Replay : Comment les établissements d'enseignement supérieur et de recherche ont-ils géré la crise du COVID ?

Débat du 10 février 2022
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Comment les établissements d'enseignement supérieur et de recherche ont-ils géré la crise du COVID ? 

Le jeudi 10 février 2022 de 17h à 18h30 - Evènement en ligne

Autour de la publication du rapport de recherche financé par l'ANR (accessible sur ce lien -PDF - 4 Mo)

Accéder au replay (durée : 1:48)

La question de la gestion des crises – quelle que soit leur nature – par les universités est très peu étudiée. Il est apparu donc pertinent de s’y intéresser. 

Comment réagissent des organisations loosely coupled (la faible interdépendance fonctionnelle qui les caractérise) à une crise : sont-elles moins affectées ou plus réactives que des organisations au sein desquelles les interdépendances fonctionnelles ou technologiques sont plus fortes ? Les reconfigurations des rapports de force que soulignent nombre de travaux sur les crises (Bergeron et Borraz, à paraître) sont-elles moins fréquentes, moins fortes, moins intenses que dans d’autres organisations ? La gouvernance propre à chaque établissement est-elle modifiée et si oui dans quel sens ? Enfin, comment les universités arbitrent-elles entre sécurité sanitaire et continuité de leurs activités et stratégies de plus long terme ? Autrement dit, la crise les détourne-t-elle de leurs projets de développement ou de transformation ou bien ceux-ci sont-ils malgré tout poursuivis ?

Ce sont toutes ces questions auxquelles ont répondu nos invités.

Mathilda Bedin, Vice-Présidente Étudiante d'Université de Paris et Docteur en Sciences,

Simone Bonnafous, ancienne Rectrice déléguée pour l’enseignement supérieur, la recherche et l’innovation de la région académique Île-de-France,

Samuel Sponem, Professeur à HEC Montréal, 

Damien Verhaeghe, Directeur de cabinet du Président Aix-Marseille Université.

En présence des auteures : 

Stéphanie Mignot-Gérard, Maître de conférences à l'Institut de Recherche en Gestion, UPEC,
Christine Musselin, Directrice de recherche CNRS et sociologue au CSO,
Aline Waltzing, post-doctorante au CSO. 

Le débat est modéré par Catherine André, rédactrice en chef adjointe d'Alternatives Economiques.

De gauche à droite : Catherine André, Stéphanie Mignot-Gérard, Damien Verhaeghe, Aline Waltzing, Simone Bonnafous, Samuel Sponem, Christine Musselin et Mathilda Bedin.

 

Women in Corporate Networks (20th-21st Centuries)

By Stéphanie Ginalski University of Lausanne- Discussion by Pierre François
A joint MaxPo/CSO seminar - 11 February 2022
  • ©shutterstock-Flamingo Images©shutterstock-Flamingo Images
Friday, 11 February 2022 from 10:00-12:00 in room K.011 at 1 place Saint Thomas d'Aquin*. 

*There will also be a Zoom option to enable a hybrid seminar.

Stéphanie Ginalski, Institute of Political Studies, University of Lausanne

Discussion by: Pierre François, Centre de Sociologie des Organisations (CSO) and Dean of the School of Research, Sciences Po

Abstract: 

This presentation will introduce the project "Women in corporate networks", which gathers a group of scholars from different regions of the world to analyse women’s inclusion on corporate boards in a historical and comparative perspective. After a general introduction on the theoretical and methodological issues, I will present the empirical results for the Swiss case. The aim is to discuss the effect of the Swiss corporate network on the entry of women into the boardrooms, and the process of board feminisation across the past hundred years. The results show that during the 20th century, a dense corporate network and a strong class cohesion within the male economic elite made it very difficult for women to get on boards. The few female directors were first in family firms. Then, women active in politics and in the feminist movement entered the boardrooms of cooperatives in the distribution and retailing sector. Three main factors contributed then to the progressive increase in female directors. During the 1990’s, gender equality was seen as profitable for the firms because of the shortage of skilled labour. Increasing globalisation of the economy also contributed to weaken the cohesion of Swiss corporate elite, opening a breach for women and foreigners. Finally, the 2007-2008 financial crisis and the rise of a “transnational business feminism” contributed to make the concept of board diversity more popular. As we will see, however, this assertion of a board diversity must be tempered for several reasons.
Stéphanie Ginalski is a senior lecturer at the Institute of Political Studies, University of Lausanne, and a co-founder and member of the Swiss Elites Observatory (https://www.unil.ch/obelis). Her main research interests focus on business elite and the transformation of capitalism during the 20th century. She is currently co-leading a research project on local power structures and transnational connections of Swiss elites in a historical perspective (1890-2020), in which she investigates a new field of research on art societies (https://wp.unil.ch/sinergia-elites). 

Valerie Arnhold, docteure en sociologie

31 janvier 2022
  • Tsunami : 04/30/2011 Fukushima japan ©shutterstock-Fly_and_DiveTsunami : 04/30/2011 Fukushima japan ©shutterstock-Fly_and_Dive

 

Le 31 janvier 2022, Valerie Arnhold a soutenu une thèse de sociologie dont le titre  est  : Normaliser l’apocalypse : organisations et recompositions du secteur nucléaire  face aux accidents.

 


Membres du Jury :

Jenny ANDERSSON, 
Olivier BORRAZ (Directeur de recherche), 
Sylvain LAURENS,
Turo-Kimmo LEHTONEN,
Christine MUSSELIN,
Sezin TOPCU

Résumé

En partant de l’accident de Fukushima Dai-ichi en mars 2011, cette thèse interroge les manières dont le secteur nucléaire a pu surmonter cette catastrophe sans remise en cause majeure. Pour en rendre compte, la thèse retrace les modalités de prise en charge des accidents nucléaires par les agences de contrôle et de régulation depuis leur constitution en objet d’action publique à la suite de l’accident de Three Mile Island en 1979. Ce travail repose sur une étude du cas français, doublement élargie par l’étude d’espaces européens et internationaux de coopération autour des accidents, d’une part, et par la prise en compte du cas allemand comme contre-point, de l’autre. L’analyse s’appuie sur une enquête ethnographique multi-située, qui a permis d’observer le travail sur Fukushima au concret. Cette enquête a été complétée par un travail d’archives ainsi qu’une analyse des productions médiatiques.

La thèse montre comment la prise en charge des accidents enclenche un processus de normalisation au terme duquel les organisations nucléaires intègrent les accidents graves à leurs pratiques ordinaires, les transformant en événements surmontables et in fine acceptables, qui ne remettent plus en cause la continuité des politiques et des institutions du secteur nucléaire. L’étude des pratiques professionnelles des experts nucléaires et des relations entre les acteurs du secteur nucléaire éclairent les conditions de possibilité de ce processus. Premièrement, les experts de la sécurité nucléaire abordent les accidents nucléaires avant tout comme des enjeux de production de savoirs et d’écrits selon une logique qui écarte leurs effets matériels et évite la confrontation aux données empiriques, produisant ainsi une vision d’un horizon « apocalyptique » qui demeurerait contrôlable. Deuxièmement, la création d’organisations de contrôle et de régulation du secteur nucléaire a contribué, paradoxalement, à l’autonomisation du secteur à l’égard du pouvoir exécutif, afin d’empêcher un gouvernement à distance et d’éloigner des crises futures.

La thèse contribue à la sociologie de l’action publique, en étudiant les conditions d’autonomisation d’agences de régulation et de l’expertise vis-à-vis du politique. Elle contribue aux STS en soulignant les dimensions politiques du travail de maintenance et à la sociologie des organisations en montrant comment les organisations transforment les matérialités et temporalités des événements indésirables. Elle contribue à la compréhension des crises, en montrant comment les organisations inversent le sens des injonctions à « l’adaptation »: ce ne sont pas les organisations qui s’adaptent pour envisager réellement la survenue de catastrophes, mais les accidents qui sont abordés sous l’angle de ce que les organisations sont capables de gérer, déplaçant les mandats de protection des organisations publiques.

Séminaire doctoral du 4 février 2022

La propriété au travail : l'écriture scénaristique en actes
Maxime Besenval, doctorant au CSO
  • ©shutterstock-Gorodenkoff©shutterstock-Gorodenkoff

Présentation de Maxime Besenval, doctorant au CSO : 
La propriété au travail : l'écriture scénaristique en actes

Résumé :

L’écriture scénaristique est au cœur des bouleversements qui traversent l’industrie de la production audiovisuelle, entre reconfiguration du marché de la diffusion ; recomposition des critères d’évaluation des biens ; et transformation des temporalités et des modes d’organisation du travail. Dans ce contexte, les organisations professionnelles du secteur nourrissent de nombreux conflits autour des normes régulant le processus d’écriture. Le droit d’auteur (qui repose sur la mise en vente des droits d’exploitation du scénario), qui encadre historiquement cette activité, est lui-même mis en cause, et se voit opposer le contrat de louage d’ouvrage (en référence à l'article 1710 du code civil), qui déplacerait la rémunération vers l’acte de travail. 

Naviguant entre les sociologies du travail et de la marchandisation, les études des sciences et techniques, et l’anthropologie de l’écriture, cette recherche s’attache à appréhender les enjeux qui traversent l’écriture scénaristique, partant du suivi ethnographique du geste d’inscription et de la circulation de l’objet. Il s’agira de mettre en lumière le rôle joué par le scénario dans la coordination des collectifs productifs qui œuvrent à la création des séries télévisées, et ce que génère la contractualisation à partir d’un objet intermédiaire sur les régimes d’engagement dans le travail.

Ce séminaire qui se tient les vendredis de 10h à 12h est organisé à la fois en distanciel et en présentiel dans le respect des conditions sanitaires actuelles.

Si vous souhaitez y assister, merci de contacter Samia Ben.

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Médaille d'honneur du CNRS décernée à Emmanuelle Marchal

  • Médaille d'honneur du CNRS - Emmanuelle MarchalMédaille d'honneur du CNRS - Emmanuelle Marchal

Emmanuelle Marchal s'est vue décerner la médaille d'honneur du CNRS pour l'ensemble de sa carrière. 

Emmanuelle Marchal a dirigé ses recherches vers l’analyse du fonctionnement du marché du travail en prenant pour point d’entrée la question du recrutement. Elle a développé de nombreux travaux sur la manière dont s’opèrent les mises en relation entre candidats et recruteurs, et sur la construction des jugements de compétences en mettant l’accent sur les incertitudes qui entourent les épreuves d’évaluation.

Ses travaux, tant quantitatifs que qualitatifs, s’inscrivent dans une double filiation : celle de l’économie des conventions avec laquelle elle a noué des liens étroits sous la forme de nombreuses collaborations, et celle de la sociologie économique des marchés. L’accent est mis, d’un côté, sur ce qui contribue à faire tenir le marché du travail et à l’équiper (le rôle des dispositifs et des intermédiaires), à fonder la confiance et à stabiliser les transactions, et de l’autre, sur ce qui contribuer à faire varier la valeur des candidats sur le marché. Emmanuelle Marchal adopte également un point de vue comparatif, mettant en évidence l’évolution des modes de recrutement, les spécificités françaises et la variabilité des pratiques selon les types d’entreprises, d’emplois et de candidats.

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De l’indépendance à la dépendance des chauffeurs Uber : des salariés déguisés ?

Sophie Bernard, Dauphine et IRISSO - 28 janvier 2022
Séance de l'axe Gouvernance et organisations Economiques
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Séance organisée par l'axe Gouvernance et organisations Economiques

Présentation de Sophie Bernard, Dauphine et IRISSO :

De l’indépendance à la dépendance des chauffeurs Uber : des salariés déguisés ?

Résumé :

Alors qu’ils sont entrés dans le métier pour accéder à l’indépendance, l’enquête menée auprès des chauffeurs Uber à Paris et Montréal démontre qu’ils ne disposent pas d’autant de liberté que ne le laisse supposer leur statut d’emploi. Leur travail est encadré par la plateforme par le biais d’un management algorithmique qui vise à contrôler et orienter leurs comportements à distance. Si les chauffeurs tâchent d’y résister, leurs tentatives sont mises à mal par leur dépendance économique à la plateforme. Celle-ci est en effet parvenue à se construire une position quasi-monopolistique sur le marché du transport de personnes. La situation de dépendance économique des chauffeurs à Uber induit dès lors leur subordination à la plateforme.

Ce séminaire qui se tient les vendredis de 10h à 12h est organisé à la fois en distanciel et en présentiel dans le respect des conditions sanitaires actuelles.

Si vous souhaitez y assister, merci de contacter Samia Ben.

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Séminaire doctoral du 21 janvier 2022

Apprendre le français pour (s')intégrer ? Les politiques de formation linguistique des migrant.es
Ulysse Bical, doctorant au CSO
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Présentation de Ulysse Bical, doctorant au CSO :
Apprendre le français pour (s')intégrer ? Les politiques de formation linguistique des migrant.es.

Résumé :

L'apprentissage du français par les migrant.es est considéré unanimement comme preuve, et comme vecteur, de leur intégration. À ce titre, c'est l'objet de plusieurs politiques publiques qui d'une part conditionnent l'obtention de statuts administratifs à l'apprentissage de la langue - et d'autre part entendent développer et professionnaliser l'offre de formation gratuite.

Empruntant à la sociologie du travail, des mondes associatifs et de l'immigration, cette recherche vise à interroger le travail d'intégration réalisé dans les formations (tant par les formateur.ices que par les "apprenant.es") en entrant dans la salle de classe. Elle s'appuie sur une enquête ethnographique menée dans plusieurs associations et organismes de formation d'Île-de-France.

Ce séminaire qui se tient les vendredis de 10h à 12h est organisé actuellement en distanciel via zoom. 

Si vous souhaitez y assister, merci de contacter Samia Ben.

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Quelles sont les conditions pour une lutte commune autour d’une délégation du travail plus juste ?

François-Xavier Devetter (CLERSE) et Julie Valentin (CES)
Séminaire DomesticitéS - 18 janvier à 10h
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Le séminaire DomesticitéS, en pleine forme en ce début d’année, vous attend le mardi 18 janvier de 10h à 13h pour une séance avec François-Xavier Devetter (CLERSE) et Julie Valentin (CES), autour de la question suivante : Quelles sont les conditions pour une lutte commune autour d’une délégation du travail plus juste ?

Elle s’inscrit dans la continuité de nos réflexions autour du politique, de la lutte, du droit et de la justice dans les domesticités, et offre une réflexion qui touche plus largement le travail.

Cette séance se fera cette fois-ci entièrement à distance (en attendant, on l’espère, de basculer plus tard dans l’année en présentiel).

Pour recevoir le lien vers la visio-conférence, merci de bien vouloir vous inscrire ici : https://forms.office.com/Pages/ResponsePage.aspx?id=3sTngckmMUWwdrcOLXWWbshTpqxDvidNi5kCuaOyMgNURUxCSkVENVNXSzE4SldKUzBHRTJEQUZPVi4u

Légion d'honneur et médaille du mérite

Daniel Benamouzig, Sophie Dubuisson-Quellier et Christine Musselin
  • Légion d'honneur et médaille du mériteLégion d'honneur et médaille du mérite

Le CSO a le plaisir de vous annoncer les nominations au grade de Chevalier de la Légion d'honneur par décret du 31 décembre 2021 de Daniel Benamouzig sur proposition du Ministère de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation et de Sophie Dubuisson-Quellier sur proposition du Ministère de la transition écologique.

Christine Musselin a été nommée officier de l'ordre du mérite par décret du 31 décembre 2020. Nous avons attendu la cérémonie de remise pour faire l'annonce de sa nomination mais celle-ci a été reportée à plusieurs reprises en raison de la crise du COVID. Nous profitons de ce moment pour la saluer également.

Toute l'équipe leur présente ses plus vives félicitations.

Who Cooperates with Whom in Mixed-Gender Teams? Paying to Cross the Gender Gap / CANCELLED

Talk with David C. Stark, Columbia University - February 8, 2022
  • David C. StarkDavid C. Stark

David C. Stark will be visiting the CSO to give a talk on: 
Who Cooperates with Whom in Mixed-Gender Teams?: Paying to Cross the Gender Gap.

