhimmitude. L’autonomie du statut personnel des non-musulmans, assurée dans toutes les Constitutions, trouve sa source dans la sharî’a. Quant aux sectes issues de l’islam, elles ne sont tout simplement pas reconnues.
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L’arrivée au pouvoir en 2014 du Parti du peuple indien (BJP), une formation nationaliste hindoue, ne s’est pas traduite à ce jour par des modifications constitutionnelles. Les seules remises en cause du sécularisme d’ordre juridique sont intervenues au niveau des Etats de l’Union indienne récemment conquis par le BJP. En revanche, le nouveau pouvoir a laissé se développer des milices nationalistes hindoues à l’origine d’une police culturelle dont les minorités musulmanes et chrétiennes sont les premières victimes. L’Inde acquiert ainsi certaines caractéristiques d’une « démocratie ethnique ».
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Le mot même de « minorité » s'est imposé dans le vocabulaire politique dans l'entre-deux guerres. Son surgissement est lié à la mise en place des Etats-nations. La fin du XIXe siècle a vu la montée de la conscience nationale et de l'ethnicisation des groupes religieux dans l'Empire ottoman, avec le début de violences intercommunautaires qui ont atteint leur paroxysme pendant le premier conflit mondial. A la fin de celui-ci, les chrétiens sont devenus minoritaires dans les nouveaux Etats dessinés au Proche-Orient. Ils ont cependant pu y trouver leur place tant que la nation y faisait l’objet d’une définition culturelle et géographique. Toutefois, les chrétiens ont très tôt été marginalisés et menacés par la référence à l’islam.
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Dans un contexte de libéralisation « post-junte », le militantisme bouddhiste renaît en Birmanie. A la différence des manifestations non-violentes de la « révolution safran » de 2007, il n’est plus question pour cette mouvance radicale de simplement dénoncer les (in)actions et l’autoritarisme de l’Etat. Il s’agit désormais d’adopter des logiques proactives et combatives, dans lesquelles la violence peut s’exprimer, afin de défendre la foi et la communauté bouddhiques, perçues comme déclinantes et menacées par une trop rapide ouverture du pays au monde. Guidé par quelques courants doctrinaires marginaux de la communauté monastique birmane, ce renouveau militant cherche à se fabriquer des ennemis, identifiant ainsi certaines communautés non-bouddhistes, principalement musulmanes, comme « sources du mal ».
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