L'illusion de la démocratie numérique
L'illusion de la démocratie numérique
- Image TY Lim (via Shutterstock)
L'illusion de la démocratie numérique. Internet est-il de droite ?
Jen Schradie
Edition française avec introduction originale, de l'ouvrage "The Revolution That Wasn't: How Digital Activism Favors Conservatives", Harvard University Press (2019), Presses polytechniques et universitaires romandes, Lausanne, Collection Quanto, 2022, 468 p.
# La naissance d'internet il y a plus de 25 ans déclenche une sorte de vertige révolutionnaire. Ses plus ardents défenseurs pensent qu'il a le potentiel de refaçonner fondamentalement chaque aspect de la civilisation, en mieux. [...] Personnalisation, participation et pluralisme sont certains de faire advenir la démocratie numérique.
# L'activisme semble accessible, immédiat et ouvert à tous. Un hashtag accrocheur, ou l'actualisation judicieuse d'un statut semblent suffisants pour donner naissance à tout un mouvement. Soudaint, tout un chacun est en mesure de changer le monde.
Si ce discours narratif célébratoire a largement dominé le discours depuis des années, il doit à présent se confronter directement à une vision de plus en plus inquiétante d'internet.
Jen Schradie mène un minutieux travail de terrain en Caroline du nord pour comprendre comment militantisme et numérique - réseaux sociaux plus précisément - se conjuguent au profit de certains groupes structurés porteurs de courants de pensée conservateurs. Elle aborde dans son ouvrage les inégalités selon la classe sociale, les types d'organisation des groupes militants (syndicats d'enseignants, d'étudiants, d'employés du secteur public), les motivations politiques de ces groupes (idéologie de "droite" ou de "gauche"), leurs stratégies d'occupation des réseaux. Le militantisme numérique prend corps dans toutes ses dimensions, le distinguant des mouvements et pratiques observés avant la généralisation du numérique.
# L'ère de l'utopie numérique semble être sur sa fin. A l'avenir les activistes de tous bords vont tenter de s'emparer du pouvoir d'internet pour promouvoir leur cause. Si la fracture présente dans l'activisme numérique continue à s'élargir, seules les voix de certains privilégiés pourront se faire entendre dans la nouvelle ère à venir. Un tel scénario signerait l'arrêt de mort du rêve technologique comme force de progrès, mais aussi de la possibilité d'une société réellement démocratique.
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