David C. Stark is professor of sociology at Columbia University and professor of social science at the University of Warwick. He studies economic and cultural networks, innovation, and processes of valuation in finance and other settings.

Talk on February 8 at 14h, 2022. The room will be at Sciences Po, (on the new campus), K.011 in building M, 1 place Saint Thomas d'Aquin, Paris. 

Registration

Quelle est la valeur de notre service public ?

Inscrivez-vous au débat du 27 janvier de 17h à 18h30 sur zoom
  • Débat : Quelle est la valeur de notre service public ?Débat : Quelle est la valeur de notre service public ?

Quelle est la valeur de notre service public ?

Le jeudi 27 janvier 2022 de 17h à 18h30 - Evènement en ligne

Autour de "La valeur du service public", Julie Gervais, Claire Lemercier et Willy Pelletier.

Ce livre raconte les services publics : ceux qui ont fait vivre des villages et ceux qui ont enrichi des entreprises, les guichets où on dit « non » et ceux qui donnent accès à des droits. Il combat les fausses évidences qui dévalorisent pour mieux détruire – les fonctionnaires trop nombreux, privilégiés, paresseux. Il mène l’enquête pour dévoiler les motifs des crimes et leurs modes opératoires, des projets de réforme à leurs applications.
On entre dans les Ehpad, aux côtés des résidents et du personnel soignant, on pousse la porte des urgences, on se glisse dans les files d’attente de la CAF ; on s’aventure dans les grandes écoles, on s’infiltre dans les clubs des élites, au gré de récits et d’images qui présentent les recherches universitaires les plus récentes.

Nos invités :

Émilie Biland-Curinier, professeure des universités à Sciences Po et affiliée au CSO,

Laure de la Bretèche, membre fondateur du think tank Sens du service public et ancienne secrétaire générale pour la modernisation de l’action publique (SGMAP),

Christophe Delecourt, secrétaire général de l'UFSE CGT,

André Laignel, premier vice-président délégué de l’Association des Maires de France, maire d’Issoudun, ancien ministre,

Émilien Ruiz, assistant professor à Sciences Po et affilié au Centre d'Histoire.

En présence des auteurs : 

Claire Lemercier, historienne et directrice de recherche CNRS au CSO et Willy Pelletier, sociologue et enseignant à l'Université de Picardie

Le débat est modéré par Catherine André, rédactrice en chef adjointe d'Alternatives Economiques.

Lien vers le formulaire d'inscription

A la suite de votre inscription, vous recevrez un email de confirmation dans lequel vous trouverez les informations de connexion.

Parution : Les politiques de l'argent, Jeanne Lazarus

Aux éditions Puf
  • Les politiques de l'argent, Jeanne LazarusLes politiques de l'argent, Jeanne Lazarus

Les politiques de l'argent, Jeanne Lazarus (Puf)

De l’action des banques dans les politiques sociales.

Si la protection sociale semble reculer, l’État n’a pas pour autant renoncé à protéger ses citoyens. De la réglementation du compte jusqu'à l'éducation budgétaire en passant par l'inclusion bancaire ou la procédure de surendettement, cet ouvrage met en lumière la part bancaire des politiques sociales. Il analyse un périmètre d'action publique qui prend une importance croissante : les politiques publiques de l'argent des ménages, destinées à protéger l'argent des citoyens et leurs capacités de consommation, en même temps qu'à lutter contre la pauvreté. 

Mais parce que ces politiques publiques de protection ne sont pas collectives et s'appuient sur des dispositifs et des institutions marchandes, elles illustrent la transformation des sociétés contemporaines : il ne s'agit pas tant de diminuer les risques que de préparer les individus à les affronter. Jeanne Lazarus montre ainsi comment les pouvoirs publics tentent de réduire la pauvreté, non par la redistribution, mais en transformant les usages des citoyens.

Un débat est en cours de préparation pour vous présenter cette publication.

En savoir plus

Site des Puf

A lire : FACE AU COVID-19. Les établissements d’enseignement supérieur et de recherche face à la crise sanitaire

Rapport du projet financé par l'ANR
Par Stéphanie Mignot-Gérard, Christine Musselin et Aline Waltzing
  • Rapport FACE AU COVID-19Rapport FACE AU COVID-19

Les universités face aux crises, une question très peu étudiée

L’idée de cette recherche est née début mai 2020, alors que nous commencions à apercevoir la fin du premier confinement. Après une rapide revue de littérature, il nous est apparu que la question de la gestion des crises – quelle que soit leur nature – par les universités était un terrain quasi-vierge. Parallèlement la consultation des travaux sur la gestion organisationnelle des crises montrait qu’ils peuvent être organisés en deux grandes catégories : d’une part ceux qui analysent les causes et la gestion des crises dans des organisations caractérisées par leur haut degré de complexité et d’interdépendance technologiques (entreprises chimiques, centrales nucléaires, navettes spatiales…) et qui se penchent également sur les manières de prévenir ces risques ; d’autre part ceux qui portent sur les services qui interviennent lors de crise (administration préfectorale, pompiers, services d’urgence, etc.) afin de comprendre comment ils se préparent et se coordonnent (ou pas) en cas de crise.

À la lecture de ces travaux, il est apparu encore plus pertinent de s’intéresser aux universités et à leur gestion de la crise sanitaire : non seulement elles n’avaient jamais été concernées par ces recherches, mais de plus une de leurs spécificités organisationnelles, le loose coupling, c’est-à-dire la faible interdépendance fonctionnelle qui les caractérise, est souvent présentée comme un facteur facilitant la gestion des crises dans les univers bureaucratiques ou à haute technologie (Quarantelli, 1977 ; Perrow, 1984 et 1999). Comment réagissent alors des organisations loosely coupled à une crise : sont-elles moins affectées ou plus réactives que des organisations au sein desquelles les interdépendances fonctionnelles ou technologiques sont plus fortes ? Les reconfigurations des rapports de force que soulignent nombre de travaux sur les crises (Bergeron et Borraz, à paraître) sont-elles moins fréquentes, moins fortes, moins intenses que dans d’autres organisations ? La gouvernance propre à chaque établissement est-elle modifiée et si oui dans quel sens ? Enfin, comment les universités arbitrent-elles entre sécurité sanitaire et continuité de leurs activités et stratégies de plus long terme ? Autrement dit, la crise les détourne-t-elle de leurs projets de développement ou de transformation ou bien ceux-ci sont-ils malgré tout poursuivis ?

C’est fortes de ces questions que nous avons conçu une vaste enquête empirique qui a couru de mai 2020 à septembre 2021 et bénéficié d’un financement d’une année par l’Agence nationale de la recherche (ANR) dans le cadre de l’appel RA-COVID.

Stéphanie Mignot-Gérard (IRG, UPEC)
Christine Musselin (Sciences Po, CSO, CNRS)
Aline Waltzing (Sciences Po, CSO, CNRS).
Avec la collaboration d’Aliénor Balaudé (Sciences Po, CSO, CNRS) et de Anne Moyal (Sciences Po, CSO, CNRS) et des étudiant·e·s du master de sociologie de Sciences Po.

Séminaire doctoral du 14 janvier 2022

Des financements expérimentaux pour réformer les soins primaires : de la fabrique à la mise en œuvre de nouvelles modalités d’action publique
Noémie Morize, doctorante au CSO
  • ©shutterstock-Andy Dean Photography©shutterstock-Andy Dean Photography

Présentation de Noémie Morize, doctorante au CSO :

Des financements expérimentaux pour réformer les soins primaires : de la fabrique à la mise en œuvre de nouvelles modalités d’action publique.

Résumé : 

Depuis une quinzaine d’années, les pouvoirs publics déploient des politiques successives de
régulation des soins primaires. En 2017, une nouvelle modalité d’action publique est mise en place,
l’article 51, visant à déployer un ensemble d’expérimentations dans le secteur de la santé. Parmi
elles, deux expérimentations s’intéressent aux modes de rémunération des professionnels de soins
primaires. Cette enquête s’intéresse à la fabrique puis à la mise en œuvre de ces expérimentations,
s’appuyant sur une enquête qualitative articulant le recueil de documents, des entretiens et des
observations, au sein des administrations nationales d’une part ; et d’organisations de santé d’autre
part.

Ce séminaire qui se tient les vendredis de 10h à 12h est organisé actuellement en distanciel via zoom. 

Si vous souhaitez y assister, merci de contacter Samia Ben.

En savoir plus sur le programme doctoral

Séminaire doctoral du 7 janvier 2022

La Société du Grand Paris: tentative d'un Etat stratège de se faire coordinateur à l'échelle de la Région Île-de-France
Jean Ecobichon doctorant CSO
  • Grand Paris Par Hektor — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, wikimediaGrand Paris Par Hektor — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, wikimedia

Le premier séminaire doctoral 2022 s'ouvre sur une présentation de Jean Ecobichon, doctorant au CSO : 

La Société du Grand Paris: tentative d'un Etat stratège de se faire coordinateur à l'échelle de la Région Île-de-France.

Résumé : 

La Société du Grand Paris a été créée en 2010 avec la loi 3 juin 2010 afin de mener un projet de transport en rocade autour de Paris.
Ce projet est présenté comme structurant pour mener une politique publique urbaine. Alors que la décentralisation avait franchi une étape supplémentaire en Ile-de-France, l'Etat revient en tentant à travers un projet et une organisation de coordonner les différents acteurs de la région pour mener à bien une politique publique.
En s'inscrivant dans la sociologie de l'action organisée et de l'action publique, il s'agit d'interroger dans quelle mesure la SGP parvient à structurer son environnement et dans quelle mesure cela constitue un changement institutionnel. Par changement institutionnel, nous entendons une transformation significative (« 
divergent » vis-à-vis des logiques institutionnelles existantes) des règles institutionnelles à partir desquelles se structure un champ, selon lesquelles les acteurs sociaux règlent leurs interactions (y compris les relations de pouvoir), et par lesquelles ils pensent et calent leurs attentes et comportements e. Notre hypothèse portant sur le fait que les structures relationnelles établies par la SGP induisent un changement institutionnel.

Ce séminaire qui se tient les vendredis de 10h à 12h est organisé à la fois en présentiel dans les respect des mesures sanitaires actuelles et en distanciel via zoom. 

Si vous souhaitez y assister, merci de contacter Samia Ben.

En savoir plus sur le programme doctoral

Le CSO déménage du 19 rue Amélie...

pour le campus Sciences Po au 1 Place Saint-Thomas d’Aquin Paris 7e
  • CSO 19 rue Amélie et le campus Sciences Po du 1 Place Saint-Thomas 7eCSO 19 rue Amélie et le campus Sciences Po du 1 Place Saint-Thomas 7e

A partir du 3 janvier 2022, le Centre de sociologie des organisations emménage sur le nouveau campus de Sciences Po au 1 Place Saint-Thomas d'Aquin dans le 7ème arrondissement, après plus de 40 années passées rue Amélie. C'est en 1980, en effet, que le CSO s'installe au 19 rue Amélie, dans les anciens locaux des éditions Denoël. Le bâtiment est loué par le CNRS jusqu'en 2016, puis ensuite par Sciences Po. Nous l'avons partagé un temps avec le Centre d'Études Arctiques (CEA) de Jean Malaurie (et sa formidable bibliothèque) puis le Centre International de Recherche sur l'Environnement et le Développement (CIRED) dirigé alors par Olivier Godard. Puis grâce aux efforts d'Erhard Friedberg, nous avons pu occuper l'ensemble du bâtiment. Celui-ci est original dans sa structure avec l'aménagement pour une partie des bureaux dans une chapelle, des lambris, des fenêtres en ogives et des dédales de couloirs où le visiteur peut parfois se perdre. "Mal foutu", il offrait pourtant de nombreuses occasions de se croiser dans les couloirs ou dans le coin café, participant d'une ambiance conviviale à laquelle nous étions tous très attachés. Exposés au froid l'hiver, au chaud l'été, aux fuites d'eau et au bruit des voisins toute l'année, il n'en demeurait pas moins un espace de travail unique.

En 42 ans, le lieu est marqué par un grand nombre d'événements organisés dans la salle du rez-de-chaussée, notamment la tenue du séminaire hebdomadaire qui reste un élément fort de l'identité du CSO, mais également des moments festifs se terminant parfois tard dans la nuit.

Le CSO a également hébergé le secrétariat de SASE, notre partenaire historique, qu'a brillamment animé pendant de nombreuses années Martha Zuber.

Devant la croissance de ses effectifs, le CSO s'était également implanté sur d'autres sites: d'abord place St Thomas d'Aquin, rue de la Chaise, puis au 13 rue de l'Université et enfin au 84 rue de Grenelle.

Le 17 décembre, nous fermerons donc définitivement la porte de notre adresse historique du 19 Rue Amélie. Symboliquement, ladite porte a choisi de rendre l'âme juste avant notre départ !

Début janvier 2022, les équipes du CSO seront réunies sur un même étage, dans des bureaux neufs, au cœur d'un campus moderne proche des autres centres de recherche de Sciences Po. C'est une nouvelle page qui s'ouvre et c'est avec plaisir que nous vous retrouverons dans nos nouveaux locaux.

En attendant, nous vous souhaitons de belles fêtes de fin d'année.

Olivier Borraz, directeur du CSO

Les espaces au CSO avec les fauteuils oranges de Michel crozier 

Les espaces de la rue Amélie avec les fauteuils oranges de Michel Crozier, le fondateur du centre.

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Séminaire annulé : À l’ombre du tournant néolibéral de la politique hospitalière, les recompositions des frontières de l’État hospitalier dans les années 2000

Renaud Gay, EHESP
Séance de l'axe Actions publiques et transformations de l'Etat - 17/12/21
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- Séminaire annulé -

 

L'axe Actions publiques et transformations de l'Etat organise la prochaine séance en recevant Renaud Gay, post-doctorant à l'EHESP :

À l’ombre du tournant néolibéral de la politique hospitalière, les recompositions des frontières de l’État hospitalier dans les années 2000.

Résumé : 

La politique hospitalière initiée dans les années 2000 est fréquemment analysée en termes de tournant néolibéral se manifestant dans la mise en concurrence des hôpitaux par des outils de financement et leur réorganisation industrielle avec l’appui de sociétés privées de conseil.

À partir d’une analyse de l’élaboration du « plan hôpital 2007 » réalisée dans le cadre d’une thèse sur la trajectoire des réformes hospitalières depuis les années 1970, notre intervention montre la façon dont cette dynamique de marchandisation s’articule à des processus de rationalisation administrative qui se déploient sur différentes échelles temporelles, sont à l’origine de luttes juridictionnelles entre organisations de l’administration sanitaire et modifient les frontières de « l’État hospitalier ».

Ce séminaire se tient exceptionnellement en salle 900, au 9 rue de la Chaise, le 17 décembre de 10h15 à 12h15. Il est organisé à la fois en présentiel dans le respect des mesures sanitaires actuelles et en distanciel via zoom. 

Si vous souhaitez y assister, merci de contacter Samia Ben.

