Observatoire International du Religieux
Analyse de document :
Les récentes évolutions en Syrie contre l’Etat islamique (EI) sont l’occasion de revenir sur le prêche prononcé par le sheikh Abd al-Mahdi al-Karbala’i à Kerbala le 13 juin 2014. Ce texte est fondateur en ce qui concerne la trajectoire irakienne du conflit contre l’EI, car il induit la légitimation du fait milicien chiite.
Jean-François Ratelle, université d’Ottawa (Canada)
Depuis 2012, entre 4 000 et 5 000 citoyens russes ont gagné la Syrie ou l’Irak pour rejoindre les rangs des différentes factions jihadistes incluant plus de 1 000 Daghestanais et Tchétchènes. Ce nombre fait de la Fédération de Russie le principal exportateur de combattants étrangers dans le conflit, dépassant même, en cela, des pays comme l’Arabie Saoudite, la Turquie et la Jordanie.
Observatoire international du religieux
Le renouveau religieux de la Fédération de Russie nécessite d’être recontextualisé par rapport à l’ensemble des transformations postsoviétiques. Le développement de l’Etat séculier russe se caractérise en effet par la disparition du régime totalitaire et la « parade des souverainetés »
Didier Chaudet, attaché scientifique à l'IFEAC-Bishkek, chercheur non-résident à l'IPRI-Islamabad
Les djihadistes centrasiatiques ont, comme d’autres avant eux
Thierry Zarcone, directeur de recherche au GSRL
Les récents attentats terroristes perpétrés, entre juin 2016 et avril 2017, contre des Occidentaux ou des musulmans par des assaillants d’origine ouzbek, confirment la radicalisation de plusieurs éléments de ce peuple d’Asie centrale, et leur participation à des réseaux internationaux de djihadistes. En voici la liste :
Observatoire africain du religieux (LASPAD-UGB)
Le Sénégal représente la porte saharienne de la pénétration islamique en Afrique noire, cette périphérie subsaharienne de l’islam ne pèse pas moins de 230 millions d’âmes et abrite un important foyer d’expansion du monde musulman.
Pierre-Jean Luizard, Directeur de recherche CNRS
Mossoul connaîtra-t-elle le sort tragique d’Alep ? Dans les deux cas, nous assistons à la tentative de reconquête de la seconde ville de chacun des deux pays par des gouvernements qui proclament lutter contre le « terrorisme » et agir pour restaurer la souveraineté de l’Etat. Car en Irak comme en Syrie, l’Etat a cédé la place à une conception communautaire du territoire.
La violence djihadiste a reconfiguré les relations internationales contemporaines. Son appréhension souffre d’une lecture souvent confuse qui tend d’une part à la décontextualiser et d’autre part à nier les évolutions et les débats qui la structurent en interne. Ses différentes expressions, d’Al-Qaïda à l’Etat islamique en passant par des groupes locaux, sont d’abord le fruit d’histoires et de sociétés marquées par d’autres formes de violence, parfois rendues invisibles. Elles s’adaptent également à une variété d’environnements, donnant naissance à des processus d’intégration politique qu’il est important de considérer.
Abu Hanieh Hasan et Abu Rumman Mohammad, The « Islamic State » Organization, The Sunni Crisis and the Struggle of Global Jihadism, Paris, Friedrich-Ebert-Stiftung, 2015.
Benraad Myriam, « Dans la tête de L’État islamique. Aux sources de la violence, la revanche des parias », Revue du crieur, 3, 2016, p. 60-69.
Blom Amélie, « Les “martyrs” jihadistes veulent-ils forcément mourir ? Une approche émique de la radicalisation autosacrificielle au Pakistan », Revue française de science politique, 61 (5), 2011, p. 867-891.
Burgat François, Comprendre l’islam politique, Paris, La Découverte, 2016.
Candiard Adrien, Comprendre l’islam (ou plutôt : pourquoi on n’y comprend rien), Paris, Flammarion, 2016.
Dakhli Leyla, « L’islamologie est un sport de combat », Revue du crieur, 3, 2016, p. 4-17.
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Hamid Mustafa et Farrall Leah, The Arabs at War in Afghanistan, Londres, Hurst, 2015.
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Kepel Gilles et Jardin Antoine, Terreur dans l’Hexagone. Genèse du djihadisme français, Paris, Gallimard, 2015.
Khosrokhavar Farhad, Radicalisation, Paris, Maison des sciences de l’homme, 2014.
Maher Shiraz, Salafi Jihadism. The History of an Idea, Londres, Hurst, 2016.
Martinez Luis, « Structures, environnement et basculement dans le jihadisme », Cultures et conflits, 69, 2008, p. 133-156.
Mouline Nabil, Le Califat, histoire politique de l’islam, Paris, Flammarion, 2016.
Roy Olivier, Le Djihad et la Mort, Paris, Seuil, 2016.
Staffell Simon et Awan Akil (dir.), Jihadism Transformed. Al-Qaeda and Islamic State’s Global Battle of Ideas, Londres, Hurst, 2016.
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Commentaire de Laurent Bonnefoy
L'histoire du mouvement dit djihadiste s'est structurée dans le sillage du combat contre l'occupant soviétique en Afghanistan au cours des années 1980. Sa transnationalisation s'est ensuite opérée par le truchement d'Al-Qaïda qui a contribué à transformer le mouvement en une nouvelle menace à l’origine d’une recomposition des relations internationales. La territorialisation du mouvement par le biais de l'Etat islamique en Irak et en Syrie au début de la décennie 2010 a souligné les impasses de la « guerre mondiale contre le terrorisme » et induit un accroissement significatif de la violence tant dans les sociétés à majorité musulmane qu'en Europe et en Amérique du Nord.