9e Rencontres d'Angoulême. Comprendre et penser la bande dessinée

Date limite : 30 mars 2023

9e Rencontres d’Angoulême. Comprendre et penser la bande dessinée

Appel à communications

 

Les corps immobiles dans la bande dessinée

 

Angoulême - CIBDI – Auditorium du musée

Les 11, 12 et 13 octobre 2023

 

La bande dessinée, souvent présentée comme un art séquentiel ou un récit spasmodique, veut, depuis ses origines, se jouer des images fixes et des corps immobiles, donnant l’illusion des actions qui s’enchainent et du mouvement. Pourtant les corps immobiles peuplent les cases et les planches. En premier lieu, les récits d’affrontements armés, de guerres civiles ou coloniales abandonnant quelques dépouilles mortelles ou un nombre impressionnant de cadavres, comme dans tel album de David B. Certains gisants pourtant ne sont pas tout à fait des êtres humains mais des sortes de répliques, des clones ou des avatars, à moins, que sculptés dans la pierre, comme les personnages couchés à plat-dos et placés au-dessus d’un sarcophage, ils représentent, surtout à l’époque médiévale, une personnalité d’importance qui, figurée par un corps minéral, doit pouvoir traverser les siècles. Ils constituent aussi, à la manière des Étrusques, une urne funéraire monumentale, ce que parvient réaliser Jacques Martin pour la couverture du huitième album des aventures d’Alix paru en 1968. Ailleurs, à la morgue ou même chez soi, se trouvent des corps immobiles, comme dans les aventures d’Adèle Blanc-Sec.

Mais il existe aussi toute une galerie d’autres corps inertes. Des personnages s’avanouissent ou sont assommés. La bande dessinée policière ou d’aventures comptent un nombre impressionnant de corps allongés, étendus sur le sol, après avoir reçu un coup derrière la tête ou sur le crâne. 

Il est vrai que les corps immobiles sont le plus souvent dans une mauvaise posture. Des personnages, captifs, sont attachés à un poteau ou plaqués contre une surface rigide. Ils sont rendus impuissants par des liens qui les compriment et les empêchent de se mouvoir. A moins que, désespérés et fatigués, ils aient cessé de bouger, attendant, résignés, le sort qui leur est promis. D’autres fois, les corps sont figés car victimes d’un rayon paralysant, à l’instar des victimes de la zorgland manipulé par Zorglub ou de « l’anneau du diable » manipulé par des voyageurs venus de la planète Térango dans les aventures de Luc orient (1970). Si les corps peuvent être paralysés par une action extérieure (un rayon, une substance…), par la congélation, volontaire ou accidentelle, ils le sont aussi par la maladie qui fige les corps ou les paralysent partiellement. Il arrive encore que des personnages soient transformés en statues et les enveloppes corporelles semblent condamnées pour l’éternité à rester immobile.

Dans un tout autre registre, les corps endormis, anesthésiés, plongés dans un sommeil artificiel, ou simplement assoupis défilent dans certaines planches. Mais les corps sont comme impuissants, ne réagissant pas aux directives des cerveaux. Momentanément immobiles, ils sont paralysés par les émotions (la sidération, la surprise, le coup de foudre, la peur…). Dans des albums de Jacques Tardi, C'était la guerre des tranchées (1993), Putain de guerre (2014), Le dernier assaut (2016), des soldats semblent ralentir puis se figer, basculant dans une profonde résignation que le corps exprime. – Le sentiment d’'impuissance engourdis les corps jusqu’à les figer, à l’instar deVladak dans Mauss, qui ne sait quelle direction choisir car la menace nazie s’avère omniprésente.

Le corps immobile semble le propre des images fixes, d’une certaine manière tous les corps sont immobiles, mais lorsque qu’il s’agit d’un personnage qui ne bouge pas, quels indices sont donnés aux lectrices et lecteurs pour distinguer les « corps en inaction » des statues, des affiches murales, des mannequins des vitrines ? De nombreuses pistes s’avèrent possibles. Parmi elles, sans prétendre à l’exhaustivité : 

- Quelles sont les situations propres aux corps figées : la guerre, l’opération chirurgicale, la situation de handicap…

- L'introspection, la méditation, la rêverie supposent que les corps cessent de bouger et comment les auteurs parviennent-ils à les restituer ?

- Les lieux de l’immobilité : la morgue, les tranchées, le cabinet du dentiste…

- Le corps devant le miroir ou devant l’objectif de l’appareil photo se fige volontairement. Existe-il d’autre brefs moments ?

- Quelles sont les émotions qui provoquent l’arrêt du corps ? De quelles façons le récit graphique parvient-il à les mettre en scène ?