Marion Gaboriau, docteure en sociologie :

L’inaptitude au travail comme dispositif. De la production institutionnelle aux jugements en situation : le cas de la ville de Paris
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Le mercredi 8 décembre 2021, Marion Gaboriau a soutenu une soutenance de thèse réalisée sous la co-direction de Marie Cartier et Jérôme Pélisse et intitulée :

« L’inaptitude au travail comme dispositif. De la production institutionnelle aux jugements en situation : le cas de la ville de Paris »

Le jury était composé de :

Émilie Biland-Curinier, Professeure des universités de sociologie, CSO, Institut d’études politiques de Paris

Marie Cartier, Professeure des universités de sociologie, CENS, Université de Nantes (Directrice)

Nicolas Dodier, Directeur d’études à l’EHESS, Directeur de recherche à l’INSERM, CEMS (Rapporteur)

Odile Join-Lambert, Professeure des universités d’histoire, Printemps, Université de Versailles Saint Quentin en Yvelines

Jérôme Pélisse, Professeur des universités de sociologie, CSO, Institut d’études politiques de Paris (Directeur)

Isabelle Probst, Professeure associée, Haute École de Santé Vaud (HESAV) et Haute école spécialisée de Suisse occidentale (HES-SO)

Delphine Serre, Professeure des universités de sociologie, CERLIS, Université de Paris (Rapporteure)

Résumé de la thèse :

Cette thèse porte sur la reconnaissance de l’inaptitude au travail pour raison de santé dans la fonction publique territoriale. Elle explore ce phénomène à la ville de Paris, employeur de plus de 51 000 agents publics permanents qui reconnaît chaque année plus de 500 travailleurs et travailleuses inaptes à leurs fonctions. Cette recherche s’appuie sur une enquête ethnographique de trois ans mêlant observations de situations de travail et d’expertise, entretiens avec divers professionnels et travailleurs reconnus inaptes à leurs fonctions, analyses qualitatives de dossiers médico-administratifs et traitements statistiques de bases de données. Plutôt que d’être pensée comme une décision figée et ponctuelle, l’inaptitude est envisagée dans la thèse comme un dispositif composite (au croisement du droit, de la santé et du travail), processuel et dynamique (en ce qu’il implique de nombreux acteurs qui, par jeu d’alliance, négociation ou contestation, peuvent en changer l’issue). L’analyse vise à comprendre les logiques institutionnelles (juridiques, financières et gestionnaires) qui sous-tendent le dispositif tout comme ce qui nourrit les jugements d’inaptitude en situation. La thèse explore différentes scènes d’expertise médico-statutaire (consultation médicale et commission de réforme), traversées par des rapports de force dissymétriques et par des jeux avec l’information sources de malentendus et d’incertitude. Elle met enfin au jour un effet de (re)production d’inégalités sociales (notamment entre hommes et femmes) en matière de reconnaissance et de prise en charge des problèmes de santé au travail dont les causes potentiellement professionnelles sont souvent ignorées.

Mots clés :

Inaptitude au travail ; fonction publique territoriale ; médecin agréé ; expertise ; droit ; emploi public subalterne ; retraite pour invalidité ; reclassement professionnel ; dispositif

Séminaire DomesticitéS du 14 décembre 2021

Maid in Maharashtra: Domestic labour relations and position of paid domestic workers in Maharashtra, India
Anwita Dinkar, OSC Sciences Po
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Pour la troisième séance de l’année du séminaire « DomesticitéS », nous sommes ravies d’accueillir Anwita Dinkar (OSC-Sciences Po) autour de son travail sur le droit des travailleur·es domestiques en Inde : 
«Maid in Maharashtra: Domestic labour relations and position of paid domestic workers in Maharashtra, India».

La séance aura lieu mardi 14 décembre de 10h à 13h en présentiel à Sciences Po (attention changement d’adresse !) au 28 rue des Saints Pères, salle H402, 75006 Paris.

Nous proposerons également un accès à la séance en distanciel (si le présentiez n’est pas possible, mais merci de le privilégier !). 
Merci de vous inscrire et de renseigner vos modalités de participation à la séance afin de que nous puissions ajuster notre organisation : https://forms.office.com/Pages/ResponsePage.aspx?id=3sTngckmMUWwdrcOLXWWbshTpqxDvidNi5kCuaOyMgNUMVozVFQzVkNPSEZIUkJXMEhMTzU4SElGWC4u

Les organisatrices :
Alizée Delpierre (CSO)
Hélène Malarmey (IRISSO)

Séminaire doctoral du 10 décembre 2021

Les professionnels de l’art contemporain. Analyse du travail de co-production des œuvres d’art
Par Brianne Dubois, doctorante au CSO
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Brianne Dubois, doctorante au CSO, intervient en séminaire : 

Les professionnels de l’art contemporain. Analyse du travail de co-production des œuvres d’art.

Résumé : 

La production des oeuvres d’art contemporain est un travail collectif. Je m’intéresse à cet ensemble de professions varié (artistes, chargé·es de coordination et de production, régisseur·ses, artisan·es, monteu·sers, technicien·nes), au contenu et à la coordination de leur travail, à leurs statuts et conditions d’emploi. Je m’appuie pour cela sur une enquête par entretiens et sur des observations. Je mobilise également des traitements quantitatifs, une base de données constituée par le scraping du site LinkedIn pour étudier les carrières de professionnel·les et une base de données portant sur la programmation de musées. 

Ce séminaire qui se tient les vendredis de 10h à 12h est organisé à la fois en présentiel dans les respect des mesures sanitaires actuelles et en distanciel via zoom. 

Si vous souhaitez y assister, merci de contacter Samia Ben.

En savoir plus sur le programme doctoral

Les professionnels de la publicité face au Règlement Européen sur les données personnelles : Réguler le marché par le consentement ?

Kevin Mellet
FacSem de Sciences Po - 9 décembre 2021
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La direction scientifique de Sciences Po vous invite au FacSem de Kevin Mellet, Assistant Professor au Centre de sociologie des organisations (CSO)
Les travaux de Kevin Mellet s’appuient principalement sur la sociologie économique et les science & technology studies pour étudier les techniques marchandes à l’ère numérique. Ses recherches actuelles portent sur le paysage émergent du data marketing et sur la formation et la régulation de l’économie des données personnelles.

Son exposé sera discuté par Jean-Philippe Cointet, Associate Professor au médialab.

Séminaire en zoom

Inscription obligatoire: marina.abelskaiagraziani@sciencespo.fr

Audrey Harroche

Docteure en sociologie
Le 16 novembre 2021
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Le 16 novembre, Audrey Harroche a soutenu une thèse de sociologie à Sciences Po qui s'intitule : 

Gouverner par les inégalités, la mise en œuvre d’une initiative d’excellence dans l’enseignement supérieur et la recherche. 

Composition du jury :

M. Jérôme Aust, Chargé de recherche Sciences Po, CSO

M. François Dubet, Professeur émérite de sociologie à l’Université de Bordeaux

Mme Gaële Goastellec, Maître d’enseignement et de recherche HDR à l’Université de Lausanne, Institut des sciences sociales (rapporteur)

M. Patrick Hassenteufel, Professeur des universités en science politique, Université Paris-Saclay (UVSQ), laboratoire PRINTEMPS (rapporteur)

Mme Christine Musselin, Directrice de recherche, CNRS, CSO

Mme Kathia Serrano-Velarde, Professeure des universités, Université d’Heidelberg,Max-Weber-Institute of Sociology.

Résumé

Tandis que la reproduction et l’accroissement des inégalités sont souvent considérés comme des effets pervers des institutions publiques, de nombreuses réformes dites néomanagériales visent aujourd’hui à gouverner le secteur public en créant, creusant, ou prenant appui sur des inégalités parmi les professionnels, les organisations, ou les usagers. L’enseignement supérieur et la recherche figurent parmi les secteurs à l’avant-garde de ces recompositions de l’action publique. En France, le lancement de la politique des Initiatives d’excellence (Idex) en est une illustration emblématique : en recourant à des appels à projets mettant en compétition les universités pour faire émerger des établissements « de classe mondiale », ce programme concentre les ressources sur une dizaine d’établissements et accroit la mise en concurrence des chercheurs, des laboratoires et des établissements. En recourant à l’analyse longitudinale d’une Idex, cette thèse prend pour objet ces nouvelles politiques inégalitaires, interroge les conditions sociales et politiques de leur mise en œuvre et prend la mesure des inégalités créées à l’échelle d’un site universitaire.

Nous démontrons ainsi qu’à travers les Idex, l’État gouverne par les inégalités. Cependant, ce gouvernement n’est possible qu’à certaines conditions mettant fortement à contribution les dynamiques et les acteurs locaux. Nous avons également montré que cette politique repose sur une réforme organisationnelle, dans le sens où l’administration d’une Idex revient essentiellement à mettre en place des règles, des procédures, des structures afin de rendre les universités plus inégalitaires. Plus précisément, les inégalités étudiées ne résultent pas seulement du fonctionnement des organisations, mais s’appuient sur un travail organisationnel qui vise, tout à la fois, à les produire et à les légitimer. Sur le site, cela a abouti à une mise en organisation partielle de l’université visant à tracer des lignes d’inclusion et d’exclusion parmi la communauté académique. Les lauréats faisant partie des projets d’excellence bénéficient alors de ressources supplémentaires et de traitements privilégiés, ceci de façon durable. Ainsi, les professionnels favorisés par cette politique n’éprouvent pas les effets délétères décrits par beaucoup de travaux sur les réformes néomanagériales, et voient s’accroître leurs marges d’autonomie. En effet, cette politique gouverne davantage les contours des projets d’excellence que les conduites des chercheurs à l’intérieur de ces derniers. En définitive, les Idex gouvernent des périmètres, et c’est à l’intérieur et entre ces derniers que les inégalités se jouent.

Mots-clés :
Initiatives d’excellence, politiques d’excellence, inégalités, instruments d’action publique, enseignement supérieur et recherche, inégalités de genre, élites, organisations.

Industrie nucléaire et santé au travail : un risque sous-traité ? Production, usages et occultation de savoirs inconfortables

Maris Ghis Malfilatre, CEMS-EHESS - 3 décembre 2021
Séance organisée par l'axe Savoirs, sciences et expertise
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L'axe Savoirs, sciences et expertise du CSO organise la prochaine séance et reçoit Maris Ghis Malfilatre, docteure du Centre d'étude des mouvements sociaux (CEMS-EHESS).

Titre de la présentation :
Industrie nucléaire et santé au travail : un risque sous-traité ? Production, usages et occultation de savoirs inconfortables.

Résumé :

Maris Ghis Malfilatre montrera, dans cette intervention, comment s’engage dès les années 1970 une dynamique d’alerte et de contre-expertises médicale, scientifique et syndicale sur les risques du travail dans l’industrie nucléaire en France. Les connaissances produites ont successivement mis en lumière l’augmentation de l’exposition au risque radio-induit dans les installations et ses effets sur la santé des travailleurs, l’inégalité dans l’exposition à ce risque en fonction du statut ou encore des problèmes relevant de la sûreté du parc nucléaire. Maris Ghis Malfilatre analysera comment ces connaissances d’abord plébiscitées par les différents acteurs de la filière sont devenues des « savoirs inconfortables » conduisant à des logiques d’occultation tant de la part des représentants patronaux que des organisations syndicales. 

Ce séminaire qui se tient les vendredis de 10h à 12h est organisé à la fois en présentiel dans les respect des mesures sanitaires actuelles et en distanciel via zoom. 

Si vous souhaitez y assister, merci de contacter Samia Ben.

En savoir plus sur le programme doctoral

Séminaire Domesticités du 30 novembre 2021

Comment enquêter sur la violence dans les domesticités ?
Par Laura Carpentier-Goffre - 30 novembre de 10h à 13h
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Cet atelier de recherche propose d’interroger les domesticités contemporaines – définies en tant qu’activités qui consistent à être rémunéré en faisant des tâches domestiques pour des ménages autres que le sien – en portant l’attention sur les formes qu’elle prend dans différents espaces nationaux (l’Argentine, la Jordanie, l’Égypte, la France, les États-Unis, le Japon…) et en situant ces variations nationales dans l’histoire de chacun des pays concernés.
En fonction des aires géographiques, les domestiques sont salarié.e.s ou non ; ils/elles vivent ou non chez leurs employeurs/ses ; certain.e.s ont un.e seul.e employeur/se, d’autres plusieurs ; ils/elles ont des profils sociaux variés ; certain.e.s sont migrant.e.s, d’autres quittent des zones rurales pour travailler dans les grandes métropoles de leur pays....

Mardi 30 novembre de 10h à 13h 

Communication de Laura Carpentier-Goffre du CERI-Sciences Po :

Comment enquêter sur la violence dans les domesticités ?

Organisation

Le séminaire est en présentiel au Centre de Sociologie des Organisations, 19 rue Amélie 75007 Paris (métros Invalides ou La Tour Maubourg). Il est également proposé en distanciel, aussi, merci de vous inscrire et de renseigner vos modalités de participation à la séance pour des questions d'organisation. 

Formulaire : 

https://forms.office.com/Pages/ResponsePage.aspx?id=3sTngckmMUWwdrcOLXWWbshTpqxDvidNi5kCuaOyMgNUQjA0NDdPRjBHSE1COFVQODBVTTExMzVMMi4u

Séminaire doctoral du 26 novembre

Réforme sociale et réforme de soi. Sociologie historique du mouvement végétarien en France, années 1870-années 1930
Alexandra Hondermarck, CSO
  • L’approvisionnement avant le siège de 1870 - BNFL’approvisionnement avant le siège de 1870 - BNF

Alexandra Hondermarck, doctorante au CSO, fera une présentation intitulée :
Réforme sociale et réforme de soi. Sociologie historique du mouvement végétarien en France, années 1870-années 1930.

Résumé :

Ce séminaire présente une recherche doctorale en cours portant sur le mouvement végétarien en France, de l’apparition des premiers groupes organisés autour de la revendication de l’abstinence de viande dans les années 1870 à l’entre-deux-guerres.
La thèse s’interroge sur le sens donné à l’engagement dans le mouvement végétarien et l’articulation de ces engagements avec la mise en pratique du régime et la modification de son mode de consommation. Alors qu’à la fin du xixe siècle, l’engagement dans le végétarisme revient à lutter contre les grands fléaux sociaux qui touchent en priorité les classes laborieuses, dans l’entre-deux-guerres, l’action des végétariens se focalise sur l’amélioration des corps individuels et le perfectionnement moral des militants eux-mêmes. Les moteurs de cette évolution sont questionnés au travers d’une approche prosopographique et de la mobilisation de sources permettant de comprendre les différentes appropriations du végétarisme sur la période.

Ce séminaire qui se tient les vendredis de 10h à 12h est organisé à la fois en présentiel dans les respect des mesures sanitaires actuelles et en distanciel via zoom. 

Si vous souhaitez y assister, merci de contacter Samia Ben.

En savoir plus sur le programme doctoral

Workshop : The Books of Capital

With Jonathan Levy & Michael Zakim
3 december from 14:00 to 18:00
  • Jonathan Levy & Michael Zakim Jonathan Levy & Michael Zakim

workshop

A l'occasion de leur passage à Paris, nous recevons deux grands historiens du capitalisme que sont Jonathan Levy (Université de Chicago) et Michael Zakim (Université de Tel Aviv) pour une après-midi d'étude sur "Les livres du capital" le 3 décembre de 14h à 18h au Centre de sociologie des organisations (19, rue Amélie, 75007 Paris).

Ils nous présenteront leurs derniers livres (Zakim: Accounting for Capitalism, University of Chicago Press, 2018 ; et Levy : Ages of American Capitalism, Random House, 2021), puis nous aurons une conversation sur le rôle de la comptabilité et des formalités administratives dans l'histoire du capitalisme, un thème commun à leur travaux à tous deux, mais qu'ils abordent de manières différentes.

Inscription obligatoire dans la limite des places disponibles

Lien vers le formulaire : https://forms.gle/XoUgSSpX5kmLsBFT6.

Un passe sanitaire sera exigé à l'entrée de l'établissement. Aussi nous vous invitons à vous présenter 10 minutes avant le début de l'évènement.

THE BOOKS OF CAPITAL

2-6pm, Friday 3 December 2021
Centre de Sociologie des Organisations, Sciences Po
19, rue Amélie 75007 Paris (métro La Tour-Maubourg)

Schedule:

2pm to 3:30pm:
Michael Zakim -- Accounting for Capitalism

3:30pm to 5pm:
Jonathan Levy -- Ages of American Capitalism

5pm-6pm:
Roundtable on Accounting, Paperwork, and the History of Capitalism
With Michael Zakim, Jonathan Levy, and Martin Giraudeau

Guest speakers:

Michael Zakim is Professor of History at the University of Tel Aviv. He writes and teaches about the material and cultural history of modernity in America. This includes the history of the economy (including labor history), political theory, the sociology of knowledge, statistics, accounting, machinery, fashion, the invention of photography, gender and the body, and the birth of the private self. He is the author of Ready-Made Democracy: A History of Men’s Dress in the American Republic, 1760-1860 (University of Chicago Press, 2003), Accounting for Capitalism: The World the Clerk Made (University of Chicago Press, 2018), and Paper: A Global History (Van Leer Institute, Jerusalem, forthcoming in Hebrew), as well as the editor of Capitalism Takes Command: the Social Transformation of Nineteenth-Century America (with Gary Kornblith; University of Chicago Press, 2012).

