Justice des mineurs : standardisation criminologico-gestionnaire et reconfiguration des pratiques professionnelles

Justice des mineurs : standardisation criminologico-gestionnaire et reconfiguration des pratiques professionnelles

Nicolas Sallée, Université de Montréal
Séminaire axe Droit normes et régulation - 24/11/2023
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Le prochain séminaire de l'axe Droit normes et régulation reçoit Nicolas Sallée, professeur du département de sociologie de l'Université de Montréal :

Une jeunesse cotée en risque : standardisation criminologico-gestionnaire et reconfiguration des pratiques professionnelles dans le champ de la justice des mineurs (regards croisés Québec / France).

Résumé :

Dans une majeure partie des pays occidentaux, et avec une intensité particulière en Amérique du Nord et dans les pays anglo-saxons, les systèmes de justice pénale et, parmi eux, les systèmes de justice des mineurs se convertissent à un modèle de justice actuarielle. Ce modèle repose sur la diffusion croissante, aux différents stades de la procédure pénale, d’outils standardisés d’évaluation des risques de récidive. Parfois décrit sous l’angle d’une « nouvelle pénologie » (Feeley & Simon, 1992), d’un « ordre post-disciplinaire » (Castel, 1981) ou d’une « culture du contrôle » (Garland, 2001), ce modèle réactualise un vieux « désir de prédire » (Harcourt, 2007 : 174), omniprésent dès les prémisses de la criminologie à la fin du 19e et au début du 20e siècles. À partir d’une enquête (mobilisant archives, observations et entretiens) menée sur les institutions, les savoirs et les pratiques du traitement des jeunes délinquants à Montréal (Québec, Canada), Nicolas Sallée décryptera d’abord, dans un horizon comparatif avec la France, la genèse de ce modèle et ce qu’il nous dit des mutations du traitement des déviances juvéniles au tournant du 21e siècle. Il analysera ensuite les usages et les modalités d’appropriation (institutionnelle, gestionnaire et professionnelle) de l’outil d’évaluation des risques utilisé par les agents chargés de l’accompagnement des jeunes condamnés à des peines exécutées dans la collectivité (libération conditionnelle, probation, sursis). Il montrera alors comment l’outil pèse sur le sens politique de la justice des mineurs en réorientant les finalités du travail d’accompagnement vers une logique de contrôle de la minorité des jeunes les plus précarisés, et les plus stigmatisés.

La séance se tient de 10h à 12h à la fois en présentiel à Sciences Po, sur le campus Saint-Thomas, salle K.011 et en distanciel sur zoom. Si vous souhaitez y assister, merci de contacter Samia Ben.

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