Colloque organisé par la MSHS de Poitiers, avec la collaboration de la CIBDI et de Magelis. Avec le soutien de l’EESI, du CRIHAM, du FORELLIS et du Réseau Régional de Recherche en Nouvelle Aquitaine sur la bande dessinée (3RBD).

Les propositions de communications (1000-1500 signes) et une courte notice bio-biblio (300-500 signes) sont à adresser, avant le 30 mars, à Frédéric Chauvaud (frederic.chauvaud@univ-poitiers.fr), à Julien Gaillard (julien.gaillard@univ-poitiers.fr) et à Denis Mellier (denis.mellier@univ-poitiers.fr)

Le retour des expertises aura lieu le 27 avril.

Les organisateurs prennent en charge les nuitées, les repas, les frais d’inscription et la publication des actes sous la forme d’un véritable livre.

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CIVICA | Colloque final du projet DEMOS

9-10 Février 2023
  • Photo credits: Aditya Joshi, UnsplashPhoto credits: Aditya Joshi, Unsplash

CIVICA Paris Conference,

February 9-10 2023 (provisional program and titles):

Democracy and Its Discontents. A Historical Examination of the Current Predicament of Democracy

Thursday, Feb 9

  • 2pm – 4 pm
    Welcome Remarks

- Paul-André Rosental, Head of the Center for History, Sciences Po, CHSP
- Mathias Vicherat, Director, SciencesPo (TBC)

Opening Session:
Chair: Mario Del Pero (Sciences Po, CHSP)
- Andrea Colli (Bocconi), From Globalization to Fragmentation
- Claire Andrieu (SciencesPo, CHSP), What’s new in commitment? A longue durée perspective. From the 1848 club movement to the Gilets Jaunes.
- Nicolas Guilhot (EUI), Populism and Conspiracism

  • 4.30-6.30 pm

I Panel: Democracy, Sovereignty and Institutional Compromises, 17 th -20 th century examples

Chair: Dina Gusejnova (LSE)

- Laurelin Middelkoop (EUI), Sovereignty in Early Modern Confederations
- Maria Stella Chiaruttini (Vienna - Bocconi), Unified Italy and Its Discontents: From the Risorgimento to Neo-Bourbonism
- Edoardo Vaccari (LSE), How to Establish Democracy Through Federalism. Comparing the Movimento Federalista Europeo and Libérer et Fédérer (1941-1945)
- Grace Ballor (Bocconi), European Commerce Against European Policy: Retail Associations and the Social Dimensions of the Single Market Program


 Friday, February 10
 

  • 9 – 11 am

II Panel: Rethinking Democracy during and after the End of the Cold War (and of history)

Chair: Nicolas Guilhot (EUI)

- Jeff Hawn (LSE), Testing the narrative of the Russian Constitution prior to the 1993 Crisis
- Marc Lazar (Sciences Po, CHSP), Fascism, Populism and the resilience of democracy in Italy
- Balazs Trencsenyi (CEU), The legacy of interwar crisis discourses – populist and neoliberal visions of „permacrisis” 
- Victoria Philips (LSE/Columbia), Freedom from Want: Hunger and Food in Cold War Psychwar

  • 11.15am -12.45 pm

III Panel: 2008 as a Watershed? Democracy and the Crisis of Globalization

Chair: Marc Lazar (Sciences Po, CHSP)

- Georgios Giannakopoulos (LSE) and Iason Zarikos (University of Athens), Anti-liberal internationalism and the European South during the global financial crash
- Mario Del Pero (SciencesPo, CHSP), 2008 and the Predicament of American Democracy
- Sylvain Kahn (SciencesPo, CHSP), The idea of a crisis of democracy in Europe in the light of Brexit
2.30 – 4.30 pm

IV Panel: Democracy in the Age of Fracture. Contemporary Examples and lasting legacies

Chair: Balazs Trencsenyi (CEU)
- Alessandra Pozzo (EUI-CNRS), Anti-democratic communication codes: an overview
- Dina Gusejnova (LSE), How Europe’s Postwar Ended: Russia's war against Ukraine and the Dark Legacies of Nuremberg
- Thomas Fetzer (CEU), "Economic nationalism: The strange career of an interwar
concept".
- Leyla Safta-Zecheria (CEU), A diachronic comparison of necropolitical public crises around asylums for people with disabilities in Romania from the late 19 th to the early 21st century 

  • 4.45 – 6 pm Final Roundtable

Sergei Guriev (SciencesPo)
Federico Romero (EUI)
Dorit Geva (CEU)

Ce colloque n'est pas public.

Présentation du projet DEMOS

▸ CIVICA

Ce projet a reçu un financement du programme de recherche et d'innovation Horizon 2020 de l'Union européenne dans le cadre de la convention de subvention n° 101017201. Veuillez visiter cette page web pour plus d'informations sur les projets de recherche collaborative financés par CIVICA Research.