Jonathan Levy is Professor of US History, Fundamentals, Social Thought, and the College at the University of Chicago. He is a historian of economic life and of the United States, with interests in the relationships among business history, political economy, legal history, and the history of ideas and culture. His first book, Freaks of Fortune: The Emerging World of Capitalism and Risk in America (Harvard University Press, 2012), won the Organization of American Historians' Frederick Jackson Turner Award, Ellis W. Hawley Prize, and Avery O. Craven Award and the American Society for Legal History's William Nelson Cromwell Book Prize. His most recently completed book is Ages of American Capitalism: A History of the United States (Random House, 2021), which is a history of American economic life from British colonial settlement through the Great Recession. The book is also a single-volume history of the United States.

CONCOURS CNRS

A l'attention des candidats des sections 36, 40, 52 et 53
  • Siège du CNRS, campus Gérard-Mégie Paris © Nicole TIGET/CNRS PhotothèqueSiège du CNRS, campus Gérard-Mégie Paris © Nicole TIGET/CNRS Photothèque

Le Centre de sociologie des organisations, UMR 7116, soutient les docteurs et docteures qui souhaitent se présenter au concours de chargé·e de recherche 2022 du CNRS dans les sections 36, 40, 52 et 53.

Si vos recherches s'inscrivent dans les domaines de la sociologie économique, des organisations, de l’action publique, des professions, du travail, des sciences, des mouvements sociaux ou du droit, vous pouvez adresser votre demande de soutien accompagnée d’un C.V., d'une liste de publications et d’un projet de recherche répondant aux critères des sections du comité national du CNRS, par mail au directeur du centre, Olivier Borraz (olivier.borraz@sciencespo.fr). 

Votre demande doit impérativement lui être adressée avant le 21 novembre 2021. Toute demande reçue après cette date ne sera pas examinée. Votre projet sera étudié par les membres du Conseil de laboratoire pour décision de soutien, et un retour vous sera fait courant décembre sur le projet. 

En savoir plus

Rapport d'activité 2020 du CSO (format Adobe) ou (PDF, 2Mo).

 

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Débat : Réformes des études médicales : quelles avancées ?

Rendez-vous de la recherche à Sciences Po et du Festival des idées - Le 18 novembre 2021
Avec Patrick Castel
  • Rembrandt - The Anatomy Lesson of Dr Nicolaes Tulp - MauritshuisRembrandt - The Anatomy Lesson of Dr Nicolaes Tulp - Mauritshuis

Dans le cadre des Rendez-vous de la recherche à Sciences Po et du Festival des idées, la direction scientifique de Sciences Po vous invite à débattre autour de la réforme des études médicales, mise en place à la rentrée 2020.

Visant essentiellement à assouplir les voies d'accès aux candidats et à adapter les effectifs formés aux besoins de santé des populations à l'échelle locale, cette réforme peut-elle tenir ses promesses ?

17h-18h
Réforme des études médicales : quelles conséquences pour les étudiants ?

Qu'elle soit vue favorablement ou non, la réforme des études médicales a déjà engendré des premiers résultats notamment en matière d'orientation et de vie étudiante. Qu'en est-il ?

Avec :
Agnès van Zanten, sociologue, directrice de recherche CNRS à l'Observatoire sociologique du changement de Sciences Po ;
Alice Olivier, sociologue, Centre lillois d’études et de recherches sociologiques et économiques, associée à l'Observatoire sociologique du changement de Sciences Po 
Marine Conan, vice-présidente générale de l'Association pour l’Accès Santé Université de Paris, étudiante en médecine.

18h-19h
Réforme des études médicales : quel impact sur les politiques de santé ?

Depuis l'institutionnalisation de la profession médicale, la question de la formation des médecins est débattue et objet de réformes fréquentes. Pourquoi et comment la réforme actuelle a t-elle émergé ? Pour quels résultats ?

Avec :
Matthias Brunn, politiste, chercheur affilié au Laboratoire interdisciplinaire d’évaluation des politiques publiques (LIEPP) de Sciences Po
Nils Kessel, chercheur au département d'histoire des sciences de la vie et de la santé, Faculté de médecine de l'Université de Strasbourg
Céline Lefève, maîtresse de conférences en philosophie, co-directrice de l’Institut interdisciplinaire « La Personne en médecine », Université de Paris.

Les débats seront modérés par Anne Révillard, sociologue, directrice du Laboratoire interdisciplinaire d'évaluation des politiques publiques (LIEPP) de Sciences Po et Patrick Castel, directeur de recherche au Centre de sociologie des organisations de Sciences Po, directeur scientifique de ce Rendez-vous de la recherche.

INSCRIPTIONS / CONSIGNES SANITAIRES

Dans l'hypothèse où la nécessité de présenter un passe sanitaire soit prolongée au delà du 15 novembre,
veuillez prévoir de vous présenter à l'entrée de Sciences Po, 15 minutes en avance munis de votre passe et de votre invitation.

Inscriptions pour le public externe à Sciences Po
Inscriptions pour le public interne à Sciences Po

Sciences Po - Department of Sociology Seminar

The RECORDS project - Revisiting the sociology of taste in the age of big data
By Philippe Coulangeon - 19th November 2021
  • Image Rawpixel (via Shutterstock)Image Rawpixel (via Shutterstock)

OSC joint Scientific Seminar with Sciences Po, Department of Sociology

Friday 19th November 2021, 12:30 pm - 2:30 pm
(Hybrid meeting, location 98 rue de l'Université, Paris 7e, for internal audience and online via Zoom)

The RECORDS project - Revisiting the sociology of taste in the age of big data

Philippe Coulangeon

CNRS Senior Researcher, Sciences Po - OSC

Philippe CoulangeonWhat does streaming do to our music listening? What do the big data collected by the platforms say about our listening behaviors and tastes? How are content consumption and listening practices evolving in an era of abundant supply and recommendation? Does hyperchoice give rise to very dissimilar individual paths? Do platforms essentially favor listening to accompany daily activities, organized by playlists? Do digital traces allow us to revisit the models and theories of the sociology of cultural practices?

The RECORDS project proposes to combine survey and big data to study these questions from an empirical material of unprecedented diversity and scope. It is based on an original partnership between social sciences and digital sciences researchers, and one of the major companies in music distribution in France (Deezer).

In addition to a general presentation of the main research axes of this project, the presentation will give an overview of its first results.

Registration is mandatory (for Zoom users the link will be sent one day before)

Soutenance de thèse d'Audrey Harroche :

Gouverner par les inégalités, la mise en œuvre d’une initiative d’excellence dans l’enseignement supérieur et la recherche
Le 16 novembre 2021
  • Actualité CSOActualité CSO

Le 16 novembre, Audrey Harroche soutiendra une thèse de sociologie qui s'intitule : 

Gouverner par les inégalités, la mise en œuvre d’une initiative d’excellence dans l’enseignement supérieur et la recherche. 

Le jury se compose de :

M. Jérôme Aust, Chargé de recherche Sciences Po, CSO

M. François Dubet, Professeur émérite de sociologie à l’Université de Bordeaux

Mme Gaële Goastellec, Maître d’enseignement et de recherche HDR à l’Université de Lausanne, Institut des sciences sociales (rapporteur)

M. Patrick Hassenteufel, Professeur des universités en science politique, Université Paris-Saclay (UVSQ), laboratoire PRINTEMPS (rapporteur)

Mme Christine Musselin, Directrice de recherche, CNRS, CSO

Mme Kathia Serrano-Velarde, Professeure des universités, Université d’Heidelberg,Max-Weber-Institute of Sociology.

Résumé

Tandis que la reproduction et l’accroissement des inégalités sont souvent considérés comme des effets pervers des institutions publiques, de nombreuses réformes dites néomanagériales visent aujourd’hui à gouverner le secteur public en créant, creusant, ou prenant appui sur des inégalités parmi les professionnels, les organisations, ou les usagers. L’enseignement supérieur et la recherche figurent parmi les secteurs à l’avant-garde de ces recompositions de l’action publique. En France, le lancement de la politique des Initiatives d’excellence (Idex) en est une illustration emblématique : en recourant à des appels à projets mettant en compétition les universités pour faire émerger des établissements « de classe mondiale », ce programme concentre les ressources sur une dizaine d’établissements et accroit la mise en concurrence des chercheurs, des laboratoires et des établissements. En recourant à l’analyse longitudinale d’une Idex, cette thèse prend pour objet ces nouvelles politiques inégalitaires, interroge les conditions sociales et politiques de leur mise en œuvre et prend la mesure des inégalités créées à l’échelle d’un site universitaire.

Nous démontrons ainsi qu’à travers les Idex, l’État gouverne par les inégalités. Cependant, ce gouvernement n’est possible qu’à certaines conditions mettant fortement à contribution les dynamiques et les acteurs locaux. Nous avons également montré que cette politique repose sur une réforme organisationnelle, dans le sens où l’administration d’une Idex revient essentiellement à mettre en place des règles, des procédures, des structures afin de rendre les universités plus inégalitaires. Plus précisément, les inégalités étudiées ne résultent pas seulement du fonctionnement des organisations, mais s’appuient sur un travail organisationnel qui vise, tout à la fois, à les produire et à les légitimer. Sur le site, cela a abouti à une mise en organisation partielle de l’université visant à tracer des lignes d’inclusion et d’exclusion parmi la communauté académique. Les lauréats faisant partie des projets d’excellence bénéficient alors de ressources supplémentaires et de traitements privilégiés, ceci de façon durable. Ainsi, les professionnels favorisés par cette politique n’éprouvent pas les effets délétères décrits par beaucoup de travaux sur les réformes néomanagériales, et voient s’accroître leurs marges d’autonomie. En effet, cette politique gouverne davantage les contours des projets d’excellence que les conduites des chercheurs à l’intérieur de ces derniers. En définitive, les Idex gouvernent des périmètres, et c’est à l’intérieur et entre ces derniers que les inégalités se jouent.

Mots-clés :
Initiatives d’excellence, politiques d’excellence, inégalités, instruments d’action publique, enseignement supérieur et recherche, inégalités de genre, élites, organisations.

Séminaire "Domesticités dans le temps et dans l'espace"

Domesticités dans les Suds : des droits encore fragiles
Le 19 octobre de 14h à 17h
  • Les domesticités dans les pays du SudLes domesticités dans les pays du Sud

Cet atelier de recherche propose d’interroger les domesticités contemporaines – définies en tant qu’activités qui consistent à être rémunéré en faisant des tâches domestiques pour des ménages autres que le sien – en portant l’attention sur les formes qu’elle prend dans différents espaces nationaux (l’Argentine, la Jordanie, l’Égypte, la France, les États-Unis, le Japon…) et en situant ces variations nationales dans l’histoire de chacun des pays concernés.
En fonction des aires géographiques, les domestiques sont salarié.e.s ou non ; ils/elles vivent ou non chez leurs employeurs/ses ; certain.e.s ont un.e seul.e employeur/se, d’autres plusieurs ; ils/elles ont des profils sociaux variés ; certain.e.s sont migrant.e.s, d’autres quittent des zones rurales pour travailler dans les grandes métropoles de leur pays....

Mardi 19 octobre 2021, 14h-17h (et non plus de 10h à 13h !) au CSO, 19 rue Amélie 75007 Paris

Domesticités dans les Suds : des droits encore fragiles

Présentation du dossier « Domesticités dans les Suds » paru dans la Revue Internationale des Etudes sur le Développement par Alizée Delpierre, Hélène Malarmey et Lorena Poblete.

Lien d'inscription 

Afin d’être au courant de l'actualité du séminaire, n’hésitez pas à vous abonner à la mailing list: https://framalistes.org/sympa/subscribe/domesticites 

Prix Prescrire 2021 décerné à Jean-Noël Jouzel auteur de "Pesticides. Comment ignorer ce que l'on sait ?"

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  • Prix Prescrire 2021Prix Prescrire 2021

Prix Prescrire 2021 décerné à Jean-Noël Jouzel auteur de "Pesticides. Comment ignorer ce que l'on sait ?" 

Chaque année, Prescrire récompense des documents utiles et fiables ou des initiatives originales, présentés dans la revue tout au long de l'année écoulée. Cette année, le prix est décerné à l'ouvrage "Pesticides. Comment ignorer ce que l'on sait ?" de Jean-Noël Jouzel publié en 2019 aux Presses de Sciences Po.

Les pesticides sont des produits dangereux. Pour cette raison, ils comptent parmi les substances chimiques les plus surveillées et ce, depuis des décennies. Des agences d'évaluation des risques contrôlent leur mise sur le marché et assurent une toxico-vigilance de leurs effets sur la santé. Comment alors expliquer l'accumulation de données épidémiologiques qui attestent la sur-incidence de pathologies chroniques – maladies neurodégénératives, hémopathies malignes, cancers – parmi les populations humaines les plus exposées, en particulier les agriculteurs ? Pourquoi des résultats aussi inquiétants ont-ils si peu de répercussion sur les autorisations de mise en vente ?

Le sociologue Jean-Noël Jouzel a mené l’enquête en France et aux États-Unis pour comprendre ce qui conduit les agences d’évaluation à ignorer volontairement certaines données scientifiques lorsqu’elles n’ont pas été élaborées selon les normes de la toxicologie réglementaire. Les industriels ont bien compris le profit qu’ils pouvaient tirer de cette routine normative. Ils ont en effet tout intérêt à suivre ce cadre, disposant par ailleurs des ressources matérielles nécessaires pour s’y conformer.

Revoir la remise du prix (à la 25:52)

 

 

 

 

 

 

 

 

Relire les entretiens de l'auteur qu'il a accordé sur le site du CSO :

Entretien de Jean-Noël Jouzel sur les affaires de pesticides et leurs effets sur la santé (mai 2019)

Entretien avec Jean-Noël Jouzel sur le glyphosate (18 décembre 2017)

 

Séminaire doctoral du 15 octobre 2021

Faire durer ses objets : pratiques, ressources et négociations des consommateurs contre l’obsolescence
Par Julie Madon, doctorante au CSO
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Julie Madon, doctorante au CSO, fera une présentation intitulée :

Faire durer ses objets : pratiques, ressources et négociations des consommateurs contre l’obsolescence

Résumé :

Conserver « jusqu’au bout » sa plaque de cuisson, acheter des chaussures qui puissent durer longtemps, se procurer des fers à repasser d’occasion… Toutes ces pratiques quotidiennes influent sur la durée de vie des objets. Elles ne sont pas nouvelles, mais les travaux de socio-histoire de la consommation montrent qu’elles ont eu tendance à se raréfier dans nos sociétés occidentales contemporaines, avant de ré-émerger récemment dans les discours publics avec les controverses autour de l’obsolescence programmée et les questions environnementales. Dans ce contexte, on peut se demander comment — à quelles conditions sociales — les individus sont amenés à faire durer leurs objets domestiques. Ce séminaire sera l’occasion de présenter la structure d'une thèse doctorale en cours sur le sujet, avant de se focaliser sur un chapitre. Ce chapitre étudie les ressources auxquelles les individus peuvent avoir recours pour faire durer leurs objets. Nous choisirons un exemple, basé sur la « netnographie » de deux communautés en ligne : le forum de l’association Que Choisir, et un groupe Facebook de réparation amateure.

Ce séminaire qui se tient les vendredis de 10h à 12h est organisé à la fois en présentiel dans les respect des mesures sanitaires actuelles et en distanciel via zoom. 

Si vous souhaitez y assister, merci de contacter Samia Ben.

