Jeanne Ganault
- Jeanne Ganault (CRIS)
ganaultj(at)gmail.com
CV de Jeanne Ganault
Financement de la thèse : contrat doctoral GENES-CREST
Sujet de thèse
L’autonomie temporelle et ses usages : Un révélateur des inégalités sociales devant le temps
Directeurs de thèse : Laurent Lesnard (Sciences Po - CRIS) et Nicolas Robette (CREST)
Soutenance de thèse le lundi 28 novembre 2022 à 14h à l'ENSAE (Palaiseau).
Jury : Alain Chenu, Professeur émérite, Sciences po - CRIS (rapporteur)
Julie Landour, Maîtresse de conférences, Université Paris-Dauphine
Frédéric Lebaron, Professeur des Universités, École Normale Supérieure Paris-Saclay
Laurent Lesnard, Directeur de recherche au CNRS, Sciences po - CRIS (co-directeur de thèse)
Ariane Pailhé, Directeur de recherche, Ined
Camille Peugny, Professeur des Universités, Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines (rapporteur)
Nicolas Robette, Maître de conférences, Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines (co-directeur de thèse)
De nombreux travaux rendent compte de différences dans la manière dont les individus utilisent leur temps en fonction de leurs caractéristiques sociales (notamment, leur classe sociale ou leur genre). L'autonomie dont ils disposent pour utiliser leur temps comme ils l'entendent, en revanche, est rarement prise en compte, et particulièrement pour la population salariée. Cette thèse vise à redéfinir l'autonomie temporelle dans le travail salarié comme une construction multidimensionnelle, et à la réintroduire dans l'analyse des emplois du temps et des rapports au temps de la population salariée, à partir de données quantitatives issues des enquêtes Emploi du temps et Conditions de travail, et d'entretiens qualitatifs.
Quelles possibilités ont les individus salariés d'agencer leur temps quotidien ? Et selon ces possibilités, quels agencements opèrent-ils, et comment les perçoivent-ils ? Je définis l'autonomie temporelle comme l'ensemble des libertés dont disposent (ou non) les individus dans l'agencement de leur temps de travail, et j'identifie huit types d'autonomie temporelle, allant des "contraintes 'absolues'" à "l'autonomie 'absolue'", qui révèlent des inégalités de classe sociale, de genre, et de contexte organisationnel. Ces types d'autonomie sont associés à des articulations différentes entre temps de travail rémunéré et temps de travail domestique au quotidien : lorsqu'ils sont plus autonomes, les hommes sont d'autant plus susceptibles de réaliser et valoriser de longues journées de travail rémunéré, et les femmes de consacrer davantage de temps au travail domestique. La ségrégation genrée des emplois du temps des individus les plus autonomes reflète en partie une sélection des femmes dans des professions leur garantissant l'autonomie de "concilier" leurs obligations professionnelles et familiales. Cette sélection est néanmoins inaccessible à beaucoup d'individus salariés : les plus contraints dans leur quotidien sont également largement contraints dans leur parcours, mais ils n'expriment pas pour autant un désir de changer leur situation présente ou future, "faisant de nécessité autonomie".