Résumé du projet de thèse de Marta Veljkovic
Porteuses des mécanismes de cumul et de compensation des (dés)avantages initiaux, les carrières professionnelles dans les sociétés contemporaines sont à la fois le produit et un des mécanismes de la stratification sociale. Dans la présente thèse, l’analyse de la mobilité sociale en cours de carrière permet de s’intéresser à l’évolution des inégalités de classe et de genre à l’aune des grandes transformations de la structure sociale, du marché du travail et des caractéristiques de la population active en France au cours du demi-siècle passé. À partir des enquêtes Formation-Qualification Professionnelle (Insee, 1970 ; 1977 ; 1985 ; 1993 ; 2003 ; 2014-2015), la dynamique de la mobilité depuis le premier emploi et à cinq ans d’intervalle est observée selon les périodes et au fil des générations. À l’aide de l’enquête Histoire de vie (Insee, 2003), l’analyse de la structure de la mobilité est complétée par une reconstruction annuelle des trajectoires de classe. Les ressorts sociaux de la mobilité sont étudiés en analysant l’origine sociale des individus et leurs parcours conjugaux et parentaux. Les résultats mettent en évidence une évolution lente mais continue des flux de mobilité intragénérationnelle, évolution qui va au-delà de celle qui aurait été produite par le seul changement de la structure sociale au fil du temps. Toutefois, la hausse de l’ampleur de la fluidité de carrière ne s’étant pas accompagnée d’une modification majeure du degré de proximité et de distance entre les différentes classes sociales, les analyses suggèrent un changement seulement partiel du régime de carrière en France, avec une évolution des flux mais un maintien des barrières à la mobilité.
Professional careers in contemporary societies are both the product and one of the mechanisms of social stratification, as they can represent patterns of both accumulation and compensation of initial social (dis)advantages over the life-course. This thesis analyzes social mobility over the career to examine the evolution of class and gender inequalities while accounting for major transformations in the social structure, the labor market and the labor force characteristics in France over the past half-century. Drawing on the Formation-Qualification Professionnelle surveys (Insee, 1970; 1977; 1985; 1993; 2003; 2014-2015), I observe mobility dynamics from the first job and at five-year intervals from both a period and a cohort approach. I complement the analysis of the mobility structure with an annual reconstruction of class trajectories derived from the Histoire de vie survey (Insee, 2003). I study mobility resources by analyzing the social origin of individuals and their conjugal and parental histories. The results reveal a slow but continuous change in intragenerational mobility whose explanation goes beyond the transforming social structure alone. However, increasing career fluidity is not accompanied by a major change in the proximity and distance between different social classes. These results suggest only a partial change in the career regime in France, with an evolution of the flux and a maintenance of the barriers to mobility.