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Digital matters: strategies for empirical research in economic sociology

By Marcin Serafin, Marta Olcoń-Kubicka, Mateusz Halawa
Séance de l'axe Gouvernance et organisations Economiques - 22 octobre 2021
  • ©shutterstock-leungchopan©shutterstock-leungchopan

L'axe Gouvernance et organisations Economiques organise une séance le 22 octobre et reçoit Marcin Serafin, Marta Olcoń-Kubicka, et Mateusz Halawa du Max Planck pour la sociologie de la vie économique à l'Institut de philosophie et de sociologie de l'Académie polonaise des sciences (Max Planck Partner Group for the Sociology of Economic Life at the Institute of Philosophy and Sociology of the Polish Academy of Sciences).

Digital matters: strategies for empirical research in economic sociology

Summary

The rapid digitization of social practices has significant consequences for economic lives. From online platforms reshaping labour and consumption practices, through new forms of creating, storing, and carrying value, to emerging ways of calculation in markets, firms, and households, the digital is a tectonic shift, arguably even more so in the times of pandemic. Economic actors face new types of problematic situations and power relations, carry new kinds of equipment and negotiate new kinds of infrastructures. How might those of us working in qualitative social research rethink our objects of study? How might scholars explore the digitally-augmented social spaces? This presentation by the team of the Max Planck Partner Group for the Sociology of Economic Life at the Institute of Philosophy and Sociology of the Polish Academy of Sciences will focus on some research strategies and their theoretical implications. Drawing on different empirical investigations - ranging from a household-based study of intimate accounting using home-made Excel spreadsheets, through an observation of court disputes around Uber, to an ethnography of smartphones - the presentation will problematize the way we study and understand the digital transformation.

Ce séminaire qui se tient les vendredis de 10h à 12h est organisé à la fois en présentiel dans les respect des mesures sanitaires actuelles et en distanciel via zoom. 

Si vous souhaitez y assister, merci de contacter Samia Ben.

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Bienvenue aux nouveaux doctorants - 2021

Crystale Aounit, Damien Garcia, Lucie Kraepiel, Stéphane Lavoipierre, Amandine Michelon*, Irène Ondarçuhu et Chloé Socha
  • Doctorants 2021Doctorants 2021

Le CSO a le plaisir d'accueillir de nouveaux doctorants à qui nous souhaitons la bienvenue.

 

Crystale Aounit 

 Une sociologie de l’acné à travers ses médicaments : prescription, régulation et controverses.
Co-directions : Patrick Castel et Emmanuel Langlois (Centre Emile Durkheim - Université de Bordeaux)

Damien Garcia

 Les intermédiaires de la cause environnementale. La structuration d’une offre juridique dans le champ du droit de l’environnement de 1970 à nos jours en France
Directeurs : Jean-Noël Jouzel et Jérôme Pélisse

Lucie Kraepiel

 Concevoir et organiser la prise en charge ambulatoire des pathologies cardiaques : une comparaison de politique publique entre la France et l’Allemagne
Directeur : Patrick Castel

Stéphane Lavoipierre

 Comprendre la politique d'extension de la couverture maladie : le cas des soins dentaires
Directeurs : Daniel Benamouzig et Patrick Hassenteufel (Laboratoire Printemps)

Irène Ondarçuhu

 Faire une thèse Cifre en sciences humaines et sociales : la socialisation des doctorants en jeu
Co-directrices : Christine Musselin et Françoise Thibault, docteure et chercheure en sciences de l’information et de la communication

Chloé Socha 

 La mondialisation des politiques de diversité des entreprises françaises : le cas des identités LGBT+
Directrice : Emilie Biland-Curinier

 

Et

Amandine Michelon* (dossier en cours de validation)

 Les effets des ordonnances du 22 septembre 2017 sur le traitement des questions de santé et sécurité au travail par le dialogue social en entreprise
Directeur : Jérôme Pélisse

 

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Séminaire doctoral du 8 octobre 2021

« La professionnalisation par les marges ». Lutte pour la captation de clientèle sur le marché du service vétérinaire.
Par Clémentine Comer, Université Paris Dauphine / IRISSO
  • ©shutterstock-Dusan Petkovic©shutterstock-Dusan Petkovic

Au séminaire doctoral du 8 octobre, Clémentine Comer, Université Paris Dauphine / IRISSO fera une communication intitulée :

 « La professionnalisation par les marges ». Lutte pour la captation de clientèle sur le marché du service vétérinaire.

Résumé :

A partir d’une enquête menée auprès des cabinets vétérinaires spécialisés en production industrielle de porc et volaille, nous retracerons les modalités de développement et de structuration du marché du service vétérinaire. En faisant le constat de processus de segmentations organiques et agonistiques internes à la profession, nous analyserons la capacité d’une élite vétérinaire à imposer une spécialisation des compétences (techniques, puis entrepreneuriales, au détriment de la compétence clinique « historique »), mais également une forme légitime d’organisation économique qu’incarne la holding vétérinaire.

Ce séminaire qui se tient les vendredis de 10h à 12h est organisé à la fois en présentiel dans les respect des mesures sanitaires actuelles et en distanciel via zoom. 

Si vous souhaitez y assister, merci de contacter Samia Ben.

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Un salariat à bas coût. Le travail dans la distribution low-cost

Par Cyrine Gardes, post-doctorante au CSO
Séminaire de l'axe Travail, emploi et profession -1er octobre
  • Rayon de bricolage ©shutterstock- tanialerro.artRayon de bricolage ©shutterstock- tanialerro.art

 L'axe Travail, emploi et profession organise la séance du 1er octobre en invitant Cyrine Gardes, postdoctorante au CSO, sur le projet INJUVID : Injustices, conflictualités et expériences du droit en urgence sanitaire sous la direction d'Émilie Biland-Curinier avec Jérôme Pélisse et Fabien Jobard.

Cyrine Gardes présentera une communication intitulée :
Un salariat à bas coût. Le travail dans la distribution low-cost.

Résumé :

La crise du pouvoir d'achat a contribué à l'émergence et au succès d'enseignes rassemblées sous le vocable de "low-cost", dont la caractéristique principale est de proposer aux consommatrices et consommateurs des biens et des services à prix très bas. Elles s'appuient pour cela sur des stratégies de réduction des coûts volontiers présentées comme étant exclusivement centrées sur l'offre et ses aspects commerciaux. Qu'en est-il toutefois du travail dans ces organisations ? La recherche que nous présentons - basée sur des enquêtes ethnographiques dans les magasins low-cost de bricolage - explore la manière dont l'activité se transforme sous l'effet du modèle économique, dans une optique de sociologie du travail attentive aux rapports sociaux. aux dominations, aux résistances et aux dynamiques de structuration des collectifs.

Ce séminaire qui se tient les vendredis de 10h à 12h est organisé à la fois en présentiel dans les respect des mesures sanitaires actuelles et en distanciel via zoom. 

Si vous souhaitez y assister, merci de contacter Samia Ben.

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Incorporer le droit. Les ruses de la discipline pénitentiaire

Par Corentin Durand, postdoctorant au CSO
Séminaire de l'axe Droit, normes et régulation - 24 septembre
  • ©shutterstock-josefkubes©shutterstock-josefkubes

L'axe Droit, normes et régulation organise la séance du 24 septembre en invitant Corentin Durand, postdoctorant au CSO sur le projet TAXLAW.

Corentin Durand présentera une communication intitulée :
"Incorporer le droit. Les ruses de la discipline pénitentiaire".

Résumé :

Reconnu à la plupart des organisations, le pouvoir disciplinaire occupe en prison une place centrale dans les relations entre agents pénitentiaires et personnes détenues. Répression au sein d’une institution répressive, ce pouvoir de punir a tôt fait l’objet d’un encadrement normatif, lequel s’est considérablement développé à partir des années 1990.
Comment cette densification normative a-t-elle été incorporée au quotidien des prisons ? Dans quelle mesure a-t-elle reconfiguré les pratiques professionnelles et les relations de pouvoir avec les personnes détenues ? Sur la base notamment d’enquêtes ethnographiques dans deux établissements pénitentiaires français, cette présentation s’attachera à revisiter les travaux de Lauren Edelman sur l’endogénéisation du droit par les organisations en se situant au plus près des recompositions matérielles du dispositif disciplinaire et des mutations du travail des agents.

 

Ce séminaire qui se tient les vendredis de 10h à 12h est organisé à la fois en présentiel dans les respect des mesures sanitaires actuelles et en distanciel via zoom. 

Si vous souhaitez y assister, merci de contacter Samia Ben.

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Séminaire doctoral du 17 septembre

La réanalyse de matériaux qualitatifs. Retour d'enquête sur deux revues partisanes
Par Thibaut Rioufreyt, Université Lyon 2 / Triangle
  • Thibaut Rioufreyt et archives ©shutterstock- ChinnapongThibaut Rioufreyt et archives ©shutterstock- Chinnapong
  • ©shutterstock- Chinnapong©shutterstock- Chinnapong

Le séminaire doctoral reprend et la première séance est assurée par Thibaut Rioufreyt, Maître de conférences en science politique Université Lyon 2 / Triangle avec une communication intitulée :

La réanalyse de matériaux qualitatifs. Retour d'enquête sur deux revues partisanes.

Résumé de l'intervention :

Cette communication vise à revenir une enquête menée sur deux revues partisanes, La Nouvelle Critique et La Revue socialiste, respectivement liées au Parti communiste français et au Parti socialiste. Il s’agira plus précisément de montrer les apports de la réutilisation de matériaux collectifs issus d’enquêtes antérieures menées par deux chercheur.se.s premier.e.s. en revenant à la fois sur quelques-uns des principaux résultats obtenus grâce à cette méthode et sur les enjeux et manières de faire autour de la réanalyse d’enquêtes qualitatives.

La finalité du séminaire doctoral est de favoriser les échanges entre les chercheurs et les doctorants du laboratoire autour des différents axes de recherche du CSO.

Ce séminaire a lieu les vendredis de 10h à 12h, en visioconférence actuellement. 

Si vous souhaitez y assister, merci de contacter Samia Ben.

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Assurance : quelle dynamique entre marché et régulation ?

Inscrivez-vous au débat du 23 septembre à 19h sur zoom
  • ©shutterstock/Giulio Benzi©shutterstock/Giulio Benzi

Assurance : quelle dynamique entre marché et régulation ?

Débat organisé en partenariat avec Chaire PARI

Jeudi 23 septembre 2021, de 19h00 à 21h15, sur zoom.

 

Autour de l'ouvrage Financiariser l'assurance. Enquête sur solvabilité II de Pierre François et avec la collaboration de Sylvestre Frezal.

Après des décennies dominées par des logiques industrielles et commerciales, ce sont désormais les raisonnements de la théorie financière qui priment. Ce mouvement de financiarisation de la finance est décrit dans cet ouvrage à partir du cas d'école que constitue le secteur assurantiel. 

 

Nos invités :

  • Pierre ARNAL,
    Executive Vice-Président d'ADDACTIS GROUP
  • Thierry DEREZ,
    PDG de Covéa
  • Sandrine LEMERY,
    Professeure du CNAM et vice-présidente de l’Institut des actuaires.

En présence des auteurs :

  • Pierre FRANÇOIS,
    Sociologue, directeur de recherche CNRS au Centre de sociologie des organisations de Sciences Po et co-porteur de la chaire PARI
  • Sylvestre FREZAL,
    Ancien co-porteur de la chaire PARI et ancien commissaire contrôleur des assurances, directeur de cabinet du Président de Covéa.

Modérateur : Benoit Martin, Rédacteur en chef de La Lettre de l'assurance.

A lire : Restitution du projet "la consommation de l'ice à Tahiti. Politiques publiques, usages et trafics"

Projet de recherche réalisé par les Dr Alice Simon et Alice Valiergue sous la direction scientifique de Henri Bergeron (Sciences-Po - CSO) et Michel Kokoreff (Paris 8-CRESPPA).
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Depuis septembre 2019, Alice Simon et Alice Valiergue, post-doctorantes à la Maison des Sciences de l’Homme du Pacifique ont travaillé sur un projet consacré à "la consommation de l'ice à Tahiti. Politiques publiques, usages et trafics" sous la direction scientifique de Henri Bergeron (Sciences-Po - CSO) et Michel Kokoreff (Paris 8-CRESPPA). Cette étude intitulée "ICEDRUG" est co-financée par le Ministère de la Santé et la Maison des Sciences de l’Homme du Pacifique (CNRS-UPF).

Présentation de la recherche :

L’ice est désormais la drogue la plus consommée en Polynésie française après le cannabis. Connue pour être très addictive, l'ice suscite une vive inquiétude au sein de la population et des pouvoirs publics depuis quelques années. Dans ce contexte, la Maison des Sciences de l’Homme du Pacifique (Université de la Polynésie française et CNRS) et le ministère de la Santé de la Polynésie française ont signé une convention pour réaliser une recherche sociologique sur le sujet. Une enquête de terrain a été menée auprès de consommateurs, de trafiquants et de leurs proches, mais aussi auprès des multiples institutions et associations concernées par cette problématique. La recherche analyse les ressorts du trafic et de la consommation d'ice ainsi que les politiques publiques qui y font face. Ce travail explore ainsi les causes et les conséquences de la croissance de la consommation d’ice en Polynésie française.

En savoir plus : 

Journal télévisé (édition du 27 août 2021):

Les invités de la rentrée 2021 :

Lund Frandsen, Marte Mangset, Paige Pendarvis, Samantha Sales et Elliot Stoller
  • ©shutterstock- Lemau Studio©shutterstock- Lemau Studio

Le CSO a le plaisir d'accueillir plusieurs invités : 

  • Søren Lund Frandsen, doctorant au département d'organisation (IOA) de la Copenhagen Business School 

Søren Lund Frandsen étudie l'évolution des réseaux d'experts utilisés par les organisations publics dans leur réponse au développement de défis mondiaux tels que le changement climatique et et les maladies infectieuses émergentes.

Il est au CSO du 1er septembre au 31 décembre 2021. Sophie Dubuisson-Quellier et Emmanuel Lazega l'accueilleront.

  • Marte Mangset, chercheuse invitée et Associate Professor à OSLOMET


Marte Mangset travaille actuellement sur une étude comparative des connaissances et des compétences qui légitiment le pouvoir des élites bureaucratiques en Grande-Bretagne, en France et en Norvège. 

Elle gère le projet TAXLAW auquel participent Jérôme Pélisse et Corentin Durand.
Elle est au CSO de septembre 2021 à août 2022.

 


Paige Pendarvis étudie l'histoire de l'Europe moderne, en particulier la France des XIXe et XXe siècles. Ses recherches portent sur l'émergence du "droit au logement" dans le Paris de la Troisième République afin de comprendre le développement historique des "besoins" et des "droits", la relation entre eux et leur impact sur la formation des États-providence modernes. 

Elle est au CSO du 13 septembre au 30 août 2022 et est accueillie par Marie-Emmanuelle Chessel.


Samantha Sales Dias étudie le travail des influenceurs numériques spécialisés dans la finance et les investissements et leur performance dans l'espace social de l'éducation financière au Brésil. Elle cherche à comprendre comment ces agents opèrent dans les médias sociaux dans le but déclaré d'éduquer les gens sur la finance et de leur enseigner comment gérer leur argent en temps de crise économique.

Elle est au CSO du 1er septembre 2021 au 28 février 2022 et est accueillie par Jeanne Lazarus.


Ses recherches visent à apporter des idées pratiques et théoriques pour mieux aligner les institutions gouvernementales et économiques sur une distribution plus juste du pouvoir. Elliot Stoller examine de manière critique la façon dont les exercices du pouvoir sont vécus, justifiés et limités de manière normative et structurelle au sein des organisations et entre elles.

Son séjour est fixé du 1er septembre 2021 au 30 juin 2022 et il est accueilli par Sophie Dubuisson-Quellier.

Recrutement d’un ou d’une doctorant.e

Sociologie historique de la direction de la Sécurité sociale – Financement CIFRE
Envoi des dossiers avant le 17 septembre 2021
  • ©Shutterstock-GERARD BOTTINO©Shutterstock-GERARD BOTTINO

Le Centre de sociologie des organisations recrute un.e doctorant.e pour la réalisation d’une thèse sur l’histoire de la direction de la Sécurité sociale. La thèse sera financée, via une convention Cifre, par le Comité d’histoire de la Sécurité sociale. La candidate ou le candidat devra disposer d’un master 2 recherche en histoire, en sociologie ou en science politique. Il ou elle devra être familier.e avec le travail sur archives et sur entretiens. La thèse sera dirigée par Marie-Emmanuelle Chessel et Jérôme Aust.

