Exhumer le patrimoine, enterrer le service public

Exhumer le patrimoine, enterrer le service public

Soutenance de thèse de Hugues Bonnefon, le 22/10
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Hugues Bonnefon soutient une thèse de sociologie intitulée :

« Exhumer le patrimoine, enterrer le service public. Les archéologues face à la libéralisation des fouilles préventives. »

 La soutenance aura lieu mardi 22 octobre à 14h30, à l’IEP de Paris.

 Le jury sera composé de :

  • Philippe BEZES, directeur de recherche CNRS, CEE (directeur de thèse),
  • Didier DEMAZIERE, directeur de recherche CNRS, CSO (directeur de thèse),
  • Léonie HENAUT, chargée de recherche CNRS, CSO,
  • Odile JOIN-LAMBERT, professeure des universités, Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines, PRINTEMPS (rapportrice),
  • Andy SMITH, directeur de recherche CNRS, CED (rapporteur),
  • Pascale TROMPETTE, directrice de recherche au CNRS, PACTE,
  • et Antoine VION, professeur des universités, Université de Nantes, CENS

Résumé de la thèse :

Depuis 2001, l’État peut prescrire des interventions archéologiques avant des travaux susceptibles d’affecter des vestiges. Un monopole public est alors confié à un établissement national. Mais dès 2003, les fouilles sont ouvertes à la concurrence de prestataires publics et privés.

À l’intersection de l’analyse de l’action publique, de la sociologie des marchés et des groupes professionnels, la thèse analyse les ressorts politiques de cette libéralisation et ses effets sur l’activité des archéologues chargés de sauvegarder le patrimoine.

En retraçant la trajectoire de réformes du secteur, on montre que la libéralisation ne procède pas plus d’un agenda libéral après l’alternance de 2002 que de directives des institutions européennes. Elle s’explique plutôt par les réactions négatives que suscite la loi de 2001 chez les aménageurs, les élus locaux et une minorité d’archéologues exclus du monopole.

Pour autant, la mise en marché des fouilles décrit un genre inédit de transaction économique : la souscription obligatoire à une prestation qui intéresse négativement le client. La difficulté pour le ministère de la Culture consiste dès lors à faire assumer aux aménageurs des coûts et contraintes qu’ils ont intérêt à minimiser.

Par conséquent, le groupe des archéologues se divise sur l’opportunité d’une ouverture du secteur à des structures privées. Une partie considère que l’activité ne peut en aucun cas s’exercer en dehors du service public, tandis que d’autres estiment que la libéralisation ne remet en cause ni leur professionnalisme ni les possibilités de pratiquer leur travail dans de bonnes conditions. Ce clivage public-privé recoupe en fait des inégalités générationnelles.

Cette thèse est présentée dans le podcast « Objets trouvés »

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