Faire l'histoire des graffitis politiques
Faire l'histoire des graffitis politiques
- The george bush snarl overseas (2006) Copyright : torbakhopper @flickr
« Faire l’histoire des graffitis politiques
Entre appropriation de l’espace public et révolte graphique (XIXe-XXIe) »
Appel à communications
En vue d'une journée d'études qui se tiendra le vendredi 2 octobre 2020 à l’Université de Paris.
Il est permis de penser que la situation sera rétablie à cette date, et nous espérons que se projeter dans un avenir normalisé pourra contribuer à redonner de l'espoir à chacun.e.
Comité d'organisation : Virgile Cirefice (Ecole française de Rome, IHTP), Grégoire Le Quang (IHTP) et Ariane Mak (Université de Paris, LARCA)
« On les efface (c'est difficile), on arrête les graffitistes, on les met en prison, on interdit la vente des marqueurs, ou des bombes, rien n'y fait, ils en fabriquent artisanalement et recommencent toutes les nuits(1) ».
Le graffiti, entendu comme message manuscrit apposé sur une paroi exposée dans un lieu accessible à un public(2), fait l'objet d'une attention croissante des sciences sociales. Des anthropologues, des sociologues, des historiens de l'art et quelques historiens ont souligné les enjeux spécifiques de cette forme de communication qui passe par un médium original mais longtemps resté marginal(3).
Pour autant, le graffiti est demeuré une source occasionnelle pour les historiens, permettant de compléter, par exemple, l'étude de certains mouvements sociaux ou politiques. Son caractère éphémère, puisque l'action du temps est souvent doublée par de promptes actions de nettoyage, n'empêche pas, pourtant, de saisir le graffiti par le biais de nombreuses sources (archives policières, sources médiatiques...). Aussi, un des premiers enjeux méthodologiques est-il sans doute d’interroger les logiques de constitution de ces fonds, ainsi que le geste de collecte de graffitis par les contemporains, la lecture jamais neutre qu’en font les policiers, les collectifs d’enquêteurs ou d’artistes – on pense notamment à Brassaï et aux surréalistes, traquant les écritures de rue bien avant l’avènement du street art. Le graffiti constitue donc un objet spécifique dont les enjeux méthodologiques attendent encore d'être précisés par une réflexion collective et comparative à laquelle nous entendons contribuer. La dynamique de patrimonialisation récente des graffitis, mis à l'honneur par de nombreuses expositions, et au cœur d'une campagne du Centre des monuments nationaux en 20184, invite à prendre au sérieux un objet d'étude qui est passé, en quelques années, du statut de geste considéré comme infrapolitique voire comme simplement délinquant à celui de marqueur de dissidence, voire geste artistique légitime.
Nous proposons donc d’organiser une journée d’étude préparatoire à la publication d’un numéro de revue thématique, consacrée aux graffitis politiques et à leur lien avec l’espace public. [...]
Modalités de soumission
Pensée comme un atelier ouvert au public devant conduire à la rédaction d'un numéro spécial de revue, la journée d'étude aura lieu le vendredi 2 octobre à l'Université de Paris. Afin de favoriser les échanges, chacun des participants sera invité à discuter une autre communication. Pour cela, l'envoi des textes à l'avance est demandé pour le 1er septembre .
Les propositions de communication (2 000 caractères maximum) et une courte bio-bibliographie doivent parvenir, avant le 15 mai 2020, aux trois adresses suivantes :
Les réponses aux propositions seront retournées par les organisateurs à la fin du mois de mai 2020.
Cette journée d'études est organisée en partenariat avec l'Institut d'histoire du temps présent (Paris 8-CNRS), le LARCA UMR 8225 (Université de Paris) et l'Iris Scripta-PSL "Histoire et pratiques de l'écrit".
Notes :
(1) Jean Baudrillard, « Kool Killer ou l'insurrection par les signes »,L'échange symbolique et la mort<">, Paris, Gallimard, 1976, p. 125.
(2) Nous incluons donc les graffitis carcéraux, et ceux qui ont couvert et recouvrent encore souvent les murs des lieux de l'intime, comme les toilettes publiques en tant qu'ils sont accessibles, sous certaines conditions, à un public. Sur les latrinalia<"> des vespasiennes, cf. l’exposition récente de Marc Martin « Les Tasses – Toilettes publiques affaires privées » (Point Éphémère, novembre-décembre 2019). Nous nous intéressons aussi bien aux graffitis essentiellement textuels qu’aux jeux entre texte et image propres aux graffitis, dont le caractère hybride pourra constituer l’un des objets de réflexion.
(3) Nous renvoyons à la bibliographie indicative. Plusieurs manifestations scientifiques récentes pointent vers l’intérêt grandissant des sciences sociales pour le graffiti : le récent colloque interdisciplinaire « Écritures urbaines, écritures exposées », qui s’est tenu à Paris et Marseille les 11 et 18 octobre 2019, ainsi que le Workshop Scripta « Écritures exposées : la fabrique des espaces « publics » » des 19 et 20 mai 2020.