Bénédicte Brac de la Perrière, chercheuse au Centre Asie du Sud-Est, CNRS
La Birmanie (Myanmar) expérimente aujourd’hui une phase de transition vers un régime démocratique. Cette phase a été inaugurée en mars 2011, lorsque le pouvoir a été remis à un gouvernement formellement civil, présidé par Thein Sein, dont le mandat était d’assurer la réforme politique.
Dans un contexte de libéralisation « post-junte », le militantisme bouddhiste renaît en Birmanie. A la différence des manifestations non-violentes de la « révolution safran » de 2007, il n’est plus question pour cette mouvance radicale de simplement dénoncer les (in)actions et l’autoritarisme de l’Etat. Il s’agit désormais d’adopter des logiques proactives et combatives, dans lesquelles la violence peut s’exprimer, afin de défendre la foi et la communauté bouddhiques, perçues comme déclinantes et menacées par une trop rapide ouverture du pays au monde. Guidé par quelques courants doctrinaires marginaux de la communauté monastique birmane, ce renouveau militant cherche à se fabriquer des ennemis, identifiant ainsi certaines communautés non-bouddhistes, principalement musulmanes, comme « sources du mal ».
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