Les dossiers de candidature seront envoyés par mail aux deux adresses ci-dessous entre le 1er et le 17 septembre 2021. Ils contiendront dans un premier temps un cv et une lettre de candidature. D’autres pièces complémentaires (comme le mémoire de master) seront le cas échéant demandées en septembre.

Contact :

Jérôme AUST (jerome.aust@sciencespo.fr)

Marie-Emmanuelle CHESSEL (marieemmanuelle.chessel@sciencespo.fr)

Descriptif du projet de thèse

Appel à candidature – Sociologie historique de la direction de la Sécurité sociale

Le Comité d’histoire de la Sécurité sociale et le Centre de sociologie des organisations proposent de lancer à Sciences Po une thèse, financée par le biais d’une convention Cifre, sur l’histoire de la direction de la Sécurité sociale.

La thèse proposée porte sur la direction de la Sécurité sociale. Cette direction, qui succède à la direction des assurances sociales en 1945, est rattachée initialement au ministère du Travail, puis au fil du temps à différents ministères et parfois simultanément à deux ou même trois ministères. Si elle connaît, de l’après Seconde Guerre mondiale à aujourd’hui, de multiples rattachements institutionnels, elle dispose d’une stabilité au sein des services de l’État qui en font l’un des acteurs administratifs essentiels de la définition et de la mise en œuvre des politiques de protection sociale.

La thèse aura pour but d’étudier l’exercice des missions assignées à la direction, leurs changements dans le temps, l’influence qui est la sienne.

La direction de la Sécurité sociale participe à la définition et à la mise en œuvre des politiques de protection sociale par les propositions de réformes qu’elle élabore et ensuite par la mise en œuvre juridique des décisions politiques. Son champ de compétences s’étend à l’ensemble des branches de la protection sociale (assurance maladie, accidents du travail et maladies professionnelles, retraite, famille). Elle prépare également les textes relatifs à l’organisation et au contrôle des protections complémentaires (mutualité, régimes complémentaires de retraite et de prévoyance). Elle a en outre la charge d’assurer le financement de la protection sociale de base par la préparation des lois de financement de la Sécurité sociale et d’en fixer les règles de gouvernance au moyen des conventions d’objectifs et de gestion. Elle est également en charge des négociations des conventions internationales de Sécurité sociale et du suivi à Bruxelles des règlements européens de Sécurité sociale.

L’ampleur et l’évolution de ses missions ont conduit à une diversification des profils de ses agents qu’il conviendra également d’analyser.

Pour l’accomplissement de ses missions, elle travaille avec la direction du Budget, mais aussi avec les autres directions du ministère de la santé et avec les organismes de protection sociale, nationaux ou locaux, de base ou complémentaires. L’évolution des services déconcentrés de l’Etat en charge du contrôle des caisses locales de Sécurité sociale en relation avec la direction de la Sécurité sociale et des relations pourra également être traitée, de même que les relations entre la direction de la Sécurité sociale et la Cour des comptes.

Les temporalités explorées restent à préciser, mais des réformes propres à la Sécurité sociale et certains évènements de contexte qui impactent la Sécurité sociale sans lui être spécifiques pourront faire l’objet d’investigations approfondies.

Cette thèse s’appuiera sur un ensemble de sources écrites et orales, en partie déjà identifiées, qu’il conviendra d’articuler. Le projet définitif de thèse sera préparé par le ou la candidate qui sera inscrit-e en sociologie à Sciences Po et préparera le dossier de convention Cifre, avec l’aide scientifique et administrative de l’équipe du CSO.

Cette thèse sera menée à bien par un ou une doctorant.e avec un profil d’historien.ne ayant aussi une formation de sciences sociales, ou bien un profil de sociologue ou de politiste ayant déjà travaillé sur archives. Il ou elle sera dirigé.e, au CSO, par Marie-Emmanuelle Chessel et Jérôme Aust.

Le Comité d’histoire de la Sécurité sociale, mis en place en 1973, a notamment pour objet d’encourager l’étude et la recherche sur l’histoire de la protection sociale avant et après 1945 et de promouvoir la diffusion des travaux historiques. Il est assisté par un conseil scientifique. Ses moyens d’action sont la publication d’ouvrages, l’organisation de colloques, l’attribution d’aides financières, de prix de thèses et de rapports de masters. Il publie chaque année une revue scientifique, la Revue d’histoire de la protection sociale. En 1974 a été créée une Association pour l’étude de l’histoire de la Sécurité sociale qui apporte au comité les moyens financiers de son action. Cette organisation bicéphale très originale permettra la prise en charge financière, par le biais d’une convention Cifre, d’une thèse.

Unité mixte de recherche de Sciences Po et du CNRS, le Centre de sociologie des organisations (CSO) est un laboratoire qui, après avoir bâti sa réputation dans l’étude des organisations, a progressivement étendu ses domaines d’investigation et ses questions de recherche. Il est aujourd’hui un laboratoire en sciences sociales qui rassemble des sociologues mais aussi des politistes et des historiens. Les approches théoriques et les méthodes mobilisées au CSO reflètent aujourd’hui cette diversité, propice au développement d’approches multidisciplinaires. Dans le cadre de son programme doctoral, le CSO offre aux doctorants un encadrement académique de haut niveau reposant sur leur forte intégration dans le laboratoire et de multiples dispositifs de formation scientifique. Ce programme doctoral est par ailleurs articulé avec la politique de l’École de la recherche de Sciences Po qui offre de nombreuses opportunités aux doctorants, notamment en matière d'internationalisation.

 

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Rejoignez l'Association des sociologues des organisations

  • ©shutterstock-alphaspirit.it©shutterstock-alphaspirit.it

Cette association, créée en 2016 à l'issue du colloque des 50 ans du CSO, a pour objectif d’entretenir les liens et le dialogue entre la recherche académique et d’autres milieux professionnels intéressés par la sociologie des organisations, et de valoriser cette dernière dans des milieux non académiques. Elle constitue également une aide à la professionnalisation et à l’insertion professionnelle pour les doctorantes et doctorants du CSO.

Vous êtes intéressé.e par ces thématiques et vous êtes ou avez été en contact avec le CSO, le Cycle supérieur de sociologie de Sciences Po ou le Master de sociologie de Sciences Po, rejoignez l’Association des sociologues des organisations (ASO).

Les membres se réunissent pour débattre de sujets tels que la place de la sociologie des organisations dans les activités de conseil, les liens entre innovation et organisation, le nudge management… Des doctorantes et doctorants du CSO ont pu également présenter leur travail de thèse dans des entreprises intéressées.

Pour en savoir plus

Présentation de l'association

Contacts : aso.association-at-gmail.com

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Un argent omniprésent par Jeanne Lazarus

Entretien dans COGITO, le magazine de la recherche de Sciences Po
  • ©flickr-Dani Lütolf©flickr-Dani Lütolf

29 juin 2021 par Jeanne Lazarus, CSO

L’argent est présent dans toutes les sphères de la vie moderne. La crise financière de 2008 a affecté la situation économique et sociale de nombreux pays, analysée entre autres par les économistes. Mais ils ne sont pas les seuls : les sociologues se sont aussi emparés de cette question, sous son angle financier, mais en l’étendant à d’autres dimensions. À la lumière de cette crise, Damien de Blic, poliste à Paris 8 et Jeanne Lazarus, sociologue, chargée de recherche CNRS au Centre de sociologie des organisations de Sciences Po, ont éprouvé le besoin de rééditer Sociologie de l’argent (La Découverte) paru en 2007, en le réécrivant profondément.
Jeanne Lazarus répond sans tabou à nos questions.

En 2021, vous publiez une nouvelle édition de votre ouvrage, que vous révisez en profondeur. Vous indiquez que la crise des subprimes en 2008 a marqué un tournant, notamment dans le champ académique. Quels sont les changements que vous avez pu observer ?

Jeanne Lazarus : La crise des subprimes a évidemment eu des effets économiques et sociaux majeurs, mais elle s’est aussi répercutée dans le monde académique. Si les travaux analysant la finance et l’argent ont commencé bien avant 2008 — la première version de notre ouvrage est parue en 2007 — les subprimes ont attiré une attention massive sur ces questions. Les recherches sur la finance se sont multipliées, tout comme l’intérêt sociologique sur des sujets tels que le crédit ou les dépenses des ménages. Pour expliquer les choix de crédit des familles américaines, il a fallu faire entrer dans l’équation le marché du crédit, la régulation étatique, mais aussi le marché du travail, les relations familiales, les modèles d’investissement, la place de l’endettement dans le cycle de vie, etc. De même, cette crise ne peut être comprise sans tenir compte des rapports de domination de classe, de genre ou de race.

Qu’est-ce que la sociologie de l’argent ? Comment embrasser un champ aussi large et multidimensionnel ? Au-delà de l’économie et du social, l’argent touche aussi à des questions morales ou religieuses…

Queue à un guichet de la Sberbank (caisse d’épargne russe), 2013 © Pavel L Shutterstock

J.L. : Oui, la sociologie de l’argent est un domaine potentiellement infini, tant l’argent est présent partout. Nous tentons de prendre en compte toutes les dimensions de la vie sociale(1) qui participent à créer le paysage dans lequel les pratiques monétaires évoluent. Notre ambition est d’attirer l’attention du plus grand nombre, y compris des sociologues, quels que soient leurs domaines d’études, sur les questions d’argent. Que l’on s’intéresse à la famille, au travail, à l’école ou encore au genre, à l’enfance, à l’État, l’argent est présent d’une façon ou d’une autre. Nous allons même jusqu’à avancer qu’il est une institution sociale, c’est-à-dire qu’il transporte avec lui des normes et des valeurs, qui s’imposent à ceux et celles qui l’utilisent. Même si elles sont parfois transgressées, ces normes forment un cadre connu par les individus, qui interagissent. Cette sociologie a des difficultés particulières car elle aborde un objet lourdement chargé moralement.

Comment résoudre ces difficultés ?

J.L. : L’exigence de « neutralité axiologique » — cette règle qui veut que l’on suspende son propre jugement lors de l’exercice sociologique — est particulièrement difficile à tenir ici. La solution que nous avons trouvée est d’exposer les morales de l’argent, d’en faire la généalogie et d’essayer de comprendre dans quels cadres nos jugements sur l’argent se constituent.
L’autre grande difficulté est celle de l’enquête : l’argent étant présent dans toutes les sphères de la vie sociale, par où l’aborder ? Où et quoi regarder ? Les sociologues ont déployé tous leurs talents pour s’intéresser à toutes les formes de l’argent, mais surtout aux relations sociales qu’il engendre ou qu’il transforme. Dans l’ouvrage, nous présentons ces différentes pistes d’un domaine de recherche qui a démarré avec les premiers sociologues, mais ne cesse de s’enrichir.

Pour ce qui est de l’attitude des Français envers l’argent, vous préférez le terme « d’embarras » à celui de « tabou ». Quelle est notre position en comparaison avec d’autres pays européens et les États-Unis où le sujet de l’argent est librement abordé ?

J.L. : Nous pensons qu’il y a deux idées reçues : d’une part que l’on ne parlerait pas d’argent en France, d’autre part que l’on en parlerait sans la moindre pudeur ailleurs, notamment aux États-Unis. Ces idées préconçues ne résistent pas aux enquêtes. Travaillant sur l’argent, je peux vous assurer que le sujet est omniprésent ! Il suffit d’allumer la radio ou la télévision, d’ouvrir journaux et magazines, et l’on trouve en France sans cesse des questions d’argent, de rémunérations, de patrimoine, etc. La question des riches et des pauvres est très présente dans le débat politique : de François Hollande disant qu’il n’aimait pas les riches en 2006, à Emmanuel Macron qualifié de « président des riches » comme Nicolas Sarkozy avant lui, etc. De même, les mouvements sociaux placent de plus en plus les enjeux d’argent au premier plan.
À l’inverse, l’argent n’est pas sans tabou ailleurs. De nombreuses enquêtes sur l’argent aux États-Unis le prouvent, par exemple le travail de Caitlin Zaloom (2), professeur à New York University, sur le financement des études montre que les parents ne disent pas tout à leurs enfants, ou le livre Uneasy Street de la journaliste Rachel Sherman(3) sur les super-riches à New York qui tentent de dissimuler leur fortune (4)Pour la France, voir Anne Brunner 

Première de couverture d’une brochure de la BNCI destinée à la clientèle féminine mariée – Vers 1960 – Archives historiques BNP Paribas

Parler d’embarras plutôt que de tabou signale que l’argent est un sujet que l’on aborde, mais avec précaution. Dans toutes sociétés, il y a des façons de parler d’argent, on n’en parle pas de la même façon à tout le monde, ni à propos de toutes ses dimensions. Partout, il existe des frontières qui révèlent la place de l’argent dans la conception de la société. En France, longtemps seules les inégalités sociales fondées sur la réussite scolaire et professionnelle semblaient légitimes. Or, l’augmentation des inégalités monétaires, l’instabilité du travail, l’effritement de certaines protections sociales ont conduit à ce que la société se perçoive différemment et que les frontières économiques prennent une place qu’elles n’avaient pas il y a quelques décennies. La preuve : la sociologie française a longtemps négligé les inégalités de capital économique pour centrer ses enquêtes sur les inégalités de capital culturel. Sans abandonner les apports de ces recherches, le capital économique devient un sujet d’intérêt croissant pour les chercheurs et les chercheuses.

L’usage grandissant des paiements électroniques et l’apparition de nouvelles monnaies (cryptomonnaie, bitcoin) présagent-ils la fin de l’argent liquide ?

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J.L. : La disparition de l’argent liquide est annoncée depuis quelques années : de nombreuses innovations accélèrent les paiements électroniques, les sécurisent davantage et en diminuent le coût. La crise du Covid en a amplifié l’usage et a fait diminuer les paiements en espèces. Pourtant, l’argent liquide continue à circuler de façon massive et les pays qui pensaient le supprimer sont revenus sur leurs pas. L’exemple le plus célèbre est celui de la Suède. Il y a quelques années, son gouvernement réfléchissait à supprimer le cash, mais une loi a pourtant été promulguée en janvier 2020 pour s’assurer qu’il soit encore possible d’utiliser de l’argent liquide et éviter l’exclusion sociale des plus âgés, des enfants ou encore des personnes porteuses de handicap. Globalement, dans la zone Euro(5), le cash n’a pas disparu, il était encore utilisé pour 73 % des paiements en magasin en 2019 et la quantité de billets de banque en circulation ne cesse de croître — souvent pour utiliser comme réserve de valeur (c’est-à-dire pour le garder chez soi ou dans un coffre) que comme moyen de paiement.

Vous montrez combien les inégalités se creusent entre d’un côté les « ultra-riches » qui bénéficient de la financiarisation de l’économie et du recul des protections apportées par l’État-providence et de l’autre une population pauvre plus nombreuse et en grande difficulté. Comment définit-on un seuil de richesse ?