Dialogues autour de la fonction publique

Nouveau séminaire d'Emilien Ruiz et de Mathilde Icard
  • Actualité Sciences PoActualité Sciences Po

"Fiducia"

Journées d'étude les 8 et 9 février - CERC, Sorbonne Nouvelle et CHSP
  • P’Tille sur Flickr (CC BY-SA-2.0)P’Tille sur Flickr (CC BY-SA-2.0)

Fiducia
Colloque éclaté sur le paradigme fiduciaire

Crédibilité, confiance, crédit dans le récit de soi

8 et 9 février 2023

Journées d’étude CERC, Sorbonne Nouvelle et Centre d’histoire de Sciences Po,
Format hybride / In Person and online session

Organisation : Frédérique LEICHTER-FLACK (Sciences Po, CHSP) et Emmanuel BOUJU (CERC, Sorbonne Nouvelle)

▸ Télécharger l'affiche 

▸ Inscription :  8 février /  9 février 2023 

Des récits migratoires en vue de se qualifier au statut de réfugié, aux demandes de secours ou de protection adressées aux autorités publiques, en passant par les témoignages requis en justice, la production sociale de récits de soi articule étroitement visée véridictionnelle et visée fiduciaire : il ne s’agit pas seulement de dire le vrai ou d’être sincère pour être cru : en l’absence de preuves irréfutables, il faut être reconnu comme fiable et savoir gagner à soi la confiance de ses auditeurs et juges ; et pour ce faire, les compétences narratives jouent un rôle décisif, comme en attestent les audiences à la Cour nationale du droit d’asile, où les demandeurs d’asile qui ont vu une première fois leur demande rejetée viennent se raconter à nouveau, avec la médiation d’un interprète, devant un juge et deux assesseurs chargés d’examiner leur recours (Laacher, Croire à l’incroyable, 2018). La sélection des éléments du récit de vie, la mise en forme de l’expérience, le choix des mots et des intonations, le recours éventuel à des lieux communs du récit de persécution, la contribution cruciale du traducteur pour relayer une émotion, une hésitation, une métaphore : autant d’éléments qui visent à se qualifier comme légitime mais qui sont aussi scrutés du côté des juges ou des travailleurs sociaux.
D’autres corpus encore présentent des récits de soi assumés dans le but exprès d’obtenir un statut, une reconnaissance, un secours, une réintégration dans un cercle dont on a été exclu. Que faut-il alors confier de soi pour inspirer confiance et convaincre de sa bonne foi ? Comment le récit de soi est-il modifié par la conscience que sera exercé sur lui un soupçon ? Comment manipuler les topoï du récit de traumatisme, de détresse ou de persécution ? Les compétences narratives valorisées se retournent-elles parfois contre les émetteurs de récits ?
Le problème du crédit moral du récit de soi est particulièrement aigu quand il s’agit de témoigner d’expériences-limites et de modalités de survie traumatiques, vécues en situation extrême, dont on peut redouter qu’elles ne suscitent chez des destinataires étrangers au contexte de contrainte que l’on a connu, des réactions de jugement moral inappropriées. Comment considérer, alors, la délimitation éthique et narrative de l’espace du « dicible » ?
On sait que les écrivains-témoins des violences de masse du XXe siècle ont dû surmonter ces obstacles pour s’imposer aux historiens comme une source sinon fiable, du moins pertinente à prendre en compte. La question de savoir comment convaincre que l’impensable a bien eu lieu et que le récit qu’on en offre est fiable, celle de décider quoi partager de la complexité des modalités de survie dans la « zone grise » au risque de déclencher doutes et jugements moraux sévères chez les lecteurs à distance du contexte d’extrême contrainte, a été une préoccupation constante profondément inscrite au cœur de leur démarche, repérable dans leurs choix d’écriture, y compris et surtout quand les moyens littéraires mobilisés empruntaient aussi aux ressources de la fiction.
Or ce questionnement se prolonge dans le cadre de la littérature contemporaine, pour prendre en charge les expériences de souffrance, non seulement dans les domaines de l’autoanalyse et de l’autofiction, mais plus largement dans les récits délégués, montages de paroles, conscription de témoins, témoignages fictionnalisés, récits d’enquêtes. Comment use-t-on (voire abuse-t-on) de son crédit moral pour porter la parole d’autrui ? Quels efforts fait-on pour traduire d’une langue dans une autre, d’un registre dans un autre, et s’approprier, une parole de détresse ou un dommage subi ? De l’écrivain délégataire d’expérience aux témoins et interlocuteurs dont il porte la voix, comment circule la confiance ? Est-elle parfois trahie ?
La crédibilité de ces récits de vie pose donc toutes sortes de problèmes juridiques, politiques, éthiques, qui justifient un questionnement interdisciplinaire à l’occasion de ces journées d’étude, organisées conjointement, dans le cadre du programme IUF d’Emmanuel Bouju sur les paradigmes fiduciaires en littérature contemporaine, par le Centre d’Histoire de Sciences Po (Frédérique Leichter- Flack) et l’équipe comparatiste du CERC à la Sorbonne Nouvelle (Emmanuel Bouju), les 8 et 9 février 2023.