Source : Rapport Oxfam, Le virus des inégalités, Focus sur la France, Janvier 2021

J.L. : La possibilité même de définir un seuil de richesse est l’objet de débats passionnés, car il ne s’agit bien sûr pas seulement d’une question technique, mais de la façon dont on se représente la société et sa structure. L’une des options est de calquer le seuil de richesse sur le seuil de pauvreté (6). Celui-ci est défini comme la moitié (parfois 60 %) du revenu médian et le seuil de richesse pourrait correspondre au double du revenu médian. L’Observatoire des inégalités propose ainsi le chiffre de 3470 euros mensuels en France en 2020, et considère que 5 millions de personnes sont riches.
Ce calcul est toutefois insatisfaisant pour plusieurs raisons : comme pour la pauvreté, la richesse est multidimensionnelle, et le seuil monétaire est une mesure qui manque d’épaisseur. En outre, ne mesurer que le revenu sans tenir compte du capital fait perdre un élément essentiel de ce qu’est la richesse. Mais surtout, la richesse s’étend de façon exponentielle, en termes statistiques on dit qu’il existe une forte dispersion de la richesse : elle peut ne jamais s’arrêter. Une famille qui vit confortablement et un milliardaire à la tête d’un empire industriel peuvent être qualifiés de riches avec de tels seuils, mais leur expérience sociale comme leur rôle dans les inégalités ne sont pas équivalents. La richesse est un enjeu « nouveau » pour la sociologie, qu’elle soit qualitative ou quantitative. De nombreux travaux se développent actuellement pour la mesurer, la définir, réfléchir à ses origines, à sa reproduction, à son inégale répartition en termes de classes sociales, de géographie, de genre ou encore d’âge. Le groupe des « super-riches » a fait son entrée dans le langage commun, dans les livres de sociologie et dans les mouvements sociaux. Le retour d’une très grande richesse qui rappelle la fin du 19e siècle est l’un des sujets politiques majeurs de notre époque.

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Remise du rapport du Haut Conseil pour le Climat à Matignon

Parmi les membres présents, Sophie Dubuisson-Quellier
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Le 30 juin, le Haut conseil pour le climat (HCC) a remis son rapport annuel à M. Jean Castex, Premier Ministre en présence de Mme Barbara Pompili, Ministre de la Transition écologique.

Le rapport "Neutralité carbone 2021" constate une amélioration mitigée du rythme de baisse des émissions de gaz à effet de serre. Celui-ci s’est accentué en 2019, mais doit encore pratiquement doubler d’ici 2021 pour s’aligner avec les objectifs climatiques. L’importante baisse des émissions observée en 2020 est temporaire et non structurelle.

Le HCC estime que les politiques publiques sont encore insuffisamment alignées sur la trajectoire de réduction des émissions prévue par la Stratégie nationale bas-carbone (SNBC), alors que les objectifs européens à -55% d'ici 2030 vont demander un rehaussement des efforts au niveau national. Le pilotage et le suivi des politiques publiques reste partiel, malgré les efforts récents. L’évaluation des lois au regard du climat a peu évolué, et le suivi du plan de relance doit encore mieux prendre en compte les enjeux de la transition bas-carbone. 

Pour la première fois, le rapport annuel du HCC se penche aussi sur les enjeux de l'adaptation au changement climatique. Les impacts du réchauffement climatique se faisant déjà ressentir sur l’ensemble des régions françaises, il indique que les politiques d’adaptation doivent devenir plus opérationnelles. Les deux-tiers de la population française sont déjà fortement ou très fortement exposés au risque climatique. Après une année de pandémie, le changement climatique reste au cœur des préoccupations des Français, dont plus de 80% pensent que le territoire sera obligé de prendre des mesures importantes pour s’adapter aux nouvelles conditions climatiques. Les politiques d’adaptation doivent être rapidement développées, en complément des stratégies d’atténuation. Il s’agit de se préparer en identifiant les impacts du changement climatique à l’échelle locale et les secteurs prioritaires à l’aide d’outils robustes et fiables et permettre le développement de services climatiques coordonnés. Une stratégie nationale d’adaptation doit être élaborée au même titre que la SNBC, dotée d’objectifs quantifiés et de délais précis, en identifiant les secteurs prioritaires avec l’ensemble des parties prenantes. 

Le HCC fait plusieurs recommandations afin d'accélérer la transition bas carbone parmi lesquelles la nécessité d'une clarification des politiques publiques en matière de climat.

Afin d’accélérer la transition bas-carbone, le Haut conseil pour le climat recommande de :

  • Clarifier des politiques publiques encore peu lisibles. Les mesures en place et les calendriers de décarbonation actuels orientent insuffisamment les investissements, faute de perspectives claires et stables à moyen et long termes, et d’horizons temporels trop éloignés.
  • Finaliser au plus vite les stratégies locales et les faire converger vers les objectifs nationaux, car ces documents permettent à l’ensemble des acteurs publics et privés de s’approprier les enjeux de décarbonation.
  • Pérenniser les aides et investissements inscrits au sein des plans de relance qui contribuent aux changements structurels bas-carbone.
  • Améliorer les processus d’évaluation et de suivi des politiques publiques, qui permettent de disposer de retours d’expériences rapides et d’accélérer les progrès.
  • Intégrer systématiquement l’adaptation au changement climatique dans les politiques aux échelons nationaux et territoriaux car les impacts d’un climat qui change se font déjà sentir.

Lire le rapport complet

 

A propos du Haut conseil pour le climat

Le Haut conseil pour le climat a été installé le 27 novembre 2018 et inscrit dans la loi n°2019-1147 du 8 novembre 2019 relative à l’énergie et au climat. C’est un organisme indépendant, chargé d’évaluer la stratégie du gouvernement en matière de climat, d’émettre des avis et recommandations indépendants et objectifs sur l’action climatique du gouvernement, et d’éclairer les débats de manière neutre, dans une perspective de long-terme en tenant compte du contexte global. Il est actuellement présidé par la climatologue franco-canadienne Corinne Le Quéré et composé de treize membres, désignés pour cinq ans et choisis pour leur expertise scientifique, technique et économique dans le domaine du climat. Sophie Dubuisson-Quellier est l’un de ses membres.

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Offre de Post-Doc au CSO :

Data Protection Officers: la formation d'un groupe professionnel
  • Good In TechGood In Tech

Recrutement pour un contrat post-doctoral (12 mois)

Les Data Protection Officers (DPO) – La formation d’un groupe professionnel

Durée : 12 mois, à compter du 1er octobre 2021

Financement : Chaire Good in Tech

Institutions de tutelle : Sciences Po Paris et IMT Business School

Accueil : Centre de Sociologie des Organisations (Sciences Po, Paris 7e)

Date limite de candidature : Les candidatures sont à adresser (CV et lettre de motivation) à Kevin Mellet (kevin.mellet@sciencespo.fr) au plus tard le 2 juillet 2021

Mission

Dans le cadre de ses activités de recherche sur la gouvernance de l’innovation numérique, la Chaire Good in Tech recrute un.e post-doctorant.e dont la mission sera de réaliser une enquête sur les Délégués à la Protection des Données, ou Data Protections Officers (DPO). La fonction de DPO est instaurée par le Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD), voté en avril 2016 et entré en application en mai 2018. Sa désignation est obligatoire dans les entreprises privées et dans les organismes publics amenés à constituer des fichiers et traiter des données à caractère personnel. Chargé de nombreuses tâches, en lien avec sa mission principale consistant à veiller au respect des règles relatives à la protection des données, le DPO est assurément le visage de la régulation des données personnelles dans les organisations.

Qui sont les DPO ? Quelles sont leurs trajectoires ? Comment construisent-ils leurs compétences, leur expertise et leur ethos professionnel ? Dans quelles conditions exercent-ils leurs missions au sein des organisations ? Comment, concrètement, exercent-ils ces missions au quotidien ? Leurs compétences sontelles ajustées à ces missions, doivent-elles évoluer ? Comment et par qui sont-ils évalués ? Dans quelle mesure sont-ils susceptibles d’infléchir et de déterminer la manière dont se structure l’économie des données personnelles ? Les questions soulevées par l’émergence de la figure du DPO sont nombreuses.

La perspective privilégiée dans cette recherche est celle de la sociologie du travail et des groupes professionnels (Demazière et Gadéa, 2009) ainsi que les approches en Gestion des Ressources Humaines sur les aspects compétences et développement des compétences. Elle invite à explorer la dynamique de formation du groupe des DPO sous l’angle de la professionnalisation : construction des expertises et codification des compétences, rôle des formations et des associations professionnelles, sociabilités, normes déontologiques, autonomie et légitimité, définition juridique du statut et négociation de celui-ci au sein des organisations, etc. Une enquête menée en 2019 par la Délégation Générale à l’Emploi et à la Formation Professionnelle auprès de 1265 DPO révèle la diversité des profils mesurée par le domaine d’expertise d’origine : 31 % sont juristes, 34 % informaticiens, 34 % appartiennent à d’autres domaines d’expertise. Dispersés et potentiellement isolés dans leurs organisations, adossés à des expertises très hétérogènes, comment les DPO construisent-ils leur identité professionnelle ?

Cette perspective de sociologie des professions pourra être complétée et articulée à deux autres approches sociologiques. D’abord, du côté de la sociologie du droit, l’émergence de nouveaux « intermédiaires du droit » dotés de prérogatives et de moyens élargis invite à poursuivre les analyses sur l’« endogénéité » du droit et des activités économiques (Edelman et Suchman, 1997 ; Bessy, Delpeuch et Pélisse, 2011). Compte tenu de l’ambiguïté de la règle de droit, son application est nécessairement guidée par l’interprétation qu’en donnent les acteurs, et en particulier ceux d’entre eux occupant une position particulière, à l’interface de l’économie, de la technique et du droit. Lenglet (2012) s’est intéressé par exemple aux déontologues de marché, dont le rôle est d’autoriser ou d’interdire certaines transactions aux opérateurs de marché, sur les marchés financiers. Les DPO s’imposent-ils dans les organisations comme des déontologues de la gestion des données, voire de l’informatique ? Ensuite, dans une perspective de sociologie économique du numérique, les DPO sont chargés de veiller, au sein de leur organisation, à la protection des données personnelles, et donc à l’encadrement des activités d’enrichissement et de valorisation dont elles sont susceptibles de faire l’objet. Les « data » sont ainsi constituées en actifs économiques dotés de certaines propriétés – durée de vie, capacité à circuler dans et à l’extérieur des organisations, capacité à être combinés (Beauvisage, Mellet, 2020). Quel rôle jouent les DPO dans ces opérations ? Dans quelle mesure leurs décisions, leurs outils, le contrôle qu’ils exercent participent-il de la valorisation économique des données personnelles ?

Ces questionnements appellent la réalisation d’enquêtes empiriques, qualitatives et/ou quantitatives. L’entrée sur le terrain se fera par le biais des formations (accès au terrain facilité auprès des formations partenaires : le Master spécialisé « Data Protection Management » d’IMT Business School et le certificat « Data Protection Officer » de Sciences Po Paris), d’associations professionnelles, de plateformes de networking professionnel. Elle pourra être centrée sur un domaine particulier ou ouverte à une palette large de secteurs et de types d’organisations. Elle se concrétisera par la rédaction d’un rapport de recherche, de publications scientifiques et par des échanges et valorisations, en particulier auprès des formations associées.

Références bibliographiques

Beauvisage, T., & Mellet, K. (2020). Datassets: assetizing and marketizing personal data. In Birch K. & F. Muniesa (eds), Assetization: turning things into assets in technoscientific capitalism, MIT Press
Bessy, C., Delpeuch, T., & Pélisse, J. (2011). Droit et régulations des activités économiques : perspectives sociologiques et institutionnalistes. LGDJ.
Demazière D. et C. Gadéa (dir.), Sociologie des groupes professionnels. Acquis récents et nouveaux défis, La Découverte, Paris, 2009
Edelman, L. B., & Suchman, M. C. (1997). The legal environments of organizations. Annual review of sociology, 23(1), 479-515.
Lenglet, M. (2012). Ambivalence and ambiguity: The interpretive role of compliance officers. In Finance: The Discreet Regulator, Palgrave Macmillan, London.

Votre profil

Le poste est ouvert aux docteurs ayant soutenu leur thèse en sociologie, en gestion (particulièrement GRH) ou dans une discipline voisine depuis moins de trois ans, ou ayant acquis depuis la soutenance une compétence complémentaire et utile à la réalisation de cette recherche. Spécialités pressenties : sociologie du travail et des professions ou gestion des ressources humaines. Un intérêt pour la sociologie du droit, la sociologie économique ou la socio-économie d’Internet serait un plus. La maîtrise des méthodes qualitatives (conduite d’entretiens) est nécessaire. La connaissance de méthodes quantitatives (questionnaire, statistiques descriptives) et de techniques d’extractions de données du web permettrait de constituer et analyser des jeux de données originaux, sans être un point bloquant du recrutement.

La personne recrutée sera intégrée à une équipe de trois chercheurs confirmés (un en sociologie, un en droit et un en GRH). Nous recherchons une personne curieuse, travailleuse et n’hésitant pas à poser des questions lorsqu’elle ne sait pas. Nous prenons de notre côté l’engagement de vous aider à monter en compétences et pouvoir publier afin de consolider votre CV.

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Arabie Saoudite : vers un système universitaire normalisé par Elsa Bedos

COGITO, magazine de la recherche de Sciences Po
  • Riyadh – King Saud University – University Grand Mosque. © Stephen Downes; CC BYRiyadh – King Saud University – University Grand Mosque. © Stephen Downes; CC BY

Arabie Saoudite : vers un système universitaire normalisé

 29 juin 2021
Arabisante et maîtrisant les enjeux d’évaluation de l’enseignement et la recherche, Elsa Bedos a consacré sa thèse à la mise en place de processus visant à faire progresser et accréditer les formations universitaires en Arabie Saoudite. Un travail récompensé par le prestigieux Prix Louis Cros de l’Académie des sciences morales et politiques en 2020. Entretien.
Votre recherche doctorale a visé à comprendre pourquoi et comment l’Arabie Saoudite a mis en place une politique d’évaluation de son enseignement supérieur. Pourquoi ce sujet ?

Elsa Bedos : Mon objectif était tout d’abord que ce travail de recherche me permette de progresser professionnellement dans ma spécialité, l’administration de l’enseignement supérieur et de la recherche. J’avais travaillé à l’Agence pour l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur sur l’évaluation d’universités en France(1). Ensuite, j’ai une formation liée à la langue et au monde arabes où j’ai séjourné plusieurs fois, parfois longuement notamment dans le cadre de mon master de recherche en sociologie comparée en Arabie saoudite. Enfin, j’avais particulièrement apprécié l’une de mes enseignantes de Master – Christine Musselin, sociologue de l’enseignement supérieur – pour ses cours de méthodologie d’enquête. J’avais aimé son mélange d’exigence et de bienveillance et savais que pour l’aventure de la thèse, j’aurais besoin d’être guidée tout au long du chemin. En dialoguant avec elle, j’ai mis le doigt sur l’existence de la commission saoudienne d’évaluation et d’accréditation de l’enseignement supérieur (National Commission for Academic Assessment and Accreditation – NCAAA). Voilà comment est né mon projet de thèse sur l’analyse de la mise en place de cette agence et la politique qui y présidait.

Cette politique s’inscrivait dans un mouvement mondial et se nourrissait de nombreux outils et modèles étrangers. Y-avait-t-il eu une réflexion nationale – et/ou au niveau des établissements – relative à ces sources d’inspiration ? Ces modèles avaient-ils été adaptés à la culture saoudienne ?

Riyadh – King Saud University – University Grand Mosque. © Stephen Downes; CC BY-NC 2.0, via Flickr

E.B. : Les universités saoudiennes sont internationalisées depuis longtemps, à travers les enseignants qui, pour une grande part sont des non-Saoudiens venant d’autres pays où ils ont été formés et pour l’autre part, sont des Saoudiens formés à l’étranger, le plus souvent dans des pays anglophones (États-Unis, Royaume-Uni, Australie, Nouvelle-Zélande…). Les universitaires qui dirigent l’agence saoudienne d’évaluation et d’accréditation de l’enseignement supérieur, au moment d’inventer la politique publique saoudienne d’évaluation et d’accréditation au début des années 2010, ont fait appel à des consultants extérieurs, australiens, états-uniens, britanniques pour étudier et comparer les systèmes étrangers. Ce recours à une expertise internationale et à la comparaison internationale n’est pas propre à l’enseignement supérieur saoudien. C’est même fréquent dans les administrations publiques saoudiennes. La planification et l’élaboration de grandes politiques publiques se construit souvent avec l’appui de cabinets de conseil internationaux ou d’administrations étrangères. J’ai d’ailleurs observé – et participé – à l’élaboration du plan pour la recherche et la technologie (maarifah). Dans les universités évaluées, les personnes que j’ai interviewées étaient conscientes d’être soumises à un processus inspiré de modèles extérieurs. Certains regrettaient une importation en bloc sans adaptation à la situation saoudienne, sans démarche progressive et incrémentale permettant aux universités de s’adapter à ces nouvelles pratiques et modalités de travail induites par l’évaluation. De fait, à cette époque la NCAAA, était prise au piège de son propre processus d’accréditation trop complexe, trop éloigné de la réalité des universités saoudiennes, qu’il lui était impossible d’en délivrer. Cet ensemble a été importé par des “passeurs” saoudiens habitués à participer à des colloques internationaux, à évoluer dans des réseaux de techniciens de l’assurance qualité dont ils partagent le vocabulaire et les convictions sur la capacité de certains outils d’actions publiques à résoudre des problèmes.

© 2021 British Council

Parmi ces outils, celui des learning outcomes a fait l’objet d’un travail d’appropriation particulièrement approfondi parce qu’il est censé valoriser le diplôme délivré et rendre employable les étudiants et donc résorber le chômage des jeunes Saoudiens. Cette importation repose sur l’implication de quelques acteurs centraux comme le British Council en Arabie saoudite et l’agence d’assurance qualité de l’enseignement supérieur du Royaume-Uni avec lesquels les responsables de la NCAAA sont en interaction régulière. Pour se sortir de l’impasse de l’échec de la plupart des universités saoudiennes à être accréditées, la NCAAA a fait preuve d’inventivité pour ne jamais atteindre l’étape où elle doit délivrer l’accréditation: ses dirigeants ont choisi d’allonger le processus en amont, notamment par des conditions d’éligibilité de plus en plus élaborées et par une réorientation de son activité vers l’offre de formations aux universités pour les acclimater à sa technique d’évaluation-accréditation.

Un de ses enjeux était d’améliorer l’employabilité des jeunes saoudiens : A-t-elle atteint son but ?

E.B. : C’est bien l’un des paradoxes de cette politique. Ceux qui l’ont mise au point affichent partout, à l’écrit et à l’oral, l’objectif d’améliorer leur enseignement supérieur pour rendre les diplômés saoudiens plus employables. Mais à aucun moment, ils ne s’adressent aux entreprises ou autres administrations publiques dont la mission est de former à des professions en vue d’une insertion professionnelle, comme, par exemple, celle chargée de développer des formations non-académiques et professionnalisantes. Cette césure rend compte de conflits de périmètres entre ministères et entre administrations. L’agence d’évaluation et d’accréditation de l’enseignement supérieur souhaitait étendre sa compétence à l’ensemble des formations délivrées qu’elles soient académiques ou professionnalisantes, mais n’y est pas parvenue.

Lancée deux ans après les attentats contre les Twin Towers, cette réforme s’était aussi donné des objectifs moraux. Quels étaient-ils et à quoi cela a-t-il abouti ?

E.B. : Je ne parlerais pas d’objectifs moraux, même s’il est juste de situer le début de la réflexion autour de la réforme de l’enseignement supérieur saoudien sur ce plan. Très vite, cette dimension a été évacuée et je parlerais plutôt d’une volonté de répondre à ce qui est perçu par les dirigeants saoudiens comme un risque politique de déstabilisation voire de renversement du régime, découlant des accusations, venues essentiellement des États-Unis et d’Europe puis dans un second temps d’Arabie saoudite, qui construisent l’éducation saoudienne en “problème public”, suite aux attentats perpétrés aux États-Unis en septembre 2001 (quasiment tous ceux qui étaient impliqués dans ces attentats étaient de nationalité saoudienne): elle serait responsable de fabriquer des terroristes.

Al-Mahala | King Khalid University. © Abdulaziz Asiri, own work, CC BY-SA 3.0

La réussite du gouvernement saoudien est de parvenir, à travers ce qui s’est appelé le sixième “Dialogue national”, à techniciser le problème de l’éducation saoudienne, à le faire glisser du registre des valeurs morales (lutter contre l’extrémisme, développer l’esprit de tolérance) à celui de la technique moins chargée symboliquement : les curricula, le développement des technologies au service de l’enseignement, les qualifications et la mesure de la performance des enseignants, l’évaluation de la qualité. Le « Dialogue national » constitue une scène publique qui travaille à « réétiqueter » le problème éducatif saoudien : d’un problème de qualité exprimé en termes de déviance idéologique (le « wahhabisme »), il devient un problème technique . Cette technicisation s’accompagne d’un recours à des savoirs experts et à un appareillage linguistique : performance, évaluation, indicateurs, « bonnes pratiques », learning outcomes, assurance qualité, benchmark… En opérant ce déplacement, cette opération a dépassionné le débat et permis de réorienter l’incertitude – que la crise internationale consécutive aux attentats du 11 septembre 2001 avait mise sur le devant de la scène – en la fixant sur la qualité de l’enseignement supérieur. La rencontre avec la NCAAA s’opère autour de la notion de qualité, l’évaluation et l’accréditation constituant les deux piliers de cette dernière. La NCAAA s’installe comme « spécialiste » de la qualité, en proposant une méthode au service de l’assurance qualité.

Si d’une manière générale, ce type de réformes en multipliant les outils de contrôle limite les libertés académiques, vous montrez qu’en l’occurrence les contraintes « idéologiques » pesant sur les enseignants ont été réduites. Comment expliquez-vous cela ?

E.B. : Dans l’université où j’ai observé la mise en œuvre de ce dispositif, j’ai montré comment ce dernier avait transformé sa structure administrative par la création d’une nouvelle chaîne hiérarchique dédiée à la qualité, les agents de la qualité, et la mise en procédures d’enseignement. J’ai notamment pu constater l’imbrication de plusieurs formes de bureaucratisation simultanées : rationnelle-légale (wébérienne(2)), managériale (New Public Management – NPM(3)) et rationalisée.

© Shutterstock

L’introduction d’outils d’évaluation et d’accréditation, inspirés du NPM, était présentée par les agents de qualité comme en rupture avec le système bureaucratique antérieur. En réalité, ces outils, comme les pratiques de travail qui les accompagnent, prolongeaient le processus bureaucratique, caractérisé par une inflation de l’écrit et des procédures. Les agents de la qualité imposaient un travail formel d’écriture de dossiers et de rapports. Ces processus étaient censés transformer la pédagogie des enseignants et de l’enseignement à l’université. À partir de ces pratiques, j’ai proposé de saisir et de qualifier le régime saoudien, en prenant le contrôle comme objet d’étude. J’ai analysé la qualité comme révélant la manière dont des pratiques et des discours peuvent combiner, simultanément, des éléments de gouvernements démocratique et autoritaire. Le NPM est d’abord une doctrine nord-américaine et européenne, dont divers travaux ont montré, en contexte démocratique, que la diffusion du contrôle formel réduit les marges de liberté, notamment académique. L’apport de mon travail est de montrer à l’inverse que, en contexte autoritaire, dans un gouvernement où sont mises en œuvre des formes de contrôle politique et moral, focalisées sur les individus et leurs pensées, la diffusion du NPM a contribué à desserrer le contrôle politique et moral. En définitive, ce cas donne un aperçu éclairant sur l’action publique, l’intrication entre réforme instrumentale, bureaucratisation et modalités de gouvernement.

En revanche, côté administration, ces réformes ont eu des effets bien différents…

E.B. : En effet, en m’intéressant aux transformations organisationnelles, j’ai observé que les agents de la qualité se saisissaient de la réforme, à des fins de promotion professionnelle et j’ai montré comment ils constituaient une « magistrature technique ».

Entrée principale de l’université Mohamed bin Saoud. Source : Facebook de l’université

En identifiant plusieurs profils et des stratégies multiples, j’ai révélé l’hétérogénéité qui caractérise la chaîne de la qualité. Ainsi, les universitaires d’origine saoudienne déploient des logiques d’action similaires, empruntant des trajectoires professionnelles semblables et jouant de leurs interconnaissances. Les universitaires non saoudiens développent, eux, des stratégies de survie professionnelle. Tous cependant mêlent compétences académiques, administratives et managériales. Cette hybridation est la ressource centrale des agents de qualité dans leur conquête du pouvoir au sein.

Vos interlocuteurs se sont-ils montrés ouverts et impliqués ?

E.B. : Dans l’ensemble, j’ai été bien accueillie. Je suis arrivée sans prise de contact préalable. Même si cette situation est plutôt inconfortable, mais d’expérience je savais que j’allais en trouver sur la place. Au départ, il faut rencontrer 2 ou 3 personnes qui vont jouer un rôle d’intermédiaire et de médiateur auprès d’acteurs que je souhaite interviewer. Et de fait, j’ai été mise en relation avec des interlocuteurs à la commission d’évaluation et d’accréditation saoudienne et aussi dans plusieurs universités, de tailles et de statuts différents, dont certains ont joué un rôle central pour ma mise en relations. J’ai quand même vécu un instant de solitude quand le président de la commission nationale d’évaluation et d’accréditation m’a demandé de cesser de conduire des entretiens et d’observer les gens qui y travaillaient. La relation de confiance s’était rompue après un entretien avec l’une des salariées. L’entretien s’était pourtant bien passé, de mon point de vue. Elle m’avait donné beaucoup de matériaux intéressants. Cet incident s’est produit alors que j’avais réalisé suffisamment d’entretiens heureusement. Finalement, cette déconvenue a été une chance parce qu’elle m’a obligée à embrasser l’ensemble du processus, depuis la genèse de la politique publique jusqu’à sa mise en œuvre.

En tant que femme, avez-vous eu le sentiment d’être accueillie avec tout le sérieux que requièrent des entretiens de recherche ?

E.B. : Au sein des universités où j’ai réalisé mon enquête, la ségrégation entre hommes et femmes y est institutionnalisée, conduisant à la délimitation d’espaces réservés à l’un ou l’autre genre (campus féminin et campus masculin). En ce qui me concerne, les règles de ségrégation ont été appliquées avec plus ou moins de rigueur. Bien souvent, ce n’était qu’une fois arrivée sur le lieu des entretiens que je comprenais si j’allais rencontrer des hommes, des femmes ou les deux. Si la ségrégation de genre est institutionnalisée dans les espaces publics, une fois ce cadre posé, rien n’était figé. Des intermédiaires saoudiens m’ont permis d’accéder à des espaces totalement réservés à des hommes, des universitaires hommes ont accepté -de transgresser la règle de ségrégation de genres en me rencontrant dans des espaces où les acteurs estimaient pouvaient se départir de cette norme : les lobby de grands hôtels internationaux ainsi que le collège de médecine de l’université où j’ai passé le plus de temps. L’incertitude dans laquelle je me trouvais a aussi constitué une opportunité car elle matérialisait la possibilité d’un contournement de la règle. Ces expériences, après analyse, ont révélé des mécanismes sociologiques : la composition de hiérarchies appliquées aux nationalités, grades universitaires et professions.

A group of women Saudi returnees wait for their turn to disembark, ©UNICEF Ethiopia/2013/Ayene

Ainsi, les universitaires occidentaux rencontrés se sont comportés comme s’ils n’étaient pas totalement soumis aux mêmes règles que celles qui s’imposent aux nationaux et aux autres étrangers. Ils estimaient possible de s’en affranchir comme une normalité, pour eux et pour moi. Les hommes de nationalités étrangères non occidentales (arabes ou asiatiques) ont répondu à mes sollicitations avec une plus grande variété de comportements face à la règle de ségrégation et à sa transgression. Cette variété ne renvoie pas seulement à la hiérarchie des nationalités mais aussi au statut professionnel et au capital politique de la personne qui m’avait orienté vers eux. Elle révèle aussi l’étendue de la zone d’interprétation de la règle et de son contournement, ce qui explique les situations de rebondissements auxquelles j’ai pu être confrontée. Les Saoudiens, universitaires ou fonctionnaires, ont tous accepté de me rencontrer, y compris sur des lieux de travail où aucune femme n’était présente. Mon statut d’Occidentale et de chercheuse, implicite visait à la construction d’une image positive de l’Arabie saoudite, capable de transgresser la règle de ségrégation, de permettre à une femme de faire son travail. Il s’agissait aussi d’essayer d’influencer mon analyse de la société saoudienne en prenant à rebours mes préjugés supposés. Ils tentaient par-là de convaincre l’« Occident » de l’existence d’une Arabie saoudite ouverte à la discussion et dans sa manière de traiter avec les femmes. Ces expériences montrent l’étendue des situations possibles et des interprétations de cette règle, pourtant présentée de manière si monolithique, en Arabie saoudite ou à l’étranger. Elles rappellent le principe, déjà mis en évidence par Durkheim , qu’une infraction à la règle n’entraîne pas mécaniquement une sanction et que la dérogation à une règle est un phénomène normal. De surcroît, elles montrent que la respecter ou la transgresser exprime des stratégies individuelles, enchâssées dans des mécanismes socio-politiques qui dépassent la question de la règle.

Propos recueillis par Hélène Naudet, direction scientifique

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Replay du débat : Faut-il légaliser le cannabis ?

Henri Bergeron, Renaud Colson, Caroline Janvier, Michel Kazatchkine et Catherine André.
Le 18 juin 2021
  • Les invités du débatLes invités du débat

DÉBAT DU VENDREDI 18 JUIN 2021 DE 12H30 À 14H SUR ZOOM

Discussion autour de l'ouvrage " Faut-il légaliser le cannabis ? " de Renaud Colson et Henri Bergeron.

Le consensus qui a longtemps prévalu sur la prohibition du cannabis a disparu. L’usage de ce produit est désormais toléré dans de nombreux pays et plusieurs Etats en ont légalisé la production et la distribution à des fins récréatives. Ce n’est pas le cas de la France où la consommation et les trafics de cannabis font l’objet, depuis une vingtaine d’années, d’une réponse pénale de plus en plus vigoureuse. Le niveau d’usage demeure pourtant très élevé, notamment chez les jeunes, et l’interdit légal s’accompagne de nombreux effets pervers, en particulier la création d’un vaste marché criminel et sa violence associée, la circulation de produits frelatés et les conséquences sanitaires qui lui sont liées, et la marginalisation des consommateurs.

Faute de distinguer entre les effets délétères du cannabis et les conséquences négatives de son interdiction, le risque est que la prohibition se renforce de ses propres échecs à la manière d’une prophétie autoréalisatrice. Le débat est d’autant plus difficile à mener qu’il est techniquement complexe et ne se résume pas à l’alternative simpliste entre interdiction absolue et liberté sans limite dans laquelle on veut trop souvent l’enfermer. Il convient de prendre la mesure des connaissances scientifiques acquises sur le sujet afin d’évaluer le droit en vigueur de la manière la plus neutre possible, et de réfléchir aux conditions de sa réforme. 

Les invités : 

Henri Bergeron, directeur de Recherche CNRS, sociologue au Centre de sociologie des organisations et directeur de l'Executive Master "Management des Politiques Publiques" de Sciences Po,
Renaud Colson, maître de conférences à la faculté de Droit à l'Université de Nantes,
Caroline Janvier, députée du Loiret et rapporteure de la mission d’information parlementaire sur le cannabis récréatif,
Professeur Michel Kazatchkine, membre de la Commission Globale sur les politiques publiques en matière de drogues.

Modératrice : Catherine André, Rédactrice en chef adjointe d'Alternatives Economiques

Voir la vidéo [1:30]

Evènement organisé en partenariat avec le laboratoire Droit et Changement Social - UMR CNRS

Séminaire Enseignement supérieur et recherche du 21 juin 2021

How do academic organizations select candidates?
By Kathia Serrano Velarde
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La prochaine séance du séminaire "Enseignement supérieur et recherche" est programmée le lundi 21 juin de 12h30 à 14h.

Kathia Serrano Velarde, Professeur de sociologie politique à l'université de Heidelberg, présentera une communication intitulée : 
How do academic organizations select candidates?

Le séminaire "Enseignement supérieur et recherche" de Sciences Po est co-organisé par le CSO (sous la co-responsabilité de Jérôme Aust et Clémentine Gozlan) et par le RESUP (Réseau d’étude sur l’Enseignement Supérieur).

 

Formulaire d'inscription 

Contacts : Jérôme Aust et Clémentine Gozlan

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