Programme

Mercredi 8 février

Sorbonne Nouvelle, Maison de la recherche, 4 rue des Irlandais, salle Athéna

13h30 : accueil des participants 13h45 : Emmanuel Bouju (CERC, Sorbonne Nouvelle) et Frédérique Leichter-Flack (Sciences Po, CHSP) : introduction au colloque

1. Confiance, vérité et assignation narrative

14h : Tiphaine Samoyault (EHESS, CRAL-CNRS) : La fiction et le droit d’être vrai

14h30 : Loïse Lelevé (Univ. Rennes 2 et CERCEC) : « Feindre de croire aux balivernes » : le récit de soi du faussaire

15h : Alexandre Gefen (Sorbonne-Nouvelle, THALIM-CNRS) : L’assignation narrative dans les récits de soi

2. Crédit, identité et vocalité

16h : Judith Sarfati-Lanter (Sorbonne-Université) : Qui parlera pour le fleuve ? La crédibilité des voix de la nature en droit et en littérature

16h30 : Laurence Perron (UQÀM) : Kai Cheng Thom et la fabulation des fems féroces : de la parole fausse à la parole fictive

17h : Sylvaine Guyot (New York University) : L’autothéâtre, ou le soi sur un plateau : de quelques dispositifs

18h : Auctor in fiducia 1 : « Sortir du cadre » Lecture-discussion avec Olivia Rosenthal (Un singe à sa fenêtre)

19h : Cocktail dînatoire

Jeudi 9 février

Sciences Po, Campus Saint-Thomas, 1 place Saint-Thomas-d’Aquin, Cour Gribeauval, salle K011

9h : accueil des participants

1. Se raconter pour convaincre

9h30 : Smain Laacher (Univ. de Strasbourg) : Croire à l’incroyable. Un sociologue à la Cour nationale du droit d’asile

10h15 : Marie-Caroline Saglio-Yatzimirski (INALCO CESSMA) : Demandeur d’asile : l’impasse narrative

2. Obtenir d’être cru

11h15 : Khalil Khalsi (CELAT-UQAM) : Migrants et odyssée. Du lieu commun au lieu d’autorité

11h45 : Alexane Guerin (Sciences Po, CERI) : Le paradoxe épistémique de la victime idéalement traumatisée : Les victimes de viols ordinaires face aux injustices épistémiques agentielles

12h15 : Frédérique Leichter-Flack (Sciences Po, CHSP) : Que vaut la parole d’un accusé noir ? Le procès de Tom Robinson dans Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur et « l’injustice testimoniale »

13h : Pause déjeuner

3. Gagner confiance

14h30 : Jean-Michel Chaumont (UCLouvain) : Attrition, résipiscence et contrition dans les récits de résistants communistes au sortir de la 2e guerre mondiale

15h : Charlotte Lacoste (Univ. de Lorraine) : « La vérité, toute la vérité, rien que la vérité ». L’importation du modèle testimonial en littérature et ses enjeux contemporains

15h30 : Frédérik Detue (Univ. Côte d’Azur) : Les témoignages des camps comme ‘images d’Epinal’ ?

4. Faire crédit

16h30 : Aurélie Barjonet (UVSQ) : Confiance, crédibilité et crédit du narrateurdescendant de troisième génération

17h : Olivia Lewi (Sorbonne-Université) : Récits de témoins ordinaires : l’espace et le corps comme garants de la crédibilité

18h : Auctor in fiducia 2 : « Donner asile » Lecture-discussion avec Gwenaelle Aubry (à partir de La Folie Elisa)

Le retour de l'Histoire | Les médias en parlent

  • Actualité Sciences PoActualité Sciences Po

Après ce beau succès, faisons un point sur les médias autour de cette première édition de la Semaine de l'Histoire.

LE RETOUR DE L'HISTOIRE

Du lundi 12 au vendredi 16 décembre 2022
La Semaine de l'Histoire, une semaine de manifestations organisées par le CHSP
Sciences Po, Campus de Paris

En partenariat avec le magazine L'Histoire

Programme complet (PDF, 540 Ko)

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